Devant la frénésie des images qui nous assaillent quotidiennement, on aimerait parfois s'arrêter et respirer un autre air du temps. De celui que certains tableaux ou certains dessins transmettent. Notre monde a pour une grande part quitté les parages oniriques pour le sous-entendu. La technique est en train de submerger le talent.
Alors, de temps en temps, il est bon de s'arrêter et de revenir à une compréhension plus simple de l'environnement et de ce que nous recevons. Et l'image en a bien besoin.
Ainsi, l'illustration anglaise d'antan vient subtilement à nous signifier un art de vivre révolu. On se prend et on s'éprend de nostalgie en parcourant les vignettes que l'équipe du site Grandma's Graphics a rassemblées. On notera dans ce catalogue les dessins de Tenniel... mais on se délectera également des illustrations de Harry Roundtree pour Alice, que nous avouons préférer au précédent...Oui, mais voilà, le monde défile comme un mauvais film et l'on a envie d'aller de l'avant, ne plus s'arrêter. Le mouvement vaut-il son illusion ? Et si l'illusion du mouvement était la solution ? Il suffit alors de quelques feuilles et être victime de la persistance rétinienne. Amusement solitaire, de Salon ou attraction de foire, le flipbook retrouve une seconde vie sur un site qui lui est consacré. Disney, Moebius, publicité ou message poétique (Apollinaire et Rouveyre), message d'amour, vous y trouverez votre compte.
Phénomène de foire ? Le septième art a commencé comme ça : par un baiser édisonien, par un train, par une boîte obscure ou l'on glisse un cent, par une toile au fond de la pièce. Qui a fait le pont entre les dessins d'antans et le cinéma ? Un nom vient immédiatement : Emile Cohl, créateur de dessins animés, caricaturiste, il fit aussi ce que l'on n'appelait pas encore des flipbooks. Le site qui lui est consacré est encore en travaux. Cohl appartient encore au monde ancien, celui ou l'image s'arrête parfois, hésitante ou au bord de notre raison, au bord de la perception, comme un éloge de la lenteur. Un monde qui appartient encore au livre et qui bascule à partir de ce moment, comme si les circonstances de sa disparition résidaient dans ses propres gènes.
Puissions-nous nous arrêter encore un peu...
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