Sans parachute

On vient d’apprendre que le Reader’s Digest s’était mis en faillite. On ne glosera pas ici sur les raisons du naufrage, prenant acte seulement que c’est encore un épiphénomène d’un changement durable et profond.
Mais, qui n’a pas lu au moins une fois un numéro de la revue Sélection du Reader’s Digest, de ces histoires véridiques qui firent qu’à une époque on refusa à Giono son texte « L’homme qui plantait des arbres » au prétexte qu’il était inventé ? De ces histoires vraies, édifiantes et dont l'extraordinaire se profilait soudainement à l'horizon de l'homme de la rue ?


Pour ma part, je me souviens d’un numéro qui dégageait une légère senteur de moisi et dont une des histoires me révélait l’incroyable destinée d’un pilote tombé sans son parachute lors de la Première Guerre mondiale. C’était l’été, la chaleur était à son comble malgré la nuit. Des insectes tourbillonnaient autour de la lampe au-dessus de moi, le papier peint de ma chambre, dans cette location de vacances, représentait des bretons et des bretonnes dansant une ronde sur fond typique. Et moi, pendant ce temps, je voyais cet homme tomber dans l’effroyable hiver de la guerre...
J’ai sans doute dû lire cette histoire cinq ou six fois.
Toujours un petit pincement lorsque je repasse devant des vieux exemplaires de la revue.

8 commentaires:

  1. C'est l'été, la chaleur est à son comble malgré la nuit : Giono aurait mieux fait de faire un pseudo pieux mensonge finalement. Une sorte de mensonge parachute...

    ArD

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  2. Cher Tenancier, je ne sais pas comment vous faites pour écrire ce que vous écrivez, mais chapeau ! En effet, figurez-vous que moi aussi j'ai lu des exemplaires du "Reader's Digest" dans des conditions similaires aux vôtres... Qui plus est, ils dégageaient eux aussi des "effluves" de remugle.

    Du reste, mêmes sensations ressenties lorsqu'il s'est agi pour le lecteur nocturne que je fus, dans le Lubéron, en 1990, durant des heures d'ennui accentuées par la touffeur, de parcourir de vieux numéros de "Ciné-Revue" qui convoquèrent en moi de "douces-amères" coulées lacrymales - pensez-donc, les tragiques destins de Martine Carol et Françoise Dorléac venaient lézarder la relative tranquillité de mes nuits d'été, ceci dans une chambre à l'odeur de moisie "réhaussée" par des odeurs de confiture d'abricot, de fruits cuits, s'élevant du rez-de-chaussée...

    (Mon texte "libraire-vigneron" est toujours en cours d'élaboration. Il sera mis en bouteille courant septembre. Je vous en réserverai bien entendu la "primeur", si j'ose dire...)

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  3. Christophe, c'est facile ce genre de billet. On peut faire la même chose avec les filles : ce n'est jamais pareil, mais on a tous des choses similaires à dire. Et je pense que, pour elles, c'est la même chose...
    Ciné-Revue : souvenir d'enfance !
    (J'attends, je patiente)

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  4. Un arrière-goût d'idem ibidem finalement.

    Notre cher Tenancier est décidément très fort : il vise, puis il cible... invariablement.

    ArD

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  5. mon chien aussi20 août, 2009 20:26

    Moi, je me souviens que dans le Digest, il y avait de petites histoires marrantes, dont celle-ci : C'est la guerre dans le désert. Un médecin anglais s'approche d'un Tommie écroulé au pied d'une dune. Le Tommie est blessé au ventre. Le médecin se penche sur lui et demande d'une voix compatissante : "Ça vous fait mal ?" Et le Tommie répond : "Seulement quand je ris."

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  6. ... L'archétype du récit héroïque à la porté de tous. Il y a tout un chapitre qui parle de ce type de récit dans l'ouvrage de Paul Fussell, "A la guerre", paru aux éditions du Seuil. Ouvrage de référence si l'on veut comprendre certains aspects du compte-rendu de la Seconde Guerre Mondiale par ceux qui l'ont vécue, certes, mais également par les témoins indirects et ceux de l'arrière. Cette mini-histoire est l'archétype du récit de propagande tel que le décrit Fussell. Je ne peux pas, sur le pouce, délivrer une argumentation sur un livre que j'ai lu fort longtemps, mais je puis dire en tout cas qu'il est indispensable pour comprendre des films comme "La Ligne Rouge" et même "Il faut sauver le soldat Ryan" ou bien alors les livres de James Jones, par exemple. En tout cas, mon chien aussi, si votre souvenir est exact, on peut dire que le Reader's Digest a de fortes chances, au jour de votre souvenir, de s'être fait avoir par la propagande, alors que l'argument de la revue était de ne transmettre que du "vécu"...

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  7. mon chien aussi21 août, 2009 10:19

    En même temps, le "vécu" du readers est sujet à caution. Je me souviens aussi de certaines statistiques sur le tabagisme, une espèce d'entre-filet, qui affirmait que 80% des cancers du poumon n'avaient aucun lien avec la cigarette. Selon des scientifiques de Marlboro, sans doute.

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  8. Il faut dire qu'il est difficile de se fâcher avec les annonceurs...

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Ah oui, au fait... Le Tenancier ne répondra plus aux commentaires anonymes. Prenez au moins un pseudo.

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