Bibassier

Bibassier, s. m. Qui a l'habitude de boire, de bibasser (du latin bibere) ; ivrogne. Signifie plutôt maintenant radoteur, maussade, tatillon, gourgousseur: Vieux bibassier, va!

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

Les Mystères de l'Atelier - Chapitre XV





Bibasse (La)

Bibasse (La) s. f. Nom familier sous lequel était désignée la Société typographique de Lyon.

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

Chez un libraire italien - II


Avez-vous le Buffon que je vous ai demandé ?
Ha il Buffon che le ho chiesto ?
Je n'ai que l'édition in dix-huit
Ho scio l'edizione in diciettesimo.
Elles est ornée de figures enluminées.
E' arrichita di tavole colorite.
Ayez la complaisance de ma la faire voir.
Favorisca di farmela vedere.
Le format me plaît assez. Il formato mi piace.
Je le voudrais relié.
Lo vorrei legato.
Je veux une reliure en veau ou en basane, avec tranches dorées, marbrées.
Che sorta di legatura in vitella, in alluda coi fogli dorati, marmorizatti.
Très-bien, monsieur ; j'aurai soin que ces volumes soient reliés comme vous le désirez.
Bene, bene, signore, avrè cura questi volumi sieno legati come ella desidera.
Montrez-moi quelques jolies reliures en cuir de Russie.
Mi faccia vedere qualche bella legatura in cuoio di Russia.
Voici ce que nous avons de mieux pour le moment.
Ecco le migliori che abbiamo in questo momento.

Guide de la conversation Français-Italien à l'usage des Voyageurs et des Étudiants,
par A. Ronna
Paris, Charles Hingray, Éditeur - 1853.

Bergère

Bergère s. f. Dans la langue typographique, comme dans les autres argots ce mot désigne une femme.

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

Le réconfort d'Anastasie

Grâce soit rendue aux délateurs et aux moralistes ! Quelle chance inouïe de voir Anastasie se parer de nouveaux atours ! Nous allons pouvoir faire sentir enfin aux jeunes générations ce que fut la censure et la morale en action lorsque des éditeurs courageux publièrent des images qui pour beaucoup exaltaient le corps et le désir. On ne saura jamais assez combien nous sommes chanceux de pouvoir retrouver les plaisirs de l’interdit et de la clandestinité, de la jouissance et du retour de l’érotisme !
Merci à MM. les censeurs de menacer un blog comme French Book Covers dont les images choquantes ne sont que de médiocre qualité (en plus c’est vieux et en noir et blanc, souvent !) et ne sont point aussi artistiques que les myriades de sites de cul, tous animés par des professionnels consciencieux de la photographie artistique. Puisqu’on vous le dit ! Merci à nos gardiens et remercions-nous aussi, qui avons permis qu’on raccourcisse encore plus nos laisses.


En attendant, les déviants, les pervers et les voyeurs sont vivement conviés à apporter leur soutien à cette odieuse entreprise de déstabilisation de la morale (en mettant un petit commentaire d'encouragement au-dessous du billet en lien ci-dessus, par exemple). Cela aidera le tenancier de ce blogue-là à passer une fin d'année réconfortante et le tenancier de ce blogue-ci, votre serviteur, de continuer de se rincer l'oeil.
Les autres peuvent cliquer ici.

Béquet

Béquet, s. m. Hausse en papier que l'imprimeur ajoute à la mise en train ou place sous un cliché.
Composition de quelques lignes. Ce mot est emprunté au langage des cordonniers pour lesquels il signifie Petit morceau de cuir joint à la semelle.

