J'ouvre la porte coulissante donnant sur la rue, je mets de la musique, je suis prêt à m'installer dans mon fauteuil.
Et je vois, sur le trottoir d'en face, la postière à vélo sortir de son sac une enveloppe que je reconnais immédiatement.
J'avoue que j'espérais secrètement recevoir à mon tour un pli mystérieux.
La postière me tend la lettre avec un grand sourire.
J'admire les timbres : Kupka, Braque, Metzinger. Musique, compotier et cartes, oiseau bleu.
Issus d'un carnet sur les peintres cubistes émis le 16 juillet.
M'auraient bien plu également : Rugby d'André Lhote – ce qui aurait permis de faire un lien avec Pacific 231 –, Le Livre de Juan Gris, Les Trois Poètes de Louis Marcoussis et la Nature morte d'Auguste Herbin.
Le code ROC est encore celui de Castelnau-d'Estrétefonds...
Le livre : Denis Diderot, Lettre historique & politique adressée à un magistrat sur le commerce de la librairie. Allia, 2012.
Livre très intéressant où Diderot défend les privilèges de la librairie (l'éditeur).
Le MEbis s'étant déjà révélé poète, on ne s'étonnera pas que Diderot rime avec Tarot.
Le marque-page se trouve page 101 (palindrome). Il s'agit de la reproduction récente d'une ancienne gravure représentant un champignon phallique. Est-ce le phallus impudicus, dit aussi satyre (les ficelles) puant ? Les mycologues fréquentant Feuilles d'automne sauront nous dire. Le phalle est délicatement découpé et collé mais pas entièrement, afin qu'on puisse le soulever pour lire ce qu'il recouvre. Pointé vers « ce que nous désirons tous les deux », il m'a bien ému...
La carte postale. Encore du Plonk & Replonk. Série « Au-dessous du réel » – du sous-réalisme ?
Traité de Magnétisme, Hypnotisme et Suggestion est un livre, son tout premier (il n'avait que 21 ans), de Paul-Clément Jagot publié en 1910 chez A. Eichler. Avec une préface d'Alexandre Lapôtre (!), président de la « Société des Hypnotiseurs » (il était également prestidigitateur). Le livre était vendu 0 fr 25 et non 1 fr. Est-ce à dire que l'hippopodame – « avec un d comme dans marshmallow » – mystérieuse (avec son masque, on pourrait dire aussi éléphantomette) fait des prix de gros ?
Je suppose que les mots collés sur la carte sont issus d'une publication de 1910-1911.
Les numéros et le masque ont été tracés au feutre.
Au dos de la carte, une légende attribue aux numéros les noms des membres de la confrérie. Je ne saurais dire si les places ont été adressées au hasard mais, pour ce qui est du Tenancier et d'Otto, je les imagine bien ainsi.
Et la phrase sibylline présente les obsessions auxquelles nous sommes habitués :« Pour qu'au terme de la quête, l'image en creux, réfléchie dans les beaux grimoires, se révèle, les élus, empourprés de mystère, en conclave assemblés, arderont le reflet du plus saint. »
Arder (latin ardere, brûler), « vieux mot qui n'est plus en usage que dans cette phrase : Le feu saint Antoine vous arde. » dit Dupinay de Vorepierre en 1860. Un mot pour symboliste, quoi.
Je sais, tout le monde sait, n'est-ce pas ?, qui est le MEbis.
Grégory Haleux
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Vantons l'intelligent et subtil blog de Grégory Haleux : Soli Loci
Et le rire fuse !
RépondreSupprimerNuméro 7
A ce propos,
RépondreSupprimer101 peut se lire lol
Cher Grégory, vous avez deviné ? Dites-nous tout, alors ! Car, pour ma part, je ne vois toujours pas. A moins que le "saint" ne soit une indication nous renvoyant à ce cher SPiRitus, mais je n'arrive pas à y croire.
RépondreSupprimerAllez, dites-nous tout, cher Grégory !
