Nous allons partir du principe que nous n’utilisons pas de logiciel spécialisé mais d’un système simple qui nous permettra, de plus, de contempler le travail accompli. Un tableur de type Excel, qu’il provienne de Microsoft ou d’Open Office, fera l’affaire.
On le sait, ces logiciels permettent de créer des listes par colonne et peuvent être réutilisés pour les bases de données utilisées par les grands sites de vente. Le travail auquel on va se livrer ici va être la transposition du fichage de la fiche bristol vers la fiche électronique. Chaque colonne utilisée concernera un aspect particulier du livre, chaque ligne ne concernera qu’un livre. Il faudra donc au départ déterminer ce qui sera mis dans chaque colonne. Nous le verrons ci-après, avec la description du fichage.
Si nous avons défini l’outil, qui est fort simple, le reste va se définir par une série de manipulations précises mais dont la succession dépendra de la nature du livre. Ainsi, une série en plusieurs volumes ne s’appréhende pas de la même manière qu’un ouvrage broché ou relié. Leur approche peut subir quelques variations.
Mais, toujours, le premier contact avec un livre à décrire se fait par la manipulation de celui-ci. Il s’agit dès le premier contact de rassembler un certain nombre d’informations. Elles sont grosso modo de deux ordres :
- L’aspect physique du livre. Inutile de perdre son temps avec un ouvrage dont le nombre de tares dépasse l’intérêt d’une vente par correspondance. En effet, le libraire – il est parfois utile de le rappeler – est un marchand et s’il perd son temps a décrire un ouvrage défectueux (ce qui est plus long que pour un ouvrage en bon état dont on a subséquemment rien à dire), il ne s’occupe pas d’un livre de meilleur rapport. Par ailleurs, ce premier contact va servir au libraire à définir un certain nombre de défauts et de caractéristiques qui vont lui servir quand il va entreprendre de le décrire. Ainsi est-il préférable de noter immédiatement si l’ouvrage a des pages cornées, des soulignures, des manques aux pages, feuillets ou couvertures. La somme de ces détails accompagnera sa décision de répertorier ce livre dans ses listes ou non. Lorsque ces défauts dépasse le potentiel du livre (chose en partie subjective) alors il convient de renoncer. C’est ici la grande différence avec le libraire de neuf, par exemple qui n’a presque jamais à se soucier d’examiner un livre de cette sorte.
- L’intérêt éditorial du livre. Il n’y a aucun intérêt à ficher les livres suivants :
Quand la Chine s’éveillera de Peyrefitte
Que serais-je sans toi ?, de Musso
Si c’était vrai ?, de Lévy
Les Nothomb.
Aucun de ces livres ne rencontreront un acheteur potentiel. Les bouquinistes débordent de cette indigeste prose et les libraires les foutent à la poubelle. Il en va de même pour les Harry Potter. Toute cette littérature a saturé le marché et les bibliothèques particulières. Chaque fois que votre serviteur a fait l’acquisition d’une bibliothèque, il a dû virer tout ce fatras et bien plus. En réalité, ce que conserve un libraire se résume à ce qui constitue une littérature pérenne. Cela ne correspond pas forcément à la qualité supposée des livres, dans un sens ou un autre, d’ailleurs. Il va de soi que l’intérêt du professionnel se reporte vers des écrivains dont la réputation n’est plus à faire ou qui donne toutes les garanties de qualité ou de talent. Mais il peut faire le choix de défendre également quelques auteurs ou quelques courants littéraires, ce qui rehausse considérablement la qualité et le plaisir de son travail. Il peut encore faire appel à son flair et faire le pari sur les fortunes futures d’un écrivain.