Conrad, Platon... et les critiques

Je ne serai jamais un critique et laisse à d’autres ce qui m’apparaît comme un grand fardeau le soin de jeter un œil sur l’œuvre de mes contemporains ou de leurs prédécesseurs. Il y a quelques temps, je me suis énervé deux fois sur le sujet de la critique littéraire et, bien que ces sujets fussent apparemment dissemblables ils ne dissimulaient guère leur apparentement dans la vacuité. Le dernier en date de ces énervements s’insurgeait du fait de la médiocrité et du mercantilisme assez maladroit d’une critique autoproclamée tandis que le précédent démontrait l’inanité de ses propos par une formule creuse et définitive que j’avais qualifié alors de connerie. Proposition que je tiens toujours comme pertinente, surtout que ce critique avait le front de s’attaquer à un écrivain comme Joseph Conrad qui ne peut guère s’accorder de l’à-peu-près définitif, même avec l’alibi du raccourci journalistique – argument qui ne peut tenir dans la littérature électronique et s’agissant d’un soi-disant critique. Il se trouve qu’un article vient de paraître sur le sujet d’un texte de Conrad, de sa traduction et des hypothèses émises par le préfacier. Il se trouve encore que c’est le même que cet autre « critique » - Pierre Assouline – avait eu l'idée de chroniquer. Mais, cette fois-ci, il s’agit d’une personne qui a enfin quelque chose à dire et qui le dit bien…


Cet article a été écrit par Stalker, trublion irritant et irritable, maniant avec bonheur l’invective et la raison, renonçant très souvent à cette sotte "objectivité", ce consensus qui fait croire que chacun peut un jour devenir critique littéraire ! Eh bien non, on ne peut pas. Parce que parler de l’œuvre d’un autre c’est la comprendre dans son intimité, c’est ne pas se laisser intimider par ce que l’on vous raconte sur une nouvelle traduction ou une nouvelle approche, c’est revenir au texte, le questionner, donner envie à celui qui vous lit de vous accompagner dans cette lecture, qu’il partage votre vue ou qu’il en dialogue, qu’il irrite, même si c’est sans retour effectif et immédiat. Un critique est parfois la personne qui vous interroge autant que le texte qu’il vous suggère. Je ne partage certes pas tout ce que peut dire Stalker, ses choix, ses points de vue critiques. Je pense même que j’aurais énormément de mal à conserver mon sang froid devant certaines de ses opinions. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que sa lecture a une saveur, une force qui dépare quelque peu du brouet qui a cours sur la littérature par le net. Stalker a du talent. Et puis, ce qui compte beaucoup à mes yeux : il n’a rien à vendre.
C’est également pour cela qu’il est référencé sur le présent blog, au contraire de celui d’Assouline et de beaucoup d’autres.
Enfin, c'est démontrer ici et à toutes fins utiles ce que j'estime être le travail d'un critique.

Stalker – Dissection du Cadavre de la Littérature.

Ce billet est dédicacé amicalement à Christophe Bohren qui aime également Conrad...

3 commentaires:

  1. Je passe outre les nuances d'usage (et de raison) et je me permets d'apposer mon contreseing au bas de votre note - j'ai déjà "développé" chez moi...

    (Devinant Otto homme de "paix", j'espère qu'il fera gratifiera votre auguste présence, ô Tenancier-Monsieur Yves, d'un excellent cassoulet.)

    RépondreSupprimer
  2. Mon cher Christophe, nous étions trop absorbés, hélas. Pas de cassoulet pour cette fois.
    J'ai vu que vous aviez développé la chose, effectivement et à ce titre, ne vous génez jamais de mettre des liens dans vos commentaires ici-même. Stalker est tout de même l'un des rares à dénoncer cette tartufferie des traductions de Conrad qui regénèreraient ses textes alors que c'est bêtement une histoire de gros sous. Conrad est dans le domaine public, mais pas forcément les traductions, et Gallimard ne veut pas les céder pour garder le plus longtemps possible l'exclusivité de Conrad - et des traductions "canoniques" - sur son catalogue. Les affirmations des éditeurs et de leurs traducteurs sont largement des simagrées, à mon avis.
    Stalker résume tout cela de façon lapidaire et plus directe que votre Tenancier qui n'est en définitive qu'un sale bavard !

    RépondreSupprimer

Les propos et opinions demeurent la propriété des personnes ayant rédigé les commentaires ainsi que les billets. Le Tenancier de ce blog ne saurait les réutiliser sans la permission de ces dites personnes. Les commentaires sont modérés a posteriori, cela signifie que le Tenancier se réserve la possibilité de supprimer des propos qui seraient hors des sujets de ce blog, ou ayant un contenu contraire à l'éthique ou à la "netiquette". Enfin, le Tenancier, après toutes ces raisons, ne peut que se montrer solidaire des propos qu'il a publiés. C'est bien fait pour lui.
Ah oui, au fait... Le Tenancier ne répondra plus aux commentaires anonymes. Prenez au moins un pseudo.

Donc, pensez à signer vos commentaires, merci !

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.