CLS nous avait déjà alertés à sa manière sur cette question
sur son blog. La plupart d’entre nous lit dans les lieux. C’est en effet l’un des rares endroits où ni la télévision ni le téléphone ne vous atteint et il est bien rare d’être importuné en cet endroit par quelqu’un d’autre, mis à part de temps en temps le tambourinement impérieux à la porte qui vous annonce que vous allez à regrets devoir céder la place. Miller
(1) réprouvait la lecture en ce refuge. Cela explique sans peine l’indifférence polie que je manifeste à l’égard de cet écrivain.
Mais vous ? Qu’y lisez-vous ? Nouvelles, romans, articles de presse, polars, romans sentimentaux, brochures techniques,
blagues Caram’bar ?
Trouvez-vous qu'il existe une manifeste collusion entre les cagoinces et la littérature ?
Dites-nous tout.
1. Henry Miller - "Lire aux cabinets" - in Les Livres de ma vie - Gallimard, "Du Monde Entier", 1957. (réed. Folio)
... "ni le téléphone" ? C'est vite dit, très cher Tenancier, bien vite dit... Depuis l'apparition de ces satanés combinés sans fil, même les lieux d'aisance ne sont plus à l'abri des impétrants (non, à ma connaissance, y'a pas de contrepèterie là-dedans !).
RépondreSupprimerPour répondre à votre question, oui, j'y lis, et longtemps qui plus est ! Journaux principalement (je vous épargnerai leur liste, éclectique mais certainement un tantinet déstablisante pour les âmes sensibles...).
Quelques polars, parfois. Et, rarement car j'évite d'être pris au dépourvu, l'emballage du papier toilette ou de n'importe quel objet traînant là si je suis en rupture de lecture plus sérieuse.
Quant à la collusion entre gogues et littérature (à moins de lire Sacher Masoch bien sûr), je résumerai le fond de ma pensée en évoquant ce dessin de feu Reiser où l'impétrant lisant son journal le pantalon sur les chevilles disait avec un grand sourire : "y'a que là qu'on est bien".
Pas mieux.
Otto Naumme
Je serais pour ma part plutôt du genre à n'y rien faire d'autre que ce qui sied à leur principale utilité. En revanche, j'y laisse mon esprit vagabonder, et éventuellement revenir sur des lecture récentes, voir coupées par un besoin pressant. Ainsi, pourrait-on dire que je digère mes lectures aux cagoinces...
RépondreSupprimer:-)
Cher Simon, fort élégamment dit : "ce qui sied à leur principale utilité"...
RépondreSupprimerLire, c'est une chose, mais il y a aussi contempler. J'ai connu une femme qui eut un jour l'idée judicieuse d'exposer dans la pièce la plus petite de la maisonnée les aquarelles aériennes de son époux. Elles commencèrent alors de connaître un succès fou. Un succès de niche, évidemment.
RépondreSupprimerQuatre jours entiers sans Internet à la portée de la main. Plus de téléphone gratuit. Le bonheur absolu, quoi. Et tout ça parce que j'ai oublié de payer. On devrait tous faire ça plus souvent. On peut travailler sans risquer d'être dérangé. On peut se reposer sans risquer d'être dérangé. On peut être tranquille aux chiottes sans risquer le stress voire l'infarctus pour raison de sonnerie intempestive ou par crainte que notre chéri d'amour n'attrape un nouveau virus ou se fasse enfiler par un cheval de Troie parce qu'on ne sait plus si on a bien remis l'antivirus après avoir bricolé dans la base de registres.
RépondreSupprimerDonc, les chiottes, sereinement silencieuses et un rythme cardiaque loin de l'emballement nocif. La scène, bien sûr, se passe à la campagne, bien loin de la BDC parisienne. Ombre au tableau. Mais on compense par d'autres plaisirs intenses : la relecture pour la 10736e fois d'un épisode de Gil Jourdan, à moins que ce ne soit l'audition en direct d'une chanson des enfant hurlée derrière la porte : "Papa, ouvre vite ! c'est pressé. Ça fait plus d'une heure que tu es là. Je peux plus me retenir !"
Ma félicité est si grande que je ne relève même pas l'absence de négation dans le dernier vers. Licence poétique me dis-je. Et puis, même si la rime est pauvre, la musique fait passer bien des choses. Aussi, quand on est bien, on se laisse aller à l'indulgence.
La meilleure lecture en ces lieux est celle du "Figaro" : il facilite le transit intestinal.
RépondreSupprimerMais juger Henry Miller sur le petit opuscule mentionné plus haut est mettre, à mon avis, à côté de la plaque (si j'ose dire).