Un peu d'économie de comptoir...

On le sait, l'activité de l’industrie papetière est extrêmement différenciée selon que l’on se place dans un pays ou un autre. Tantôt, nous avons un pillage de ressources forestières, de l’autre (comme j’ai pu le voir personnellement il y a quelques années ) il existe une gestion et un souci du renouvellement du parc forestier - c'est d'ailleurs de celle-ci dont il sera principalement question, au long de ce billet. Par ailleurs, cette industrie est extrêmement gourmande en ressources énergétiques, fait qui ne manque pas de poser problème dans un pays comme la Finlande qui encore récemment rencontra quelques problèmes d’approvisionnement en électricité. On notera également le besoin en eau qui est considérable. Malgré ce que l’on a pu lire, également, l’entretien d’une forêt ne procède pas forcément d’une valorisation écologique dans ce cas précis. Nous ne sommes pas à la forêt de Fontainebleau. Sont généralement favorisées certaines essences – principalement des conifères, à développement rapide – coupées à un certain stade de développement, le diamètre calibré d’un tronc s’accordant assez bien des récoltes industrielles. L’alignement des plantations pour permettre le passage des machines ne permet pas non plus l’apparition de taillis où pourraient s’abriter une faune diversifiée. Seul point non négligeable et sur lequel s’appuient les industriels du secteur dans leur argumentaire face aux écolos qui critiquent leur activité est le fait que les forêts constituent bien des « puits de carbone » . On le voit donc, le bilan de l’industrie papetière en matière d’environnement va du catastrophique lorsqu’elle se mêle de piller les ressources naturelles d’un pays à du très médiocre lorsqu’elle entend gérer ces mêmes ressources. Cependant, en y repensant, il se peut bien que le remplacement du livre papier par l’électronique entraîne un accroissement de la déforestation. Il faut pour évaluer ce paradoxe se rappeler que l’industrie papetière (celle qui gère) est souvent propriétaire des hectares de forêt qu’elle exploite. Si soudainement, la demande papetière venait à baisser, ce serait bientôt des tonnes et des tonnes de bois qui seraient inexploités. Grande alors serait la tentation de ces industriels de « réaliser » ces hectares en question en les revendant. Mais à qui ? Aurait-on la garantie que ces terres continueraient d’être employées à la sylviculture ? Rien n’est moins sûr. Au contraire, on pourrait alors craindre une déforestation à cause d’un intérêt purement économique et débarrassée de tout complexe patrimoniale car ces forêts ne sont guère à considérer que comme un gisement d’exploitation sacrifiable pour des raisons de rentabilité. On se prendrait éventuellement à imaginer que ces forêts pourraient tout simplement être laissées à elle-même. Cette idée, bien que propice à la rêverie, pourrait là aussi devenir catastrophique de par les risques d’incendie qui ne sont guères négligeables même dans des latitudes élevées. Il ne suffit que de nous rappeler des incendies qui eurent lieu en Russie dernièrement précisément du fait du manque de personnel pour entretenir les massifs forestiers. Imaginons cela un instant dans un pays comme la Finlande ou une surface extrêmement importante est occupée par des forêts exploitées par les papetiers…
Certes, ce cheminement semble quelque peu hasardeux pour l’instant et apparaît tout aussi paradoxal. Cependant si la demande de papier allait en ralentissant, se poserait un véritable problème économique pour une industrie qui ne s’embarrasserait guère de la gestion coûteuse d’une forêt, l’actionnaire, on le sait n’étant pas sensible à l’argument écologique à moins que cela augmente le taux de sa rente.
Le problème qui se pose au final est que l’apparition du livre électronique aurait un impact écologique encore plus inquiétant dans ses conséquences que dans son essence. En effet, on connaît bien, pour l’avoir évalué pour d’autres appareils électroniques, le gâchis en ressources rares de ces appareils. On présume maintenant que l’implication économique de leur apparition serait également dommageable envers une sylviculture certes guère respectueuse de l’environnement mais dont la dégradation pourrait s’avérer une catastrophe mondiale.
Loin d'être un économiste, je trouve cependant que la question mériterait d'être explorée un peu plus avant...

