Le fait nouveau est que cette guerre contre les désordres du vice impuni (il ne le restera plus longtemps, qu’on se le dise), au nom de l’épanouissement et de la rentabilité psychologique aussi bien que marchande, est menée par une armée de niais rutilant de stupidité et de féroce ambition. Ce sont les imbéciles dont parlait Bernanos. On les reconnaît infailliblement à leur absence de goût, à leur incapacité à user avec tact et justesse du pouvoir dont ils disposent désormais. C’est l’aspect comique de la situation, car il y en a encore un : le pouvoir médiatique n’a rien dans les mains, la substance qu’il prétend transmettre est nulle. Parler de « transmission » est d’ailleurs superflu, cela impliquerait qu’il y a encore, au fond de cette rutilante stupidité, un rapport au passé, une relation à la bibliothèque, un certain savoir des formes antérieures qui poursuivent leur travail quotidien. Or rien de tel n’est constatable. Peu importe notre produit, se disent ces nouveaux imbéciles, l’important est qu’on soit là, aux commandes et que les issues soient bien surveillées. Surtout ne pas laisser entrer un humanoïde compétent par mégarde, car il faut gérer ces détestables problèmes que sont l’attention à ce que l’on écrit, l’exercice du jugement esthétique, le temps nécessaire à la lecture, tellement exaspérant : enfin bref, le travail. |
Michel Crépu : Ce vice encore impuni - 2006
"Je me souviens de ce soir, à la Maison de la Culture de La Rochelle, où, encouragés par les sarcasmes de Robbe-Grillet, des profs affolés de mode me riaient au nez quand je leur suggérais de lire Un balcon en forêt, L'OEuvre au noir, Belle du Seigneur, La Semaine sainte".
RépondreSupprimerFrançois Nourissier, "À défaut de génie".
Et pourtant ça date, ce qu'il dit ! On n'en a jamais fini de râler, et le pire n'est pas derrière !