Le Tenancier s'intrigue et puis se montre désabusé, même pas dubitatif...

Il y a peu, un de nos lecteur prénommé Yves - ce n’est pas votre Tenancier, mais un autre… - nous communiquait deux liens vers un blog s’occupant de parler de l’édition et notablement sous forme numérique. Son intervention commençait par une remarque qui continue ici de m’intriguer : « […] «édifiant et même rassurant : la liseuse serait-elle obsolète ? »
On a exprimé ici à maintes reprises une indifférence assez polie vis-à-vis de l’édition numérique, décrétant in petto que ce n’était guère notre distraction, concédant tout au plus l’utilité de la version électronique d’un livre pour le même usage que l’on faisait des peciaes au  Moyen-âge, un outil pratique et peu cher pour travailler en somme, dès lors qu'il s'agissait de textes d'accès libre.
Dans les liens rapportés par Yves, nous notions que la liseuse serait en recul par rapport à la vente de tablettes multifonctions, ce qui en expliquait le titre. On lèvera paresseusement un sourcil devant une telle nouvelle : cette évolution du marketing nous indiffèrerait grandement si cela ne vérifiait d’autre part ce qui avait été pressenti dans nos colonnes par votre Tenancier et ses lecteurs habituels (dont Otto Naumme lequel fut le plus prescient, je crois), c'est-à-dire l’évolution du texte pur vers du contenu multimédia, le support s’y prêtant volontiers. A partir de ce constat il nous est aisé de penser que nous nous éloignons quelque peu de ce qui nous intéresse, la manipulation de fichier n’ayant que peu d’attrait pour les tourneurs de pages que nous sommes. Sans doute sont-ce là les prémisses à une tentative de « renouvellement » de la chose littéraire, si l’on peut dire… On veut plutôt suspecter l'évolution d'un soi-disant marché qui voudrait la confluence de tous ces moyens - vidéo, image, texte, musique, etc. - en un seul dans un  futur mythique, alors que la chose est tout à fait réalisable maintenant (mais la vente du vide doit être étalée dans le temps, bien sûr, pour des questions de rentabilité).  La final de ce billet nous a amusé : comment amener les lecteurs de tablette à lire (sous entendu : sur ce support) ? Nous avons bien une réponse, elle serait déplaisante.
Puisque nous parlions du Moyen-âge tout à l’heure, on se bornera à rappeler un fait intéressant qui avait déjà été évoqué ici : c’est à partir du moment où la lecture fut silencieuse que la pensée humaine s’affranchit des dogmes multiséculaires et finit par devenir autonome. La lecture au secret du foyer était une garantie de la liberté, l’intime, les proches pouvant seul voir votre bibliothèque si vous le désiriez. Oh bien sûr, il y avait toujours des flics pour brûler quelques bibliothèques, d’autres, en de tristes pantalonnades – la dernière se déroulant à Tarnac – venir en éplucher le contenu pour prouver les marques de sédition. Disons tout de même que ce n’était pas si facile d’investir tout cela. Nous notons que, désormais, votre lecture n’est plus aussi secrète lorsque vous commandez un contenu électronique.
Mais après tout, les honnêtes gens n’ont rien à se reprocher, n’est-ce pas ?
Bonjour chez vous.  

Voici les liens transmis par Yves, que l’on remercie au passage :
Ici des élucubrations marketing sur la rémunération des lecteurs d’une stupidité abyssale. Vous me direz, en même temps, le marketing…
Et l’article qui renvoie à la question du changement de support numérique qui semble rassurer Yves, que l’on aimerait interroger sur certains aspects de son soulagement…

8 commentaires:

  1. Devenir autonomes ? Est-ce vraiment là l'objectif de notre société ?

    Otto Naumme (justement...)

    PS : j'avoue que les "captchas" me répugnent de plus en plus - je n'aime pas avoir à faire le travail de Gougueule à sa place, bénévolement qui plus est...