24 commentaires:

  1. Un sujet qui ne laisse pas de bois, en tous cas...

    Mais je pense, cher Tenancier, que d'aucuns vous accuseront de nostalgie réac', de refus de la marche en avant du progrèèèèèèès, et toutes ces sortes de choses. M'est avis, même, que vous allez avoir droit à du Pétain et à certains parallèles avec nos bons "amis" actuellement au pouvoir, l'Incultissime Naboléon IV en premier.

    Pour ma part, je me pose juste une question : Internet a déjà "conquis" une partie du marché de l'actualité, les journaux "papier" voient leur diffusion baisser ; de ce fait, ces papetiers ont-ils déjà entamé cette "décroissance" ? (moi, je fais dans l'orgie de guillemets, en revanche, ce matin, désolé...)
    Par voie de conséquence, n'ont-ils pas commencé à envisager des reconversions à leur activité, de nouveaux débouchés ? Vers Ikea et autres, notamment ?
    Autre question : le problème de l'industrie papetière ne se situerait-il pas plus dans le recyclage des usines surnuméraires de transformation ? Parce que le bois, on pourra toujours s'en servir à quelque chose. Le papier, c'est moins sûr...
    Sujet intéressant, en tous cas. Merci, cher Tenancier.

    Otto Naumme

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  2. Il n'est pas certain, Otto, que les essences utilisées puissent servir à autre chose que le papier. Comme je l'ai dit, on utilise souvent des conifères à croissance rapide et sans doute à faible densité pour obtenir la pâte à papier. Il n'est pas certains que cela soit adapté pour du mobilier, même celui d'Ikéa.
    Effectivement, la reconversion des gigantesques usines de transformation (j'ai été vivement impressionné à la visite de l'une d'elle) risque de poser de sérieux problème, comme il en peut être de toutes les imprimeries qui ferment actuellement à travers l'Europe.
    Mais tout ceci mériterait un développement que je me sens incapable de mener à bien. Je serai enchanté de profiter des connaissances d'une autre personne en la matière.

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  3. "encore plus inquiétant dans ses conséquences que dans son essence."
    Joli :-))

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  4. Oups ! Sur ce sujet, je nage et je n'ai papier.

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  5. Ce raisonnement est farfelu, mais ce rejeton de la réflexion de comptoir est plaisant.
    Il pourrait s'appliquer à bien d'autres secteurs victimes du progrès comme l'industrie pharmaceutique ou l'industrie alimentaire. Il est vrai que si l'on n'avait pas Internet, on ne recevrait pas ce genre de billet !

    Il ne tient pas compte du fait que le rythme de la consommation mondiale croît plus rapidement que la population et que l'adaptation à une tel processus peut passer tout simplement par d'autres emplois du papier et du carton. Je pense que par les meubles Ikea, Otto évoquait les meubles en carton. (En carton, on fait des canapés pliants en forme de leporello avec 1er plat en basane et tranches alvéolées !)

    ArD

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  6. Désolé, ArD, ce billet tient compte justement de la récession de la consommation de papier dans le monde, du recul de la production destinée à la presse et au livre, dans la perspective de l'apparition du livre électronique. C'est une conjecture. Elle peut très bien ne pas arriver.
    Mais ce serait étonnant.
    Déjà, certains fait confirment le malaise de l'industrie. On pense entre autre à la disparition de certains intermédiaires en papier. On n'évoquera pas non plus longtemps les compressions de personnels qui ont lieu chez les papetiers, comme Stora-Enso, par exemple. Pourtant ces compressions ont déjà eu lieu il y a quelques années. Le livre électronique risque d'accélérer le processus.
    Vous parlez par ailleurs de l'accroissement de la consommation supérieur à la démographie mondiale. Cependant, les limites énergétiques sont sans doute atteintes et nous avons affaire à une industrie extrêmement gourmande en la matière. Il est on ne peut plus probable que la répercussion des prix de l'énergie dans les coûts de production vont accélérer à terme l'emploi des supports électroniques, tout simplement pour une question de prix au final.
    Enfin, les ressources forestières ne sont pas toutes renouvelées et gérées. Je m'étais arrêté au cas de la gestion de la sylve, mais ce n'est pas vrai partout. La pression démographique fait reculer la forêt, c'est une aubaine pour ceux qui déboisent et qui jouent sur plusieurs tableaux...
    Pour les canapés, à moins que la population mondiale s'y mette pour les acquérir, je doute que cela soit la panacée....