Otto Naumme
Nooon Grégory, je rêve ? Vous n'auriez-pas décrypté du ArD dans « arder » ?(!)
RépondreSupprimer__
ArD
J'ajoute, Otto, que le S de « saint » est dans la même position que celui du monogramme qui orne les couvertures du Bulletin des Amis de Saint-Pol-Roux.
RépondreSupprimerJ'ai des pièces à conviction qui ne font pas partie du dossier présenté ici. Je préfère attendre l'acmé.
ArD, oui, évidemment « arder » pour « ArD », je le relevais en ce sens, mais ce n'est qu'une taquinerie du MEbis, n'est-ce pas ?
pardon de mimi-C dans ce débat d'hyperspécialistes
RépondreSupprimerSi je comprends bien : une ArD se gossse de l'association (supposée) Art-D - "arder" ?
Trop fatigué et fracassé pour délivrer un commentaire argumenté, même si le billet s'y prête moultement, je ne remarque présentement qu'une chose, tout en me demandant avec force perplexité pourquoi j'apparais comme le n°1 sur la liste :
RépondreSupprimerà un S près, justement, HYPNOTHISÉE est l'exact anagramme de PYTHONISSE, et l'on sait (depuis la lecture de Tintin au Congo, par exemple) que le python peut enrouler son corps à la manière de la spirale dont Jarry orna son Père Ubu…
Et puis zut, voici qu'ArD semble désormais évincée des suspect(e)s !
Cher Grégory, ne voudriez-vous pas argumenter un peu votre conviction ?
Mais oui, attendons Lakmé... Qui sait si elle ne viendra pas, après avoir bu le poison oublieux et avant de s'éteindre, déposer, dans un soupir, le baiser qui désigne sur le front de ceux qui, la désirant, lui donnèrent une vie - malgré elle ?
RépondreSupprimerTrès joli billet aussi bien par ce qu'il montre que ce qu'il en dit : et jalousie de ne pas avoir reçu un tel envoi (il est vrai que la Poste se fait paresseuse et que l'on ne m'a pas demandé, ici, mon adresse autre qu'internautique).
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerQuelques remarques et questions en vrac, même si je n'ai pas du tout la sensation de brûler (bien que nous soyons pressés d'arder).
RépondreSupprimerBizarre (et non pas Pissaro), ces timbres se rapportant à des peintre cubistes ! Le Mystère bis est peut-être un mystère au carré, mais tout de même pas au cube…
Sur la carte postale, le seul personnage à ne pas porter de chapeau est désigné comme représentant SPiRitus : est-ce à dire qu'il faut au contraire lire en creux que c'est à lui qu'on doit le faire porter ?
En cherchant à comprendre la raison de l'ordre d'apparition des élus, je me suis aperçu que la suite des initiales donne : GOTSAGAM.
Est-ce une allusion au dessinateur Got, dont un dessin est censé orner le livre reçu par Mouton, et partant, une autre à [Françoise] Sagan ? Mais qu'est-ce que cette dernière viendrait faire dans les parages ?!
Ou alors la transcription phonétique d'une phrase en allemand : « "Gott !", sag A.M. » (« "Dieu !", dit A.M. ») Mais de qui "A. M." seraient donc les initiales ?
Si l'on retrouve le thème récurrent de l'hypnotisme, j'avoue ne pas comprendre le sens de la phrase collée au recto de la carte : "J'ai de nouveau un secret mystérieuse" : on dirait du "Omar m'a tuer"…
Je constate en tout cas que c'est la première fois que le MEbis emploie une carte postale de Plonk & Replonk, chose coutumière de la ME historique.
Je ne comprends pas non plus la raison de ce champignon priapique…
Enfin, il faudrait réussir à déchiffrer le sens de cette phrase sibylline : "les élus, empourprés de mystère […], arderont le reflet du plus saint", puisqu'on nous dit que c'est ainsi que se révélera l'image en creux et que la quête s'achèvera…
Pour la phrase que vous citez en dernier, mon bon George, ça signifie tout benoîtement "qu'on brûle"...