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

Un bruit de froissement

« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles »
Paul Valéry - Variété
S’il est une grande tristesse, c’est celle d’accomplir de temps en temps son dur labeur d’humain au milieu de ses semblables. Parfois, il est si difficile de défendre ce que l’on a mis tant de temps à comprendre pour soi et que l’on n’est pas si sûr d’avoir toujours retenu : le partage, la fraternité, la méfiance des apparences. Chaque pas est un devoir, chaque mot peu cacher un sanglot, et chaque attention peut gâcher la jouissance morose de ce sanglot. Nous nous disons que nous avons perdu. L’avenir devient une figure fuligineuse, quelque chose que nous ne pouvons saisir, que nous ne pouvons voir que fugacement dans une volute souvent insignifiante. Nous avons perdu parce que ce monde n’est pas notre. Il est livré à de brèves exultations, à la solitude, au sordide, aux pixels, au temps qui passe, à l’insomnie et à la peur. Nous nous retrouvons avec tant de choses à dire et nous ne faisons qu’occuper le terrain sans être dupe, souvent. Le sort de notre existence se joue désormais par des écrans. Nous ne devenons plus que des morceaux éparpillés sur des serveurs lointains avec la peur du noir, celui de la panne de courant. Le Grand Soir n’annonce plus que le sommeil des consciences. Dans cet hiver où l’on ne peut que se glisser dans une niche incertaine on envie ce froissement, ces replis que nos consciences peuvent encore exercer sur les pages d’un livre, là ou la cognition et la joie sont encore intimes et où notre humanité arrive encore à survivre. Pour combien de temps encore ? Combien de temps avant l’écran bleu ? Combien de temps avant que ces écrans et leurs mémoires soient rongés par un quelconque Tchernobyl, avant que la neige sur nos écrans soient le prélude au long hiver nucléaire de notre humanité ? Combien de temps le contenu des mémoires électroniques durera-t-il, le temps du mensonge ou de la lassitude, le temps que sorte un nouveau modèle, le temps qu’un rayonnement de neutrons lui fasse son affaire ? Combien de temps avant que ce qui faisait de nous une monade ne soit plus qu’un élément d’une structure cybernétique, avec tous ses attributs : mouvement, fugacité, réactivité, infatigabilité, rapidité, docilité ? Temps béni des sous-hommes qui ne se posent plus de questions. Temps où la malléabilité du discours travestit le savoir, où ne nous sommes déjà, maintenant, plus certains de savoir qui a dit quoi. Qu’importe, il suffit de crier plus fort, il suffit d’être vu. Combien de temps ensuite pour que ce monde s’écroule par le manque, combien de temps avant la famine et cette peur perpétuelle que l’on veut entretenir en nous ? Combien de temps, après la déglingue, après l’effet de ce poison que nous avons rendu si vital ? Combien de temps avant la barbarie ? Combien de temps avant l’autolyse de toutes ces générations sans lueurs, brutalement débranchées par la pénurie d’énergie, de matières premières, privées de jouets de plus en plus acérés et aliénants ? Combien de temps encore ? Et que deviendrons-nous, une fois rencognés au réduit de notre territoire réel, les caméras de surveillances mortes et plus un livre dans notre bibliothèque ? À ce moment, l’obscurité sera complète. Cette nuit-là, il n’y aura plus de quoi alimenter les autodafés, à moins de les chercher chez ceux qui se livrent encore à la lecture, au secret. Et ces feux n’éclaireront plus que des aveugles. Et il est à craindre que ces flammes soient bien chiches, faute de combustible. La morale et la peur seront encore là, sans l’électricité. Mais la raison, mais la culture, mais l’avenir ?
N’avez-vous donc pas constaté comme la marge se réapproprie le papier ?
Comment ce qui crée et réfléchit à un autre monde l’utilise encore avec autant de gourmandise ?
Quelques nouvelles nous viennent ici et là de ceux qui ne veulent plus laisser leurs écrits aux aléas de la censure et de la « rareté » abondante…
Et nous, de quel monde sommes nous ?


Becqueter

Becqueter, v. a. Manger; synonyme de Boulotter.

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

Gardes

Carnets et Citations du Président Miaow
Chat de Tenancier
« Il n'est de bon livre qu'avec des gardes rouges. »


Bêcher

Bêcher, v. a. Dire du mal de quelqu'un ; faire des cancans sur son compte. Ce mot, dont le sens est à peu près le même que celui de Casser du sucre, n'est pas particulier au langage des typographes, non plus que cette dernière expression.

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

Nos 10/18 (12e partie)

A l'occasion de la parution du billet de George Weaver, j'avais suggéré la chose suivante dans les commentaires : "Il ne me reste donc plus qu'à faire un appel vibrant aux lecteurs de ce blog pour les convier à un petit jeu : Rassemblez tous vos 10/18, sélectionnez-en (pas plus de 10) et expédiez-m'en les scans de couverture, histoire de faire une sorte de panégyrique de la collection ! [...] "

Oui, tout cela est de la faute de George Weaver, retenez-le bien ! Cette série consacré aux 10/18 est en passe de devenir par le cumul le sujet le plus fréquenté de ce blog. La chose est on ne peut plus normal puisque cela s'attache à notre nostalgie, cette sorte d'Éden perdu du livre intelligent.
Au tour de Pierre Audoux qui a fait le coup de la modestie au Tenancier lorsqu'il lui a demandé son pedigree. Voici ce qu'il lui a envoyé :

Cher Yves le Tenancier,
Je ne sais pas trop quoi vous dire. J’habite dans le nord de Paris.
J’ai travaillé dans une grande (grosse) librairie d’occasion, trop longtemps, j’en pouvais plus. Aujourd’hui je suis correcteur.
Hier je lisais Paris-Berry, de Frédéric Berthet.
Cordialement,
Pierre A.

Aujourd'hui, nous n'aurons que neuf couvertures. Mais un petit ajout en bas de page à la place de la couverture manquante ne manquera pas de susciter de gentils commentaires de nos lecteurs... révolutionnaires.

Mao, la Guerre révolutionnaire
(nº 44, 1962)

G. Bataille, l’Érotisme
(nº 221, 1965)

F. Engels, Esquisse d’une critique de l’économie politique
K. Marx, Manuscrits de 1844
(nº 667, 1972)

J. Michelet, Scènes de la Révolution française
(nº 727, 1972)

Nietzsche aujourd’hui ? 1. Intensités, colloque de Cerisy, 1972
(nº 817, 1973)

M. Roche, Compact
(nº 1031, 1976)

J.-C. Bailly, la Légende dispersée
(nº 1099, 1976)

Sexualité et Politique, colloque de Milan, 1975
(nº 1123, 1977)

D. Wilhem, Pierre Klossowski : le corps impie
(série « S », nº 1323, 1979)

"Je vous envoie aussi une image des pages 188-189 du Mao, où vous verrez les mots de la table des matières côtoyer ceux d’une pub pour le Club Méditerranée."