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  7. En somme, en abordant ce phénomène marginal qu'est la production du livre électronique,vous tentez d'aborder la question sur les limites du productivisme qui, en matière industrielle peut conduire à des catastrophes, et en matière agricole générer des mutations de territoire à long terme.

    En partant du détail, vous posez indirectement la question de savoir jusqu'à quel point, la croissance économique a toujours un sens dans nos pays riches et les hérésies qu'elle génère : qu'il s'agisse des livres papier en surproduction qui partent au pilori ou du maïs cultivé en Europe qui nécessite beaucoup d'eau et dont 80 % servent à alimenter le bétail pour fournir une viande en surproduction par rapport aux besoins.

    De ce point de vue-là, nous sommes d'accord alors ;-)

    ArD

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  8. Sauf pour le pilori, chère ArD : c'est le pilon, qui est le destin de quantité de livres — qui retournent alors à leur forme originelle de pâte à papier. Et à propos de pilon, le maïs sert aussi à nourrir les poulets.
    Mais loin de moi l'idée de vous clouer au pilori, bien évidemment.

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  9. Si l'e-book cache la Pléiade comme l'arbre cache la forêt, c'est peut-être un problème de perspective. Quitte à passer moi aussi pour un misonéiste, je révoquerais en doute ce présupposé d'un succès du livre électronique. Qui ne ferait d'ailleurs qu'ajouter sa pollution propre à celle de l'industrie papetière (exactement comme les éoliennes).

    Mais c'est un autre et vaste sujet qui ne recoupe que partiellement votre question... puisque depuis l'apparition de l'informatique on constate une hausse de la consommation de papier. En France, on comptait 339 industriels papetiers en 1980 et plus que 204 en 2005 alors que dans le même temps la production passait de 6,1 millions de tonnes par an à 10,3 millions de tonnes. On perdait surtout au passage 21 300 emplois...

    Ne seront-ce pas les principes économiques traditionnels qui auront raison des forêts papetières en Europe, délocalisables entre les tropiques où un eucalyptus est cueilli tous les 4 ans, où la main d'œuvre est bon marché, où l'électricité est moins chère, où le ministère de l'environnement est moins regardant et où sera bientôt l'essentiel de la demande (un Français consomme 180 kg de papier par an contre 53 au niveau mondial) ?

    Papetières ou non, j'ai l'impression que les forêts sont menacées par ces principes de rentabilité à court terme qui règnent désormais même à l'ONF. Les suicides des gardes forestiers ont tout récemment fait la Une (http://www.ladepeche.fr/article/2010/09/30/917160-17-suicides-en-5-ans-le-grand-malaise-des-gardes-forestiers.html). Et la théorie du réchauffement global tombe à pic pour remplacer les chênaies-hêtraies par une monoculture plus rentable...

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  10. Chère ArD, votre argumentaire me semble un poil capillotracté, si j'ose dire, le parallèle entre le bois et la viande (en surproduction ? Ah...) me semblant osé.
    M'est avis qu'il est surtout ici question de mutation d'un secteur économique, mutation qui a de nombreux effets, aussi bien sur l'industrie papetière que sur celle de l'édition, par exemple. Edition qui, semble-t-il, ne veut rien comprendre à cette évolution et s'arc-boute sur ses bonnes vieilles positions comme si rien ne se passait...
    Cela dit, ce cher George a bien raison de pondre ce petit poulet, mais il m'agace à me précéder ainsi sur les finesses vermotesques !