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  2. Ma fille a un portable qui fait tout, la météo, appareil photo, internet, lampe de poche, jeux vidéos, bref tout, sauf téléphoner.
    Tout comme les nouvelles tablettes qui dépassent la liseuse débile servent à tout, sauf à lire.
    Misère ! Pourquoi pas, me direz-vous ? Mais de grâce, ne mélangeons pas les vocables au risque de murir encore plus idiots que nous ne le sommes !

    Moi itou, comme Otto, ça me gonfle de devoir prouver à un robot que je n'en suis pas un.
    Mais que tout ça ne nous empêche pas d'être joyeux !

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  3. Mon cher Otto, je pense supprimer ces "captchas" dès que possible, mais les spams devenaient assez envahissants.
    Pour le reste, tout les enjeux vont vers la vérification de votre question...

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  4. Bertrand, même réponse qu'à Otto.
    De toute façon, ces apareils électronique vendent du contenu et non matière à lire...

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  5. Comme on sait que le fabricant de liseuse électronique a pour ambition de supprimer d’abord le libraire, puis l’éditeur pour instaurer une prétendue communication directe et sans intermédiaires entre l’auteur et le lecteur, ma remarque rapide sur le rassurant de ces billets et l’obsolescence de la liseuse est que cette dernière se révélant mort-née, on en revient à travers la tablette à l’usage multi-média de l’ordinateur actuel – qui peut être aliénant, certes, mais qui ne remet pas radicalement en jeu l’existence et l’usage du livre papier en tant que tel, car la lecture silencieuse et secrète est le gage de la liberté (vous avez raison de le rappeler).
    Ci-joint, une vidéo qui explique assez plaisamment les avantages révolutionnaires du livre :
    http://www.youtube.com/watch?v=Q_uaI28LGJk
    Cordialement.

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  6. Merci, Yves, de votre intervention. Il n'est cependant pas dit que le support électronique quel qu'il soit ne soit pas utilisé à terme dans le même objectif de supprimer le libraire et l'éditeur. On voit mal en quoi la "liseuse" serait l'instrument d'élection de cette éviction, à l'exclusion de tout autre support. L'enjeu se situe sans doute ailleurs, dans la détention et la transmission des informations, la fameuse "dématérialisation" du Marché. Et là encore le Marché s'adapte puisque l'on propose des machines capables de fabriquer des livres en boutique à partir de fichiers pdf. En somme, c'est surtout le rôle de prescripteur que l'on veut retirer à l'éditeur et au libraire car difficilement gérable par le marketing et les leaders d'opinions, comme ils disent...
    Pour revenir à cette lecture "au secret", il est assez piquant de constater que nombre de contestataires de notre société reviennent au support du papier comme véhicule...

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  7. Sans doute la « liseuse » n’est-elle que le cheval de Troie d’une guerre plus vaste…
    Quant au retour du papier chez les contestataires, c’est une constante depuis la Révolution française puisque même leurs ennemis déclarés ont constaté qu’ils ne cessaient depuis d’expliquer noir sur blanc leurs buts.
    Et que restera-t-il d’Internet après un gigantesque «blackout» ? un poétique et bel écran noir.
    Nous restera alors la lumière des bougies, nos amis et nos livres.

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  8. La différence, c'est que le retour au papier se fait face à une alternative - électronique - qui n'existait pas auparavant. Il faut dire que l'apparente gratuité d'un support internet se fait au détriment d'une certaine liberté. Il n'y a pas de cookies entre les pages d'un livre.
    Nous sommes tout à fait d'accord sur la fragilité de l'électronique et de la folie de son implantation dans notre société. Nous avions évoqué ici aussi les dangers d'un blackout, qu'il fût d'origine humaine (les effets d'explosions nucléaires dans la haute atmosphère, par exemple) ou bien d'origine naturelle, comme une tempête solaire très importante ou, plus dangereux un sursaut gamma, même s'il n'est pas létal...
    http://sciencesetavenir.nouvelobs.com/espace/20130121.OBS6021/au-8e-siecle-des-rayons-gamma-bombardent-la-terre.html

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Ah oui, au fait... Le Tenancier ne répondra plus aux commentaires anonymes. Prenez au moins un pseudo.

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