Pour ceux qui désirent m'envoyer de ces couvertures, donc, il vous suffit de vous reporter au bas de ce blog, à gauche et de cliquer sur "contact". Ensuite, il vous faudra un peu de patience...

P.S. : On aura vu une petite différence entre le moment de la mise en ligne et le lendemain midi dans le contenu de la présentation, imputable à une confusion entre deux lecteurs de ce blog. Qu'ils veuillent bien en excuser le Tenancier.

Bê ! bê !

Bê ! bê !, Cri d'appel, imitant le bêlement du mouton, que poussent, dans quelques ateliers au coup de quatre heures, les imprimeurs et conducteurs altérés.

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

La chair des livres

Nous avions grandement besoin ici de fraîcheur et d'enthousiasme et on espère que ce texte sera propre à revigorer les croutons rancis que nous sommes, à veiller derrières nos écrans, au lieu d'aller sentir le fumet des ateliers et des rayonnages.
Le Tenancier a de la chance qu'on lui envoie des textes. Il en redemande !




Le métier de l'art de la reliure-dorure vu par une apprentie relieuse



Relier : c'est réunir les feuillets en cahier d'un livre. Les coudre les uns aux autres sur le cousoir, les mettre sous presse, utiliser la cisaille et/ou le massicot sans enlever de la valeur à l'ouvrage. Être une couturière (surfiler, faire des nœuds de tisserand, être brodeuse en confectionnant les tranchefiles. Créer une reliure avec des cartons, de la toile et:ou du cuir. Décorer l'intérieur de papiers ou de textures particulières. Restituer le livre pour une nouvelle vie, rendre le livre attirant par son originalité ou par la qualité des matières utilisées et du travail bien fait. Le sublimer par une dorure, une mosaïque cuir,...

Ce métier est sensoriel, tactile. Inhaler l'odeur de poussières de papiers, de cartons, de cuirs est un vrai shoot pour moi. Toucher les cuirs, les travailler, avoir ce contact sensuel peau contre peau...

Entendre le bruit mat du marteau sur le dos du livre qui change de sonorité suivant l'inclinaison donnée. Le son plus pointu de l'aiguille qui transperce l'épaisseur du cahier.

Le relieur peut être un soignant qui redonne vie au livre ou un artiste quand il crée un reliure contemporaine unique en transformant les écrits en objet d'art, de collection.

Il est le chirurgien qui ouvre les entrailles de son patient, le démantibule complètement pour le réparer feuille à feuille en utilisant le scalpel et l'aiguille.

Être comme un confident : découvrir son histoire cachée : annotations, les séquelles d'une avarie (inondation, incendie, infection par les parasites...) , les marques pages oubliés, les papiers anciens utilisés par un autre relieur...

Protecteur du patrimoine écrit.

Les matériaux

les tranchefiles ou comètes mécaniques, à chapeau... avez-vous déjà vu une comète à chapeau, elle n'est pas en orbite mais assise sur la coiffe du livre (comment ne pas être transportée par ce vocabulaire)

les couvrants : toiles, papiers multiples,cuirs

les papiers décorés : les classiques, à la colle, à la cuve, suminagashi, les contemporains qui transforment le livre en œuvre d'art

les cuirs : marocain, chagrin, basane, oasis, veau, vélin, exotique (reptiles, requin, serpents...) et pour l'anecdote humain (livres interdits : trésor des bibliophiles)

les parer ici ce n'est pas l'orner de somptueux bijoux, c'est ôter la chair (dédoubler le cuir) pour n'utiliser que le plus délicat « la fleur ».

les « fers »: marquer au fer la peau (pas comme du bétail) mais en laissant des lettres d'or sur le cuir

quelle noblesse...

L'atelier de dorure

Les fleurons, palettes, roulettes, les caractères, les attributs : ils sont devant moi, chargés de symboles. Un voyage dans le temps sur ce pan de mur du moyen âge au 20ème siècle sans oublier l'orient (arabe, perse, égyptiens …). Les tenir dans les mains et les appliquer qu'à une certaine température ni trop chaud (brulure du cuir et de l'or) ni trop tiède (mauvaise impression de l'or, de l'oeser).

Bouger comme un balancier : le corps doit faire qu'un avec l'outil pour appliquer les lettres d'or ou de couleur (oeser, froid naturel, noir de fumé, carbone...).

L'éponge qui « chante » (qui chuchote) au doreur le feu vert pour la bonne température du bronze à appliquer sur la matière.

Tout cet univers devient mien au fils du temps. J'ai réussi à transformer ma graine de folie en passion. Ce chalenge va prendre les 30 prochaines années de ma vie.