RépondreSupprimerAh George, je vous décevrais donc à ce point si je sortais de la liste des vénérables suspects ?
RépondreSupprimerPour la chose priapique, elle avait déjà fait l'objet d'une sorte de vénération, ici.
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ArD
Merci de me le rappeler, ArD : près de trois ans après, j'avais complètement oublié. Et je note que l'ouvrage de Jean Clair reçu par Otto lors de ce quatrième envoi, De l'invention simultanée de la Pénicilline & de l'Action Painting, et de son sens, causait justement, entre autres, de champignons…
RépondreSupprimerIncidemment, je suis désolé de constater que sur le billet auquel vous renvoyez, le premier commentaire de SPiRitus (riche et instructif, selon mon souvenir) a disparu dans les limbes d'un beugue de Blogueur.
Cher Tenancier, j'entends bien : c'est même ce que j'écrivais au début de mon commentaire. Mais je vous fais remarquer que le verbe "arder" n'est pas employé ici de manière intransitive : il est suivi du complément "le reflet du plus saint", et c'est cela à quoi je n'entends goutte…
Serions nous alors dans une séquence allitérative, si je puis dire, puisque qu'arder serait l'action d'une certaine ardeur, comme Ada et...?
RépondreSupprimerBref.
Il s'agit bien plus de flamme que de goutte, cher George. Alain Rey le donne aussi bien transitif qu'intransitif. mal feu arde ! Qu'un mauvais feu le brûle !
RépondreSupprimerArD
Ne nous ramenez pas Nabokov, Tenancier : nous sommes déjà suffisamment lardés (et largués) comme ça !
RépondreSupprimerCela dit, il n'y a guère loin entre ArD et Adrià, phonétiquement parlant…
Mais si j'ai bien compris les propos sibyllins de Grégory, sa conviction est faite : le MEbis serait de nature toute SPiRituelle…
J'incline à penser de même, puisqu'en imaginant le reflet (ou l'inverse, la négatif) de la photo du recto de la carte postale, notre ami de Pau (qui joue à chat) serait le seul à porter le chapeau.
Oui, je sais, je me répète.
Euh, George, je fais ce que je veux. C'est tout de même moi le Tenancier, non ?
RépondreSupprimerAlors ?
On me permettra, puisque j'apparais ici, pour beaucoup, comme l'homme-au-masque-de-MEbis, de me taire et de n'ajouter ni crédit ni discrédit aux commentaires des fidèles, comme aux conclusions de Grégory. Pourtant il y aurait bien des choses à gloser et à dire sur cet envoi et sur ce qui peut le relier aux précédents et au Mystère de l'Abeille.
RépondreSupprimerMoi, je sais qui c'est, malgré ses dénégations.
RépondreSupprimerNe refléta-t-on jamais d'autre visage que celui qu'il vous plaisait de voir ?
RépondreSupprimerAllons, allons, cher SPiRitus, ne prenez pas ainsi la mouche !
RépondreSupprimerFaites-nous plutôt part de vos réflexions, toujours judicieuses et dont je suis pour ma part friand…
Quant à vous, Tenancier, vous faites le malin mais on préférerait que vous étayiez un peu votre assertion…
Il y a quand même quelque chose à interpréter avec le n° 8, cher George. Le gentil animal porte un chapeau et des lunettes qui ressembleraient presque à un soutien-gorge. L'érotisme de Jacques Abeille ?
RépondreSupprimer_
ArD
Est-ce une petite revue que tient le n°4 derrière le n°1 ?
RépondreSupprimerLe n°4 et ses deux voisins aux visages déformés : l'ensemble me fait penser à la réflexion dans un miroir concave = « l'image en creux, réfléchie ».
RépondreSupprimerGrimoire conclave ?
