Qu’Assouline ne sait pas ce qu’est un livre non coupé et que l’auteur de cette sottise n’a jamais utilisé de coupe-papier.
Qu’il pense que le terme consacré pour couper un livre (opération qui se fait généralement chez l’imprimeur, ou chez le brocheur) est « massicoter » et non « rogner ».
Je récapitule pour qu’il n’y ait pas de malentendu :
– Le particulier coupe les pages d’un livre.
– Le fabricant rogne.
– Assouline ne sait pas grand-chose, en définitive.
Certes, l’ignorance n’est pas un vice. Certes, on pourrait excuser cette erreur somme toute vénielle : massicoter est un terme admis, sans doute dans les officines de reprographie, ce qui pour ma part ne m’étonne guère lorsque l’on évoque ce journaliste. On attribuera donc à Pierre Assouline non pas le bénéfice du doute mais plutôt un bénéfice douteux, appréciation qui ne décevra pas la plupart des lecteurs qui ont déserté ses parages. Signalons bien sûr que cette ignorance se révèle de temps à autre tout au long de son blog, étrangement intitulé « La République des Livres ». Mais après tout pourquoi pas ? La République était belle sous l’Empire et le Livre magnifique avant ses fossoyeurs.
Mais Assouline est-il une exception ? Eh non ! Désolé de dire qu’en la matière la médiocrité est banale.
Grégoire Leménager est également journaliste. Il rédige régulièrement des articles pour le Nouvel Observateur et pour Bibliobs, sur le net. Il y a fort peu de temps, il nous alertait sur une vente exceptionnelle réalisée à Drouot dans un article assez court et qui reprenait en partie une dépêche de l’AFP et s’intitulant : « Un bon poète est un Baudelaire mort.»
Le surtitre indiquait : « Un original des « Fleurs du mal » vendu 775 000 € ».
Ici, on sera indulgent. En effet, on pense que le journaliste a sans doute voulu parler d’édition originale. Il aurait fallu surtitrer : « Une originale des « Fleurs du mal » vendu 775 000 € ». Mais on sait que cela aurait attiré nombre de remarques sur le genre de l’édition. Certifions néanmoins que la plupart des libraires, et je pense les courtiers, experts et autres gibiers savent bien de quoi ils parlent lorsqu’il évoquent « une originale ». Pour autant, cela aurait-il coûté à ce que cet articulet soit relu ?
Revenons brièvement à la stupidité prudhommesque du titre. Attirer l’attention sur le fait que le poète ne vendit jamais un livre si cher de son vivant relève de la rédaction scolaire, du cliché le plus éculé en la matière. Cette idée, on peut la reprendre pour chaque poète qui nous passe sous la main : Rimbaud, Cros, Corbière, Lautréamont, Saint Pol Roux, etc. On peut le dire de chaque écrivain, de chaque poète voire de chaque artiste. Et, personnellement, j’ai une tante qui, si elle en avait eu…
De ces deux articles on sort dans un état proche de l’hébétude… rien n’explique en quoi – sinon un envoi autographe pour l’un, une signature pour l’autre ? – les ouvrages sont sortis du lot, ce qui en fait leur rareté et leur prix. Tout au plus a-t-on quelques informations glanées soit sur le site des hôtels de vente respectifs soit quelques considérations sur la vie des auteurs. Je dois dire que pour Baudelaire, ce n’était pas trop difficile. J’en aurais dit plus en piochant dans mon vieux volume de la collection « Écrivains de toujours » (dont l’auteur était tout de même Pascal Pia !) et en lisant sérieusement la notice sur la page de l’Hôtel Drouot. Ainsi, on en aurait sans doute su un peu plus sur les rapports entre Baudelaire et Narcisse Ancelle, récipiendaire de l’envoi et les raisons pour lesquelles ce livre a atteint un telle somme. J’ignorais que le nombre de signes d’un article sur le net pouvait être contingenté à ce point dès lors qu’il s’agissait de parler de bibliophilie.