Christine, 3 mois d'apprentissage

Battre le briquet

Battre le briquet, v. Heurter la lettre au composteur avant de l'y laisser tomber. MM. les compositeurs ne sont pas exempts de tics dans l'accomplissement de leur tâche. Il en est de très préjudiciables à la rapidité du travail et conséquemment au gain qui en résulte. Quelques compositeurs mettent en mouvement tous leurs membres, tandis que le bras droit seul doit agir ; d'autres s'y reprennent à deux fois pour saisir la lettre ; d'autres piétinent ; mais le défaut le plus commun est de battre le briquet.

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

Batteur

Batteur, s. m. Qui fait des mensonges, des battages.

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

Chez un libraire italien - I


Monsieur, avez-vous un catalogue de vos livres ?
Signore, ha ella un catalogo de' suoi libri ?
En voici un qui vient de paraître aujourd'hui même.
Eccogliene uno uscito quest' oggi siesso.
Vous y trouverez mes livres de fonds et un choix de livres étrangers.
Ella vi troverà i libri di mio fondo ed una scelta di libri stanieri.
Je vous prie de me faire voir les ouvrages les plus plus nouveaux dans notre langue.
La prego di farmi vedere le opere pubblicate di recente nella nostra lingua.
Voici les poésies de... le voyages de... Sur cette table il y a une vingtaine de romans de divers auteurs.
Eccole le poesie di... Il viaggio... Su questa tavola ha una ventina di volumi di romanzi di parecchi autori.
Je ne veux pas de romans. Voyons ces poésies.
Non voglio romanzi. Mi favorisca quelle poesie.
J'ai aussi la première livraison de l'histoire de —, les comédies de —.
Ho anche il primo fascicola della storia di —. Le comedie di —.
Trouvez-vous quelque chose qui vous convienne ?
Trova qualche cosa che le convenga ?
Je ne vois pas un seul ouvrage de philosophie.
Oh miseria, non v'è nemanco un' opera di filosofia !
Pardon Monsieur, les sciences sont à la fin de mon catalogue.
Perdoni, signoro, le scienze sono alla fine del catalogo.

Guide de la conversation Français-Italien à l'usage des Voyageurs et des Étudiants,
par A. Ronna
Paris, Charles Hingray, Éditeur - 1853.

Battage

Battage, s. m. Plaisanterie , mensonge; synonyme de Montage.

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

Le boulot, c'est l'boulot ! (Quatrième et dernière partie)

