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La lecture de livres d'occasion est parfois balisée de signes plus ou moins ténus. Ainsi, taches, cornes, rousseurs viennent dégrader progressivement l'ouvrage jusqu'à ce qu'il tombe dans la main attentionnée du libraire, lequel fera ce qu'il pourra pour améliorer les choses, c'est à dire peu. En effet, revenir sur une rousseur ou une pliure est une gageure. Et puis il y a ces objets épars, évidents ou incongrus, tels les marques-pages, les coupures de presse, des coupes-papier (nous avons eu le cas), des bouts de papier-toilette de différentes qualités sans doute pêchés à la hâte lors d'une lecture dans les lieux, des bouts d'allumettes, des tickets de métro, des photographies, autant de signes de l'activité ou de la situation plus ou moins soigneuse dans laquelle le lecteur se trouvait avant de refermer définitivement le livre et avant qu'il se retrouve sous l'attention du professionnel. Il faut alors être impavide et éliminer la plupart de ces artefacts, facteurs de dégradation. De ces traces, l'on ne fait quasiment rien, sinon que de les destiner à la poubelle ou à la boîte aux marques-pages. Ces vestiges ne signifient pas grand chose, hormis les coupures de presse. Celles-ci sont soigneusement rangées à la fin des ouvrages à une place ou la brunissure du papier ne risque pas de contaminer le coeur de l'ouvrage.
Mais il est d'autres signes plus parlant : dessins d'enfant, lettres de recommandation, d'amour ou cartes-postales estivales, etc. Il y a alors un déchirement à jeter cette intimité-là. On voudrait la rendre à leur propriétaire.
Enfin, il est une apparition fugace, trois en plus de dix ans qui, j'en suis certain, m'avertit de quelque chose... mais de quoi ?
Je ne me rappelle plus ou j'ai trouvé les deux premières. La troisième vient d'être trouvée il y a quelque jours dans un numéro des "Temps Modernes". Ce sont des cartes rassurantes, pas méchantes...


Mais dois-je m'inquiéter ?
Car si le Pique arrive, dois-je préparer ma couche, réunir mes enfants et mes amis ?


On n'en voudra pas au signataire de ce billet de se payer le luxe d'une petite superstition de temps à autre. Manie qui tourne court devant l'ignorance de la signification de ces cartes distillées au long du temps. Suis-je à la fin du tirage ou dois-je encore attendre ? A quoi cela se rapporte-t-il ? Dois-je lancer des conjectures sur les fortunes de la librairie ou alors sont-ce des avertissements à titre individuel ?


On est dubitatif.

16 commentaires:

  1. Pauvre de moi, je ne sais jouer qu'à la bataille.

    "La bataille suprême est engagée."
    (Général de Gaulle, Londres, 6 juin 1944 )

    Savez-vous, ô Tenancier - mais oui vous le savez - que le vieil homme de Colombey a été réquisitionné par la Camarde en faisant une... réussite ?

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  2. Je le savais !
    Je crois que c'est tante Yvonne qui l'a trouvé dans cet état de navrance.

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  3. Paraît que les jeux, depuis Aristote, sont perçus comme un délassement, et aussi comme une occupation qui détourne les hommes de la recherche de la vertu. A votre place, je ne serais pas dubitatif, mais sceptique.
    La Reine de coeur vous tirera de ce mauvais pas, très certainement.

    ArD

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  4. Les dames de coeur, oui. Mais le prix en est élevé. Le libraire n'a pas de vertu, il a des passions.

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  5. Tiens, je croyais que c'était au bal que Mongénéral avait passé. Encore des journalistes qui avaient fait dans le sensationnalisme, fi !

    Pour le reste, mon bon Tenancier, rassurez-vous, ce tirage, si l'on pouvait dire que c'en est un avec seulement trois cartes, me semble plutôt bon : vous allez tomber amoureux d'un grand barbu !
    Si je sombrais dans la facilité vulgaire, j'en profiterais pour ajouter qu'après le tirage, vous risqueriez donc d'avoir également le ramonage. Mais vous savez à quel point ce genre de plaisanteries navrantes m'est étranger.

    Otto Naumme

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  6. Je ne sais même pas de quoi vous voulez parler, Otto.

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  7. Le Tenancier ne risque-t-il pas d'être laissé sur le carreau avec un tel tirage ?!
    En tout cas, cher Otto, je vous félicite, vous ouvrez une voie sur ce blog. Enfin.

    ArD

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  8. Chère ArD, n'était que votre dernier commentaire, il conviendrait donc de rebaptiser ce blog "L'effeuillé d'Otto". Or, le Tenancier, que je pratique de temps à autre (si j'ose dire), se fiche éperdument de toute proposition pour un nouveau régime. En effet, il ne tient qu'à sa ligne.

    (Merci beaucoup, Tenancier, de m'avoir donné l'envie d'acquérir puis de lire "Auto-da-fé" du camarade Canetti...
    thttp://feuilles-d-automne.blogspot.com/2008/11/une-bibliothque.html)

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  9. Oui, chère ArD, j'ai toujours été partisan de la nouveauté, de l'extrême (mauvais goût, notamment). Mais votre mot final est juste, ma naturelle timidité (et ma fainéantise presqu'aussi importante que celle de notre ami Tenancier)me fait souvent reporter mes audaces (et d'en dire, d'ailleurs, "Oh dace, oh désespoir", hum...).
    Cela étant, n'étant pas barbu (mal rasé seulement), je laisserai au Tenancier le plaisir de discuter couloirs de cheminées avec d'autres personnes à la pilosité développée. Il faut savoir rester à sa place.

    Otto Naumme

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  10. Je vois, Otto, que votre séjour en Roumanie vous a profité pour l'extension de vos jeux de mots. Pour le reste, je continue d'être dubitatif sur la signification de ce tirage.
    Oui, je dubite.

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  11. Mais Chr. Borhen, vous êtes à côté de la plaque: le Tenancier est un mille feuilles sentimental, ouvert à tout.
    Je suis sûre qu'Otto, de sa place, dirait qu'il suffit de choisir la bonne brosse pour aller dans le sens du poil.

    ArD

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  12. Ce coeur, il ferait beau voir qu'il ait été déposé là par hasard : une main gantée de noir l'aura déposé avec délicatesse et un cheveu du chignon l'aura signé, si vous regardez au verso de la carte.

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  13. Otto, un an et demi après, le grand barbu se fait toujours attendre. Vous n'êtes pas très efficace dans vos prédictions.

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  14. On dirait que cela vous manque...
    Alors qu'après votre commentaire si brusque, j'ai décommandé le grand Raoul, vous savez celui qui rigole quand il vous, euh..., bref, et qui voulait vous appeler "ma poule".
    Or donc, je l'ai décommandé, à l'époque. Mais il ne s'en est toujours pas remis, il pleure tous les jours.
    Cela dit, s'il vous manque, je peux vous donner ses coordonnées.
    De cela, par ailleurs, vous concluerez que ce ne sont guère mes talents de prédicteur qu'il faut remettre en cause, mais bien plutôt saluer ma délicatesse. Comme toujours.

    Otto Naumme

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  15. N'est-il pas ?
    Je vais de ce pas tenter de mettre ceux qui me servent professionnellement à l'épreuve, il serait temps ; il paraît que le vouiquende est fini...

    Otto Naumme

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