    Quant à vous, Fabrice, votre intervention est intéressante et étayée par des informations qui valent qu'on s'y attarde.
    Un bémol toutefois. Certes, je suis bien placé pour le savoir, il y a eu augmentation de la consommation de papier depuis l'avènement de l'informatique. Mais, d'une part, ce n'est plus forcément le même papier (il est indéniable que la presse papier perd des lecteurs tous les jours mais qu'a contrario, on imprime de plus en plus chez soi), d'autre part, la tendance commence à s'inverser.
    Quant au succès présupposé - ou anticipé ? - du livre électronique, ce me semble une simple réalité. Pas aujourd'hui, certes. Et l'évolution peut prendre encore quelques années, selon la vitesse des améliorations techniques qui rendront les liseuses plus attractives. Mais c'est inéluctable. Pas dans le sens "on va tous mourir !!!", simplement qu'il s'agit non pas d'un "progrès" mais d'une nouveauté qui offre suffisamment d'avantages pour finir par intéresser un grand nombre. Comme la voiture automobile a fini par supplanter l'hippomobile (encore qu'il est probable que le livre papier conserve une part de marché fort supérieure à celle du cheval aujourd'hui).
    Après, je vous rejoins à 100 % dans votre analyse sur les délocalisations et ces fichues monocultures qui vont à terme finir de défigurer nos paysages (même s'il reste un bon paquet de sacrément beaux endroits en France, faut pas déconner non plus !).
    Cela dit, avant même de "partir sous les tropiques", je pense que les industries papetières se déplaceront, mais à peine, passant de Finlande aux pays baltes notamment, qui présentent les mêmes caractéristiques sylvicoles (si tant est que ce terme soit français...) tout en proposant une main d'oeuvre bien meilleur marché (à son corps défendant la plupart du temps...).

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  11. Oups, j'ai oublié de signer :

    Otto Naumme

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  12. J'aime beaucoup le terme de « liseuse » : il est vraiment parfait pour désigner cet engin en termes non seulement politiquement corrects mais encore de marketing. Slogans : « Cette machine lit à votre place ! » « Pour toute liseuse achetée, une viveuse offerte ! »

    Vous l'aurez compris, je ne suis pas du tout convaincu d'une « réalité future » du succès du livre électronique. Votre comparaison avec les progrès automobiles me semble d'ailleurs un bon argument contre ce très hypothétique et très lointain succès : vous vous placez sur le plan purement pratique.

    Or, à part le stockage de plusieurs contenus de livres dans un volume réduit et l'éventuelle, mais il faut bien l'avouer absolument atroce, possibilité de « lier » ces contenus à des images, encyclopédies de singes savants ou avatars sonores et weberiens, aucun apport « pratique ».

    Plutôt des inconvénients, même : autonomie, limites dans le contraste, les « milieux hostiles » (j'ai fait traverser le Sahara et une partie de l'Afrique de l'Ouest aux œuvres complètes de Cioran, pas sûr que la liseuse...), sans parler de la pollution ajoutée.

    Cela dit, vous avez affaire non seulement à un appréciateur de Cioran mais aussi à un type qui ne possède toujours pas de téléphone portable... Mais qui concède que cet appareil doit être bien « pratique » une ou deux fois par siècle. Et qui vous confirme qu'il y a encore de belles forêts où il a passé l'après-midi à traquer très heureusement le cèpe !

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  13. Il n'est pas du tout sûr qu'Otto soit un adepte du livre électronique et je crois que nous pourrions très aisément nous rassembler sur les points que vous évoquez. Mais je crains qu'il ne suffit pas que nous ayons un regard dépréciateur sur l'appareil pour qu'il soit disqualifié. Pour cela, il nous faudra tous faire un effort pour devenir les arbitres des élégances.

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  14. Merci cher Tenancier de répondre pour moi. Adepte ou non du livre électronique, là n'est pas la question. Elle est de ne pas regarder par son simple prisme. Personnellement, les liseuses (c'est quand même plus joli que "e-book", non ?) ne m'intéressent guère. Mais il m'étonnerait qu'elles ne connaissent pas le succès dans les anneés à venir.
    Pour le reste, cher Fabrice, les liseuses actuelles sont peut-être pas assez ceci ou trop cela, certes. Mais, tout réfractaire que vous vous déclarez aux nouvelles technologies, vous n'en communiquez pas moins sur Internet via un ordinateur, je suppose. Pensez-vous que vous auriez pu le faire de la même façon il y a ne serait-ce que 15 ans avec les modèles de l'époque ? D'ici 5 ans, gageons-le, ces liseuses auront fait de tels progrès que les critiques que vous leur adressez n'auront plus lieu d'être. Et elles n'empêcheront pas ceux qui aiment cela d'aller à la "chasse" aux cèpes...