Mais je m’abuse peut être. Sans doute que ces journalistes n’avaient en définitive rien à dire sur le sujet, qu’ils s’en foutaient éperdument. Il en va de ces informations comme celles qui concernent un fait lointain sur Sirius ou ailleurs. On cite la somme et on s’empresse d’oublier ce qui en fait le prix. On cite une anecdote et on néglige d’évoquer ce qui fait le corps d’un livre, son histoire. Quelques mots dérisoires de plus pour dire que l’on est au courant, pour vous informer, chers lecteurs, mais de quoi : que la bibliophilie est obscène ? Comment faire sentir que la rareté de ces volumes, leurs successives appartenances leur confère un statut d’antiquité ? Parle-t-on d’ordinaire des éditions originales ou sur beau papier plus modestes, raconte-t-on ce qui en fait l’intérêt ? Non, on s’arrête au prix et on épate le chaland qui s’étale à longueur de commentaire, qui s’apitoie ou qui s’insurge, qui n’en sait en définitive guère plus que le journaliste : une bulle de vide, du rien sous quelques sottises et beaucoup d’approximations.
Un article sur le livre, en somme.
Cher Monsieur,
Pardonnez-moi d'avoir tardé à vous répondre, je suis complètement débordé ces temps-ci.On remerciera donc ce journaliste de son honnêteté et de son aveu formulé d'une façon sympathique, qui trouve tout de même ici une confirmation de mes suppositions. Cela ne n'annule en rien, bien sûr, le reste de mes propos.
Merci, en tout cas, de votre intérêt pour BibliObs, et de ce que vous m'apprenez sur cette possible féminisation d'original, dont j'ignorais tout, je vous l'avoue bien humblement (elle doit en effet valoir dans un domaine professionnel assez circonscrit, si j'en crois le Petit Robert qui ne la mentionne pas).
Comme vous le concluez vous-même, cependant, je crois plus sage de m'en tenir au masculin attendu, pour éviter d'avoir à donner des explications compliquées. Mais pourquoi ne pas faire figurer votre réaction directement sur le site, sous la forme d'un "commentaire" associé à mon modeste "billet"? D'autant que vous pourriez ainsi renvoyer à votre blog ceux que la question intéresse.
Bien cordialement à vous
GL
J'aime quand le Tenancier est en colère.
RépondreSupprimerIl est beau.
Otto Naumme
PS : le plus hallucinant, sur le poulet de Leménager consacré à Baudelaire (ou presque), c'est de voir que les commentaires qui l'accompagnent sont presqu'uniquement composés de pouèmes (typo volontaire...) proposés par des personnes qui, je suppose, se comparent à ce cher Charles... Pourquoi pas, hein ?
PS2 : nous en avons déjà parlé, cher ami Tenancier, l'information tend aujourd'hui à disparaître au profit de la "donnée", ce truc brut et plus ou moins factuel qui est à l'information ce que la farine est au pain : un produit immangeable qui ne peut s'apprécier qu'une fois transformé. Dommage du reste que de nombreux journalistes aient oublié cela...
C'est violent, mais c'est bien dit.
RépondreSupprimerJe pourrais vous citer nombre de VIP qui veulent jouer aux bibliophiles mais qui n'en n'ont hélas que le portefeuille.
Cela fait peut-être plaisir à mon banquier mais ça effraye mes neurones de bibliophile-libraire.
Merci pour ce billet.
B.
Ce Baudelaire… quel original, tout de même !
RépondreSupprimerConcernant le blog de Pierre Assouline, que je trouve toujours intéressant, je me demande si vous ne confondez pas un peu vite ses propres articles avec les commentaires-sangsues qui, hélas, l'entachent depuis trop longtemps.
RépondreSupprimerConcernant "BibliObs", c'est ce blog qui a révélé la question écrite posée par le député UMP Eric Raoult à Frédéric Mitterrand, au sujet du "devoir de réserve" auquel devrait s'astreindre la récipiendaire du prix Goncourt 2009 : il s'agit donc bien de journalisme.
Enfin, je ne savais pas, dans mon "ignardise" apparemment répandue (même si ce terme-là est "à peu près inusité", d'après Le Robert), qu'il fallait dire "une originale" pour un manuscrit "original".
Apparemment, le même grand Robert... ne connaît pas non plus cette acception réservée à un petit cercle de bibliophiles, ce qui n'était sans doute pas "la cible" de l'article de Grégoire Leménager :
< "Original" est employé depuis l'ancien français comme nom (1269) pour désigner le manuscrit primitif d'un écrit, à la fois par opposition à "copie", "traduction" et "reproduction", selon le contexte. >
=> Le Robert, "Dictionnaire historique de la langue française", sous la direction de Alain Rey, Dictionnaires Le Robert, Paris, mars 2000, tome 2, page 2488.
Quant à l'E.O. de Joyce, en juin, Assouline avoue maintenant qu'il se pâma : si coté !