- La colonne suivante est en quelque sorte la notice du livre. On y trouve tout l’aspect éditorial et littéraire de l’ouvrage. En vrac, attendez vous à y trouver éventuellement le nom du traducteur, du préfacier, de l’anthologiste (que vous avez peut être mentionné déjà au nom d’auteur), etc. en répétant les termes que vous avez trouvés la plupart du temps sur la page de titre. Ici, en effet, c’est bien cette page qui va devenir votre principale source de renseignement. Cependant, il ne faut jamais négliger de glaner dans les bibliographies ou dans d’autres sources toute mention qui exposera l’intérêt de l’ouvrage. Il va de soi qu’il est complètement crétin de faire une notice bio-bibliographique de 50 lignes à propos d’un ouvrage à deux balles. Nous l’avons vu faire par quelqu’un qui voulait illusionner son boss. Nous avons été dans le même bureau que cette personne et déclarons tout net que nous sommes heureux de n’avoir pas conclu à l’issue de la période d’essai. Le Tenancier, s’il est magnanime à néanmoins ses nerfs. Et une certaine éthique.
Bref…
Le contenu de cette notice doit donc être proportionnel à l’intérêt de l’ouvrage, lequel n’est pas tout le temps en rapport avec sa valeur marchande. C’est aussi l’endroit où se démontre l’érudition du libraire et où il est parfois attendu au tournant. Nous connaissons certains libraires où les notices valent des préfaces ou même les complètent très utilement. Ainsi, Le Tutu, par la Princesse Sapho eut une préface brillamment complétée par Pierre Saunier, libraire, lorsqu’il mis en vente l’édition originale de ce titre, à travers la rédaction de la notice de son catalogue. Notons qu’à un certain niveau les problèmes qui se posent au catalogueurs sont identiques, qu’il exerce son métier sur papier ou sur format électronique. Pour la plupart des confrères, cependant, l’ordinaire est justement consacré à du livre ordinaire pour lequel une simple recopie des mentions de la page de titre suffisent. Que dire, par exemple de Désert, de Le Clézio ? Même si vous en proposez l’édition de tête sur Hollande, vous n’aurez pas à vous étendre sur l’auteur ou ce roman. En revanche il est très probable que vous aurez à donner des explications plus circonstanciées sur des auteurs modestes, apparemment anonymes ou sous pseudo. Tout est question ici de rationalité, d’équilibre et d’économie, de bon sens, en somme. On en vient ici à signaler que ce travail est sans cesse soumis à des impératifs économiques. Le libraire est un marchand et il doit concilier les exigences de la vente avec l’efficacité de ses descriptions. Si le professionnel perd cela de vue, il fera certes de belles listes, mais certainement un peu courtes pour lui permettre de subsister.
- Il reste quelques colonnes, encore, à remplir, mais l’essentiel de notre travail a été accompli. Ces colonnes vont donner le lieu d’édition (beaucoup de bibliographies à la fin des ouvrages universitaires ne donnent que le lieu d’édition et non l’éditeur, ce qui peut avoir son importance), l’éditeur, et l’année d’édition. Ces informations renferment parfois la confirmation que l’ouvrage décrit est bien celui recherché, qu’il soit l’originale ou l’édition revue. On prendra soin de séparer ces informations en colonne distinctes. La raison réside dans le besoin des bases de données de faire des recherches efficientes.
- La dernière colonne, en théorie, sera consacrée au prix de l’ouvrage. Celui-ci a une signification importante, il est la coagulation du savoir du libraire, de ses recherches et de son expérience. Il montre aussi que l’on peut allègrement se planter. Parfois, également, c’est l’affirmation de l’estime d’un livre ou du rejet de celui-ci. Mais tout ceci est une autre histoire.
– Il y a cependant diverses autres colonnes qui sont ajoutées au gré du libraire. Rappelons-le encore ici, ce que nous décrivons n’est qu’un exemple de liste. C’est le modèle que suit le Tenancier de céans mais la succession et le contenu peuvent varier. Ainsi, on peut trouver également une colonne consacrée à mentionner l’illustrateur (qui se trouve ordinairement dans la notice mais certains spécialistes ont éminemment besoin de cette rubrique-là), à la nature de l’ouvrage vendu (cartes géographiques, revues, livres, manuscrits, vieux papiers, etc.) et encore aux thèmes abordés par les livres (Sciences, Géographie, Belle Lettres, Littérature, Beaux Arts, etc.), la liste n’en est pas close ici. On mettra en garde sur le fait que la multiplication des colonnes, à défaut de renseigner peut plonger son lecteur, la base de données voire son rédacteur dans la plus complète confusion, outre qu’elle prend du temps et quelques octets supplémentaires…
En apparences, le travail d’un libraire par correspondance pourrait fort bien s’apparenter à celui de bibliothécaire. Mais la ressemblance n’est que superficielle. C’est un débat et un constat qui ne se clôt pas avec la transformation du métier par l’Internet. Il va de soi que le travail qui consiste à décrire un livre sur un fichier électronique est bien souvent très rapide et parfois répétitif. On fiche vingt à trente livres courants en bon état à l’heure, bien plus lorsqu’il s’agit de bouquins, le score est moins gras dès lors que l’on aborde des ouvrages plus anciens, plus rares et souvent dans un état qui nécessite une description minutieuse. Il peut arriver que l’on passe une journée en recherches bibliographiques ou même à comprendre quelques côtés obscurs dans l’établissement de certaines éditions. Il ne s’agit certes pas ici de se plaindre. Mais, pas plus que dans la librairie de neuf, un bon libraire n’est pas en mesure de s’arrêter pour lire ce sur quoi il travaille. Ou bien alors, quand il a la chance, comme votre serviteur, de travailler à la maison, il reporte sa lecture à la fin de son temps de travail (même plus besoin de penser à emporter du travail à la maison, pardi !), souvent dans son lit.
On le voit encore, cette activité est desséchante car elle ne permet que peu de contacts avec les clients sinon que, parfois, de façon épistolaire. C’est un travail fait de réclusion ou l’activité sociale est réduite à sa plus simple expression si le Tenancier ne prenait point la peine, parfois, de s’exprimer à travers un blog ou de goûter aux ineffables façons et bienfaits de l’amitié.
Et de cette dernière chose, il en est fier.


Batt

Batt, adv. Très bien. Peu usité. Orthographe douteuse.