    Otto Naumme

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  15. J'ai, je vous l'accorde chers Tenancier et Otto Naumme, un peu incliné mon propos dans le sens du titre de ce billet. Pour autant, je ne pense pas avoir écrit que j'étais réfractaire aux nouvelles technologies. Je prétends uniquement qu'il faut pouvoir en juger, en jauger le degré de nouveauté, d'utilité voire de danger. On ne peut mettre dans le même sac ordinateur personnel, téléphone portable, livre électronique, voiture électrique ou éolienne.

    La « liseuse » n'a pas le caractère asservissant du téléphone portable, ni son potentiel de nuisances. Mais alors qu'il est indéniablement plus pratique que son homologue à fil, la « liseuse » ne me semble pas justifier d'avantages sur le livre en papier. Sa seule « ressource » est de stocker beaucoup de documents. Utile à qui ? Aux chercheurs, ou étudiants, qui pourront rédiger leurs mémoires au restaurant ou dans le métro ? Mais pour l'écrire n'auront-ils pas besoin d'un ordinateur ? Donc la tablette devient un doublon.

    Reste donc le lecteur, l'amateur de lecture, qui se dit qu'il va pouvoir emporter avec lui les œuvres complètes de … (ajoutez ici un auteur de votre choix, mais un choix restreint à celui disponible au format électronique). Je prétends être moi-même un lecteur, et en connaître quelques autres, et aucun d'entre nous n'est disposé à lire sur la machine, non par principe, mais parce qu'ils ont essayé et n'ont pas trouvé cela plus pratique, agréable, progressiste. Ni moins ceci ou cela. Juste inutile. Zut... Mais alors à qui s'adresse ce progrès ?

    Aux consommateurs de progrès sans doute, et qui savent lire (entendons-nous). Le marché existe. Est-il aussi vaste que vous le prétendez ? Pas au point de bouleverser la sylviculture, nous en avons convenu. Pas au point de chambouler le monde ronronnant de l'édition, nous devrions en convenir sans peine, je crois.

    Plus je réfléchis (grâce à vous, merci) à la « liseuse » et plus elle me semble se rapprocher de l'éolienne : un engin inutile, polluant, à très courte durée, mais qui plait aux bonnes consciences, qu'on peut admirer dans le paysage et qui empêche de réfléchir aux « vrais problèmes ». Un business. Une niaiserie. Un truc qui nous fait brasser du vent.

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  16. Cher Fabrice, agréez que je ne sois guère d'accord avec votre propos, à une exception, l'inutilité des éoliennes (du moins telles qu'elles sont utilisées aujourd'hui).
    Pour le reste, vous mettez effectivement le doigt sur l'un des défauts majeurs des liseuses, le fait qu'il s'agisse d'un objet à usage unique, au contraire d'un ordinateur ou d'un téléphone portable. Ce qui nuira très certainement au développement de ce genre de produits.
    Mais pas à la fonction. Je reste persuadé que la lecture va se "dématérialiser" au fur et à mesure. Oh, certes, pas chez les "rats de bibliothèque" que nous sommes tous plus ou moins parmi les lecteurs du blog de ce cher Tenancier. Maintenant, sommes-nous représentatifs de ce qui, aujourd'hui, "fait" le monde de l'édition ? Je ne le crois pas. Quels que soient vos goûts, je pense que vous ne vous jetez pas sur les dernières nouveautés et sur le tout nouveau best-seller de tel ou tel écrivaillon promu comme un paquet de lessive. Pourtant, regardez les chiffres de vente ? Qui vend le plus ? Jacques Abeille ou Machin ? (pas envie d'en citer un...)
    Alors, oui, nous lirons Jacques Abeille sur papier. Mais oui aussi, nombre d'autres liront Machin sur liseuse (que ce soit un processus intégré à un terminal portable quelconque ou un appareil autonome). Parce que "jetable", tout comme un SAS, en quelque sorte.
    Alors, "pas au point de chambouler le monde ronronnant de l'édition", le marché du livre électronique ? Je ne sais pas. Mais je sais, en revanche, que c'est exactement le discours que tenaient les majors du disque et du livre il y a quelques années. Et on connaît la suite...
    Du reste, lorsqu'on regarde les réactions du monde de l'édition vis à vis du livre électronique, on voit les mêmes réflexes corporatistes, la même "réaction" (au sens "réac" du terme), le même immobilisme frileux et suicidaire. A ce niveau, à voir ces soit-disant entrepreneurs (du verbe "entreprendre", ce qui semble oublié...) et leur mentalité d'autruche, leur disparition possible ne m'émeut pas.


