Du format des livres - II

Maintenant que nous avons défini les dimensions d’origine du matériau, nous devons évoquer la façon dont celui-ci est transformé.
On passera sur les étapes passionnantes de la composition du texte, du calage des blocs de textes et de l’impression proprement dite. On insistera plutôt sur un aspect important pour la suite de cet exposé : plusieurs pages sont imprimées sur ces feuilles et ces pages sont réparties de telle manière que, une fois imprimées, on puisse les replier et former un cahier dont les pages se suivent. Cette répartition des pages sur la feuille s’appelle l’imposition. L’assemblage de ces différents cahiers formera donc un livre. Les plus avisés d’entre vous l’ont déjà deviné : ces cahiers reprennent les proportions de la feuille d’origine. Ainsi, une feuille pliée en deux n’aura pas la même dimension au final selon qu’elle était au format Écu ou Tellière à l’origine. Cette disparité aura tendance à s’accentuer un peu avec le nombre de plis. Par ailleurs, ces cahiers pliés ont une appellation précise qui recouvre non un format comme on pourrait le croire mais bel et bien le nombre de feuillets à partir de la feuille originelle. Voici un tableau sommaire de ces appellations ainsi que le nombre de pages :
     In-planopas de pli : 2 pages et donc 1 feuillet (à noter que ces formats servent aux atlas et aux plans et ne sont souvent imprimés qu’au recto et montés sur onglet dans une reliure)
     In-folioun pli : 4 pages / 2 feuillets
     In-quartodeux plis : 8 pages / 4 feuillets
     In-octavoquatre plis : 16 pages / 8 feuillets
     In-12six plis : 24 pages / 12 feuillets
     In-16 huit plis : 32 pages / 16 feuillets
Il existe également des formats in-18, voire in-32 et même plus encore, mais sont plutôt inusités car le nombre de plis imposés à la feuille rend aléatoires la disposition et l’alignement du texte. Concrètement, pliez une feuille suffisamment grande en un minimum de pages. Vous constaterez que les bords de ces pages ne s’alignent plus avec autant de rigueur, le texte qui y figurerait ne serait plus aligné non plus... Ainsi, nantis de cette indication et renseignés sur le format de la feuille originelle, nous sommes à même de reconstituer le format final d’un livre ! Ainsi, un in-quarto Tellière fera à peu près 17 x 22 cm, ce qui est assez petit et pourrait faire penser à un in-octavo. Notons que cette dimension peut subir des variations dues à la nature du papier. En effet, le Hollande est un papier fort épais et dont la pliure diminue un peu, par conséquent, les dimensions finales, par rapport à un bouffant d’édition. Par curiosité, pliez donc 8 fois un papier pelure et du papier machine de même dimension, vous constaterez une différence de format au final. Les amateurs de livres et les bibliophiles connaissaient auparavant ce genre de notion. Ainsi, nous avons devant nous à cet instant, un exemplaire de la revue Arts et Métiers Graphiques consacré à Victor Hugo (n° 47 de juin 1935) et dont l’un des articles consacrés aux éditions originales de V.H. ne se fait pas faute de citer la nature de la feuille à la suite de l’indication du pliage, ce qui nous donne au final une idée extrêmement précise du format des livres. On ne résiste pas au plaisir de citer un passage de cet article :
     « […] Ayant rompu avec Lacroix, Victor Hugo donne ses derniers livres à Calmann-Lévy, à Hetzel et à Quentin. Ses imprimeurs sont désormais J. Claye, qui avait déjà imprimé les Contemplations et les Misérables, et l’éditeur A. Quentin qui possédait une imprimerie. Que peut-on dire de tous ces livres si ce n’est qu’ils sont affreusement antipathiques et laids ? Leur format est invariablement l’in-octavo raisin ; leur papier est grisâtre et lisse ; et leur didot maigre et allongé ne fait qu’accentuer la grisaille de la page. […] »
Cet extrait est une bonne indication des usages de la bibliophilie. Le spécialiste n’omettait pas de mentionner la nature de la feuille d’origine, le pliage et donnait alors une idée extrêmement précise du format de l’ouvrage. Mais que l’on ne s’y méprenne pas, cette pratique, dans les années 30 était déjà en désuétude. Le catalogue de vente sur le mouvement romantique édité par Giraud-Badin en 1934 ne mentionne pas la feuille mais le pliage dans ses descriptifs…



