J'ai, parmi mes manies et tocs nombreux, l'obsession de la raison des titres, dite par les spécialistes "névrose titrolopathologique", et voici que depuis quelques jours me fige l'intitulé de votre blog, qui redouble l'enseigne de votre fort-excellente librairie. Mais pourquoi donc ces hugoliennes "feuilles d'automne" ? Car si le bon Victor figure bien - encore que discrètement - sur votre site et - quoiqu'un peu moins discrètement - dans votre catalogue, il ne me semble pas trouver en vous un épigone. A moins qu'il y ait là-dessous une réminiscence de "la feuille morte" verlainienne... dans ce cas, où les sanglots ? à moins que vous remémorant l'usage ironique du mot LITTERATURE par les jeunes louveteaux point tout à fait surréalistes, qui baptisèrent ainsi leur première revue, vous abattîtes l'antiphrase sublime... A moins encore - et cette interprétation est celle qui me contente le mieux - que vos émois d'adolescent bibliomane se soient révélés le jour où vous découvrîtes quelques numéros usés de cette petite revue dont je trouve la preuve d'existence dans mon Roméo Arbour : FEUILLE D'AUTOMNE... Ci-gît la notice descriptive issant de notre Arbour (une perle, celui-ci !) :
FEUILLE D'AUTOMNE. Revue mensuelle littéraire, artistique et humoristique. In-4. Janv. 1902 (I, n°1) - déc.1902 (n°12). Réd. en chef : Auguste Cuche. Secr. de la réd. : Léopold Carpe. Adm. : 10, rue d'Aligre, Paris (12e). En janv. 1903, devient l'INEDITE-REVUE.
CONTENU : Poèmes, essais littéraires, divers, chroniques.
PRINC. COLLAB. : Pierre Audibert, Auguste Cuche, Albert Delrue, Alphonse Gallais, Charles Marinier, Han Ryner, Valentin Tarault.
Avouez, mon cher Tenancier, que l'objet et le ton de cette petite publication sont aussi un peu les vôtres. Avouez aussi qu'il ne vous aurait pas déplu, vous agglomérant au duo des bien-nommés Cuche & Carpe, réaliser une plaisante trimourti.
Ai-je bon ?
SPiRitus
Cher SPiRitus,
Je suis effectivement un amateur de Victor Hugo et lis de temps à autres de ces poèmes. J'estime même que "Les Châtiments" se prêtent bien à l'air du temps. Je me délecte encore de "Choses Vues", ayant perdu de vue un peu ses romans. Promis, j'y reviendrai, il faudra bien, c'est essentiel. Mais ce qui est pour moi la quintessence de notre Totor national reste encore "Ce que dit la bouche d'ombre", dont l'atmosphère s'accorde tant à ses propres dessins à la plume et au lavis. Hugo est un héritage familial. Malgré moi, je suis l'héritier des poésies apprises par coeur à l'école, des gloires nationales, de l'imagerie que l'on voit sur les boîtes de portes-plumes, sur les étiquettes de bouteilles d'encre, sur la couverture des cahiers d'essais ou des cahiers de brouillon.Victor Hugo a une étrange saveur de craie et d'encre fraîche et de la blouse grise du maître. Ça sent la IIIe, injectée dans les gênes par ma mère à moi, môme de la Ve dont le maître avait également une blouse grise mais dont le tergal crissait jusqu'au fond de la classe, à côté de mon radiateur, jusque dans mes lointains, mon rocher de Guernesey. Et pourtant, à cette époque on apprenait peu Hugo...
Mais ce n'est pas de là que vient le nom de ma librairie. J'ai cherché pendant quelques temps et je vous passe les titres ronflants auxquels j'ai pu penser. C'est une amie écrivain, Marie-Ange Faugérolas, qui me donna le nom : Feuilles d'automne, tout simplement.
Lorsque l'on habite et travaille presque au coeur de la forêt de Fontainebleau, on est assuré avec une telle raison sociale d'avoir raison trois mois sur douze. Qui plus est, le fait de s'occuper d'ouvrages d'occasion coincidait bien avec l'idée. Le Tenancier a donc une dette envers notre amie Marie-Ange...
Il me semble me souvenir de la publication dont vous donnez avec force précisions et justesse les références. Mais, diantre, me voir à côté de Cuche & Carpe ? Je n'ose...
PS : Je sais fort bien que je n'ai pas féminisé le mot "écrivain". Je trouve ce débat stupide et dans l'air du temps : on se paye de mots au lieu de justice.
Mille&un mercis, cher Tenancier, mon obsession peut à présent s'attacher à quelque autre titre. Ah, Hugo ! on en a dit tant de bien, et tant de mal. Vous êtes de ceux qui l'aiment. J'en suis un autre. Cela me ravit. Car, tout de même, à lire le tant et tant des asthmatiques de la contemporaine poésie, on est bien content d'ouvrir parfois la Légende des Siècles ou les Châtiments et de sentir, en issant, un souffle puissant de vent vous dépoussiérer les mirettes et le cervelet.
RépondreSupprimerBien dit !
RépondreSupprimerGrâce à vous, ô Tenancier, de même que grâce à l'ardent concours de Naume, m'est venue l'idée de rédiger un texte sur les similitudes entre le métier de libraire et celui de vigneron, comme je vous le disais dans un autre commentaire (publication dudit texte courant septembre).
RépondreSupprimerPour étayer ma thèse, je me suis servi de cette autre rencontre au sommet :
http://feuilles-d-automne.blogspot.com/2008/08/henri-lheritier.html
J'en viens maintenant à ce cher SPiRitus dont je tiens publiquement à me féliciter que la lecture de Bernard-Henri Lévy ait pu le mener jusque là...
(Dites, Tenancier, des nouvelles de Phil ?)
Mon Cher, nous attendons céans votre texte pour le publier séance tenante !
RépondreSupprimerPhil est certainement dans une contrée austro-hongroise, ou se repaît in situ de lectures greco-latines, qui sait. Nous aurons des nouvelles un de ces jours, certainement.