RépondreSupprimerCher Dominique, je ne confonds pas. Allez consulter la page que je mets en lien plus haut et vous verrez. Les commentaires qui suivent sont consternants pour la plupart également. Mais c'est le cas pour n'importe quel commentaire dans ce blog, la plupart effarants d'égotisme. Il n'empêche qu'Assouline profère des sottises, les commentaires sont ce ce que lon pourrait appeler "un effet de traîne"...
RépondreSupprimerQue Bibliobs révèle ceci ou cela n'a rien à voir. Ni même que Grégoire Leménager fasse par ailleurs des articles intéressants et convaincants. Il se trouve qu'ici ce n'est pas le cas. S'il n'avait rien de plus à dire sur Baudelaire, il eut mieux valu pour lui qu'il n'écrive rien.
Si vous parler d'un original, de quoi parlez vous ? Du manuscrit ? Or, ici, il s'agit de la première édition en volume, l'édition originale ! Que je sache, Baudelaire n'est pas un écrivain de l'époque des incunables (livres manuscrits avant 1500) ni même un peu après, mais un poète du XIXe siècle publié à l'époque des premières presses à vapeur, de la déclinaison des tirages en plusieurs papiers, de l'édition industrielle, des grands éditeurs, etc. Vous confondez éditions anciennes (avant 1848, environ) et l'édition moderne (après cette date, en gros). A ce titre je vous enjoins vivement à consulter les liens qui figurent derrière l'un des commentateurs ci-dessus, qui signe Bertrand. Vous apprendrez beaucoup en la matière.
Par ailleurs, je vous rappelle que l'article n'évoque pas non plus le manuscrit autographe de Baudelaire...
Que le Robert indique que le terme est inusité n'infère pas qu'il est obsolète. Comme je l'écris plus haut, il est utilisé par des professionnels du livre. A ce compte, on devrait alors bannir du vocabulaire courant pas mal d'expressions et de mots. Comme la novlangue est en progression constante dans notre société, permettez que j'affiche ma répugnance à cette idée.
En quoi cela coûte-t-il d'expliquer, de se renseigner, de s'enrichir et d'enrichir autrui ? N'est-ce pas là aussi l'aspect noble du métier de journaliste ?
A partir de cela, quelque soit la cible, il n'y a rien de déshonorant à faire connaître un terme, une pratique ou un mot nouveau. Encore faut il en avoir l'envie.
Ajoutons à mon commentaire la chose suivante. Dans la libraire ancienne ou moderne, on parle d'originale au féminin. Lorsqu'on le masculinise, cela concerne généralement l'édition ancienne et les spécialiste des ouvrages manuscrits, domaine où je ne m'aventure qu'exceptionnellement et où j'écoute beaucoup.
RépondreSupprimerC'est pourtant facile :
– Un livre manuscrit original
– Une édition originale
L'édition des Fleurs du mal appartient à la deuxième catégorie...
Il est au moins un point sur lequel j'agrée le Tenancier : Bertrand est un excellent indicateur.
RépondreSupprimerOtto Naumme
Le plus difficile, de nos jours, c'est de trouver un écrivain (ou une écrivaine) original(e)...
RépondreSupprimerOtto Naumme
... et pardon pour les quelques fautes dans ma réponse, cette case à commentaires est épouvantablement petite, pour bien se relire...
RépondreSupprimerAu fait, George, je vous trouve en petite forme, aujourd'hui. J'espère que vous n'avez pas chopé la grippe Roger Hanin.
RépondreSupprimerNon, non, rassurez-vous, mais on n'est pas toujours au mieux de sa forme, voilà tout.
RépondreSupprimerTiens, vous m'y faites penser : à qui veut-on faire porter le chapeau, avec cette grippe machin-hennin ?
Bonjour Tenancier.
RépondreSupprimerBon, j'ai quelques notes de retard mais en fait non puisque je les ai toutes lues avec la plus grande attention et le plus grand intérêt, recevez-en l'assurance.
Ah oui, il est des fautes pour lesquelles jamais vous n'aurez à demander pardon, ce sont les fautes de goût. La raison en est élémentaire : il n'y en a guère dans vos colonnes.
À propos d'Assouline, je confirme lire effectivement de grosses bêtises jusque dans ses notes. Il faut dire qu'en bonne "rigueur chronométrique" il est impossible de lire tout ce qu'il prétend lire, d'autant qu'il chronique à droite et à gauche et que les déplacements dans l'Hexagone, entre autres, ne lui font par peur...
Aussi bien doit-il se taper pas mal de dossiers de presse et de fiches de lecture banales et bancales qu'il arrange à sa sauce avant de les passer au micro onde - je sais de quoi je parle pour fréquenter de temps à autre sa cantine...