Mais, une fois assemblé, comment différencier un petit in-octavo d’un grand in-12 ? En effet, la différence est parfois extrêmement ténue. Lors de l’assemblage des cahiers, l’imprimeur a également besoin d’un repère. A cette fin, il a imprimé une marque – la plupart du temps un numéro en chiffres arabes ou romains en début de chaque cahier, le plus souvent en bas à droite. Ainsi, vous trouverez la signature – c’est le nom de ce signe - du 2e cahier d’un in-octavo à la page 17, le 3e cahier à la page 33, etc. Si vous ne la trouvez pas à cet emplacement, il est de fortes chances que ce soit un autre format… tentez alors votre chance à un multiple de pages d’un autre format. Cette vérification est pratiquée par la plupart des confères et il faut bien dire que ce qui en ressort n’a pas grand intérêt. Sans l’indication du papier d’origine nous n’avons pas la possibilité de reconstituer le format exact… tout au plus ceci nous permet de différencier deux versions d’un ouvrage publiées chez le même éditeur mais sans indication d’année de parution, comme cela pouvait se faire au XIXe siècle. A ce moment, la différence de taille peut être déterminante. Ainsi, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pas les Verne in-octavo qui sont les originales, la plupart du temps, mais les éditions Hetzel in-12…
Un autre facteur vient semer le trouble dans cette évaluation du format à partir de la feuille originelle : beaucoup d’ouvrages reliés ont été rognés. C'est-à-dire que l’on a retiré quelques millimètres à chaque tranche du livre afin de les rendre lisses voire de les dorer. Cette diminution – qui peut être parfois conséquente peut fausser l’évaluation d’un format. Reprenons ainsi le in-quarto Tellière évoqué plus haut. Généralement, ces livres sont imprimés avec une marge généreuse. Le bibliophile peu scrupuleux ou le relieur indifférent peut avoir décidé d’aligner le format de ce livre aux in-octavo qu’il possède en rognant considérablement ces marges. Au résultat, des livres identiques mais fabriqués totalement différemment à l’origine, or le format peut parfois être crucial pour déterminer si une édition est la première ou si elle possède certaines caractéristiques dignes de retenir l’attention du bibliophile…

(A suivre)

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Petit exercice autour des signatures :

Le premier ouvrage s'intitule Antipamela ou Mémoires de M.D. *** - Traduit de l'anglois - A Londres, MDCCXLII, c'est un cartonnage bradel qui a visiblement été rogné sur les trois tranches. Ses dimensions sont de 10 x 16,5 cm, il fait 152 pages.



On a trouvé sa signature à la page 17, un B en lettre capitale en bas à droite...



... dont on peut voir le détail ci-dessus.
L'autre ouvrage s'intitule : L'Algérie, par Mlle Clara Filleul de Pétigny - à Tours, R. Pornin et Cie, 1846 - 284 pages - Petite reliure basane tabac ornée... Ses dimensions sont de 10,5 x 17,5 cm



On trouve la signature à la page 25, sous la forme d'un 2, dont on verra le détail en dessous...




  - Quelles sont les formats respectifs de ces livres ?
  - Le résultat est-il cohérent si ces ouvrages avaient été fabriqués à partir du même format de feuille ?
  - Pensez-vous, aux vues des deux premiers clichés, que l'ouvrage a été considérablement rogné ?
  - Que peut-on en déduire ?
  - Connaissant le format en centimètres de ces ouvrages, pouvez-vous reconstituer le format de la feuille ?
  - Cela se rapporte-t-il à un format cité dans ce billet ?
  - Combien de cahiers devrait-on trouver dans chaque volume ?
  - Connaissant désormais le format du livre, et peut être le format de la feuille, pouvez-vous l'écrire sous sa forme entière et en abréviations, comme si vous alliez rédiger un catalogue ?
  - A quelle page trouvera-t-on les signatures suivantes ?

On demandera au professionnels - comme notre très cher cls - de bien vouloir s'abstenir de répondre à ces questions. Cela dit, le Tenancier sera très sensible à leurs suggestions et peut-être à leurs encouragements, s'il y a lieu...

36 commentaires:

  1. Très intéressant et "Sherlock Holmessien"...
    Un détail, juste pour montrer que j'ai suivi : êtes-vous bien sûr que le 2 de l'ouvrage de Mlle Filleul soit situé page 24 ? Sur un recto ?
    Votre cliché montre pourtant qu'il s'agit de la page 25, non ?
    Pour le reste de l'interro, ma fainéantise naturelle va me faire passer mon tour...

    Otto Naumme

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  2. Evidemment : la signature se situe toujours à la première page du cahier. Or, nous avons soit un B soit un 2... ce qui vous laisse augurer que cette signature signale le 2e cahier.

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  3. Otto,

    Vous pourriez faire un effort et contraindre votre fainéantise à titre amical pour le moins ! En effet, si je comprends bien les réponses témoigneront de la qualité pédagogique du billet de notre Tenancier.

    ArD

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  4. Vous avez raison, chère ArD, mais j'aime tellement faire enrager notre ami Tenancier...

