On apprend dans le numéro 241 de la revue Positif (Avril 1981) que Martin Scorsese faisait des Flipbooks dans sa jeunesse. On aimerait bien savoir quel fut le point d'aboutissement de ces petits travaux, s'il en reste et enfin si quelqu'un d'avisé avait pu les éditer.
Bon cru
.
Étiquette trouvée dans un Verne en Bibliothèque Verte (Un Billet de Loterie), indice supplémentaire qui tendrait à affirmer que la lecture de ce cher Jules n'était pas réservée qu'aux enfants. Un autre point de vue pourrait sans doute affirmer que l'on buvait un peu tôt dans les années 30 (période où fut publié ce volume). En tout cas ce verniste-là, adulte ou adolescent ne buvait pas n'importe quoi.

Petit Coin
CLS nous avait déjà alertés à sa manière sur cette question sur son blog. La plupart d’entre nous lit dans les lieux. C’est en effet l’un des rares endroits où ni la télévision ni le téléphone ne vous atteint et il est bien rare d’être importuné en cet endroit par quelqu’un d’autre, mis à part de temps en temps le tambourinement impérieux à la porte qui vous annonce que vous allez à regrets devoir céder la place. Miller (1) réprouvait la lecture en ce refuge. Cela explique sans peine l’indifférence polie que je manifeste à l’égard de cet écrivain.
Mais vous ? Qu’y lisez-vous ? Nouvelles, romans, articles de presse, polars, romans sentimentaux, brochures techniques, blagues Caram’bar ?
Trouvez-vous qu'il existe une manifeste collusion entre les cagoinces et la littérature ?
Dites-nous tout.
1. Henry Miller - "Lire aux cabinets" - in Les Livres de ma vie - Gallimard, "Du Monde Entier", 1957. (réed. Folio)
Mais vous ? Qu’y lisez-vous ? Nouvelles, romans, articles de presse, polars, romans sentimentaux, brochures techniques, blagues Caram’bar ?
Trouvez-vous qu'il existe une manifeste collusion entre les cagoinces et la littérature ?
Dites-nous tout.
1. Henry Miller - "Lire aux cabinets" - in Les Livres de ma vie - Gallimard, "Du Monde Entier", 1957. (réed. Folio)
Tiens...
Robert Louit est mort.
Ça ne vous dit rien ?
C'était pourtant le traducteur - entre autre - de Crash et I.G.H., de Ballard. Moi si j'étais traducteur, je me ferais du mouron pour les écrivains sur lesquels je travaille, histoire de ne pas trop pousser le mimétisme...
Ma soeur
Ma sœur aime et lit du Romain Rolland. Elle possède beaucoup de ses titres dans sa bibliothèque.
L'Aigle de Tolède
Le Tenancier vous avait déjà parlé de Spiritus. Voici que celui-ci sollicite notre maison pour répondre à quelques questions. Nous allons faire notre possible.
Voici une triple question que j'adresse au Tenancier, en espérant que je ne franchis guère son domaine de compétences :
On qualifie une série de premiers numéros suivis d'une revue de l'expression "tête de collection" tout à fait claire et adaptée :
1) Mais comment nommer une série des derniers numéros suivis d'une revue ? doit-on dire "queue de collection" (sachant que, selon l'animal, ledit appendice n'est pas forcément derrière) ou "cul de collection" ?
2) Á partir de combien de numéros recueillis peut-on décemment parler de "tête de collection" ? Ainsi, pour une revue comme le Mercure de France, qui, pour ne considérer que les années Vallette, vécut 45 ans et près de 900 numéros, les douze premières livraisons font-elles une tête ou, simplement, un scalp ? Inversement, pour La Pléiade, grand-mère violette du Mercure (comme aimait à la nommer Saint-Pol-Roux), qui splendit sept fois entre mars et novembre 1886, combien de livraisons font une tête ; il me semble que le premier numéro engage déjà un sommet d'omoplate...
3) D'où vient qu'une tête de collection se vende toujours plus cher qu'une collection dépareillée quantitativement égale (et parfois qualitativement supérieure) ? Dites-moi tout, cher Tenancier...
Fort respectueusement,
SPiRitus
Mon cher SPiRitus,
1) On dit "queue de collection".
2) La réponse va être un peu plus longue. Certains habitués connaissent ma fascination pour Frederico Bahamontès, l'Aigle de Tolède et son ascension du Mont Ventoux laquelle est plus exaltante que celle de Pétrarque, plus épique, dirais-je même ! Or, mettez-vous dans la peau de notre coureur préféré, mmmmhhhh ? Voilà, vous y êtes, la chaleur vous accable, encore 10 kilomètres en tête de course. Vous partîtes 400 et point de prompt renfort, seulement des défections sur l'asphalte brûlant. Mais vous êtes devant, c'est ce qui compte, quelques hommes vous accompagnent, porteurs de bidon, concurrents acharnés, obscurs qui grignotent quelques points. Cette tête de course est valeureuse : 10 sur 400 ouvrent le passage au milieu des casquettes Ricard, sur des vélos Mercier et sous la parure héroïque du maillot national. 10 ouvreurs, 10 Samuel Champlain du dérailleur ouvrent la route dans l'odeur de sueur et d'embrocation. Ces valeureux-là sont la tête de course, l'ultime carré. De cette distinction nous n'aurons que le regard hâve des hommes à l'arrivée, une liste sur le classement général. Nous, nous retiendrons ce don de soi, cette volatilité de la victoire, l'épuisement sous ce masque de poussière. Faut-il alors comparer cette geste à une course cycliste dans un village ? Certes, il y a l'abnégation et la servitude... Mais qu'un homme, un seul, s'échappe pour voler vers la ligne d'arrivée, cela doit-il être considéré comme une tête de course ? Que nenni ! Un sur vingt, deux sur vingt ne font point une tête de course. Ce n'est plus le dernier carré des Grecs, c'est comme un Phidippidès qui annoncerait sa propre victoire ! Tout est question de nombre bien que cela ne diminue pas le mérite du vainqueur.

