- 13 juillet (1940) – Bernard Grasset adresse un mémorandum à François Pietri, ministre de la communication de Vichy rappelant son opposition virulente à la loi Jean Zay et demandant que lui soit confié le mandat de négocier avec les Allemands toute question touchant l’édition. Il souhaite unifier le régime de la chose écrite en France en « supprimant la fiction de deux zones ». Il écrit quelques jours plus tard à son auteur maintenant vedette Frédéric Sieburg, collaborateur du nouvel ambassadeur Abetz : les éditeurs français doivent franchement accepter la censure politique de l’occupant sans ordres ni consignes, de leur propre chef ; telle sera la base d’un futur « statut de l’édition française à tous le moins acceptable par des Français authentiques 1 ».
1. Jean Bothorel, Bernard Grasset |
Pierre Hébey, La Nouvelle Revue Française des années sombres – Gallimard 1992 (p. 215)
On avait promis de parler de Bernard Grasset comme précurseur de l’édition contemporaine. On n’omettra pas de le faire ultérieurement, mais il était tentant ici de resituer le même à propos de la censure pendant la guerre, en complément de ce qui fut évoqué dans les commentaires d’un billet récent.
Une bonne occasion d'évoquer la Loi de 1936 "Quels droits pour les auteurs ?" de Jean Zay, assassiné par la milice en 1944, il avait 40 ans.
RépondreSupprimerCertains éditeurs, comme Denoël à l'époque, approuvaient cette loi qui protégeait les auteurs face aux éditeurs.
http://annieprassoloff.chez.com/articles/loi-jean-zay.htm
Doit-on comprendre que les propos entre guillemets, dans votre billet, sont de Bernard Grasset ? C'est Bernard Grasset qui parle de "Français authentiques" ? (!)
Oui, la citation a été tirée par Pierre Hébey de la biographie de Bothorel. L'attribution n'est guère douteuse.
RépondreSupprimer... et merci pour le report au texte de loi !
RépondreSupprimerOn rouvre les poubelles de l'Histoire, donc... Et l'on y trouve des déchets pas bien reluisants, semblerait (un peu acide, en ce moment, moi...).
RépondreSupprimerOtto Naumme
Ces poubelles ont des remugles qui traînent encore jusqu'à maintenant. Avec ces "Français authentiques", nous ne sommes guère éloignés d'un soi-disant débat qui eut lieu il y a peu en France (tandis que le terme "Français de souche" remonte plutôt à l'OAS - question de génération et de référence...)
RépondreSupprimerCertes. Le plus étonnant étant que ces poubelles se remplissent presque toutes seules, au fur et à mesure. On les vide, on les rouvre, plouf !, elles sont de nouveau pleines... La "magie" n'a pas que du bon...
RépondreSupprimerOtto Naumme
Ca me fait rire dans mon coin : Exhiber un texte de 1936 quand, en 2011, 95 pour cent des auteurs sont traités comme des chiens, dans l'endormissement, voire la complicité, général !
RépondreSupprimerMisère !
Bah, cher Bertrand, même s'il est impossible de comparer les situations entre 1936 et aujourd'hui (du moins faut-il l'espérer...), cela prouve que les politiques les plus nauséabondes et les pratiques "économiques" les plus désolantes peuvent parfois se retrouver, même s'il n'est évidemment pas du tout question de faire un parallèle entre les deux époques.
RépondreSupprimerPour le reste, oui, de nombreux auteurs sont traités sans grand respect (euphémisme) mais j'entend aussi des amis romanciers me dire du bien des maisons d'édition avec lesquels ils travaillent. Comme quoi tout n'est pas forcément perdu... :-)
Otto Naumme
C'est vrai...Tout n'est pas perdu. J'ai d'ailleurs donné la mesure de 95 pour cent des auteurs, à la louche.
RépondreSupprimerMon dernier éditeur en date, Antidata pour ne pas le nommer, est d'ailleurs un de ces petits éditeurs qui traitent avec le respect contractuel dûment établi ses auteurs.
Il n'en reste pas moins vrai que beaucoup, beaucoup, beaucoup trop, ont baissé les bras (pour rester poli)
Portez-vous bien, cher Otto
Le "du moins faut-il l'espérer" est une incidente, cher Otto, qui me fait penser à l'épisode de la polémique entre Érice Raoult et Marie Ndiaye : http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20091109.BIB4389/eric-raoult-rappelle-marie-ndiaye-a-son-devoir-de-reserve.html
RépondreSupprimerCher Bertrand, oui, malheureusement, la balance penche nettement du mauvais côté. Et je ne sais si cela changera un jour. On ne peut que l'espérer...
RépondreSupprimerCher Tenancier, oui, je me souviens de cette navrante histoire et des sottises énormes proférées par ce médiocrissime politicaillon...
Et, effectivement autant que malheureusement, on en arrive à une "incidente", ainsi que vous le dites fort à propos...
Otto Naumme
J'apprécie beaucoup l'écrivain Marie Ndiaye (Rosie Carpe / La diablesse et son enfant / Papa doit manger... je n'ai pas lu Trois femmes puissantes, les oreilles trop rebattues...), j'aurais préféré qu'elle en dise un peu plus sur l'extrême nocivité pour le pays de la politique de Sarkozy. Quant à la politique de Merkel, franchement...
RépondreSupprimerChère Michèle, le problème n'est pas là. Il est qu'une navrante baderne se prétendant politicien puisse penser décider qui a le droit à la parole ou non, puisse décréter des "droits de réserve" et autres fariboles du même tonneau.
RépondreSupprimerAprès, n'importe qui peut proférer n'importe quoi sur n'importe quel sujet qu'il ne connaît pas, cela importe peu. Du moment qu'il ne vient pas pour ôter cette parole à d'autres...
Otto Naumme