Cela ne va pas de soi. La zone des commentaires ressemble souvent à des « tout-à-l’ego », ou des coquelets de la plume exhibent plus des Sergent-major que des ramages. Mais c’est somme toute rassurant. L’écrit perdure, même dans les pavanes et les insuffisances, et chacun y trouve sa provende.
Pour ma part, Steppenwolf de la brochure moisie, je vais me promener au pays des littératures caduques et obsolètes, dans le blog d’Henri Lhéritier. J’exagère : tout n’y est pas si vieux. Il arrive au taulier de ce blog de se prélasser entre les pages d’un Christian Oster, d’un Gailly… Cependant la majeure partie de ses articles concernent des ouvrages de Paul Bourget, Henri Bordeaux, Francis de Croisset ou bien des auteurs un peu plus courus, tels Barbey d’Aurevilly, Conrad ou encore Léon Bloy. On ne peut dire qu’il s’agit là de petits jeunes qui en veulent.
Ainsi, régulièrement, Henri Lhéritier, négociant en vin, vigneron, rédige une note sur ses lectures, avec des prédilections (Constantinople, les femmes callipyges…) avec style, pertinence et humour. Et, régulièrement, nous nous retrouvons dans les réactions ou la dissipation règne souvent mais également quelques moments d’érudition auxquels Henri se mêle toujours avec retenu et justesse. Cela devient une sorte de cours de récré ou nous nous ébattons à petit nombre sous l’œil bienveillant de Henri.
Hélas, il en va des blogs comme il en est des relations épistolaires. On a envie soudainement que l’interlocuteur prenne corps, lui donner une image, une voix.
Pour ce qui concernait l’image, le curieux pouvait être édifié avec une certaine facilité puisqu’il lui suffisait de commander l’ouvrage d’Henri qui s’intitule : « Autoportrait sauvé par le vent »… journal, autoportrait, méditations ?
En tout cas une autre dimension de la personnalité d’Henri qui ne transparaît pas dans le blog. Mais si nous avions à la fois l’image et sa profondeur, manquait encore son animation ainsi que le son.
Alors, je suis passé à Rivesaltes.
La Maison du Muscat était fermée à l’heure du déjeuner, ce qui m’a permis de découvrir l’excellent petit restaurant d'été qui partage la même cour – on y trouve également un antiquaire – et dans lequel j’ai dégusté pour la première fois un des vins de Henri.
Et puis, ce fut la rencontre.
Mais que pouvaient se dire deux timides soudainement confrontés l’un à l’autre ? Ces rencontres sont toujours constituées de regrets et de non-dits. Pour s’en affranchir, il eut fallu s’arrêter plus longtemps.
Que l’on ne cherche pas à en savoir plus sur ma visite. Je convie le curieux à visiter son site. Durant notre trop bref échange, j’ai tout de même eu la chance de voir où Henri officiait, voir un bout de sa bibliothèque, rapatriée dans son entrepôt.
Et puis j’ai eu le temps de goûter ses vins.
Nous nous sommes parlé... un peu.
J'ai acheté quelques bouteilles.
Maintenant, je peux boire et lire du Henri Lhéritier.
Et je médite d’y retourner, m’attabler avec lui autour d’une bouteille de Muscat et deviser jusqu’au bout de la nuit.
Sans doute que Phil ou AD – des habitués du blog – seront avec nous.
Bonjour jtm, heureusement que les mots de passe s'oublient et se changent...sinon je restais à la porte de votre cave à bons livres à m'agiter comme un diable sourd.
RépondreSupprimerVous avez donc osé braver l'interdit, imposé malgré lui, du média virtuel: la rencontre humaine en chair et trébuchante. Et votre compte-rendu est fidèle à la réputation de ce genre de bravades. Oui, ce serait une bonne idée de boire ensemble un bon verre de vin pas virtuel du tout devant une bibliothèque aux rayonnages non moins virtuels et durement sollicités comme votre photo le montre. Même si c'est un peu trop au sud dans mes périgrinations du moment.
Et puis j'apprends que A-D est aussi amateuse (hum..) de littératures Cale-y-pige ? Que du beau monde, donc.
Cher Phil,
RépondreSupprimerCe genre d'interdit doit se braver, cela procure de bonnes récompenses, comme ce moment où Henri m'a fait goûter à ses différents vins. Savez-vous qu'il est aussi disert à propos de ses productions que pour la littérature ? Peut-être même plus !
Oui, il faudra le faire un jour: boire et deviser.