À bas les restaurants

On évoquait il y a peu le retour au papier de certaines publications militantes. Si ce retour peut s’avérer timide aux yeux de certains, on relève néanmoins un soin accru à la façon dont ces ouvrages sont mis en page. Cela entraîne parfois des errements, comme le journal Article 11 qui posait quelques problèmes de lisibilité ; les principes qui régissent un journal ou tout autre publication ne semblant pas être compris par ceux qui s’occupaient alors de la maquette. Il semble que cela sera corrigé à l’avenir. On l’espère !
Mais c’est une autre publication qui a attiré notre regard, assez éloignée des périodiques et même des anciennes brochures militantes dont la ferveur ne suffisait pas à combler les manques, hélas. Ici, dans A bas les restaurants, nous avons affaire à une création graphique équilibrée au service d’une thèse défendable et relativement surprenante pour qui n’a jamais travaillé dans la restauration. Cette brochure donne la parole à ceux qui travaillent dans cette branche et expose les mécanismes d’asservissement qui y ont cours, le titre de la brochure annonçant les intentions de ses auteurs. Que l’on soit pour ou contre, indifférent ou pas, on ne saurait rester vraiment insensible à cette veine graphique, à ce bel équilibre entre le blanc et le noir dans ce qui est un recyclage intelligent d’une édition électronique américaine (Abolish restaurants – lien pour l’édition américaine en PDF ici). L’intelligence du maquettiste pour cette édition en papier a été d’utiliser des marges et des titres sur fond noir ce qui en accroît la valeur esthétique et ne vient en rien atténuer la pertinence de la revendication. Pour qui a fréquenté souvent les brochures politiques en des temps ou le duplicateur ou l’offset régnaient souverainement, cela constitue une révolution bienvenue et une intervention de l’élégance dans la Révolution. Ce n’est pas contradictoire.
Enfin pour conclure et pour avoir travaillé il y a plus de trente ans dans ce milieu-là, votre Tenancier n’est pas loin des conclusions exposées dans cet ouvrage…

(Les Parisiens peuvent se procurer l'ouvrage chez mon estimé confrère de la librairie Entropie à Paris, par exemple).

17 commentaires:

  1. Ma foi, l'ouvrage semble réjouissant...
    Et, je ne sais pas pourquoi, il me rappelle un tantinet un certain "Pourquoi je ne reviendrai pas..." si cher à notre Tenancier.
    Serai-je le seul à voir ce parallèle (ce qui, pour un astigmate, ne manque pas de sel...) ?

    Otto Naumme

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  2. Otto, pas trop à voir, tout de même, parce que ce n'est pas qu'une prise de position par une seule personne mais bel et bien une perspective historique et une analyse politique assez motivée, somme toute, quoique l'on puisse penser de cette revendication. Alors que le coup de gueule de votre tenancier n'était rien d'autre... qu'un coup de gueule (et je puis vous dire que cela fait du bien tout de même...)

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  3. Oui, je sais l'effet bénéfique du coup de gueule...
    Et il faudra que vous me prêtiez cet ouvrage, il m'a l'air fort intéressant (j'éviterai de faire trop de taches de gras - de cuisine évidemment - dessus...).


    Otto Naumme

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  4. Vous avez mille fois raison, Tenancier, les révolutions ont besoin d'élégance et je me souviens des brochures que l'on tirait à offset rabattue quand on pensait que le Grand soir était pour le lendemain. On était ben cons, hein ?
    Bref, il est vrai que les moyens du bord ne permettaient pas souvent que des soins esthétiques fussent apportés à ces publications.
    Et pourtant, on revendiquait bien, pour tous les autres domaines, "que la forme était indissociable du contenu."
    Il faut donc commencer par là...

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  5. Rectification : Il eût donc fallu commencer par là

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  6. Mon cher Bertrand, on peut toujours s'offrir des petits bonsoirs en attendant le Grand Soir...

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  7. Il n'y va pas mollo le garçon sur le dernier extrait que vous nous montrez : il écrit en noir sur fond gris foncé ?

    Pas de raison de traiter les révolutionnaires comme des bourrins : l'élégance est de mise, et l'exiger c'est d'abord estimer ce qu'on a à dire.
    _
    ArD

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  8. ArD, la photo ne rend pas justice à la mise en page. Tout y est noir sur blanc et assez joliment mis.

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  9. Il se trouve que par le plus grand des hasards j'ai moi aussi lu cet opuscule : je confirme son vif intérêt, tant dans le fond que dans la forme (on regrettera seulement quelques américanismes dans la traduction).
    Ce n'est pas courant, qu'un texte anglophone ne connaisse d'édition papier qu'en traduction française : ça me rappelle un peu — toutes choses égales par ailleurs — la première édition de Lolita, à Paris, chez Olympia Press, grâce à Maurice Girodias…

    Dommage que les photos prises par le Tenancier soient striées d'ombres.

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  10. George, vous n'êtes jamais content.

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  11. Vous avez photocopié en prison ?

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  12. La prochaine fois, je vous ferai des photos au flash, bande de mécontents ! Je voulais un éclairage naturel, malheureusement, le soleil tapait à un endroit où je ne pouvais pas tirer le store, d'où ces rais de lumière qui donnaient un semblant d'été si peu désagréable que j'ai décidé de garder les images comme telles.
    De toute façon, Bertrand, la prison ce n'est pas élégant...

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  13. Avouez Tenancier que nous vanter les mérites d'une mise en pages et de ses contrastes noir & blanc en lui adjoignant des barreaux noirs, faut le faire !
    On soupçonnait chez vous ce quelque-chose de..., mais on ne vous pensait pas si prompt à l'exercer (!)
    __
    ArD

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  14. "N'avouez jamais !"

    Jean-Charles-Alphonase Avinain
    (29 novembre 1867)

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  15. C'est vrai que la prison, c'est pas très élégant, Tenancier. Mais, des fois, on peut s'y retrouver pour des raisons qui le sont.


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  16. C'est vrai, Bertrand. Mais comme je vous le disais par ailleurs, s'il faut faire la Révolution, autant la faire en étant bien de sa personne.
    En sportsman, en somme, n'est-il pas ?

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  17. Tout à fait, tout à fait d'accord, Tenancier !

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