Pour tout dire, le Tenancier fatigue un peu de ce genre d’attitude de pignouf qui consiste à solliciter une information sans s’inquiéter de la somme de travail que cela constitue derrière.
Imaginez que vous recevez un mail de ce genre :
« bjr,Que penseriez-vous de votre interlocuteur ?
Est-il possible d’avoir un visuel (on déduit que ce doit être une photo…) de votre référence 56740 ?
cdlt »
Cela fait huit ans que, périodiquement, ce type de message arrive, depuis que la librairie Feuilles d’automne existe.
Il est même parfois heureux que l’on ait ces marques d’affection en début et en fin de message, sans doutes les scories d’éducation. Comme quoi on a beau se croire émancipé, il y a toujours des boulets qui nous retiennent, n’est-ce pas ?
Bon alors quelle est donc cette référence 56740 ? Oui… un livre à 7,50 € dont le descriptif est ma foi fort fidèle (infime manque au second plat : deux millimètres sur deux). La période est creuse, le Tenancier va faire un effort, repère donc le bouquin dans sa liste, voit qu’il est dans la caisse 251, descend à la réserve qui se trouve dans la cave de son immeuble, remonte un quart d’heure après, dégage la table ou la photo sera prise, le temps de retrouver aussi l’appareil photo. Tout cela a bien pris au moins dix minutes de plus. Ensuite, il suffira de prélever les photos prises sur la carte SD, en réduire le poids avec un logiciel ad hoc (parce qu’Orange, le fournisseur d’accès, limite la quantité d’octets à transmettre…) et expédier cela au client avec ce mot :
« Monsieur,Et là, aucune réponse… silence radio.
Veuillez trouver ci-joint les clichés des Souvenirs pélagiques de Bob l’Éponge, en vous en souhaitant bonne réception.
Je vous prie d'accepter mes sincères salutations (elles deviennent cordiales quand on écrit « Bonjour » en toutes lettres)
Yves Letort – Feuilles d’automne »
Pour un livre à 7,50 €
Allez, on ne va pas être si grognon : la dernière personne a demander un renseignement et à qui j’avais répondu en transcrivant une partie de la préface et en ajoutant des remarques supplémentaires s’est fendue d’une réponse aimable ou « cordialement » était écrit en toutes lettres tout en refusant – mais c’était justifié car le contenu ne correspondait pas à ses espérances – cet ouvrage à 15,00 €.
Il n’empêche que, désormais, la librairie ne répondra plus à des demandes qui concernent des ouvrages à moins de trente euros. Autant que le jeu en vaille la chandelle. Certes, on fait ce métier également pour rentrer en contact avec les gens, répondre sur l’objet de notre plaisir quotidien, mais tant qu’à faire, mieux vaut consacrer ces moments à converser avec vous sur le blog, non ?
Et puis, aussi, dépêchez-vous, parce qu’il va y avoir de moins en moins de livre à des prix dérisoires chez le Tenancier.
Le prochain billet sur ce genre de sujet expliquera pourquoi le Tenancier ne met pas les images des 7000 références qu'il met en ligne, comme il lui avait été suggéré, une fois.
Tenancier,
RépondreSupprimerj'ai eu un patron qui demandait au client "pignouf" si il lisait le journal avant de l'acheter... :
"Mr, pr 5 E. pas tps pr pict Dsl."
Racontez-nous la joie du chercheur qui trouve sa feuille parmi les 7000 vôtres, s'inquiétant de savoir si elle est bien là, vous en accusant réception avec fougue !
J'ai comme vous de ces scories, mais qui n'en sont pas. Simple question à s'obstiner à ne pas traiter l'autre comme un objet.
RépondreSupprimerAllez, j'me fends d'une petite anecdote vécue du temps que je vivais dans le troisième dessous...Comprenez "employé de bureau."
Une chefaillonne rentre dans mon espace d'aliénation quotidienne, l'air empressé comme une poule qui aurait perdu son couteau, fouine dans une pile de dossiers très mal rangés, il est vrai, sur les étagères, bougonne, me tourne le dos...
- Je vous demande pardon, lui dis-je, j'étais occupé à autre chose et je n'ai pas compris ce que vous m'avez dit.
Elle se retourne vivement:
- Mais je n'ai rien dit !
- ALors, veuillez m'excuser une seconde fois. Je croyais avoir entendu "bonjour."
Sur ce, elle se sauve sans dire au-revoir et moi je descends illico au bistro qui était à deux pas, juste en dessous, m'enfiler un demi. A huit heures du matin, ça remet les idées à l'espérance.
Oui, ici les conversations sont gratuites, mais nous sommes tous fort polis...
RépondreSupprimerNous vous lirons donc davantage ici, alors je remercierais bien ces pignoufs.
RépondreSupprimerBéatrice
Le mal poli est quelqu'un qui en est resté à la pierre taillée...ça tombe sous le sens (de l'histoire)
RépondreSupprimerNéolithique ou Paléolithique, c'était tout de même poli, quoi que vous en pensiez, mon cher Bertrand.
RépondreSupprimerhttp://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Ressources-multimedias/Emissions-de-radio/Le-Salon-noir/Radio-Le-Salon-noir/p-12959-Que-reste-t-il-du-Neolithique-.htm?&cpage[11][5]=1&cpage[7][2]=1&submit=valider
Ce serait un bonheur si ce devait être, comme vous l'écrivez, une habitude née du commerce en réseau. Or il s'agit bien d'une attitude qui se généralise : l'information est un dû désormais.
RépondreSupprimerÀ «cdlt», je réponds «vtff».
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ArD
Le pignouf est plus voyant sur les réseaux, mais il remonte à la plus haute antiquité, pourrait dire Vialatte.
RépondreSupprimerLe VTFF est très joli, je trouve...Ceci dit, je fais le malin depuis le début, mais je n'ai pas encore compris le cdlt. Cerf volant...
RépondreSupprimerBn an.
RépondreSupprimerCdlt,
O. N.
Cher Bertrand, "Cdlt" désigne un corps d'armée non-teuton mais dont l'uniforme évoque ceux en usage sous le Reich : « corps dit "allemand" ».
RépondreSupprimerGeorge, vous êtes le sturmtrupper du calembour !
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