Qu'on en juge d'après la photo ci-après :
Certes.
Mais cela valait-il pour autant un billet dans ce blog prestigieux ?
C'est que l'ouvrage a un intérêt certain, outre son érotisme d'une moiteur approximative. Il fait partie des rares ouvrages en France à avoir été imprimé tête-bêche. En effet, lorsque nous retournons l'ouvrage, au lieu de trouver le 2e plat de couverture, avec un résumé et parfois la biographie exaltante de l'auteur, nous trouvons la couverture suivante :
Ainsi, deux brefs romans sont présentés dans le même ouvrage dans une astuce de mise en page peu courante. Mais pourquoi donc ne trouve-t-on que très rarement ce procédé en matière de publications ?
Assez rigolé, prenons notre ton docte.
Alors, pourquoi ?
Cette façon de publier les ouvrages a existé dans les années 50 aux Etats-Unis, principalement chez l'éditeur Daw Books, éditeur populaire qui mit sur le marché nombre de récits de science-fiction ou policiers voire de témoignages ou faits de société. Pour la petite histoire, c'est sous cette présentation - avec un autre ouvrage d'un autre auteur que la postérité n'a pas retenu - que Junkie de William Burroughs fut publié pour la première fois. Ces ouvrages étaient au format poche. Les récits, des courts romans - appelés " Novellas ", chez les Anglo-saxons - se partageaient à peu près 144 à 156 pages. Les illustrations y étaient assez suggestives. Les cinéphiles se rappelleront sans doute la profession de Richard Sherman dans Sept ans de réflexion et auront une idée paroxystique mais assez juste de ce genre de publication (Si vous ne vous souvenez pas, courez le revoir !). Or ce calibre de récit est assez peu prisé dans l'édition en France. La nouvelle a longtemps été regardée comme un genre difficile à vendre pour les éditeurs et le problème de la présentation des ouvrages en tête-bêche se heurtait volontiers au conservatisme des libraires de neuf français. On en veut pour preuve une discussion que le Tenancier eut avec Élisabeth Gille, directrice, à l'époque, de la Collection " Présence du Futur " et qui préparait une collection de courts récits de science-fiction appelée " Étoiles Doubles ". Celle-ci était destinée à l'origine à être présentée de cette manière. Une étude de marché, fit battre immédiatement en retraite l'éditeur et sa Fabrication. Nous eûmes droit à une maquette de couverture ratée, des livres bâtards qui ne se vendirent guère. La collection disparut au bout d'une quinzaine de numéros. L'idée s'était heurtée à la frilosité des vendeurs. Elle aurait sans doute mérité d''être imposée.
Il est sans doute d'autres raisons que le commerce, et que nous ne connaissons pas, au sujet de cette relative rareté. Le Tenancier attend de pied ferme toute matière à codicille au présent billet.
On affirmera sans trop de risques que l'on ne retrouve qu'exceptionnellement deux textes publiés tête-bêche dans le même livre. Sans doute devons-nous la présente curiosité également au fait que ce livre érotique fut une auto-édition. Comme cet ouvrage est encore frais dans nos acquisitions, nous n'avons pas eu le temps de glisser notre nez frétillant dans sa... prose. Mais nous adjugeons ici même notre préjugé favorable à Madame Christine Laurac qui, bravant les diktats du marketing nous fit don d'un in-8° sortant un peu de l'ordinaire...
Christine Laurac : " Les Fureurs de la Chair " : Viens... ! / Sérénade à quatre
Auteur - Éditeur, 1972
Ah, Elisabeth Gille... Le Tenancier se souvient très certainement de l'une de ses maximes, si souvent vérifiée : "au fond à droite, comme dans toutes les bonnes maisons"...
RépondreSupprimerOtto Naumme
Comme si c'était hier, mon cher Otto.
RépondreSupprimerD'après une info exclusive du "Chasse-clou", c'est la photo de la bêche qui aurait inspiré la fameuse déclaration d'un homme politique célèbre (à l'époque de quelques manifestations en Guadeloupe) : "Moi, j'ai la banane !".
RépondreSupprimerQuant à la starlette en couverture, son "air godiche" est évidemment lié à sa fonction, celle de savoir utiliser tous les instruments de la séduction.
Enfin, il se dit, ici ou là, que Catherine Millet aimait bien, il y a déjà un certain nombre d'années - avant d'acquérir une réputation plus académique - faire ses premières gammes dans le roman polisson. Elle Henric encore.
Dites, ô Tenancier, sans vouloir faire dans l'indiscrétion, sinon dans l'ingérence - vous connaissez ma délicatesse et ma noblesse, enfin j'imagine -, auriez-vous, jeudi 15 mai 2009, partagé le bout de gras à l'heure du déjeuner ou du dîner flanqué de Son Excellence Otto Naumme (rapport évidemment à votre "Comme si c'était hier") ?
RépondreSupprimerHélas, hélas, cher Christophe Bohren, je voudrais bien que cela fut hier. L'allusion portait sur un déjeuner que nous avions partagé avec Elisabeth Gille dans les années 80, rue de l'Université où se situaient les éditions Denoël. C'est demeuré un souvenir grâce à l'humour de cette femme et sans doute aussi un peu parce que nous étions impressionnés (du moins, moi, je l'étais, même s'il aurait fallu me torturer pour que je l'avoue, à l'époque). Ce ne fut pas un "grand" moment, mais un épisode très sympa...
RépondreSupprimerJe n'ai pas vu Otto depuis un certain temps, étant donné que nous sommes fort éloignés l'un de l'autre.
Géographiquement s'entend, auriez-vous du préciser, cher Tenancier.
RépondreSupprimerEt j'étais quelque peu intimidé également...
Otto Naumme
Au fond et à droite, une notion géographique ? En voilà une drôle d'idée, Otto !
RépondreSupprimerArD
ArD, comme vous voilà montrer un esprit drôlement tourné. Je n'ai jamais dit qu'il s'agissait d'une notion anatomique, que je sache !
RépondreSupprimerOtto Naumme
Et de Christine L. deux autres chefs d'oeuvre dont je cours vérifier les couvertures : Lora (1972, autoéd.) et Descente aux enfers (1991 ; 2006) édité et réédité dans la funeste (pardon) fameuse collection érotoque de Le Funest... pardon de Gaston de Villiers. Ah, mais je vais y arriver !
RépondreSupprimerEt j'ai enquêté : Lora ne comporte en couverture qu'un pâle profil de sein au fier téton. Mention d'achevé d'imprimer : imprimerie spéciale de C. Laurac. Tenue du texte : molle.
RépondreSupprimerServiteur.
Merci, cher Préfet, de vos investigations. Nous regrettons la tenue du texte, songeant qu'il doit en être de même pour notre volume...
RépondreSupprimer