Au passage, merci à ce cher Otto Naumme qui avec son "Indicateur Bertrand" a réussi à me faire (sou)rire en dépit de la douleur et de la fatigue. Sinon, j'ai sur le feu le fameux "Navarro d'Hanin" mais bon, n'en rajoutons pas.
Mon cher Christophe, on se languissait de vous !
RépondreSupprimerJe joins ma voix à celle du Tenancier (nous formons parfois un duo assez détonnant, entre Roux & Combaluzier, Jacob & Delafon et Guerre & Paix) pour me réjouir de ces fortes paroles de notre si cher Christophe.
RépondreSupprimerEt j'aimerais que mes petites bêtises soient encore plus efficaces à vous égayer, au moins.
En tous cas, vous m'inspirez : j'ai compris "Navarro d'Hanin" ! Pour la première fois de ma vie, j'ai repéré et compris une contrepèterie ! (rassurez-moi, il y en a bien une ???)
Otto Naumme
Otto, savez-vous qu'il existe un Que sais-je sur les contrepets ? Les contrepèteries ayant plusieurs degrés, vous avez encore quelques échelons à gravir ! Mais enfin, oui, vous avez gagné : il y a bien une contrepèterie de premier degré évoquée par Christophe qui vous aide en précisant que c'est sur le feu ! Il est tendre comme un agneau avec vous ce Christophe.
RépondreSupprimerArD
Presque, cher Otto, mais malheureusement c'est impossible : l'art du contrepet autorise les homonymies, mais interdit toute variation phonétique, et un n ne peut donc se transformer en gn (pardon, je ne trouve pas les correspondances en écriture phonétique sur ma palette de caractères).
RépondreSupprimerPas de navarin d'agneau en vue, donc, bien que rien qu'à l'écrire j'en salive…
Eh bien alors, chers amateurs de contrepèteries, il s'agirait de s'entendre (comme un navarin, bien sûr...) ! Pour l'une (oui, très chère, je connais l'existence de ce Que sais-je...), j'ai bien détecté un contrepet ; pour l'autre, il ne peut en être question puisqu'il ne peut ici y avoir contrepet. Une simple question de respect des Tables de la Loi ?
RépondreSupprimerEn tous cas, si j'osais, je dirais bien que ces avis opposés finissent par brouiller l'écoute, mais celle-ci est franchement trop facile... Donc, je ne vais pas oser le dire.
Otto Naumme
Ce billet est une belle envolée lyrique, un peu comme si le Tenancier nous chantait la différence entre l'archet français et l'archet allemand, question de contrebasse. Il aurait au moins l'impudence de les distinguer si d'aventure il se lançait dans le genre, mais il ne le fait pas.
RépondreSupprimerEn ce point, la sympathique réponse de monsieur Leménager est un peu courte. Il avoue son ignardise et l'entérine en la considérant « plus sage », plutôt que s'affranchir de la confusion qu'il véhicule. Au nom de quoi la précision devrait-elle céder place aux termes qui éviteraient « des questions compliquées » de la part de ses lecteurs ? Au nom du manque d'implication du journaliste, de l'incompétence ou du nivellement du langage. L'on se doute que si un terme peut être affecté par un changement de genre, c'est bien qu'il y a une raison. Le passage du genre masculin au genre féminin revêt des distingos dans des registres qui peuvent se côtoyer grâce à cette veloutine masculo-féminisante que l'on rencontre dans d'autres langues et qui créent ainsi une passerelle entre le concept et sa représentation par exemple. Tenez, voyez la différence entre un espace et une espace.
Dès lors que l'on sait que ceux qui liront un article sur Bibliobs appartiennent à un lectorat de lecteurs de livres, la tentation d'être exact devrait l'emporter sur le confort qui consiste à privilégier un fragment qui créera une étincelle, ici la valeur vénale au détriment de la valeur intrinsèque, tandis que les deux sont imbriquées.
ArD
"[...] Personne ne doute que les mots sans lesquels nous serions bien embarrassés de parler – de penser même – n'aient leur nature propre, avec ses règles et ses lois, son automatisme, ses clichés et comme ses tics, si nombreux et divers – mais si bien dissimulés - d'ailleurs si séduisants, qu'il faut douter en plus d'un cas (sinon toujours) s'il ne nous arrive pas, loin d'exprimer notre pensée, de simplement penser notre langage.