Bon, eh bien les têtes de collection, c'est pareil, c'est une question de bon sens et de proportion. Une tête de collection peut aller de quelques numéros à un bon tiers de la série, pourvu qu'elle soit complète (il peut y avoir quelques numéros manquants mais on l'indique expressément !). Lorsqu'il s'agit d'une petite série, comme les numéros de La Pléiade auxquels vous fîtes allusion, mentionner les deux ou trois premiers numéros ressemble plus à un artifice de vendeur qu'autre chose. De plus à ce stade et considérant la revue, il ne serait pas surprenant de considérer tous ces exemplaires comme rares...
3) Il est souvent difficile de rassembler des numéros de revues qui se suivent. En effet, le libraire qui entreprend de collecter et de compléter une série aura toujours du mal à retrouver certains numéros à un prix acceptable. Or, même cet essai de complétion peut s'avérer fort onéreux et peut pousser à renoncer rapidement. On se résout alors à vendre la série en l'état à un prix attractif, songeant que l'amateur complètera cette série lui-même. En effet, l'achat de numéros isolés en complément peut faire diminuer la marge du libraire ou augmenter le prix de vente d'une façon rédhibitoire.
Cela tient à plusieurs facteurs.
Souvent, des séries complètes le sont à l'origine. C'est un amateur qui a acheté cette revue depuis le premier numéro jusqu'à la fin de celle-ci ou la sienne propre. Les tous premiers numéros font assez souvent l'objet d'un tirage supérieur, mais il faut compter sur le fait que nombre de lecteurs en délaissent la lecture au bout d'un certain temps et donc un achat suivi. Au bout du compte, les séries complètes se rapprocheront plus d'un certain pourcentage d'une fin de tirage. Il faudrait compter sur les incendies, les héritages, les guerres, entre autres pour raréfier ces séries.
Une autre catégorie d'amateurs achète les revues. Ceux qui sont amateurs de certains sujets ou certains écrivains. Ainsi, il n'est pas exceptionnel de rencontrer quelques numéros de revue épars dans une bibliothèque. On y découvre alors rapidement que le sommaire rejoint la préoccupation du propriétaire de ladite bibliothèque. Ces numéros peuvent être vendus cher parce qu'ils contiennent la préoriginale d'un auteur connu (grosso modo, on appelle comme ceci un texte paru en revue, avant la première édition en volume). Il peut se trouver que certains numéros soient plus nombreux que la moyenne, sauvés du dépérissement par un texte exceptionnel (songeons aux "Fleurs du Mal" dans la Revue des Deux Mondes, par exemple) sans pour autant que le prix en diminue.
Par ailleurs, certaines revues littéraires accueillent des noms prestigieux dès leurs débuts, d'autres doivent attendre quelque temps avant d'accueillir des écrivains connus dans leurs colonnes. C'est à ce moment qu'une autre vague de lecteurs achète et garde ces revues sans se soucier, ou sans avoir la possibilité, de compléter avec des numéros antérieurs.
C'est ainsi que l'on a plus de chance de retrouver des numéros isolés, des séries disparates et des têtes de séries incomplètes. Fait qui s'aggrave avec le temps.
Un autre facteur concourt à la raréfaction de revues telles que vous les décrivez. Nombre de celles-ci furent imprimée sur les papiers à base de pulpe de bois - nous y avons fait allusion précédemment - et, malgré de bonnes conditions de conservation, elles partent en poussière. Ce sont devenus des objets extrêmement fragiles. Nous avons vu, pour notre part, des années complètes de La Plume dont les pages s'émiettaient en confettis bruns, brûlées par l'acidification du papier.
Enfin, il ne faut pas oublier l'efflorescence des revues dans les 30 ans qui précédèrent la Grande Guerre. Voici quelques chiffres tirés de l'excellent ouvrage "La Belle Époque des Revues" (1) pour les créations de revues :
1891 : 821 nouveaux titres
1892 : 901 "
1893 : 889 "
1894 : 736 "
1895 : 718 "
1896 : 696 "
1898 : 932 "
1899 : 742 "
1900 : 929 "
Naturellement, cela ne concerne pas que les revues littéraires qui vous intéressent, mon cher SPiRitus, mais on voit à quel rythme apparaissaient celles-ci. Seules quelques-unes unes dépassaient l'année. Or, le lectorat n'était pas extensible, et le nombre d'écrivains ou de poètes qui pouvaient participer aux sommaires était également limité. Ce fait est aggravé par l'existence de chapelles littéraires.
En conclusion, on peut affirmer qu'une tête de collection est rare en raison de divers facteurs qui semblent en apparence contradictoires mais qui reposent beaucoup sur les habitudes littéraires et la fidélité du lectorat. Il faut se résoudre à chercher longuement.
(1) - La Belle Époque des Revues, 1880-1914
Sous la direction de Jacqueline Pluet-Despatin, Michel Leymarie & Jean-Yves Mollier - Éditions de l'IMEC, 2002
On qualifie une série de premiers numéros suivis d'une revue de l'expression "tête de collection" tout à fait claire et adaptée :
1) Mais comment nommer une série des derniers numéros suivis d'une revue ? doit-on dire "queue de collection" (sachant que, selon l'animal, ledit appendice n'est pas forcément derrière) ou "cul de collection" ?
2) Á partir de combien de numéros recueillis peut-on décemment parler de "tête de collection" ? Ainsi, pour une revue comme le Mercure de France, qui, pour ne considérer que les années Vallette, vécut 45 ans et près de 900 numéros, les douze premières livraisons font-elles une tête ou, simplement, un scalp ? Inversement, pour La Pléiade, grand-mère violette du Mercure (comme aimait à la nommer Saint-Pol-Roux), qui splendit sept fois entre mars et novembre 1886, combien de livraisons font une tête ; il me semble que le premier numéro engage déjà un sommet d'omoplate...
3) D'où vient qu'une tête de collection se vende toujours plus cher qu'une collection dépareillée quantitativement égale (et parfois qualitativement supérieure) ? Dites-moi tout, cher Tenancier...
Fort respectueusement,
SPiRitus
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Mon cher SPiRitus,
1) On dit "queue de collection".
2) La réponse va être un peu plus longue. Certains habitués connaissent ma fascination pour Frederico Bahamontès, l'Aigle de Tolède et son ascension du Mont Ventoux laquelle est plus exaltante que celle de Pétrarque, plus épique, dirais-je même ! Or, mettez-vous dans la peau de notre coureur préféré, mmmmhhhh ? Voilà, vous y êtes, la chaleur vous accable, encore 10 kilomètres en tête de course. Vous partîtes 400 et point de prompt renfort, seulement des défections sur l'asphalte brûlant. Mais vous êtes devant, c'est ce qui compte, quelques hommes vous accompagnent, porteurs de bidon, concurrents acharnés, obscurs qui grignotent quelques points. Cette tête de course est valeureuse : 10 sur 400 ouvrent le passage au milieu des casquettes Ricard, sur des vélos Mercier et sous la parure héroïque du maillot national. 10 ouvreurs, 10 Samuel Champlain du dérailleur ouvrent la route dans l'odeur de sueur et d'embrocation. Ces valeureux-là sont la tête de course, l'ultime carré. De cette distinction nous n'aurons que le regard hâve des hommes à l'arrivée, une liste sur le classement général. Nous, nous retiendrons ce don de soi, cette volatilité de la victoire, l'épuisement sous ce masque de poussière. Faut-il alors comparer cette geste à une course cycliste dans un village ? Certes, il y a l'abnégation et la servitude... Mais qu'un homme, un seul, s'échappe pour voler vers la ligne d'arrivée, cela doit-il être considéré comme une tête de course ? Que nenni ! Un sur vingt, deux sur vingt ne font point une tête de course. Ce n'est plus le dernier carré des Grecs, c'est comme un Phidippidès qui annoncerait sa propre victoire ! Tout est question de nombre bien que cela ne diminue pas le mérite du vainqueur.

Bon, eh bien les têtes de collection, c'est pareil, c'est une question de bon sens et de proportion. Une tête de collection peut aller de quelques numéros à un bon tiers de la série, pourvu qu'elle soit complète (il peut y avoir quelques numéros manquants mais on l'indique expressément !). Lorsqu'il s'agit d'une petite série, comme les numéros de La Pléiade auxquels vous fîtes allusion, mentionner les deux ou trois premiers numéros ressemble plus à un artifice de vendeur qu'autre chose. De plus à ce stade et considérant la revue, il ne serait pas surprenant de considérer tous ces exemplaires comme rares...
3) Il est souvent difficile de rassembler des numéros de revues qui se suivent. En effet, le libraire qui entreprend de collecter et de compléter une série aura toujours du mal à retrouver certains numéros à un prix acceptable. Or, même cet essai de complétion peut s'avérer fort onéreux et peut pousser à renoncer rapidement. On se résout alors à vendre la série en l'état à un prix attractif, songeant que l'amateur complètera cette série lui-même. En effet, l'achat de numéros isolés en complément peut faire diminuer la marge du libraire ou augmenter le prix de vente d'une façon rédhibitoire.
Cela tient à plusieurs facteurs.
Souvent, des séries complètes le sont à l'origine. C'est un amateur qui a acheté cette revue depuis le premier numéro jusqu'à la fin de celle-ci ou la sienne propre. Les tous premiers numéros font assez souvent l'objet d'un tirage supérieur, mais il faut compter sur le fait que nombre de lecteurs en délaissent la lecture au bout d'un certain temps et donc un achat suivi. Au bout du compte, les séries complètes se rapprocheront plus d'un certain pourcentage d'une fin de tirage. Il faudrait compter sur les incendies, les héritages, les guerres, entre autres pour raréfier ces séries.
Une autre catégorie d'amateurs achète les revues. Ceux qui sont amateurs de certains sujets ou certains écrivains. Ainsi, il n'est pas exceptionnel de rencontrer quelques numéros de revue épars dans une bibliothèque. On y découvre alors rapidement que le sommaire rejoint la préoccupation du propriétaire de ladite bibliothèque. Ces numéros peuvent être vendus cher parce qu'ils contiennent la préoriginale d'un auteur connu (grosso modo, on appelle comme ceci un texte paru en revue, avant la première édition en volume). Il peut se trouver que certains numéros soient plus nombreux que la moyenne, sauvés du dépérissement par un texte exceptionnel (songeons aux "Fleurs du Mal" dans la Revue des Deux Mondes, par exemple) sans pour autant que le prix en diminue.
Par ailleurs, certaines revues littéraires accueillent des noms prestigieux dès leurs débuts, d'autres doivent attendre quelque temps avant d'accueillir des écrivains connus dans leurs colonnes. C'est à ce moment qu'une autre vague de lecteurs achète et garde ces revues sans se soucier, ou sans avoir la possibilité, de compléter avec des numéros antérieurs.
C'est ainsi que l'on a plus de chance de retrouver des numéros isolés, des séries disparates et des têtes de séries incomplètes. Fait qui s'aggrave avec le temps.
Un autre facteur concourt à la raréfaction de revues telles que vous les décrivez. Nombre de celles-ci furent imprimée sur les papiers à base de pulpe de bois - nous y avons fait allusion précédemment - et, malgré de bonnes conditions de conservation, elles partent en poussière. Ce sont devenus des objets extrêmement fragiles. Nous avons vu, pour notre part, des années complètes de La Plume dont les pages s'émiettaient en confettis bruns, brûlées par l'acidification du papier.
Enfin, il ne faut pas oublier l'efflorescence des revues dans les 30 ans qui précédèrent la Grande Guerre. Voici quelques chiffres tirés de l'excellent ouvrage "La Belle Époque des Revues" (1) pour les créations de revues :
1891 : 821 nouveaux titres
1892 : 901 "
1893 : 889 "
1894 : 736 "
1895 : 718 "
1896 : 696 "
1898 : 932 "
1899 : 742 "
1900 : 929 "
Naturellement, cela ne concerne pas que les revues littéraires qui vous intéressent, mon cher SPiRitus, mais on voit à quel rythme apparaissaient celles-ci. Seules quelques-unes unes dépassaient l'année. Or, le lectorat n'était pas extensible, et le nombre d'écrivains ou de poètes qui pouvaient participer aux sommaires était également limité. Ce fait est aggravé par l'existence de chapelles littéraires.
En conclusion, on peut affirmer qu'une tête de collection est rare en raison de divers facteurs qui semblent en apparence contradictoires mais qui reposent beaucoup sur les habitudes littéraires et la fidélité du lectorat. Il faut se résoudre à chercher longuement.
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(1) - La Belle Époque des Revues, 1880-1914
Sous la direction de Jacqueline Pluet-Despatin, Michel Leymarie & Jean-Yves Mollier - Éditions de l'IMEC, 2002
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C'est avec raison, fierté et joie que nous vous présentons ici-même l'une de nos dernières trouvailles. Luxe inouï que nous nous sommes permis d'acquérir pour la somme d'1,00 € chez l'un de nos occultes fournisseurs.
Qu'on en juge d'après la photo ci-après :
Qu'on en juge d'après la photo ci-après :