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

La concierge du Tenancier

- Mon Dieu qu’il était beau, dans le froid ! On aurait cru qu’il venait d’étreindre un corps sublimé. A peine essoufflé, d’un bleu si délicat que je l’aurai bien pris en tétée.
Cette grosse baleine de concierge, d’un coup de patin, le corps légèrement penché en avant, les deux bras poussant de la vadrouille sur le sol immaculé glissa vers moi, mes godillots boueux, mon sourire honteux, la volonté défaillante devant la force de l’attaque d’un régiment de blindés.
- Madame la concierge ! Mes hommages du matin ! Merci pour le complim…
Elle glissa encore, stoppa d’un schuss élégant, précédent l’effluve d’une matinée de travaux ménagers.
- Pas vous ! Bien entendu ! Môssieur Yves ! Vous, vous n’êtes que…
Elle me toisa, comptable de mes défauts, si vertigineux quand ils sont comparés à la perfection du Tenancier, celui vivant dans les nués, au creux du quatrième.
- Vous… Vous êtes bleu et transi, une seule couleur, la face défraichie. Défaitiste, va ! Quand l’amour poind au matin, jamais gelée n’arrête la jolie jaspée.
Il me fallut applaudir. Parce que la concierge, qu’elle soit rouge de confusion quand apparait son « preux chevalier » ou talquée de frais à la perspective de l’apparition de « son ange déplumé », devient songeuse et romantique quand il disparait. Elle chuchote alors, elle susurre ses fantasmes, elle grappille de l’information qu’elle transformera en plaisirs sous les coups de ses amants. Elle ne nous autorise à laisser notre trace de la cité sans nous déchausser seulement parce que nous lui offrons une nouvelle, un mot sur elle, ce rien venu du Tenancier, ce détail inventé. Alors, au fur et à mesure des années, ne le dites pas au Tenancier, nous en sommes venus à lui faire l’aveu d’un penchant partagé. La semence était fécondée. Nous n’avons plus pu nous arrêter. Nicolas montre un ventre anti-salto, moi le dos trop bas, Henri s’est planqué, il a si peur du grand-écart, surtout quand il est facial, qu’il est donné par les mains de la baleine, forcé par des seins à nourrir tout le quartier.
Alors la libido s’est déchainée. Quand le cri de « Yves mon gros salaud, défonce-moi la charité !» envahit à toute heure la cage d’escalier, alors ce dernier remonte le son de sa chaine stéréo et nous hurle « et si nous chantions une bonne chanson à boire, à faire exploser des tympans civilisés ! Hein ! », et de nous contraindre à chanter pour que la famille n’entende ni le ho !, ni les han !, au nom du Tenancier. Yves doit protéger son couple, on ne rit pas avec la santé familiale mise à mal par l’amour parfait de la grosse baleine, on combat jour et nuit.
Quelques fois même, il nous appelle à minuit ou à potron-minet. Il nous hurle des insanités, il prend à témoin son épouse réveillée, pour nous expliquer comme si nous étions à des kilomètres de distances, que nous devrions nous calmer avec Madame la concierge, que tous ces « Yves » que nous lui apportons pour ses plaisirs pourraient enfin être des Nicolas-éphèbes, des Poindron-Castor, des autres, quoi, au moins un petit peu. Que si l’amour parfait oblige l’Humanité quand il verse dans l’universalité, m’enfin, celle des ébats de la concierge s’épand dans la bestialité. « Et mes enfants ! Et la Presse alertée ! Et mes clients détournés ! ».
J’ai honte, plus que les autres, qui fuient en palanquées. Je m’en suis confié à la grosse baleine rose de dentelles, attendant ce lundi qu’il revienne de sa soirée arrosée : J’ai tenté de la raisonner d’une petite voix mâchonnée. « Le Tenancier est un ingrat, un égoïste, il n’aime pas et fait souffrir, c’est la vérité ».
Je m’en suis pris une, puis une tapée. Des allers retours en symphonie de forces centrifuges et centripètes -cela va s’en dire-, un uppercut suivi d’un fouetté latéral pour résumer. Je n’ai pas vu qui du sein ou de la main m’étendit au royaume des ego maltraités. Moi, le fin diplomate, moi, le négociateur rusé, je n’étais qu’une loque trempée au milieu des vadrouilles abandonnées. Depuis, Dieu me parle dans ma tête, en borborygmes inintelligibles dont les shamans doivent faire leurs augures monnayés. Le Tenancier restera pour l’éternité ce « tout » qu’elle nous décrit descendant l’escalier le matin, pour mieux le remonter, le dos secoué, les fesses arquées quand elle se cache dans l’obscurité.
- Et lui, si vous l’aviez aperçu, descendant pour les étrennes – Celles-là même que vous oubliez tous les ans- Une simple rose, volée à son voisin qui pèse cent kilos de plus que lui, tout nu, tout mouillé (soupir). Un sourire, un mot, une espérance pour une année de bonheur partagée.

Le Tenancier est sanctifié par un monstre en liberté. Le monde est en danger. Un réchauffement climatique sous la forme d’une obligation à vivre édenté. J’en ai tant sué, et maintenant je sais. Nicolas, Henri, les autres, tous les invités. Elle nous frappe, elle nous bat sans même toucher, juste à lever un œil à notre arrivée, juste à laisser envisager que le coup pourrait nous rappeler aux Dieux qu’ils ne nous ont pas assez parlé.
Au secours. Je lance cet appel au Tenancier, au nom de cette amitié qui nous fut imposée par un hasard partagé. Épouse-là, enfin. Qu’elle sache que tu ronfles et pète dans la nuitée. Un dieu, ses saints ou ses prêtres déguisés, s’ils existent, encore plus s’ils furent massacrés par l’intelligence si mal distribuée, doivent entendre cette prière d’amis terrorisés : La concierge n’a qu’un dogme, celui de vivre du mur du Tenancier.

Patrick de Friberg



Comme le Tenancier est heureux de retrouver sa concierge sous la plume de Patrick de Friberg ! Cette bienheureuse pipelette est un personnage récurrent des interventions de l’auteur sur Facebook lorsque votre serviteur s'y manifeste. Il était normal à la fin qu’elle se retrouve sur ce blogue, telle qu’en elle-même, éternelle et baleinoptère à la fois. Merci Patrick.

Batiau

Batiau, s. m. Le jour du batiau est celui où le compositeur fait son bordereau et arrête son compte de la semaine ou de la quinzaine.
Parler batiau, c'est parler des choses de sa profession, c'est-à-dire pour les typographes des choses de l'imprimerie.