RépondreSupprimerLes vieux rhétoriqueurs commençaient par se poser la question.(Ils soupçonnaient, entre autres, que la spontanéité nous trahit et qu'une opinion excessive est presque toujours verbale.) Ils s'efforçaient ensuite, à grand renfort d'analyses et de préceptes, de réduire une sorte de révolte permanente des mots et faire tourner à notre avantage tant de résistances et d'obstacles.
Mais nous sommes devenus bien trop timides pour regarder notre langage en face, et les rhétoriques se voient aujourd'hui négligées. D'où vient que l'on peut tout dire sans que rien tire à conséquence.
Négligées ce serait peu."
Jean Paulhan : La preuve par l'étymologie
(Extrait de la préface)
Très belle citation de Paulhan, tirée d'un texte que je n'ai pas. J'ai dû m'y reprendre à à plusieurs fois pour saisir toute la force du premier paragraphe.
RépondreSupprimerTiens, à propos de Paulhan, savez-vous que des passages entiers de la biographie de Gallimard par Assouline sont copieusement pompés du beau livre de Jacques Brenner, Tableau de la vie littéraire en France d'avant-guerre à nos jours (Luneau-Ascot, 1982) ?
Entièrement d'accord avec ArD : qui refuse d'affronter la complexité s'interdit à terme de penser, tout court.
Pour l'initiation à la contrepèterie, Joël Martin est certes très pédagogue mais je lui préfère quand même son prédécesseur à l'album de la Comtesse : Luc Étienne, dont L'art du contrepet (Pauvert, 1957; plusieurs rééditions dont une en Livre de Poche) demeure irremplaçable — tout comme son Art de la charade à tiroirs qui atteint des sommets proprement vertigineux.
Dites, Otto et ArD, vous devez avoir une raison bien précise, pour toujours poster en "Anonyme". Pardonnez mon indiscrétion, mais je serais curieux de la connaître.
Cher George, pourquoi toujours en Anonyme ? Parce que je n'ai pas de blog, d'identifiant Machin, Truc ou Bidule (je me contrefous des réseaux sociaux à un point qui vous donnerait une idée de l'infini), de compte GoutGueule ou autre. Et pas la moindre envie d'en avoir.
RépondreSupprimerEn outre, j'aime bien signer avec mes petits doigts en bas de chacune de mes interventions, plutôt que de voir "Jakadi a dit". Du reste, je signe également d'une manière identique sur les blogs où je suis obligé d'indiquer un pseudo.
Puis bon : "s'identifier" avec un pseudonyme me semble quelque peu oxymoresque...
Otto Naumme
PS : il faudra que je jette un oeil à cet Art du contrepet (même si je crains de rester incurablement incapable de percevoir et comprendre cet art - c'est de construction...)
J'espère que vous le trouverez sans trop de difficultés. Il y en a une qui m'émerveille toujours : On n'est jamais trop fort pour ce calcul. Au fait, je me suis mélangé les pinceaux hier soir : c'était homophonie qu'il fallait bien sûr lire, là où j'ai écrit homonymie.
RépondreSupprimerQuant à cette question sur l'"anonymat", ce n'était pas du tout un reproche. C'est juste que Blogueur propose le mode "Nom/URL" qui permet de signer d'un simple nom, sans forcément désigner une adresse ni du tout participer à un quelconque réseau social — genre de chose dont je me contrefous tout autant que vous, pire : qui ne laisse pas de m'inquiéter…
J'appartiens au monde d'avant, figurez-vous, celui des livres et des cassettes audio, par exemple…
George, vous faites bien de vous interroger sur cette proportion anormalement élevée d'anonymes qui courent ici parmi les commentateurs réguliers, on frise les 50 %.
RépondreSupprimerMe concernant, j'affectionne l'identité anonyme pour deux motifs : 1. elle me détache visuellement des blogueurs, 2. en signant mes commentaires, j'ai l'impression de donner une dimension plus personnelle.
Pour finir, je crois que je n'aime pas l'idée d'être repérée de loin, en gras, gros et en couleurs. Aussi, j'aime l'idée de forcer le ralentissement de la lecture du nom du signataire en le faisant intervenir en fin de commentaire et non en début.
ArD
Merci d'avoir pris la peine de répondre vous aussi, chère ArD. Heureusement cependant que la dimension personnelle de vos commentaires ne tient pas qu'à votre signature…
RépondreSupprimerPour le repérage de loin, il ne tient qu'au Tenancier de paramétrer ce salon de sorte que les avatars ne s'affichent pas à côté du nom de ceux qui détiennent un compte Gougueule.