L'invite est claire, tant pour le sous-titre que le titre. Cet érotisme popote atteint ici un degré qui nous laisse toujours pantois. En effet, selon notre jugement de Tenancier rompu aux enfers, cette image nous rappelle nombre de dargeots mitraillés à longueur de Paris-Hollywood et même de quelques publications sous le manteau qui eurent l'heur de passer sous nos yeux concupiscents. Ici, jamais ne rima mieux " paire de miche " avec " air godiche ", évocations troubles d'amours ancillaires ou de voisinages libidineux. Ça sent le quatre heures du serrurier en visite impromptue, le plombier qui fait des extras racontés à l'heure de l'apéritif.
Certes.
Mais cela valait-il pour autant un billet dans ce blog prestigieux ?
C'est que l'ouvrage a un intérêt certain, outre son érotisme d'une moiteur approximative. Il fait partie des rares ouvrages en France à avoir été imprimé tête-bêche. En effet, lorsque nous retournons l'ouvrage, au lieu de trouver le 2e plat de couverture, avec un résumé et parfois la biographie exaltante de l'auteur, nous trouvons la couverture suivante :
Certes.
Mais cela valait-il pour autant un billet dans ce blog prestigieux ?
C'est que l'ouvrage a un intérêt certain, outre son érotisme d'une moiteur approximative. Il fait partie des rares ouvrages en France à avoir été imprimé tête-bêche. En effet, lorsque nous retournons l'ouvrage, au lieu de trouver le 2e plat de couverture, avec un résumé et parfois la biographie exaltante de l'auteur, nous trouvons la couverture suivante :

Outre que cette photo de couverture illustre bien la célèbre chanson de Ray Ventura et ses Collégiens, on appréciera de nouveau le regard pénétré de l'impétrante.
Ainsi, deux brefs romans sont présentés dans le même ouvrage dans une astuce de mise en page peu courante. Mais pourquoi donc ne trouve-t-on que très rarement ce procédé en matière de publications ?
Assez rigolé, prenons notre ton docte.
Alors, pourquoi ?
Cette façon de publier les ouvrages a existé dans les années 50 aux Etats-Unis, principalement chez l'éditeur Daw Books, éditeur populaire qui mit sur le marché nombre de récits de science-fiction ou policiers voire de témoignages ou faits de société. Pour la petite histoire, c'est sous cette présentation - avec un autre ouvrage d'un autre auteur que la postérité n'a pas retenu - que Junkie de William Burroughs fut publié pour la première fois. Ces ouvrages étaient au format poche. Les récits, des courts romans - appelés " Novellas ", chez les Anglo-saxons - se partageaient à peu près 144 à 156 pages. Les illustrations y étaient assez suggestives. Les cinéphiles se rappelleront sans doute la profession de Richard Sherman dans Sept ans de réflexion et auront une idée paroxystique mais assez juste de ce genre de publication (Si vous ne vous souvenez pas, courez le revoir !). Or ce calibre de récit est assez peu prisé dans l'édition en France. La nouvelle a longtemps été regardée comme un genre difficile à vendre pour les éditeurs et le problème de la présentation des ouvrages en tête-bêche se heurtait volontiers au conservatisme des libraires de neuf français. On en veut pour preuve une discussion que le Tenancier eut avec Élisabeth Gille, directrice, à l'époque, de la Collection " Présence du Futur " et qui préparait une collection de courts récits de science-fiction appelée " Étoiles Doubles ". Celle-ci était destinée à l'origine à être présentée de cette manière. Une étude de marché, fit battre immédiatement en retraite l'éditeur et sa Fabrication. Nous eûmes droit à une maquette de couverture ratée, des livres bâtards qui ne se vendirent guère. La collection disparut au bout d'une quinzaine de numéros. L'idée s'était heurtée à la frilosité des vendeurs. Elle aurait sans doute mérité d''être imposée.
Il est sans doute d'autres raisons que le commerce, et que nous ne connaissons pas, au sujet de cette relative rareté. Le Tenancier attend de pied ferme toute matière à codicille au présent billet.
On affirmera sans trop de risques que l'on ne retrouve qu'exceptionnellement deux textes publiés tête-bêche dans le même livre. Sans doute devons-nous la présente curiosité également au fait que ce livre érotique fut une auto-édition. Comme cet ouvrage est encore frais dans nos acquisitions, nous n'avons pas eu le temps de glisser notre nez frétillant dans sa... prose. Mais nous adjugeons ici même notre préjugé favorable à Madame Christine Laurac qui, bravant les diktats du marketing nous fit don d'un in-8° sortant un peu de l'ordinaire...
Ainsi, deux brefs romans sont présentés dans le même ouvrage dans une astuce de mise en page peu courante. Mais pourquoi donc ne trouve-t-on que très rarement ce procédé en matière de publications ?
Assez rigolé, prenons notre ton docte.
Alors, pourquoi ?
Cette façon de publier les ouvrages a existé dans les années 50 aux Etats-Unis, principalement chez l'éditeur Daw Books, éditeur populaire qui mit sur le marché nombre de récits de science-fiction ou policiers voire de témoignages ou faits de société. Pour la petite histoire, c'est sous cette présentation - avec un autre ouvrage d'un autre auteur que la postérité n'a pas retenu - que Junkie de William Burroughs fut publié pour la première fois. Ces ouvrages étaient au format poche. Les récits, des courts romans - appelés " Novellas ", chez les Anglo-saxons - se partageaient à peu près 144 à 156 pages. Les illustrations y étaient assez suggestives. Les cinéphiles se rappelleront sans doute la profession de Richard Sherman dans Sept ans de réflexion et auront une idée paroxystique mais assez juste de ce genre de publication (Si vous ne vous souvenez pas, courez le revoir !). Or ce calibre de récit est assez peu prisé dans l'édition en France. La nouvelle a longtemps été regardée comme un genre difficile à vendre pour les éditeurs et le problème de la présentation des ouvrages en tête-bêche se heurtait volontiers au conservatisme des libraires de neuf français. On en veut pour preuve une discussion que le Tenancier eut avec Élisabeth Gille, directrice, à l'époque, de la Collection " Présence du Futur " et qui préparait une collection de courts récits de science-fiction appelée " Étoiles Doubles ". Celle-ci était destinée à l'origine à être présentée de cette manière. Une étude de marché, fit battre immédiatement en retraite l'éditeur et sa Fabrication. Nous eûmes droit à une maquette de couverture ratée, des livres bâtards qui ne se vendirent guère. La collection disparut au bout d'une quinzaine de numéros. L'idée s'était heurtée à la frilosité des vendeurs. Elle aurait sans doute mérité d''être imposée.
Il est sans doute d'autres raisons que le commerce, et que nous ne connaissons pas, au sujet de cette relative rareté. Le Tenancier attend de pied ferme toute matière à codicille au présent billet.
On affirmera sans trop de risques que l'on ne retrouve qu'exceptionnellement deux textes publiés tête-bêche dans le même livre. Sans doute devons-nous la présente curiosité également au fait que ce livre érotique fut une auto-édition. Comme cet ouvrage est encore frais dans nos acquisitions, nous n'avons pas eu le temps de glisser notre nez frétillant dans sa... prose. Mais nous adjugeons ici même notre préjugé favorable à Madame Christine Laurac qui, bravant les diktats du marketing nous fit don d'un in-8° sortant un peu de l'ordinaire...
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Christine Laurac : " Les Fureurs de la Chair " : Viens... ! / Sérénade à quatre
Auteur - Éditeur, 1972
Justifications
Il y a quelque temps, à propos de la justification des tirages, je fus interpellé par une habituée de ce blog sur le fait que le terme pouvait recéler une toute autre signification.
En effet la justification est un terme utilisé en typographie et plus généralement par tous ceux qui s’occupent de mettre du texte en page. Que cela intéresse également le libraire ne saurait étonner par ailleurs. En effet, si notre métier possède un rapport étroit avec le contenu des ouvrages, la forme par laquelle ces textes sont transmis a son importance. Ainsi le confort de lecture peut être influencé par la taille des caractères, le choix de la typographie, celui du papier, le placement du texte par rapport aux marges, etc. Ainsi, le libraire qui se voudrait impliqué dans son métier prendra soin d’examiner ce travail. Ces éléments sont parfois aussi importants que le nom de l’éditeur ou la date d’édition pour la détermination de la valeur de l’ouvrage. Parmi ces éléments, la justification rentre en ligne de compte.
Mais, de quoi s’agit-il ?
Prenez une page de livre. Pour l’exemple, ce sera la page de droite, le recto, la « bonne » page, comme on dit. Posez le livre ouvert à une certaine distance devant vous. Fermez un œil, entrouvrez à peine l’autre : vous verrez que le texte devient une sorte de tache grisée (le gris typographique), un bloc… Cela tombe bien, puisqu’on appelle cela un « bloc de texte » La justification concerne l’organisation des lignes à l’intérieur de ce bloc.
Ce n’est donc que cela. Oui, mais cela a son importance car le confort de lecture est en jeu pour l’amateur et cela peut conditionner le coût d’un ouvrage pour un éditeur. En effet, la position de ces lignes influence le nombre de signes – ou de mots – que l’on retrouve dans chaque page.
Comme rien ne vaut l’exemple on s’est permis maladroitement d’illustrer ce propos par un travail d’amateur. Ainsi, on a pris un texte anodin et sans esprit polémique comme La Princesse de Clèves et l’on en a disposé un extrait sur une bonne page. Nous avons choisi un caractère propice à l’investigation (le Baskerville) et une taille (corps 10). En revanche, on s’est dispensé de s’appesantir sur l’interlettrage et l’interlignage voire d’autres fioritures. Le soussigné n’est qu’un modeste libraire et ne voudrait en aucun cas se substituer aux hommes de l’art. Le format est similaire à certains in-12°, comme les ouvrages de Julien Gracq chez Corti ou bien les défuntes éditions Charpentier et plus généralement nombre de livres de littérature du XIXe siècle. On a fait ce que l’on a pu pour les marges…
Plusieurs possibilités s’offrent à nous lorsque nous voulons disposer des caractères à l’intérieur d’un bloc de texte. Ces commodités existent maintenant dans les traitements de texte, on les retrouve forcément dans les logiciels professionnels ou semi-professionnels que sont par exemple Xpress, Indesign, Pagemaker, Scribus, etc. La justification existait déjà aux débuts de la typographie.
Venons-en au fait.
En effet la justification est un terme utilisé en typographie et plus généralement par tous ceux qui s’occupent de mettre du texte en page. Que cela intéresse également le libraire ne saurait étonner par ailleurs. En effet, si notre métier possède un rapport étroit avec le contenu des ouvrages, la forme par laquelle ces textes sont transmis a son importance. Ainsi le confort de lecture peut être influencé par la taille des caractères, le choix de la typographie, celui du papier, le placement du texte par rapport aux marges, etc. Ainsi, le libraire qui se voudrait impliqué dans son métier prendra soin d’examiner ce travail. Ces éléments sont parfois aussi importants que le nom de l’éditeur ou la date d’édition pour la détermination de la valeur de l’ouvrage. Parmi ces éléments, la justification rentre en ligne de compte.
Mais, de quoi s’agit-il ?
Prenez une page de livre. Pour l’exemple, ce sera la page de droite, le recto, la « bonne » page, comme on dit. Posez le livre ouvert à une certaine distance devant vous. Fermez un œil, entrouvrez à peine l’autre : vous verrez que le texte devient une sorte de tache grisée (le gris typographique), un bloc… Cela tombe bien, puisqu’on appelle cela un « bloc de texte » La justification concerne l’organisation des lignes à l’intérieur de ce bloc.
Ce n’est donc que cela. Oui, mais cela a son importance car le confort de lecture est en jeu pour l’amateur et cela peut conditionner le coût d’un ouvrage pour un éditeur. En effet, la position de ces lignes influence le nombre de signes – ou de mots – que l’on retrouve dans chaque page.
Comme rien ne vaut l’exemple on s’est permis maladroitement d’illustrer ce propos par un travail d’amateur. Ainsi, on a pris un texte anodin et sans esprit polémique comme La Princesse de Clèves et l’on en a disposé un extrait sur une bonne page. Nous avons choisi un caractère propice à l’investigation (le Baskerville) et une taille (corps 10). En revanche, on s’est dispensé de s’appesantir sur l’interlettrage et l’interlignage voire d’autres fioritures. Le soussigné n’est qu’un modeste libraire et ne voudrait en aucun cas se substituer aux hommes de l’art. Le format est similaire à certains in-12°, comme les ouvrages de Julien Gracq chez Corti ou bien les défuntes éditions Charpentier et plus généralement nombre de livres de littérature du XIXe siècle. On a fait ce que l’on a pu pour les marges…
Plusieurs possibilités s’offrent à nous lorsque nous voulons disposer des caractères à l’intérieur d’un bloc de texte. Ces commodités existent maintenant dans les traitements de texte, on les retrouve forcément dans les logiciels professionnels ou semi-professionnels que sont par exemple Xpress, Indesign, Pagemaker, Scribus, etc. La justification existait déjà aux débuts de la typographie.
Venons-en au fait.