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

Le boulot, c'est l'boulot ! (Troisième partie)

Mais l’intérêt éditorial ne se résume pas dans les effets d’un couperet qui pourrait apparaître pour arbitraire pour certains. Il faut vérifier également à quel type d’édition nous avons affaire. Il faut ainsi prendre quelques renseignements sur le contenu et l’auteur. L’importance de ces renseignements sera en fonction de la valeur supposée de l’ouvrage ou de sa rareté. Il est évident que chercher des renseignements sur Gide ou Claudel nous semble un peu inutile. En revanche, si l’on possède quelque rareté du XVIIe siècle, peut-être est-il utile d’aller explorer quelques biographies et bibliographies. De même, une originale a plus d’intérêt qu’une réédition…
Vous devez examiner ensuite d’autres aspects éditoriaux de l’ouvrage et vous poser quelques questions à son propos :
- Est-ce une originale ?
- Est-ce un volume unique ou un tome dans une série ?
- Qui est le plus important : l’auteur ou le commentateur et le rédacteur de la notice ?
- Etc.
Ces examens préalables sont donc établis sous deux optiques : l’aspect éditorial et l’aspect matériel et peuvent prendre un temps à la mesure de la valeur et de la rareté du livre. Insistons encore : inutile de faire des recherches compliquées pour un livre que vous allez vendre six euros. Ce sens de l’économie se développe avec l’expérience et un peu de culture personnelle. Ces vérifications préalables – qui durent entre 2 minutes ou une journée entière – sont nécessaires, elles vont servir à l’établissement de la fiche du livre.
C’est à se stade qu’il convient d’utiliser votre logiciel :
- La première colonne dont vous aller vous occuper est une colonne « technique ». Elle est consacrée à la localisation de l’ouvrage dans votre stock. Ma librairie utilise des caisses normalisées, numérotées, entreposées sur des rayonnages métalliques. Chaque ouvrage est donc accompagné d’un numéro de caisse (ou de tiroir pour les choses fragiles et les revues) et permettra de retrouver la commande au bon endroit. On va donc placer dans cette colonne un code, numéros ou lettres, ou les deux. Cette colonne est personnelle, elle n’est pas prise en compte par les sites marchands.
- La deuxième est également technique, elle concerne le numéro de référence de l’ouvrage. Cela correspond exactement aux numéros de catalogues sur papier des libraires d’antan (quelques contemporains continuent d’en publier !) Il est évident qu’un tel numéro est un repère utile pour les commandes sur une liste très importante ou lorsque vous possédez deux titres identiques mais pas de la même édition et que ces truffes de sites ne vous donnent pas d’autre indication que le titre et l’auteur… Chaque numéro est unique et ne devra pas réapparaître par la suite. Cela tient ici à la structure de certaines bases de données qui gardent en « mémoire » les ouvrages vendus. N’angoissons pas trop nos ingénieurs informaticiens, voulez-vous ?
- Enfin, dans cette troisième colonne arrive ce qui est attaché plus directement au livre, c'est-à-dire le nom de l’auteur.
Pour ma part j’utilise la structure suivante :
Nom (Prénom)
Mais on peut utiliser d’autres structures comme :
Nom, Prénom
NOM, Prénom
NOM (Prénom)
J’évite le noms en majuscules car leur accentuation, fort possible en saisie, ralentit tout de même la frappe…
L’important est que vous gardiez le nom au début car le tri alphabétique s’en trouvera facilité.
Il arrive que l’ouvrage ne soit pas signé, on mettra alors la mention « Anonyme » à la place du nom de l’auteur ou « Collectif », si c’est le cas. De même, un livre peut être mentionné pour l’intérêt de celui qui a préparé le recueil ou les mélanges on fera suivre alors le nom et le prénom par un tiret par la mention Ed. (Édité par) ou Dir. (Sous la direction de.).
Ainsi on trouvera :
Martin (Henri) – Dir.
ou :
Martin (Henri) – Ed.
En gros, cette façon de faire suit les spécifications de fichage des bibliothécaires, bien que nombre de normes soient adaptées aux besoins du commerce de livre. Tout cela est simplifié. Il faut garder à l’esprit que la description d’un livre doit être directe, simple et évocatrice, elle doit donc recourir à un nombre limité d’abréviations pour ne pas en rajouter dans la confusion. Nous allons d’ailleurs le constater avec la colonne suivante.
- La quatrième colonne est entièrement vouée à la description physique du livre. C’est ici que vous aller synthétiser tous les renseignements que vous avez pu glaner sur son aspect : format, nature du brochage ou de la reliure, nombre de pages, mention du tirage sur beau papier, mention d’originale s’il y a lieu. C’est la rubrique la plus technique de la description ; elle fait appel à un nombre considérable d’abréviations que nous avons déjà largement évoqué dans les colonnes de ce blog. Après cette description « objective » vient l’énumération des défauts, à savoir les fentes, les manques, les rousseurs, les piqûres, etc. En définitive, cette description physique du livre se heurte grandement à des notions relatives. Tel livre considéré en bon état par le vulgaire pékin sera délaissé par le bibliophile, parce que, tout bêtement vous avez indiqué une minuscule fente sur le 1er plat de la couverture (2 mm et sans manque, mais cela suffit). Le Graal de la description parfaite est toujours dans les cartons. Bien évidemment, plus l’ouvrage est rare et cher, plus vous aurez à vous attendre à un mot vous demandant des éclaircissements, voire des photos de l’ouvrage, de la part d’un client potentiel. C’est le jeu de la vente par correspondance. Il n’est cependant pas possible d’y répondre tout le temps et de communiquer des clichés pour des petits livres… Nous ne ferions que cela. Quelques sites ont demandé par le passé de donner des descriptions non abrégées. Cette idée part du principe que les visiteurs sur les sites ne sont pas forcément au fait de ces abréviations. Outre que ces clients-là feraient bien de venir voir le blog du Tenancier, ces mêmes sites ont mis en place des petits glossaires. Il ne sera donc pas nécessaire de revenir sur des milliers de fiches déjà établies. Nous respirons. Par ailleurs, on voit assez souvent des appréciations sur la qualité des ouvrages, certains bouquinistes ou libraires ayant même codifié l’état de ceux-ci, comme dans la vente de disques par correspondance. Ainsi, plutôt que de voir des descriptifs plus ou moins détaillé des défauts éventuels, voyons-nous des mentions comme « état moyen », « bon état » « état neuf », etc. Si on peut à la rigueur se satisfaire de cela quand on a affaire à de la bouquinerie cela devient extrêmement léger dès qu’il s’agit d’aborder des livres un peu plus rares. Même un livre en médiocre état peut avoir ses chances, pourvu qu’il soit rare et une simple mention ne peut indiquer au futur propriétaire s’il pourra lui procurer une reliure et dans quelles conditions (tout monter sur onglets, faire un bradel ?), par exemple. Ces simples mentions, du reste ne recouvrent pas grand-chose, elle ne racontent rien et l’on se voit mal décrire une reliure du XVIIIe siècle avec ces manières de goujat.
On a déjà évoqué le délicat problème des formats, qui rentre dans cette partie descriptive. On n’y reviendra que brièvement ici. L’usage fait que l’on donne cette indication d’après le pliage originel de la feuille. Encore faudrait-il que nous connaissions le format initial de cette feuille… En réalité cet usage est abusif pour la plupart des ouvrages courants. Plutôt que de dire qu’un ouvrage est in-8° ou un in-12, on sera avisé de donner les dimensions en cm. ou même avec les deux mentions. Le Tenancier ne donne pas les véritables dimensions avec une règle et se réserve le charme de quelques approximations pour les ouvrages qu’il met en vente. Il sait bien qu’il a tort.
Cette partie descriptive du livre est donc la plus longue et la plus délicate. Elle exige que nous ayons examiné le livre sur toutes les coutures. Un manquement à cela nous expose à faire une description non conforme et donc peut nous entraîner à rembourser la commande d’un client mécontent. On reviendra un jour plus en détail sur les problèmes que peuvent poser la description technique d’un ouvrage.