    Otto Naumme

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  5. Otto,

    Tentez donc le coup, histoire que nous soyons au moins deux candidats à l'interro, même si j'ignore ce que l'on gagne à la sortie. (Une image, une carte postale, un signet, un marque-page, un livre, que sais-je ?!)

    Je vais plancher sur l'affaire.

    ArD

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  6. Le Tenancier n'offre rien sinon que la satisfaction d'avoir répondu. Il aurait pu, certes, récompenser le lauréat avec des livres, des cartes postales et autres objets étranges, que sais-je encore ? Mais ce serait des surprises sans éclat et sans mystère, alors que ce dit mystère plane au-dessus des amis de ce blog. Pourvu que l'objet de ces attaques mystérieuses ne se transforme en Iago...

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  7. Tenancier, s'agirait-il de ce froid brutal qui vous rend aussi mystérieux qu'Otto ?
    Si pour comprendre, il fat jouer à Desdémone, ma foi, je m'y plierai volontiers.
    --
    En attendant, I.go :
    - les formats
    a)d'Antipamela : Vous faites le mâlin à nous indiquer qu'il s'agit d'un bradel, mais à quoi sert de entionner l'aigle, puisque vous vous gardez de nous donner les dimensions du bradel ?
    Vu l'emplacement de la signature, il s'agit d'un in-octavo.

    b)d'Algérie : in-12 (Je note au passage que vous avez pris en compte une remarque de Cls disant qu'il ne fallait pas écrire in-12° !).

    - Rogné ou pas ?
    Avec un peu de bonne volonté, je veux bien avouer que je vois qu'ils ne sont guère rognés.

    - Que peut-on en déduire ?
    Le format du carton bradel, pardi ! Mais non, je rigole puisque le bradel est un cartonnage réservé aux plats, c'est bien cela ? Bref, on peut en déduire le format de la feuille, mais comme je ne souhaite vous donner l'impression que cette question est redondante avec celle qui suit, je réponds ainsi, par politesse : On peut en déduire que si l'ouvrage n'est pas rogné, cela indique les dimensions de la feuille, qui aurait donc été pleinement utilisée, sans dégager de chutes.

    - Pouvez-vous reconstituer le format de la feuille ?
    Oui, je peux (et je le veux), sauf que... vous n'indiquez pas dans le cas du second ouvrage (rogné), s'il y a des chutes qui auraient pu servir à confectionner des in-32 par exemple, pour le plaisir.

    - Cela se rapporte-t-il à un format cité dans ce billet ?
    Ben non. Vous avez eu la flemme de continuer la liste ou quoi ?

    - Combien de cahiers pouvait-on trouver dans chaque volume ?
    La question qui tue, il faut diviser ! Si je divise par 36, j'obtiens :
    a) Antipamela, 4,2 : donc 4 cahiers et deux pages de garde ?
    b) Algérie : 7 cahiers et 8 pages de chutes ?

    -> je sais que je fais une erreur car ça ne colle pas avec les signatures.

    - Leur format est invariablement un in-18 raisin. Pour uncatalogage de bibliophile d'avant les années 30, j'écrirais pour Antipamela :
    In-18 raisin, non rog, romant.

    - Signatures : on les trouvera en pages 33, 49,81,la dernière en page 145, ce qui tend à penser qu'il y a un cahier incomplet.

    Pour l'autre livre, je laisse Otto trouver, sinon il va tot recopier !

    ArD

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  8. Zut, je n'ai pas relu ma copie :
    Pour Antipamela, il faut lire : in-18 qui, bien sûr, se rapporte à un format de feuille cité dans ce billet, le format raisin.

    Pour Algérie, je me suis trompée dans le nombre de cahiers : j'obtiens 11,8.

    Bref.
    ArD

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  9. Même recopier est trop fatiguant pour moi...

    Pour le reste, je vais essayer de rapidement lever un coin de voile sur le "mystère". Sachez qu'il s'agit en fait d'une continuation du Mystère de l'Abeille. Avec, et je vous jure que je ne rigole pas, Otto Ganz et Ramona Mirador en tête d'affiche...

    Otto Naumme

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  10. Je me glisse dans la cour de récré, avec le risque de créer la zizanie, mais je me demande si le Tenancier ne se moque pas.
    S'il ne nous livre ni le sens des pontuseaux, ni la page où se trouve la signature C, le choix des formats est vaste, donc incertain.
    D'autre part, cet Antipamela serait-il un incunable de la reliure Bradel ?
    Du coup, le livre n°2 attendra.

    Un mouton à lunettes, bien content que ce blog existe.

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  11. Ah voilà, ceci expliquerait cela : je ne peux pas aboutir à un résultat cohérent... puisqu'il me manque le sens des quoi ?, des pontuseaux !

    Je me doutais d'un mauvais coup. Otto a eu du nez en ne se pliant pas à l'exercice.

    ArD, bien contente que ce blog existe.