En drapeau – Fer à gauche.
Le texte ci-dessus est appuyé à gauche (autrement dit : « fer à gauche » qui est une partie mobile du composteur à partir duquel on disposait les caractères). Le côté droit est quelque peu effrangé. En effet, les mots et les lettres sont disposés à égale distance les uns des autres. Ces lignes s’en trouvent forcément de longueurs inégales.

En drapeau – Fer à droite.
On verra par ailleurs ci-dessus que la même page appuyée à droite donne le même résultat inversé : même nombre de caractères, tout au plus un peu de gêne à la lecture pour ce dernier exemple. On parle ici d’une justification en drapeau. On peut estimer que cela se passe d’explication lorsque l’on regarde ces blocs de texte…


En drapeau – Fer à gauche / Fer à droite – césuré.
Cette même page a subi un petit perfectionnement. On a autorisé le logiciel à effectuer des coupures automatiques de mots - la césure en d’autres termes. Les typographes le font manuellement et… intellectuellement. On se rend compte alors que le travail de ces professionnels implique une grande connaissance des règles de typographie, certes, mais bien autant de la langue et de ses règles. Ce recours à la césure nous permet de constater que le drapeau est moins accentué. Quelques coupures viennent adoucir les bords déchiquetés de ces blocs de texte en compensant ceux-ci.
La justification en drapeau est rarement utilisée dans les textes littéraires, plus souvent en presse ou bien dans les blocs qui utilisent des colonnes.
Les traitements de texte parleront plus volontiers d’Alignement plutôt que de justification. Mais il est à noter que la préoccupation des créateurs de ces logiciels n’avait qu’un rapport lointain avec la mise en page des livres.
La justification en drapeau est rarement utilisée dans les textes littéraires, plus souvent en presse ou bien dans les blocs qui utilisent des colonnes.
Les traitements de texte parleront plus volontiers d’Alignement plutôt que de justification. Mais il est à noter que la préoccupation des créateurs de ces logiciels n’avait qu’un rapport lointain avec la mise en page des livres.

Justifié.
On voit ici que le bloc de texte est disposé de manière à s’appuyer de chaque côté. Chaque ligne commence ou termine à la verticale de la précédente ou de la suivante. Non seulement, cette disposition est agréable au regard, mais elle peut faire gagner de la place pour le texte. Quelques mots tout au plus par page, certes, mais ce bénéfice peut être intéressant sur des textes longs.

Justifié – Césuré.
Même idée que précédemment. L’apport de la césure apporte parfois des gains plus conséquents pour l’encombrement du texte. Tel n’est pas le cas ici. Tout dépend des rapports entre tous les éléments utilisés : caractères, corps, dimensions de la page, marges, etc. Cependant l’apport de la césure permet une harmonisation des espaces entre les mots et permet donc une lecture plus régulière. Elle peut aussi contribuer à diminuer les lézardes que l’on peut trouver dans un bloc de texte. Certes, Dali s’en est emparé pour sa méthode paranoïaque-critique, mais ce n’est pas vraiment désiré pour l’agrément de la lecture.
Il existe deux autres justifications encore.
- La justification centrée.
- La justification forcée, ou « au carré », qui fait terminer la fin d’un paragraphe à l’aplomb de la ligne précédente, ne laissant ainsi aucune ligne creuse…
Évidemment, beaucoup d’éléments ont été négligés dans cette explication, comme les alinéas, et on voudra bien en excuser une nouvelle fois l’auteur. On remerciera ArD. pour sa question stimulante qui fut à l’origine de ce billet et Margarita Mirador pour la révision des notions expliquées ci-dessus.
Il existe deux autres justifications encore.
- La justification centrée.
- La justification forcée, ou « au carré », qui fait terminer la fin d’un paragraphe à l’aplomb de la ligne précédente, ne laissant ainsi aucune ligne creuse…
Évidemment, beaucoup d’éléments ont été négligés dans cette explication, comme les alinéas, et on voudra bien en excuser une nouvelle fois l’auteur. On remerciera ArD. pour sa question stimulante qui fut à l’origine de ce billet et Margarita Mirador pour la révision des notions expliquées ci-dessus.
Pour les détails, cliquez sur les images, bien sûr...
Le livre futur
" Parmi tant de réponses prestigieuses à la gloire de l'imprimerie, je crains bien que détonnent les quelques lignes que vous me faites l'honneur de me demander. Enfin, ces lignes seront-elles à leur place dans le Bulletin des Maîtres Imprimeurs ? Jugez s'il y a de quoi hésiter... J'ai vu de mes yeux un petit appareil devant lequel il est difficile de ne point penser qu'un jour viendra où l'imprimerie ne sera plus qu'un souvenir magnifique, mais un souvenir, une étape de l'histoire humaine... Qu'un jour viendra où, entre le cerveau qui crée et le cerveau qui accueille, un mode de communication sera réalisé qui supprimera le Livre et l'imprimerie elle-même. L'appareil que j'ai vu est une petite lampe électrique dans laquelle on insère une bande pelliculaire d'un mètre de long, d'un centimètre de hauteur. Cette bande peut contenir cinquante pages, qui se déroulent une à une lorsque, au lieu de tourner le feuillet, on presse sur une molette de la lampe. Chaque page est projetée sur n'importe quelle feuille blanche, formant écran, que l'on dresse devant soi. Deux bandes reproduisant cent pages tiennent dans une minuscule boîte cylindrique d'un demi-centimètre de diamètre, d'un centimètre de hauteur... Un jour, à la place des livres splendides, dans les bibliothèques futures, on verra ces rangées de tous petits étuis, ces capsules où seront contenues le Dante, le Shakespeare ou le Gustave Doré de l'avenir.
Un seul exemplaire de l'œuvre d'un écrivain, un seul exemplaire dactylographié, dessiné, enfin tracé sous quelque forme lisible que ce soit, et puis la reproduction photographique pelliculaire, à tirage illimité, de cet exemplaire, tel sera le livre futur.
Non plus que l'écrivain, le peintre des images qui illustreront l'œuvre, ni le dessinateur des lettres ne seront atteints. Mais... je ne puis achever, ô Maîtres imprimeurs. "
Un seul exemplaire de l'œuvre d'un écrivain, un seul exemplaire dactylographié, dessiné, enfin tracé sous quelque forme lisible que ce soit, et puis la reproduction photographique pelliculaire, à tirage illimité, de cet exemplaire, tel sera le livre futur.
Non plus que l'écrivain, le peintre des images qui illustreront l'œuvre, ni le dessinateur des lettres ne seront atteints. Mais... je ne puis achever, ô Maîtres imprimeurs. "
André Arnyvelde
Texte paru dans le Bulletin de l'Union Syndicale des Maîtres Imprimeurs, numéro de Noël 1928 : " L'imprimerie et la pensée moderne ". Chapitre XI : " Après l'imprimerie ".
Du bain
Madame, on a rêvé de vous.
On vous rêve dans votre tub, à travers les fumerolles et la mousse. Vous y lisez un Proust, un Walser ou un Pasolini, de ceux que vous révisitez périodiquement. Êtes-vous arrivée à votre échéance rituelle ? Êtes-vous là dans la limite de votre privation ou de votre réserve et vous étiez-vous enfin résolue à relire La Recherche ? On veut y croire. On vous guette à travers la buée de la glace au-dessus du lavabo. Vous êtes de dos. Vos cheveux beaux, noirs et drus cachent votre visage. On voit vos épaules, scarifiées de coulées de mousse blanche, la peau légèrement rosie par la chaleur du bain. Vous ne dites rien. On entend seulement votre respiration lente et régulière, le tourner des pages guidé par un doigt que vous avez préservé du contact de l'eau pour ne pas mouiller le papier. Dans cette atmosphère d'étuve, l'on ne perçoit ainsi que le froissement régulier du papier, l'arythmie des gouttes dont l'impact s'étouffe dans la mousse ou parfois sur le genou qui affleure à la surface et aussi, parfois, un soupir : hâte d'en finir avec le chapitre, inconfort de la nuque sur le rebord blanc de la baignoire, ou bien gêne née du fantôme qui vous observe du loin de son songe. Le fantôme reste en lisière. Pour le voir, il faudrait des yeux de chats. Vous connaissez bien leur regard attentif qui guette quelque chose qui n'a pas l'air d'être là. Mais c'était une impression. Vous vous croyez seule. Vous vous rédimez du labeur du jour sous la lueur d'une seule lampe qui éclaire vos pages, de loin. Ailleurs, tout autour, la demi-obscurité commence à noyer votre appartement. Vous n'aimez pas la tombée de la nuit qui ressemble à une balade les yeux bandés sur le bord d'un abîme. Il y a alors l'accueil émollient de la baignoire et ces pages un peu jaunies, de cette teinte qui ressemble au carrelage qui vous entoure. Vous ajoutez un peu d'eau afin que le froid ne vienne pas accompagner l'obscurité. Bientôt, il faudra sortir. Vous vous dites que vous avez encore un peu de temps, vous restez encore à lire, pour repousser cette nuit qui vient. Encore un peu, encore cinq minutes pour prolonger l'adieu au jour qui est tapi entre ces pages.
Enfin, vous sortirez et vous vous livrerez au cérémonial de l'essuyage. Est-ce cela, seulement, ce tamponnement sur votre peau encore luisante ? L'odeur de vos crèmes et celle encore persistante de votre parfum poudré qui a imprégné vos vêtements de la journée vont vous accompagner dans la reconquête de votre appartement. Il y a aussi votre propre senteur, ténue, légèrement lourde, fil rouge à la rêverie. Dans le clair-obscur, vous quittez la salle de bain, faisant craquer le parquet qui semble arqué sur ses solives. Vous laissez derrière vous le livre ouvert, retourné sur le sol, comme un oiseau épuisé.