    Otto Naumme

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  17. Qu'on me permette ici de rappeler une chose élémentaire. Que ce soit sur support papier ou électronique, la lecture est devenu un processus compliqué pour nombre de personnes. Pas sûr qu'après les premiers engouements, l'on voit une progression foudroyante de cet "équipement" dans les foyers. Cependant, le papier est une matière première dont les prix augmentent très rapidement parce qu'elle utilise des ressources qui elles aussi vont devenir rares : l'eau et l'énergie électrique.
    On peut se demander alors si, dans un avenir relativement proche, les impératifs économiques ne vont pas pousser ces éditeurs à opter pour les produits électroniques. En ce sens, les grandes manœuvres autour du droit d'auteur et les accords que l'on veut faire contracter entre états lors de grandes conférences ont aussi un sens... Pour revenir à une échelle plus proche de nous, la frilosité des éditeurs actuels n'est due qu'à la difficulté momentanée de remettre à plat un modèle économique du livre qui se passerait des imprimeurs, distributeurs et diffuseurs.
    La dématérialisation est un modèle déjà expérimenté pour d'autres bien culturels. On ne voit pas pourquoi nous en serions privés pour le livre. Cette dématérialisation est de plus un bonus pour le contrôle social (qui lit quoi ?) et le contrôle de l'opinion (le livre d'occasion électronique pourrait ne plus exister avec des verrous logiciels qui rendrait le texte obsolète ou, plus insidieux encore, à cause d'un changement des normes utilisées par les liseuses...). La faculté d'élimination du champ culturel de choses qui dérangent risque d'en être facilité.
    Je crois, Fabrice et Otto, que vous êtes en accord, seulement vous n'utilisez pas les mêmes paradigmes... Seulement, le choix du livre électronique risque de ne pas en être un mais bien plutôt une obligation qui répond à des impératifs économiques, sociaux et politiques et non à des idées de confort de mode ou d'utilité.
    On s'éloigne quelque peu du sujet de ce billet et c'en l'un des plaisirs de ce blog. Mais je pense que les postulats que nous exposons ici aurons les conséquences que j'évoque plus haut, précisément dans ce billet.

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  18. L'on se recentrera du sujet de ce billet en manifestant un étonnement certain devant le fait qu'une technique de lecture n'en chasse pas une autre. En effet, le Jisui fait son apparition au Japon: il consiste à numériser ses propres livres pour pallier au futur malheur que pourrait connaître sa propre bibliothèque ou pour déplacer sa bibliothèque en résidence secondaire par exemple.

    En ce qui concerne la frilosité des éditeurs actuels, effectivement ! Ils feraient mieux d'embrayer et de passer la seconde avant qu'Amazon, Google et Apple ne se taillent la part du gâteau qui consiste à court-circuiter le distributeur en fournissant le contenant et le contenu, avec en prime, la main mise, ou la main basse, sur le fichier numérique que devra leur céder l'éditeur !

    ArD

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  19. Oui, nous sommes les vivantes preuves de la "dématérialisation" de la lecture. Quant à celle du livre, l'avenir tranchera. Pardon : l'avenir tronçonnera.

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  20. Je sens que pour ne pas déplaire au Tenancier, je vais m'abstenir de toute fine plaisanterie sur le Jisui. Et m'en aller, bien sûr.

    Otto Naumme

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  21. En effet, vous n'y êtes pas, Otto : il fallait suivre (comme J., par exemple, ou — j'y pense, donc… — comme Descartes) !

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  22. Oui, cher George, mais dans ma pensée, J. reste...

    Otto Naumme

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  23. Comme O., évidemment (au point de prendre Racine) !

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