Je me souviens avoir eu une intéressante discussion au début de l'année avec un Anonyme revendiqué qui fréquentait chez moi et chez Jérôme Leroy, mais qui a accentué sa discrétion depuis quelques mois. Il ne signait pas ses commentaires, tenant à ce qu'on le reconnaisse à la teneur de ses propos, toujours fort judicieux et instructifs. Enfin, si, il lui arrivait de signer "l'Anonyme historique du blogue"…
Bon sang ! question manie, je m'aperçois que je balance des points de suspension en fin de presque chaque phrase…
On ne saurait que conseiller à Otto l'ouvrage de Joël Martin, La Bible du Contrepet qu'il trouvera dans la collection Bouquin et également dans la bibliothèque du Tenancier lors d'une de ses futures visites. Cela prouve en tout cas qu'Otto ne regarde pas assez autour de lui et qu'il a mauvaise mémoire puisque je lui en avais parlé, il est vrai, il y a un certain temps. L'ouvrage est initiatique. Il porte en sous-titre : Une bible qui compte pour décaler les sons...
RépondreSupprimerRien ne m'étonne, George, de ce que vous racontez sur Assouline. Mais je crois qu'un blog ne suffirait pas et ce serait de toute façon lui donner une importance qu'il est loin d'avoir.
Moi, ces avatars, m'amusent.
Alors, je les laisse.
Otto, nous allons pouvoir entrer en concours vous et moi, concours de nullité. Il m'aura fallu une bonne minute trente pour aboutir à la bonne dose de sel, et vous ? Rien que pour le sous-titre.
RépondreSupprimerArD
Moi, ils ne me dérangent nullement.
RépondreSupprimerVous avez oublié de grasseyer le t de compte, à l'intention d'Otto. Excellent ouvrage, en effet, comme tous ceux de Joël Martin. Il y a aussi les livres de Jacques Antel : Le tout de mon cru et Le contrepet quotidien (partiellement réédités chez 1001 Nuits, me semble-t-il). Et naturellement La redoute des contrepèteries de Louis Perceau, toujours disponible dans sa jolie édition non-rognée (un cadeau parfait).
Pour Assouline, je dois avouer que je l'appréciais comme présentateur des Matins de France-Culture, juste avant Demorand : c'était intéressant, cette manière d'envisager l'actualité au travers du regard d'une personnalité de la "vie culturelle". Je n'étais jamais allé voir son blogue avant votre billet.
"On n'est jamais trop fort en calcul" est donc un contrepet ? Ma nullité en la matière se confirmera par le fait que je ne le vois pas du tout...
RépondreSupprimerQuant à lire des ouvrages sur les contrepets, oui, pourquoi pas. Mais c'est un peu comme si je lisais un traité sur la physique nucléaire : je ne suis pas sûr de plus comprendre à la fin. Ca doit être une question de "câblage" : j'ai les bonnes connexions pour "jeux de mots foireux" mais aucune pour "le tout de mon cru" (celui-là, quand même, je l'ai capté...).
Pour le reste, chère ArD, je rejoins à l'unanimité vos explications sur notre "anonymat" (au passage, George, rassurez-vous, je n'ai pas du tout pris votre question pour un reproche mais il semble que j'ai quelque peu du mal à faire passer des nuances dans mes écrits, ces temps-ci...).
Quant à vous, Tenancier, tenter de me débaucher avec une Bible (même du contrepet) ne manque pas d'air ! D'autant que c'est à vous de venir me voir, ce me semble...
Otto Naumme
PS : il y a un contrepet dans "La redoute des contrepèteries" ? Je le vois pas...
Bien, bien Otto, vous avez capté tout seul un contrepet du second degré. Pour contrepétrer harmonieusement, il faut le bon cablâge et... la bonne tuyauterie selon l'apparence orientée des contrepèteries que l'on vous sert en exemples !
RépondreSupprimerArD
Je ne grasseye pas, mon cher George. Je graisse. Pour le p, ça n'a pas fonctionné, je voulais le mettre en caractère normal, pour respecter la graphie du sous-titre. Vous avez un oeil d'aigle. Me voilà bien entre vous et ArD et même Otto.
RépondreSupprimerOtto, il est entendu que nous allons tous venir, non ?
Cher Tenancier, dois-je déduire du graissage du "tous" qu'il y a contrepet dans votre phrase ?