Enfin, vous sortirez et vous vous livrerez au cérémonial de l'essuyage. Est-ce cela, seulement, ce tamponnement sur votre peau encore luisante ? L'odeur de vos crèmes et celle encore persistante de votre parfum poudré qui a imprégné vos vêtements de la journée vont vous accompagner dans la reconquête de votre appartement. Il y a aussi votre propre senteur, ténue, légèrement lourde, fil rouge à la rêverie. Dans le clair-obscur, vous quittez la salle de bain, faisant craquer le parquet qui semble arqué sur ses solives. Vous laissez derrière vous le livre ouvert, retourné sur le sol, comme un oiseau épuisé.

Pour les femmes du monde
"Les romans remplissent le monde et ils ont, selon le mot de Mgr Landriot, envahi jusqu'aux retraites autrefois pacifiques et solitaires du toit domestique. Aussi les femmes, à cause de leur existence plus retirée, sont-elles souvent plus exposées à leur dangereuse influence, surtout si elles appartiennent à des familles où la frivolité, les voyages, les villégiatures et les longs loisirs constituent des... devoirs de bienséance. Ce qu'elles cherchent, ce qu'elles trouvent trop facilement dans ces lectures, nous n'avons pas à le discuter ici.
Ce que les liseuses mondaines trouveront dans la liste ci-après, ce sont généralement - pas toujours - des livres mondains, des histoires sentimentales, soignées, assez discrètement assaisonnées de tendresses ou de mollesses pour être réputés honnêtes aux yeux des gens qui "en ont vu bien d'autres". Dans quelle mesure et à quelles conditions ces lectures resteront-elles inoffensives, c'est au tact chrétien des intéressées qu'il appartient de le préciser. Pendant que les messieurs s'empoisonnent avec des liqueurs fortes, vous prenez du "doux", Madame ; mais du "doux", c'est encore de l'alcool, et l'alcool, qui n'est utile qu'à titre de remède ne devrait se prendre que sur ordonnance."
Ce que les liseuses mondaines trouveront dans la liste ci-après, ce sont généralement - pas toujours - des livres mondains, des histoires sentimentales, soignées, assez discrètement assaisonnées de tendresses ou de mollesses pour être réputés honnêtes aux yeux des gens qui "en ont vu bien d'autres". Dans quelle mesure et à quelles conditions ces lectures resteront-elles inoffensives, c'est au tact chrétien des intéressées qu'il appartient de le préciser. Pendant que les messieurs s'empoisonnent avec des liqueurs fortes, vous prenez du "doux", Madame ; mais du "doux", c'est encore de l'alcool, et l'alcool, qui n'est utile qu'à titre de remède ne devrait se prendre que sur ordonnance."
L'Abbé Louis Bethléem : Romans à lire & Romans à proscrire
Nil Obstat & imprimatur, 1908 - Huitième édition, 1922
L'on vous fait grâce de la liste...
Nil Obstat & imprimatur, 1908 - Huitième édition, 1922
L'on vous fait grâce de la liste...
Lectures exaltantes
"Ils lurent d'abord Walter Scott.
Ce fut comme la surprise d'un monde nouveau.
Les hommes du passé qui n'étaient pour eux que des fantômes ou des noms devinrent des êtres vivants, rois, princes, sorciers, valets, gardes-chasse, moines, bohémiens, marchands et soldats, qui délibèrent, combattent, voyagent, trafiquent, mangent et boivent, chantent et prient, dans la salle d'armes des châteaux, sur le banc noir des auberges, par les rues tortueuses des villes, sous l'auvent des échoppes, dans le cloître des monastères. Des paysages artistement composés, entourent les scènes comme un décor de théâtre. On suit des yeux un cavalier qui galope le long des grèves. On aspire au milieu des genêts la fraîcheur du vent, la lune éclaire des lacs où glisse un bateau, le soleil fait reluire les cuirasses, la pluie tombe sur les huttes de feuillage. Sans connaître les modèles, ils trouvaient ces peintures ressemblantes, et l'illusion était complète. L'hiver s'y passa.
Leur déjeuner fini, ils s'installaient dans la petite salle, aux deux bouts de la cheminée ; -- et en face l'un de l'autre, avec un livre à la main, ils lisaient silencieusement. Quand le jour baissait, ils allaient se promener sur la grande route, dînaient en hâte, et continuaient leur lecture dans la nuit. Pour se garantir de la lampe Bouvard avait des conserves bleues, Pécuchet portait la visière de sa casquette inclinée sur le front.
Germaine n'était pas partie, et Gorju, de temps à autre, venait fouir au jardin, car ils avaient cédé par indifférence, oubli des choses matérielles.
Après Walter Scott, Alexandre Dumas les divertit à la manière d'une lanterne magique. Ses personnages, alertes comme des singes, forts comme des boeufs, gais comme des pinsons, entrent et partent brusquement, sautent des toits sur le pavé, reçoivent d'affreuses blessures dont ils guérissent, sont crus morts et reparaissent. Il y a des trappes sous les planchers, des antidotes, des déguisements -- et tout se mêle, court et se débrouille, sans une minute pour la réflexion. L'amour conserve de la décence, le fanatisme est gai, les massacres font sourire.
Rendus difficiles par ces deux maîtres, ils ne purent tolérer le fatras de Bélisaire, la niaiserie de Numa Pompilius, Marchangy ni d'Arlincourt.
La couleur de Frédéric Soulié, comme celle du bibliophile Jacob leur parut insuffisante -- et M. Villemain les scandalisa en montrant page 85 de son Lascaris, un Espagnol qui fume une pipe "une longue pipe arabe" au milieu du XVe siècle.
Pécuchet consultait la biographie universelle -- et il entreprit de réviser Dumas au point de vue de la science.
L'auteur, dans Les Deux Diane se trompe de dates. Le mariage du Dauphin François eut lieu le 14 octobre 1548, et non le 20 mars 1549. Comment sait-il (voir Le Page du Duc de Savoie) que Catherine de Médicis, après la mort de son époux voulait recommencer la guerre ? Il est peu probable qu'on ait couronné le duc d'Anjou, la nuit, dans une église, épisode qui agrémente La Dame de Montsoreau. La Reine Margot, principalement, fourmille d'erreurs. Le duc de Nevers n'était pas absent. Il opina au conseil avant la Saint-Barthélémy. Et Henri de Navarre ne suivit pas la procession quatre jours après. Et Henri III ne revint pas de Pologne aussi vite. D'ailleurs, combien de rengaines, le miracle de l'aubépine, le balcon de Charles IX, les gants empoisonnés de Jeanne d'Albret. Pécuchet n'eut plus confiance en Dumas.
Il perdit même tout respect pour Walter Scott, à cause des bévues de son Quentin Durward. Le meurtre de l'évêque de Liège est avancé de quinze ans. La femme de Robert de Lamarck était Jeanne d'Arschel et non Hameline de Croy. Loin d'être tué par un soldat, il fut mis à mort par Maximilien, et la figure du Téméraire, quand on trouva son cadavre, n'exprimait aucune menace, puisque les loups l'avaient à demi dévorée.
Bouvard n'en continua pas moins Walter Scott, mais finit par s'ennuyer de la répétition des mêmes effets. L'héroïne, ordinairement, vit à la campagne avec son père, et l'amoureux, un enfant volé, est rétabli dans ses droits et triomphe de ses rivaux. Il y a toujours un mendiant philosophe, un châtelain bourru, des jeunes filles pures, des valets facétieux et d'interminables dialogues, une pruderie bête, manque complet de profondeur.
En haine du bric-à-brac, Bouvard prit George Sand.
Il s'enthousiasma pour les belles adultères et les nobles amants, aurait voulu être Jacques, Simon, Bénédict, Lélio, et habiter Venise ! Il poussait des soupirs, ne savait pas ce qu'il avait, se trouvait lui- même changé.
Pécuchet, travaillant la littérature historique, étudiait les pièces de théâtre. Il avala deux Pharamond, trois Clovis, quatre Charlemagne, plusieurs Philippe-Auguste, une foule de Jeanne d'Arc, et bien des marquises de Pompadour, et des conspirations de Cellamare !
Presque toutes lui parurent encore plus bêtes que les romans. Car il existe pour le théâtre une histoire convenue, que rien ne peut détruire. Louis XI ne manquera pas de s'agenouiller devant les figurines de son chapeau ; Henri IV sera constamment jovial ; Marie Stuart pleureuse, Richelieu cruel -- enfin, tous les caractères se montrent d'un seul bloc, par amour des idées simples et respect de l'ignorance -- si bien que le dramaturge, loin d'élever abaisse, au lieu d'instruire abrutit.
Comme Bouvard lui avait vanté George Sand, Pécuchet se mit à lire Consuelo, Horace, Mauprat, fut séduit par la défense des opprimés, le côté social, et républicain, les thèses.
Suivant Bouvard, elles gâtaient la fiction et il demanda au cabinet de lecture des romans d'amour.
A haute voix et l'un après l'autre, ils parcoururent La Nouvelle Héloïse, Delphine, Adolphe, Ourika. Mais les bâillements de celui qui écoutait gagnaient son compagnon, dont les mains bientôt laissaient tomber le livre par terre. Ils reprochaient à tous ceux-là de ne rien dire sur le milieu, l'époque, le costume des personnages. Le coeur seul est traité ; toujours du sentiment ! comme si le monde ne contenait pas autre chose !
Ensuite, ils tâtèrent des romans humoristiques ; tels que Le Voyage autour de ma chambre, par Xavier de Maistre, Sous les Tilleuls, d'Alphonse Karr. Dans ce genre de livres, on doit interrompre la narration pour parler de son chien, de ses pantoufles, ou de sa maîtresse. Un tel sans-gêne, d'abord les charma, puis leur parut stupide ; -- car l'auteur efface son œuvre en y étalant sa personne.
Par besoin de dramatique, ils se plongèrent dans les romans d'aventures, l'intrigue les intéressait d'autant plus qu'elle était enchevêtrée, extraordinaire et impossible. Ils s'évertuaient à prévoir les dénouements, devinrent là dessus très forts, et se lassèrent d'une amusette, indigne d'esprits sérieux.
L'oeuvre de Balzac les émerveilla, tout à la fois comme une Babylone, et comme des grains de poussière sous le microscope. Dans les choses les plus banales, des aspects nouveaux surgirent. Ils n'avaient pas soupçonné la vie moderne aussi profonde.
"Quel observateur !" s'écriait Bouvard."
[...]

