De la FNAC… et autres réflexes pavloviens.

J'ai pris connaissance du texte de Nicolas Grondin sur Facebook. Son coup de gueule mérite qu'on lui réserve la plus large audience. Espérons que ce modeste blog y contribuera. Accessoirement ces propos viennent compléter le colloque (1 & 2) que nous avions fait Otto et votre serviteur il y a quelques temps.

Le Tenancier
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De nombreux lecteurs et amis FB de Véronique Anger veulent se procurer, depuis la parution de «La dernière Croisade», cet ouvrage tout chaud sorti des Éditions l’Arganier… Sans succès pour certains. Beaucoup sont allés jusqu’à s’en ouvrir à l’auteur et à parler de problèmes «de diffusion»… Évidemment, sans possibilité de se rendre compte par elle-même, vu qu’elle considère tout cela d’outre-Atlantique, Véronique se pose des questions.



N'est-ce pas qu'elle est belle, "mon" auteur ?

En dehors de rares privilégiés, cette inquiétude est récurrente, quasi obligatoire, chez tous les auteurs qui ont un livre «dans le circuit». L’occasion pour moi de (re) dire deux ou trois choses.
Tout d’abord, merci à ceux qui cherchent à lire l’essai saignant de Véronique…
Ensuite (détail certes, mais…) ce n’est pas le diffuseur, mais le distributeur qui aurait, éventuellement, des problèmes à ce stade de la commercialisation. La distribution, rappelons-le, est chargée d'acheminer les ouvrages commandés, ou «prénotés», depuis leurs hangars jusqu’aux librairies, et accessoirement de facturer et d’encaisser ces ventes.
Ce distributeur n’est pas responsable, par exemple, des temps de livraison annoncés par une maison comme Amazon, dont le programme de gestion semble déconner assez souvent et annonce d’un jour sur l’autre des délais différents, souffre de retards importants sur les «pré commandes» — ces livres annoncés et vendus avant parution — et autres anomalies intéressantes, y compris ces fameux «classements» toujours fantasques dont j’ai renoncé à comprendre les calculs… si d’aventure ils faisaient l’objet d’une quelconque opération rationnelle.
Pas responsable non plus — le distributeur — des impérities de la FNAC, où la plupart se précipitent en obéissant à une espèce de réflexe pavlovien… et se cassent les dents sur les rayonnages vides de leur demande. Pardon, mais vous voilà bien une bande de foutus veaux d’abattoir : à croire que si le livre n’est pas à la FNAC, il n’existe pas…
Comme j’ai déjà pu le signaler, mais sans doute pas assez fort, la FNAC n’est pas une référence en matière de mises en place de nouveautés, ni en aucune autre. Elle serait plutôt un indécrottable cancre. Entre autres bêtises, elle a choisi, il y a de ça quelque temps, de faire livrer ses commandes à une plate-forme centralisée de dispatching et elle ne sert qu’ensuite, à partir de son usine à gaz, les différents magasins à l’enseigne de «l’agitateur» fatigué. Soit une semaine à dix jours de retard par rapport à une librairie indépendante de proximité. Sans compter que les employés de l’ancienne Fédération Nationale des Achats des Cadres (savoureux à rappeler) sont recrutés à la diable, sous-payés et considérés comme de la valetaille en gilet beige par leurs supérieurs. Un management «à l’américaine» qui ne pousse pas paradoxalement à la performance, vous en conviendrez avec les employés de France Télécom et Orange. D'ailleurs, M. Pinault, le propriétaire, ayant annoncé qu'il voulait se débarrasser de ce boulet, les "Fnaqueux" ne savent sous quelle forme ils seront licenciés : PQ ou kleenex…
Mais, nom de Dieu, allez donc chez le libraire le plus proche, dont certains désormais ont aussi mis en place des systèmes de livraison par Internet, lesquels systèmes valent bien les «prima donna» de la vieille «bulle Internet», ces divas poussives qui commencent à se tourner vers le lifting, tant leurs rides les handicapent. Oh, ils ne sont guère mieux payés, mais eux ne sont pas là par hasard, mais par passion. C’est comme ça. J’ai connu des manutentionnaires du livre plus cultivés que certains «décideurs» de grandes enseignes, voire de beaucoup «d’éditeurs».
Pourquoi ? Parce que cette industrie particulière qu’est le Livre obéit avec une constance désespérante à des lois non écrites, mais gravées dans les paluches de ses acteurs. D’ailleurs, c’est bien d’artisanat qu’il faudrait parler, malgré toutes les tentatives — y compris par votre serviteur — de trouver des «process», des «plans marketing» et autres conneries hors de la portée de la plupart des «faiseurs de livres».
J’aurais aussi voulu parler de diffusion, qui consiste globalement à envoyer des représentants au front pour parler de parutions à venir à ces prescripteurs fantasques que sont les libraires, dans leur diversité et leurs contradictions.
Mais ce sera pour une prochaine fois.
Nicolas Grondin



5 commentaires:

  1. Bien.
    Très bien.
    Très très bien.

    Otto Naumme

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  2. Notons ici que dans la presse, c'est bien le Diffuseur qui est chargé de la distribution. La confusion est parfois entretenue par des vendeurs de livres comme certaines Maisons de la Presse dont les circuits d'achminement du livres peuvent parfois différer des libraires.

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  3. Puis-je me permettre, si j'ai bien compris votre message, cher Tenancier, de vous signaler que dans la presse le "diffuseur" est le marchand de journaux du coin, que le distributeur s'appelle les NMPP (à part pour Le Parisien qui a opté pour une société de distribution ne dépendant que d'elle-même, puisqu'une de ses tentacules (SDVP). Je ne suis pas au fait des modes de distribution de la librairie, mais j'ai une excellente adresse, où je m'approvisionne régulièrement :
    Le Comptoir des mots 239, rue des Pyrénées dans le 20ème à Paris.
    Cela dit, merci du savoureux rappel pour la Fédération Nationale des Achats des Cadres. Je me souviens de cette époque où le must dans le métro (comme aujourd'hui pour X marques) était de se balader avec son petit pochon de plastic estampillé FNAC, ça vous positionnait le mec, ça le "classait" en quelque sorte. :-)

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  4. "Un" tentacule, bien sûr. L'émotion.

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  5. Chère C. Watson, dans les rédactions, on évoque la "diffusion" des journaux quand on évoque la quantité d'exemplaires vendus. Et j'ai déjà entendu la même expression du côté des maisons de la presse. Or cela ne revêt pas tout à fait la même signification pour le libraire de neuf pour qui les termes sont nettement dissociés et comme vous le faites vous-même en évoquant les NMPP. Vous oubliez de citer également MLP. En tout cas il est vrai que la distribution des journaux est une chose entièrement différente de la distribution des livres et n'est pas soumise aux même impératifs : délais, fréquence, etc. On s'éloigne ici quelque peu de nos activités de prédilection. Il serait bon tout de même que l'on explore un jour ce mécanisme de distribution qui apparaît souvent comme monopolistique et dont le modèle est assez tentateur pour quelque grossium du livre...

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