RépondreSupprimerParce que, s'il s'agit simplement de vous voir tous débouler, je ne vois où se situe le problème. Si j'étais partouzard, je dirais "plus on est de ris, plus on se fout" mais comme ce n'est le cas (et que ce n'a en l'occurrence pas lieu d'être...), c'est l'inverse que nous dirons.
Enfin bref. Comme le dit à juste titre ArD, il est vrai que l'art du contrepet semble souvent se rapprocher sérieusement de la plomberie, voire de l'électricité - avec ses prises mâle et femelle...
Sinon, môssieur le Tenancier, que souhaitez-vous signifier par "Me voilà bien entre vous et ArD et même Otto" ? "Même Otto" ? Nous voilà bien...
Otto Naumme
Quand vous parlez de ris, c'est du vent dans les voiles, bien sûr ? "Un coup de ris jamais n'abolira le blizzard", nous sommes d'accord.
RépondreSupprimerPas de contrepet dans mes phrases. Je suis un garçon prude.
Graisser, au temps pour moi. L'autre verbe m'attire toujours plus, c'est pour ça.
RépondreSupprimerCher Otto, non, pas de contrepèterie dans le titre du Perceau. Pour celle qui a ma préférence, vous avez manqué d'attention. Allez, un petit coup de main (d'ordinaire interdit) :
On n'est jamais trop fort pour ce calcul.
Par ailleurs, je ris de veau jeux de mots.
De grâce mon brave Otto, n'acceptez pas que l'on vous fasse mijoter dans un tel court-bouillon.
RépondreSupprimer(Etant également prude, je n'ai pas graissé.)
Otto, il n'y a pas plus de contrepèterie dans la redoute que dans les trois Suisses.
RépondreSupprimerGeorge, vous êtes gonflé quand même de supposer qu'Otto a besoin d'un « coup de main » ; à votre place, je n'aurais pas osé (!)
Le Tenancier signifie que nous l'avons à l'oeil concernant ses graisses, bref sa composition de texte.
ArD
J'en déduis que vous vous abstenez de fréquenter les fausses graisses.
RépondreSupprimerPour, les ris, bravo, cher Tenancier, mais c'était en référence au propos précédent d'Otto.
En osant commenter votre billet, cher Tenancier, je me suis dit que j'allais m'attirer vos foudres et je ne suis donc pas déçu.
RépondreSupprimerVotre érudition implacable me renvoie dans le trente-sixième dessous et me dissuade, hélas, de revenir chez vous, ce n'est vraiment pas de mon niveau !
Mon cher Christophe, dommage que l'on ne nous facilité pas la typo dans les commentaires, et des aides voluptueuses pour nous aider. En effet, ces belles typographes ont des lettrines pleines de poids.
RépondreSupprimerAh, pardon : c'était en réponse à Christophe.
RépondreSupprimerDominique, revenez, s'il vous plaît. On vous apprécie. Je crois pour ma part que votre générosité vis à vis de vos confrères l'a emporté et c'est un sentiment que nous apprécions grandement ici. Je pense que je m'exprime pour la majorité des participants de ce blog..
RépondreSupprimerSplendide, mais cela assoiffe…
RépondreSupprimerPour Dominique, entièrement d'accord avec le Tenancier (que par ailleurs j'ignorais si rabelaisien). La susceptibilité est toujours dommageable, et stérile. Revenez, cher ami, ne prenez point ombrage de ce qui n'était pas pique à vous destinée !
RépondreSupprimerCher Tenancier, tenez-vous donc à être mis hauban de notre société pour oser telle assertion ?
RépondreSupprimerPar ailleurs, vous vous gardez bien de répondre à mes requêtes. Qu'avez-vous donc à cacher ???
George, merci de m'avoir dévoilé la solution, qui m'avait complètement échappée. Je sais bien que c'est contraire au "dogme", mais cela m'est salvateur, une sorte de phare de la pensée. Et fi de tous ceux qui ânonnent (aux fruits, bien sûr) "je suis un dogme, quoi de plus culturel en somme"...
Otto Naumme
Je ne cache rien, mon cher Otto, je me lamente d'avoir de si sourcilleux lecteurs qui ne me laissent rien passer. Vous savez bien que je suis un adepte du chleuasme.
RépondreSupprimerEh oui, cher Tenancier, no pasaran, vous le savez bien !
RépondreSupprimerOtto Naumme
Ouh la ! Que de commentaires avant que j'ai pu finir de taper le mien...
RépondreSupprimerBref, j'imagine qu'il y a des contrepets dans toutes ces saillies ou presque, mais tant pis pour moi, je n'ai qu'à les comprendre...