Les hommes du passé qui n'étaient pour eux que des fantômes ou des noms devinrent des êtres vivants, rois, princes, sorciers, valets, gardes-chasse, moines, bohémiens, marchands et soldats, qui délibèrent, combattent, voyagent, trafiquent, mangent et boivent, chantent et prient, dans la salle d'armes des châteaux, sur le banc noir des auberges, par les rues tortueuses des villes, sous l'auvent des échoppes, dans le cloître des monastères. Des paysages artistement composés, entourent les scènes comme un décor de théâtre. On suit des yeux un cavalier qui galope le long des grèves. On aspire au milieu des genêts la fraîcheur du vent, la lune éclaire des lacs où glisse un bateau, le soleil fait reluire les cuirasses, la pluie tombe sur les huttes de feuillage. Sans connaître les modèles, ils trouvaient ces peintures ressemblantes, et l'illusion était complète. L'hiver s'y passa.
Leur déjeuner fini, ils s'installaient dans la petite salle, aux deux bouts de la cheminée ; -- et en face l'un de l'autre, avec un livre à la main, ils lisaient silencieusement. Quand le jour baissait, ils allaient se promener sur la grande route, dînaient en hâte, et continuaient leur lecture dans la nuit. Pour se garantir de la lampe Bouvard avait des conserves bleues, Pécuchet portait la visière de sa casquette inclinée sur le front.
Germaine n'était pas partie, et Gorju, de temps à autre, venait fouir au jardin, car ils avaient cédé par indifférence, oubli des choses matérielles.
Après Walter Scott, Alexandre Dumas les divertit à la manière d'une lanterne magique. Ses personnages, alertes comme des singes, forts comme des boeufs, gais comme des pinsons, entrent et partent brusquement, sautent des toits sur le pavé, reçoivent d'affreuses blessures dont ils guérissent, sont crus morts et reparaissent. Il y a des trappes sous les planchers, des antidotes, des déguisements -- et tout se mêle, court et se débrouille, sans une minute pour la réflexion. L'amour conserve de la décence, le fanatisme est gai, les massacres font sourire.
Rendus difficiles par ces deux maîtres, ils ne purent tolérer le fatras de Bélisaire, la niaiserie de Numa Pompilius, Marchangy ni d'Arlincourt.
La couleur de Frédéric Soulié, comme celle du bibliophile Jacob leur parut insuffisante -- et M. Villemain les scandalisa en montrant page 85 de son Lascaris, un Espagnol qui fume une pipe "une longue pipe arabe" au milieu du XVe siècle.
Pécuchet consultait la biographie universelle -- et il entreprit de réviser Dumas au point de vue de la science.
L'auteur, dans Les Deux Diane se trompe de dates. Le mariage du Dauphin François eut lieu le 14 octobre 1548, et non le 20 mars 1549. Comment sait-il (voir Le Page du Duc de Savoie) que Catherine de Médicis, après la mort de son époux voulait recommencer la guerre ? Il est peu probable qu'on ait couronné le duc d'Anjou, la nuit, dans une église, épisode qui agrémente La Dame de Montsoreau. La Reine Margot, principalement, fourmille d'erreurs. Le duc de Nevers n'était pas absent. Il opina au conseil avant la Saint-Barthélémy. Et Henri de Navarre ne suivit pas la procession quatre jours après. Et Henri III ne revint pas de Pologne aussi vite. D'ailleurs, combien de rengaines, le miracle de l'aubépine, le balcon de Charles IX, les gants empoisonnés de Jeanne d'Albret. Pécuchet n'eut plus confiance en Dumas.
Il perdit même tout respect pour Walter Scott, à cause des bévues de son Quentin Durward. Le meurtre de l'évêque de Liège est avancé de quinze ans. La femme de Robert de Lamarck était Jeanne d'Arschel et non Hameline de Croy. Loin d'être tué par un soldat, il fut mis à mort par Maximilien, et la figure du Téméraire, quand on trouva son cadavre, n'exprimait aucune menace, puisque les loups l'avaient à demi dévorée.
Bouvard n'en continua pas moins Walter Scott, mais finit par s'ennuyer de la répétition des mêmes effets. L'héroïne, ordinairement, vit à la campagne avec son père, et l'amoureux, un enfant volé, est rétabli dans ses droits et triomphe de ses rivaux. Il y a toujours un mendiant philosophe, un châtelain bourru, des jeunes filles pures, des valets facétieux et d'interminables dialogues, une pruderie bête, manque complet de profondeur.
En haine du bric-à-brac, Bouvard prit George Sand.
Il s'enthousiasma pour les belles adultères et les nobles amants, aurait voulu être Jacques, Simon, Bénédict, Lélio, et habiter Venise ! Il poussait des soupirs, ne savait pas ce qu'il avait, se trouvait lui- même changé.
Pécuchet, travaillant la littérature historique, étudiait les pièces de théâtre. Il avala deux Pharamond, trois Clovis, quatre Charlemagne, plusieurs Philippe-Auguste, une foule de Jeanne d'Arc, et bien des marquises de Pompadour, et des conspirations de Cellamare !
Presque toutes lui parurent encore plus bêtes que les romans. Car il existe pour le théâtre une histoire convenue, que rien ne peut détruire. Louis XI ne manquera pas de s'agenouiller devant les figurines de son chapeau ; Henri IV sera constamment jovial ; Marie Stuart pleureuse, Richelieu cruel -- enfin, tous les caractères se montrent d'un seul bloc, par amour des idées simples et respect de l'ignorance -- si bien que le dramaturge, loin d'élever abaisse, au lieu d'instruire abrutit.
Comme Bouvard lui avait vanté George Sand, Pécuchet se mit à lire Consuelo, Horace, Mauprat, fut séduit par la défense des opprimés, le côté social, et républicain, les thèses.
Suivant Bouvard, elles gâtaient la fiction et il demanda au cabinet de lecture des romans d'amour.
A haute voix et l'un après l'autre, ils parcoururent La Nouvelle Héloïse, Delphine, Adolphe, Ourika. Mais les bâillements de celui qui écoutait gagnaient son compagnon, dont les mains bientôt laissaient tomber le livre par terre. Ils reprochaient à tous ceux-là de ne rien dire sur le milieu, l'époque, le costume des personnages. Le coeur seul est traité ; toujours du sentiment ! comme si le monde ne contenait pas autre chose !
Ensuite, ils tâtèrent des romans humoristiques ; tels que Le Voyage autour de ma chambre, par Xavier de Maistre, Sous les Tilleuls, d'Alphonse Karr. Dans ce genre de livres, on doit interrompre la narration pour parler de son chien, de ses pantoufles, ou de sa maîtresse. Un tel sans-gêne, d'abord les charma, puis leur parut stupide ; -- car l'auteur efface son œuvre en y étalant sa personne.
Par besoin de dramatique, ils se plongèrent dans les romans d'aventures, l'intrigue les intéressait d'autant plus qu'elle était enchevêtrée, extraordinaire et impossible. Ils s'évertuaient à prévoir les dénouements, devinrent là dessus très forts, et se lassèrent d'une amusette, indigne d'esprits sérieux.
L'oeuvre de Balzac les émerveilla, tout à la fois comme une Babylone, et comme des grains de poussière sous le microscope. Dans les choses les plus banales, des aspects nouveaux surgirent. Ils n'avaient pas soupçonné la vie moderne aussi profonde.
"Quel observateur !" s'écriait Bouvard."
[...]
Gustave Flaubert - Bouvard et Pécuchet