(à suivre)

Bassin

Bassin, s. m. Homme ennuyeux. Ce mot appartient aussi à l'argot parisien et n'est pas spécial à la typographie: Tais-toi, vieux bassin.
On dit aussi Bassinoire.

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

Nos 10/18 (8e partie ²)

A l'occasion de la parution du billet de George Weaver, j'avais suggéré la chose suivante dans les commentaires : "Il ne me reste donc plus qu'à faire un appel vibrant aux lecteurs de ce blog pour les convier à un petit jeu : Rassemblez tous vos 10/18, sélectionnez-en (pas plus de 10) et expédiez-m'en les scans de couverture, histoire de faire une sorte de panégyrique de la collection ! [...] "

Retrouvons avec plaisir la deuxième partie de la liste des ouvrages d'Hervé Thiellement. Incidemment, cela explique la numérotation quelque peu bizarre de cet opus. Il va de soi qu'à part les deux derniers, le Tenancier ne peut se sentir dépaysé par ce choix. Upfield et Peters appartiennent plus à l'autre période de la collection, la plus récente... Mais baste, il n'y a pas à rougir de ces deux là non plus. Pour en savoir un tout petit peu plus sur le sieur Hervé sur notre blog, cliquez donc , voulez vous ? On attend d'ailleurs la suite de ses écrits, n'est-ce pas, Hervé ?

Vian : L'écume des jours
n°115 - achevé d’imprimer le 2 septembre 1969


Darien : Bas les cœurs !
n°506 - 3e trimesre 1970


Klotz : Les innommables
n°780 - 4 mai 1973

JKhatibi : Vomito blanco
n°879 - 8 août 1974


Le Rouge : La reine des éléphants
n°1938 - juin 1988


Peters :
n°2044 - février 1992


Upfield : L'empreinte du diable
n°2293 - juin 1992



Pour ceux qui désirent m'envoyer de ces couvertures, donc, il vous suffit de vous reporter au bas de ce blog, à gauche et de cliquer sur "contact"...

Bardeau

Bardeau, s. m. Casseau contenant diverses sortes d'un même caractère.

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883