Le Tenancier a de la chance qu'on lui envoie des textes. Il en redemande !
Le métier de l'art de la reliure-dorure vu par une apprentie relieuse Relier : c'est réunir les feuillets en cahier d'un livre. Les coudre les uns aux autres sur le cousoir, les mettre sous presse, utiliser la cisaille et/ou le massicot sans enlever de la valeur à l'ouvrage. Être une couturière (surfiler, faire des nœuds de tisserand, être brodeuse en confectionnant les tranchefiles. Créer une reliure avec des cartons, de la toile et:ou du cuir. Décorer l'intérieur de papiers ou de textures particulières. Restituer le livre pour une nouvelle vie, rendre le livre attirant par son originalité ou par la qualité des matières utilisées et du travail bien fait. Le sublimer par une dorure, une mosaïque cuir,... Ce métier est sensoriel, tactile. Inhaler l'odeur de poussières de papiers, de cartons, de cuirs est un vrai shoot pour moi. Toucher les cuirs, les travailler, avoir ce contact sensuel peau contre peau... Entendre le bruit mat du marteau sur le dos du livre qui change de sonorité suivant l'inclinaison donnée. Le son plus pointu de l'aiguille qui transperce l'épaisseur du cahier. Le relieur peut être un soignant qui redonne vie au livre ou un artiste quand il crée un reliure contemporaine unique en transformant les écrits en objet d'art, de collection. Il est le chirurgien qui ouvre les entrailles de son patient, le démantibule complètement pour le réparer feuille à feuille en utilisant le scalpel et l'aiguille. Être comme un confident : découvrir son histoire cachée : annotations, les séquelles d'une avarie (inondation, incendie, infection par les parasites...) , les marques pages oubliés, les papiers anciens utilisés par un autre relieur... Protecteur du patrimoine écrit. Les matériaux les tranchefiles ou comètes mécaniques, à chapeau... avez-vous déjà vu une comète à chapeau, elle n'est pas en orbite mais assise sur la coiffe du livre (comment ne pas être transportée par ce vocabulaire) les couvrants : toiles, papiers multiples,cuirs les papiers décorés : les classiques, à la colle, à la cuve, suminagashi, les contemporains qui transforment le livre en œuvre d'art les cuirs : marocain, chagrin, basane, oasis, veau, vélin, exotique (reptiles, requin, serpents...) et pour l'anecdote humain (livres interdits : trésor des bibliophiles) les parer ici ce n'est pas l'orner de somptueux bijoux, c'est ôter la chair (dédoubler le cuir) pour n'utiliser que le plus délicat « la fleur ». les « fers »: marquer au fer la peau (pas comme du bétail) mais en laissant des lettres d'or sur le cuir quelle noblesse... L'atelier de dorure Les fleurons, palettes, roulettes, les caractères, les attributs : ils sont devant moi, chargés de symboles. Un voyage dans le temps sur ce pan de mur du moyen âge au 20ème siècle sans oublier l'orient (arabe, perse, égyptiens …). Les tenir dans les mains et les appliquer qu'à une certaine température ni trop chaud (brulure du cuir et de l'or) ni trop tiède (mauvaise impression de l'or, de l'oeser). Bouger comme un balancier : le corps doit faire qu'un avec l'outil pour appliquer les lettres d'or ou de couleur (oeser, froid naturel, noir de fumé, carbone...). L'éponge qui « chante » (qui chuchote) au doreur le feu vert pour la bonne température du bronze à appliquer sur la matière. Tout cet univers devient mien au fils du temps. J'ai réussi à transformer ma graine de folie en passion. Ce chalenge va prendre les 30 prochaines années de ma vie. |
Christine, 3 mois d'apprentissage
Bonheur !
RépondreSupprimerTrès joli texte, et magnifique hommage à ce noble métier.
RépondreSupprimerJuste un problème dans la phrase qui suit "L'atelier de dorure" : "ils devant moi charger de symboles" n'est guère compréhensible.
En mettant "son", ça ira mieux...
RépondreSupprimerPetit coquille en recopiant. Merci, George.
Euh... Pouvez-vous m'indiquer où monter le "son" ? Cela reste tout aussi obscur pour moi...
RépondreSupprimerOtto Naumme