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BIBLIOTHÈQUE : Toujours en avoir une chez soi, principalement quand on habite à la campagne.
LIVRE : Quel qu'il soit, toujours trop long.
LIVRE : Quel qu'il soit, toujours trop long.
Gustave Flaubert : Dictionnaires des idées reçues
Le Tenancier n'aime pas les enfants
Que l’on vous avertisse immédiatement : le Tenancier n’aime pas les gluants. Il estime que ces créatures vagissantes qui méritent bien le nom « d’enfant » ne devraient retenir seulement notre attention que pour les exquis moments pour lesquels nous leur réservons un châtiment. Ces choses n’ont ni culture ni conversation et les maigres projets qu’ils peuvent échafauder sont déjà passés par les fourches caudines de notre expérience. Le plus fort, c’est qu’ils n’y prennent garde. Leur obstination est donc la preuve de leur sottise innée. C’est bien simple, s’il existe une organisation comme, par exemple, une W.C. Field Institution POUR l’enfance malheureuse, le Tenancier moribond fera réaliser tous ses avoirs pour faire un legs à cette heureuse initiative. Recta, on investira dans l’instrument de dressage !
Bien fait.
Il ne manquerait plus qu’ils viennent toucher à nos superbes illustrés anciens ! Mais, on ne vous rassurera pas, chers lecteurs, en vous déclarant qu’ils ont déjà essayé. Ne voilà-t-il pas qu’un de ces êtres répugnants a prétendu vouloir jeter son dévolu sur Le Buffon des Enfants, de Lorioux au prétexte confondant de gratuité qu’on y mentionnait le mot « enfant ». Devant cette casuistique de bac à sable, nous avons rétorqué que Buffon y était également mentionné et que nous ne nous sentons pas tenus d’accueillir tous les descendants de ce coco-là pour complaire à une éthérique lubie ou un l’on ne sait quel droit qui a bien dû être aboli. Parce que, arrêtez-moi si je me trompe, Buffon, c’est bien Ancien Régime et Compagnie, non ?

On s'est retenu d’appuyer la réplique par quelques taloches. On ne sait pourquoi, certains parents semblent tenir à leur clone-en-moins-bien. Ceux-là se froissent dès que l'on marque une preuve d'attention ordinaire à leur descendance, songeant peut-être que l'on saura convertir ces brutes à coups de mignardises. Espoir béât. Remarquez, ces créatures pernicieuses déteignent sur les adultes. Il suffit de faire une station sur les bancs qui entourent les terrains de jeux pour se rendre compte de cette régression. Qui peut tenir longtemps devant les prudhomismes puériculteurs de ces chaisières ? Et attention si vous vous mettez à parler de choses intelligentes… On sent bien qu’en haut du toboggan on vous guette du coin de l’œil ! Tout à coup on se dit que tout peut arriver, du genre Le Village des Damnés ou L’Invasion des Profanateurs de Sépultures. Quelque chose de terrible et d’angoissant. Alors on rentre précipitamment et l’on rouvre le bouquin de Lorioux et on regarde.
Et l’on respire un peu, on a mis le verrou.

Lorioux est l’un des illustrateurs appréciés du Tenancier. Il tomba sur cet exemplaire à la librairie où il travaillait comme salarié. Un client qui le recherchait ne s’était pas manifesté. Il l’ouvrit par une sorte de curiosité désœuvrée, il le rouvre désormais par passion.

Il ne manquerait plus qu’ils viennent toucher à nos superbes illustrés anciens ! Mais, on ne vous rassurera pas, chers lecteurs, en vous déclarant qu’ils ont déjà essayé. Ne voilà-t-il pas qu’un de ces êtres répugnants a prétendu vouloir jeter son dévolu sur Le Buffon des Enfants, de Lorioux au prétexte confondant de gratuité qu’on y mentionnait le mot « enfant ». Devant cette casuistique de bac à sable, nous avons rétorqué que Buffon y était également mentionné et que nous ne nous sentons pas tenus d’accueillir tous les descendants de ce coco-là pour complaire à une éthérique lubie ou un l’on ne sait quel droit qui a bien dû être aboli. Parce que, arrêtez-moi si je me trompe, Buffon, c’est bien Ancien Régime et Compagnie, non ?

On s'est retenu d’appuyer la réplique par quelques taloches. On ne sait pourquoi, certains parents semblent tenir à leur clone-en-moins-bien. Ceux-là se froissent dès que l'on marque une preuve d'attention ordinaire à leur descendance, songeant peut-être que l'on saura convertir ces brutes à coups de mignardises. Espoir béât. Remarquez, ces créatures pernicieuses déteignent sur les adultes. Il suffit de faire une station sur les bancs qui entourent les terrains de jeux pour se rendre compte de cette régression. Qui peut tenir longtemps devant les prudhomismes puériculteurs de ces chaisières ? Et attention si vous vous mettez à parler de choses intelligentes… On sent bien qu’en haut du toboggan on vous guette du coin de l’œil ! Tout à coup on se dit que tout peut arriver, du genre Le Village des Damnés ou L’Invasion des Profanateurs de Sépultures. Quelque chose de terrible et d’angoissant. Alors on rentre précipitamment et l’on rouvre le bouquin de Lorioux et on regarde.
Et l’on respire un peu, on a mis le verrou.

Lorioux est l’un des illustrateurs appréciés du Tenancier. Il tomba sur cet exemplaire à la librairie où il travaillait comme salarié. Un client qui le recherchait ne s’était pas manifesté. Il l’ouvrit par une sorte de curiosité désœuvrée, il le rouvre désormais par passion.