En effet, Grégory, je n'avais pas remarqué ! De même que je ne m'aperçois que maintenant que mon avatar sur cette carte est le seul à tenir un fusil… Celui qui a terrassé la bestiole, voire le malheureux qu'elle écrase ?
RépondreSupprimerChère ArD, je ne comprends pas : le n°8 ne désigne pas l'hippopo, mais un individu qui se tient deux rangs derrière.
Il est cependant vrai que le masque à la Fantômette évoque un soutien-gorge (qui soutient George ?)…
Désolé, Grégory : chevauchement de commentaires — je réagissais au précédent vôtre.
RépondreSupprimerTrès pertinente, votre remarque sur cette proximité phonétique…
Cette histoire de soutien-gorge me turlupine (pArDon, c'est le mot) : faut-il lire "… arderont le reflet du plus sein" ?
RépondreSupprimerUne Fantômette à lunettes. Celles du n° 8 ?
RépondreSupprimerArD
... arderont le reflet du plus ceint ?
RépondreSupprimerArD
Puisque vous gardez vos réflexions pour vous, cher SPiRitus, je me permets de tenter de développer votre propos relatif aux liens qui unissent cet envoi aux précédents ainsi qu'au premier Mystère.
RépondreSupprimerConcernant les liens avec les envois récents, nous avons évidemment le papier à lames tarotesques utilisé pour l'enveloppe, l'opuscule de Diderot qui s'apparente par son sujet à celui reçu par Adrià (épisode 2 de cette saison), le thème de l'hypnotisme ainsi que celui de la réflexion, du miroir, de la Psyché (évoqué dans la phrase au verso de la carte, sans alexandrin cette fois), sans oublier le collage de morceaux de journaux datant apparemment du début du XXe siècle.
En revanche, je ne comprends toujours pas la raison du choix de ces timbres-ci, sauf éventuellement celui de Braque (sans vouloir me braquer) puisque nous nageons dans la compote et qu'il y est question de cartes à jouer (pas des tarots, pourtant).
Et pour ce qui est des liens avec le Mystère initial, une complexification croissante de la teneur des envois (le soin qui est apporté à ce dernier s'approche de celui qu'ArD mettait à composer les siens), Plonk & Replonk, évidemment, le champignon phallique qui nous ramène, comme l'a fait tantôt remarquer ArD, à l'épisode 4 du Mystère, et la désignation d'une Otto-confrérie (au sein de laquelle Grégory a remplacé Moons).
Autre chose ?
Ah oui, désolé, chère ArD : je restais focalisé sur l'image, oubliant que le n°8 représente Mouton à Lunettes…
RépondreSupprimerEt donc ?
tel un itinérant humide...
RépondreSupprimerLa Chaux-de-Fonds (NE) Suisse.
RépondreSupprimerMort Shuman
"Anonyme a dit…
RépondreSupprimerOtto écrit : «Indice concret ou fumée...»
Que la société secrète entre en conclave !
ArD
06 juillet, 2011 10:09"
Mais à qui sont ces jambes et pieds s'OULIPO ?
RépondreSupprimerL'Hydre
Ces membres sous l'hippo (obtus que je suis, j'avais d'abord songé à Li Po !) sont naturellement ceux du Mystère lui-même, voire de nos capacités de réflexion écrabouillées par les ruses, tours et détours du MEbis…
RépondreSupprimerFélicitations, L'Hydre, pour ce rapprochement qui du coup relie encore plus cet envoi aux précédents. Mais au temps d'Hercule vous n'aviez que sept têtes, ce me semble, et non huit…
Quant à Mort Shuman, c'est pour Le lac majeur ?
« …OULIPO, pote à ME », il va sans dire…
RépondreSupprimerJe paye une dernière tournée !
RépondreSupprimerLemice Terrieux
Je passe mon tour.
RépondreSupprimerDonald Spruance
... Le pied !
RépondreSupprimerMiss Terieuse