La justification de tirage de "Comptine pour saluer le métier de marbreur", ouvrage présenté dans un précédent billet
Une justification de tirage de "Un Pari de milliardaire" de Mark Twain, au Mercure de France en 1925. Une numérotation toute simple, pas de déclinaison de papier puisque nous sommes ici face à une réédition.
Justification, le mot est lâché, enfin.
La justification de tirage, ou colophon, est le moyen par lequel l’éditeur fera connaître la teneur du tirage : la qualité et le nombre de beaux papiers proposés, leur quantité dans chaque papier et le numéro qui insère l’ouvrage que vous tenez dans les mains dans cette série. Or, parfois, l’éditeur – ou l’auteur, ou l’illustrateur – ont pour mission d’apposer leur paraphe pour authentifier le travail de l’imprimeur : ainsi, point de double tirage (on est pas dans les lithos de Dali…) Le libraire, devant cette signature, dans le descriptif, dira ainsi que cet exemplaire a été justifié par l’éditeur, par exemple. Ce qui était le cas du livre de Raymond Gid, qui en était également l’auteur.
Justification avec la marque de l'auteur, Rachilde pour "La Jongleuse", au Mercure de France...
Évidemment, ce qui est possible pour une centaine d’exemplaires devient une entreprise quelque peu malaisée lorsqu’il s’agit de justifier un tirage pour le grand public. Or, ce besoin se fit sentir chez quelques éditeurs scrupuleux, désireux que chaque volume dont on avait fixé le tirage au préalable fut approuvé par l’auteur. A cette fin, ces auteurs furent dotés d’une marque personnelle apposée au colophon, lors du tirage. Cette méthode fut quelque fois utilisée aux XIXe et XXe siècles, comme le Mercure de France, Gallimard (rarement, il est vrai), la petite collection Les Introuvables, etc. Ces mêmes eurent recours bien plus souvent à la numérotation. Quelquefois, l’on trouve également la signature imprimée de l’éditeur, certifiant que l’ouvrage émane bien de son officine, précaution quelque peu superfétatoire à une époque ou les contrefaçons littéraires s’étaient estompées depuis plusieurs années.
Ces justifications de tirages du Mercure de France ont été collationnées et reproduites par CLS dans l'ouvrage ci-dessus. Il a du reste récidivé pour Les Introuvables, ci-dessous. On peut se procurer ces ouvrages dans d'excellentes librairies, de qualité... et dont le Tenancier est un être exquis et spirituel - ou bien chez l'éditeur.
Justification de tirage pour "Marie Mathématique", de Jean-Claude Forest. Pour ce tirage de tête, l'auteur a à la fois apposé sa signature et son monogramme (qui est la transcription idéogrammatique de son nom)
De gauche à droite : CLS qui réalisa la maquette et l'impression de "Marie Mathématique", André Ruellan, co-auteur, Jean-Claude Forest, l'auteur, et le Tenancier de ce présent blog qui eut la chance de publier tout cela ! On assiste ici à la séance de signature où l'auteur compléta la justification de tirage, comme plus haut...
" Nos justifications marquent nos limites. " Disait inlassablement cet idiot de directeur du personnel.
RépondreSupprimerDeux ans que j'ai démissionné.
La lectrice assidue est touchée par ce développement et cette grâce justifiante ! Il corrobore la discrète allusion que le Robert historique fait à ce sens, à savoir "la nuance de confirmer après coup", tandis que les 3/4 de la notice sont consacrés au sens typographique ; on n'a rien sur ce sens éditorial. A vous lire, je comprends que vous établissez une synonymie entre "justification de tirage" et "colophon". J'y vois plus clair, merci.
RépondreSupprimerArD
Christophe Borhen, j'approuve hautement votre démission. Ce directeur-là devait sans doute ajouter par la suite "point barre" en croupion de ses sottises... Nous avons connu et fait comme vous.
RépondreSupprimerArD, les puristes feront un distinguo entre le colophon et l'achevé d'impimer. On y reviendra. On a gardé d'un vieux passé militant le goût d'expliquer une chose à la fois : "un tract = une idée", ainsi l'on est plus présent et plus clair en même temps. N'hésitez pas à me poser d'autres questions du genre.
En attendant, Taïaut, nous retournons à notre labeur...
Vous aurez noté ma question sous-jacente, je vois, car il me semble bien que le colophon est plus souple qu'une simple justification. Et je n'ai "posé" qu'une seule question pour ne pas troubler votre genre didactique. J'attendrai donc. (Merci.)
RépondreSupprimerArD
... je vais faire une liste d'attente ! Car, plus tard, je causerai - avec mes très modestes moyens - de la justification d'un bloc de texte... On pardonnera sans doute tant de fatuité en tenant compte de l'enthousiasme. Ou peu s'en faut.
RépondreSupprimerCher Tenancier, m'est également un souvenir (quelque peu nimbé de vapeurs écossaises au demeurant...)d'un écrivain de nos relations qui expliquait, dans la même veine, "une idée = un roman". Vous en souvenez-vous ?
RépondreSupprimerSavez-vous du reste si ce charmant monsieur est toujours des nôtres ? J'avoue l'avoir passablement perdu de vue depuis l'époque...
Otto Naumme
Ce monsieur, aux dernières nouvelles, est toujours des nôtres. Ma foi, les éthers alcooliques semblent conserver. Il faut dire que cette personne avait une hygiène de vie irréprochable : implacables périodes à l'eau uniquement le temps que le foie se reconstitue et avant de recommencer. On dira ce que l'on voudra, mais la science, c'est quelque chose. Du reste, je soutiens les chercheurs dans leurs revendications actuelles.
RépondreSupprimerAu sujet de la justification. Le mot est merveilleusement bien défini dans toutes ses acceptions au sein du deuxième tome du Dictionnaire encyclopédique du livre. La notice est, heu..., de votre serviteur.
RépondreSupprimerNous y mettrons le nez, puisque, mon CLS, vous êtes notre modèle.
RépondreSupprimer