Cher Dominique H., je me joins à mes camarades pour déplorer que vous preniez ainsi la réponse du Tenancier, réponse qui ne se voulait pas agressive, telle que je la perçois. Je connais le Tenancier, il est ferme, mais juste. Et s'il est critique face à une certaine catégorie de journalistes, je sais bien que vous n'êtes pas plus concerné que moi par ces remarques. Vous le savez comme moi, notre corporation comporte son lot de bon grain comme son pendant d'ivraie.
Mais bon, nous savons tous que vous valez mieux que certains qui ne manqueraient de se faire prier, n'est-ce pas ?
Otto Naumme
Là, j'ai eu... le tort de m'être un peu emporté, je le reconnais, je fais donc amende honorable (comme celles distribuées par des "pervenches" dont le nom s'est perdu au grand dam des pare-brises esseulés).
RépondreSupprimerJe reviens donc - mais pas sur ce sujet épineux - pour dire que j'ai beaucoup apprécié, plus haut, le montage Godard envoyé par Truffaut !
Le mot tenant du Tenancier et le bon grain d'Otto Naumme sont donc venus vite à bout de mon accès de fièvre - mais c'est sans doute la pandémie qui veut ça.
Je vais aller me coucher rasséréné (j'aime lire au lit).
Cher Dominique, vous avez eu raison de prendre position, et vous me voyez également rasséréné de vous voir ici encore. Comme le votre, ce blog n'est pas un robinet d'eau tiède, on y discute et on y rigole aussi. Mais, de toute façon, ce n'est qu'un blog ! Pas de quoi se mettre martel en tête.
RépondreSupprimerDésolé, je vois bien que j'aurais dû écrire hier soir : « Pour les ris, oh, bravo ! »
RépondreSupprimerCher Otto, votre épaule narrée fait sourire.
Je me permets d'ajouter ingénument : « Jamais un contrepet n'abolira le bazar ».
RépondreSupprimerIncroyable : on m'apporte à l'instant un livre portant la signature de Grégoire Leménager, dont j'ignorais tout jusqu'à lecture de ce billet !
RépondreSupprimerMon cher George, ne l'aviez-vous pas pressenti avec votre ajout ingénu ?
RépondreSupprimerAlors là, j'ai beau chercher… je m'épanouis en vaste point d'interrogation. Je précise que ma boutique n'a rien d'un bazar.
RépondreSupprimerEnfin, rarement.
Jamais un comte replet n'abolira les beaux-arts.
RépondreSupprimerPour le livre de Grégoire Leménager, George, serait-ce le fait d'un Mystérieux Expéditeur ? En seriez-vous victime également ? Ou à votre tour ?
RépondreSupprimerDites Tenancier, connaissez-vous les coordonnées postales de George... ?
RépondreSupprimerAh Chr., tenteriez-vous par cette manœuvre, de faire de notre Tenancier préféré le suspect n° 1 ?! Hum, lors d'une de ses entrées en manières sur ce blog, notre ami George en a suffisamment dévoilé pour que l'on devine son adresse.
RépondreSupprimerArD
Ah, je crois savoir où il officie mais je ne connais pas son adresse personnelle...
RépondreSupprimerJe sais ce que vous voulez insinuer. Vous courez à la déconvenue.
Me voilà fort dépité : ainsi, je donne l'impression de faire des manières ? Il y a matière à s'offusquer…
RépondreSupprimerJe précise qu'il ne s'agit pas d'un livre de G. L., mais d'un ouvrage qui lui est passé entre les mains, sur la première page duquel il a apposé son nom : sans doute l'a-t-il offert à la personne qui me l'a remis en mains propres, qui n'a rien à voir avec le Mystère de l'Abeille.
Enfin, pas à ma connaissance.
Coup de gueule d'un psychanalyste (et je crois bien écrivain aussi) contre Grégoire Leménager,
RépondreSupprimerhttp://karimsarroub.blog.lemonde.fr/2010/01/26/l%E2%80%99incroyable-gregoire-lemenager-critique-litteraire-au-nouvel-obs/
Ce même psy qui rappelait dans un autre papier que "de nombreux intellectuels ont fini par mettre en doute les capacités intellectuelles des journalistes de l’Obs"; mais aussi dans Libé les "contrevérités" sur les parents de Rachida dati, qui lui ont valu invectives et toutes sortes de railleries, ou encore les ragots et les mensonges que l'hebdomadaire publie sur Freud.
Je n'ai pas saisi pourquoi il termine par :
"Pour que rien ne change, il faut que tout change."