Et dire que l’on prétendit mettre cela dans la main des enfants !
Le Tenancier rigole.
Le Tenancier rigole.
Bibliothèque (V)
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Jacinto poussa une porte, nous pénétrâmes dans une nef toute d’ombre et de majesté, en laquelle je reconnus la bibliothèque lorsque je butai dans une pile monstrueuse de livres neufs. Mon ami effleura du doigt le mur : aussitôt un feston de lumières électriques, brillant le long des moulures du plafond, éclaira les monumentales étagères en ébène massif où reposaient plus de vingt mille volumes, reliés de blanc, de rouge, de noir, avec des filets d’or, que leur pompeuse solennité raidissait comme des docteurs réunis en concile. (...)
J’avançai et parcourai ébaudi huit mètres d’économie politique. J’avisai ensuite les philosophes et leurs commentateurs, qui revêtaient un mur entier, depuis les écoles pré-socratiques jusqu’aux écoles néo-pessimistes...Sur ces étagères trônaient plus de deux mille systèmes, qui se contredisaient tous les uns les autres.(...)
Plus loin étincelait, habillée de claires reliures, l’aimable bibliothèque des poètes comme pour reposer l’esprit éprouvé par cette accumulation de science positive. Jacinto avait installé auprès d’un coin confortable, avec un divan, une table de citronnier, plus brillante qu’un émail délicat, couverte de cigares, de cigarettes orientales de tabatières du XVIIIe siècle. Sur un coffre en bois poli vous attendait, comme oublié, un compotier d’abricots confits venus du Japon.
Eça de Queiroz - 202 Champs Elysées
J’avançai et parcourai ébaudi huit mètres d’économie politique. J’avisai ensuite les philosophes et leurs commentateurs, qui revêtaient un mur entier, depuis les écoles pré-socratiques jusqu’aux écoles néo-pessimistes...Sur ces étagères trônaient plus de deux mille systèmes, qui se contredisaient tous les uns les autres.(...)
Plus loin étincelait, habillée de claires reliures, l’aimable bibliothèque des poètes comme pour reposer l’esprit éprouvé par cette accumulation de science positive. Jacinto avait installé auprès d’un coin confortable, avec un divan, une table de citronnier, plus brillante qu’un émail délicat, couverte de cigares, de cigarettes orientales de tabatières du XVIIIe siècle. Sur un coffre en bois poli vous attendait, comme oublié, un compotier d’abricots confits venus du Japon.
Eça de Queiroz - 202 Champs Elysées
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Ce texte a été communiqué par un commentateur anonyme prénommé Dominique. Dans l'impossibilité de le remercier directement, je le fais ici.
Ce texte a été communiqué par un commentateur anonyme prénommé Dominique. Dans l'impossibilité de le remercier directement, je le fais ici.
Boîte à images
Devant la frénésie des images qui nous assaillent quotidiennement, on aimerait parfois s'arrêter et respirer un autre air du temps. De celui que certains tableaux ou certains dessins transmettent. Notre monde a pour une grande part quitté les parages oniriques pour le sous-entendu. La technique est en train de submerger le talent.
Alors, de temps en temps, il est bon de s'arrêter et de revenir à une compréhension plus simple de l'environnement et de ce que nous recevons. Et l'image en a bien besoin.
Ainsi, l'illustration anglaise d'antan vient subtilement à nous signifier un art de vivre révolu. On se prend et on s'éprend de nostalgie en parcourant les vignettes que l'équipe du site Grandma's Graphics a rassemblées. On notera dans ce catalogue les dessins de Tenniel... mais on se délectera également des illustrations de Harry Roundtree pour Alice, que nous avouons préférer au précédent...Oui, mais voilà, le monde défile comme un mauvais film et l'on a envie d'aller de l'avant, ne plus s'arrêter. Le mouvement vaut-il son illusion ? Et si l'illusion du mouvement était la solution ? Il suffit alors de quelques feuilles et être victime de la persistance rétinienne. Amusement solitaire, de Salon ou attraction de foire, le flipbook retrouve une seconde vie sur un site qui lui est consacré. Disney, Moebius, publicité ou message poétique (Apollinaire et Rouveyre), message d'amour, vous y trouverez votre compte.
Phénomène de foire ? Le septième art a commencé comme ça : par un baiser édisonien, par un train, par une boîte obscure ou l'on glisse un cent, par une toile au fond de la pièce. Qui a fait le pont entre les dessins d'antans et le cinéma ? Un nom vient immédiatement : Emile Cohl, créateur de dessins animés, caricaturiste, il fit aussi ce que l'on n'appelait pas encore des flipbooks. Le site qui lui est consacré est encore en travaux. Cohl appartient encore au monde ancien, celui ou l'image s'arrête parfois, hésitante ou au bord de notre raison, au bord de la perception, comme un éloge de la lenteur. Un monde qui appartient encore au livre et qui bascule à partir de ce moment, comme si les circonstances de sa disparition résidaient dans ses propres gènes.
Puissions-nous nous arrêter encore un peu...
Une Bibliothèque - 4
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Il se résolut, en fin de compte, à faire relier ses murs comme des livres, avec du maroquin, à gros grains écrasés, avec de la peau du Cap, glacée par de fortes plaques d'acier, sous une puissante presse.
Les lambris une fois parés, il fit peindre les baguettes et les hautes plinthes en un indigo foncé, en un indigo laqué, semblable à celui que les carrossiers emploient pour les panneaux des voitures, et le plafond, un peu arrondi, également tendu de maroquin, ouvrit tel qu'un immense oeil-de-boeuf, enchâssé dans sa peau d'orange, un cercle de firmament en soie bleu de roi, au milieu duquel montaient, à tire-d'ailes, des séraphins d'argent, naguère brodés par la confrérie des tisserands de Cologne, pour une ancienne chape.
Après que la mise en place fut effectuée, le soir, tout cela se concilia, se tempéra, s'assit: les boiseries immobilisèrent leur bleu soutenu et comme échauffé par les oranges qui se maintinrent, à leur tour, sans s'adultérer, appuyés et, en quelque sorte, attisés qu'ils furent par le souffle pressant des bleus.
En fait de meubles, des Esseintes n'eut pas de longues recherches à opérer, le seul luxe de cette pièce devant consister en des livres et des fleurs rares; il se borna, se réservant d'orner plus tard, de quelques dessins ou de quelques tableaux, les cloisons demeurées nues, à établir sur la majeure partie de ses murs des rayons et des casiers de bibliothèque en bois d'ébène, à joncher le parquet de peaux de bêtes fauves et de fourrures de renards bleus, à installer près d'une massive table de changeur du XVe siècle, de profonds fauteuils à oreillettes et un vieux pupitre de chapelle, en fer forgé, un de ces antiques lutrins sur lesquels le diacre plaçait jadis l'antiphonaire et qui supportait maintenant l'un des pesants in-folios du Glossarium mediae et infimae latinitatis de du Cange.
Les croisées dont les vitres, craquelées, bleuâtres, parsemées de culs de bouteille aux bosses piquetées d'or, interceptaient la vue de la campagne et ne laissaient pénétrer qu'une lumière feinte, se vêtirent, à leur tour, de rideaux taillés dans de vieilles étoles, dont l'or assombri et quasi sauré, s'éteignait dans la trame d'un roux presque mort.
Enfin, sur la cheminée dont la robe fut, elle aussi, découpée dans la somptueuse étoffe d'une dalmatique florentine, entre deux ostensoirs, en cuivre doré, de style byzantin, provenant de l'ancienne Abbaye-au-Bois de Bièvre, un merveilleux canon d'église, aux trois compartiments séparés, ouvragés comme une dentelle, contint, sous le verre de son cadre, copiées sur un authentique vélin, avec d'admirables lettres de missel et de splendides enluminures: trois pièces de Baudelaire: à droite et à gauche, les sonnets portant ces titres « la Mort des Amants » - « l'Ennemi »; - au milieu, le poème en prose intitulé: « Anywhere out of the world. - N'importe où, hors du monde ».
J.-K. Huysmans : A Rebours
Les lambris une fois parés, il fit peindre les baguettes et les hautes plinthes en un indigo foncé, en un indigo laqué, semblable à celui que les carrossiers emploient pour les panneaux des voitures, et le plafond, un peu arrondi, également tendu de maroquin, ouvrit tel qu'un immense oeil-de-boeuf, enchâssé dans sa peau d'orange, un cercle de firmament en soie bleu de roi, au milieu duquel montaient, à tire-d'ailes, des séraphins d'argent, naguère brodés par la confrérie des tisserands de Cologne, pour une ancienne chape.
Après que la mise en place fut effectuée, le soir, tout cela se concilia, se tempéra, s'assit: les boiseries immobilisèrent leur bleu soutenu et comme échauffé par les oranges qui se maintinrent, à leur tour, sans s'adultérer, appuyés et, en quelque sorte, attisés qu'ils furent par le souffle pressant des bleus.
En fait de meubles, des Esseintes n'eut pas de longues recherches à opérer, le seul luxe de cette pièce devant consister en des livres et des fleurs rares; il se borna, se réservant d'orner plus tard, de quelques dessins ou de quelques tableaux, les cloisons demeurées nues, à établir sur la majeure partie de ses murs des rayons et des casiers de bibliothèque en bois d'ébène, à joncher le parquet de peaux de bêtes fauves et de fourrures de renards bleus, à installer près d'une massive table de changeur du XVe siècle, de profonds fauteuils à oreillettes et un vieux pupitre de chapelle, en fer forgé, un de ces antiques lutrins sur lesquels le diacre plaçait jadis l'antiphonaire et qui supportait maintenant l'un des pesants in-folios du Glossarium mediae et infimae latinitatis de du Cange.
Les croisées dont les vitres, craquelées, bleuâtres, parsemées de culs de bouteille aux bosses piquetées d'or, interceptaient la vue de la campagne et ne laissaient pénétrer qu'une lumière feinte, se vêtirent, à leur tour, de rideaux taillés dans de vieilles étoles, dont l'or assombri et quasi sauré, s'éteignait dans la trame d'un roux presque mort.
Enfin, sur la cheminée dont la robe fut, elle aussi, découpée dans la somptueuse étoffe d'une dalmatique florentine, entre deux ostensoirs, en cuivre doré, de style byzantin, provenant de l'ancienne Abbaye-au-Bois de Bièvre, un merveilleux canon d'église, aux trois compartiments séparés, ouvragés comme une dentelle, contint, sous le verre de son cadre, copiées sur un authentique vélin, avec d'admirables lettres de missel et de splendides enluminures: trois pièces de Baudelaire: à droite et à gauche, les sonnets portant ces titres « la Mort des Amants » - « l'Ennemi »; - au milieu, le poème en prose intitulé: « Anywhere out of the world. - N'importe où, hors du monde ».
J.-K. Huysmans : A Rebours
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Frontispice d'Odilon Redon
Merci à Phil.
Merci à Phil.
La pistolero bibliomane
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Pour lire son aventure précédente,
cliquez ici
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Précisons que ces dessins sont détournés d'une BD intitulée Rakar, publiée en supplément dans les fascicules Zembla aux éditions Lug. Les talents de dessinateur du Tenancier ne sont pas aussi professionnels.
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