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  12. ArD, pendant qu'on y est, on pourrait même exiger de connaître l'emplacement de la marque d'eau...

    Un mouton à lunettes.

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  13. Oui, Mouton à lunettes de soleil, et on pourrait exiger les empreintes digitales de l'imprimeur, parce qu'après tout, le libraire, laà, celui qui cause avec son hé hé, il confond détermination d'un format par imprimeur et détermination de format par un libraire. Les deux ne se plient pas à cet exercice de la même façon...

    --
    Tenancier,
    Je me suis gourée : le nb de cahiers d'Antipamela équivaut à 4,2 et donc 4 cahiers et 6 pages (et non 2 pages de garde). Vous suivez ?
    --
    ArD

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  14. Allez, je vous ai un peu piégé : La page 1 de "Antipamela" ne commence pas à la page de garde mais à la première page de texte... Ne sont donc pas comptés le titre et la garde (pas de faux titre !)De plus nous avons une alternance de cahiers de 8 et 4 feuillets ! On n'ira pas plus loin dans le développement de la chose, au risque d'embrouiller un peu plus ce qui n'a guère besoin de l'être. Pour le sens des pontuseaux, je vais vous délivrer un grand secret : ils seraient perpendiculaires au vergeures.
    Pour la différence entre l'appréciation du format entre les libraires et les imprimeurs, attendez donc le troisième billet...
    Concentrez-vous donc sur le livre sur l'Algérie.

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  15. Tenancier, le format de la feuille : raisin ou pas raisin ?

    ArD

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  16. Bien content que lecteurs et lecteuses existent.

    Le blog

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  17. Antipamela : si les pontiseaux sont perpendiculaires, cela confirmerait donc ma réponse selon laquelle nous avons affaire à un in-8.

    Algérie est un in-12. D'après mes calculs, vu le format du livre, ça ne rentre pas dans une feuille de format Raisin. Format de feuille : Jésus ?

    ArD

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  18. En fait, je ne crois pas que la disposition des pontuseaux et des vergeures ait une si grande importance. Si vous pliez la feuille d'abord dans le sens de la longueur puis de la largeur, cela vous donnera certes un alignement différents, mais également un format "à l'italienne". Je crois qu'ajouter ces notions-là ne sert qu'à embrouiller plus les esprits qu'autre chose. Désolé de ne vouloir en rester qu'à la superficialité du format. On le voit, la chose est déjà complexe. Non que je considère mes lecteurs comme des idiots, loin de là ! Mais il faut faire des choix. On reviendra sur le sujet des pontuseaux lorsque l'on évoquera un jour la fabrication du papier traditionnel.
    Comme au bon vieux temps : une idée par tract, ce dernier préparant au suivant.
    ArD ne vous mettez pas martel en tête.
    Mouton à lunettes de soleil, j'ai bien noté vos remarques. Merci de nous lire !

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  19. Le mouton est flatté, ô Tenancier !
    Mais les remarques étaient assorties d'une question sur cette hypothétique reliure bradel de 1742.

    Reprenons.
    Rien n'est simple, même avec des lunettes de mouton.
    M'enfin, le premier indice permet d'envisager des impositions en in 8, in 12, in 16, in 18, in 24, in 32, je vous fais grâce des feuilles entières et demi-feuilles, donc rien qui ne fasse avancer.
    Cahiers de 8 et 4 feuillets, compte-tenu des impositions énoncées, nous laissent le choix : in 8, in 12, in 16, in 24, on arrive à éliminer l'in 18, ouf !

    Si la qualité de la photo du Tenancier avait permis de voir les pontuseaux — perpendiculaires aux vergeures nous dit-il avec beaucoup d'obligeance, sans toutefois aller jusqu'à indiquer le sens desdites vergeures duquel nous aurions avec un peu de malice pu déduire quelque information décisive, — le choix serait réduit.

    Couronne, Écu, Raisin , et autres ?
    Toutes approximations sont à prendre en compte, les formats ne sont pas standardisés, et il faut imaginer l'imposition des pages sur une feuille comme des cartes de jeu sur le tapis vert : le sens des pontuseaux apparaît dès lors révélateur de la disposition.

    Donc, le cahier de 8 fera plus que 40 x 49,5, parions sur l'Écu.
    Repartons du livre : anglais, milieu du XVIIIe, vogue de l'in 12, parions sur l'in 12.

    Merci à Fertel, La science pratique de l'imprimerie, et à Charles Mortet, Le format des livres, sans lesquels mes lunettes n'auraient servi à rien.

    Un mouton à lunettes

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  20. L'ouvrage n'est pas forcément anglais. Attention, la localisation n'est jamais vraiment formelle lorsqu'il s'agit d'ouvrage du XVIIIe, dans le cas de contrefaçons, d'ouvrages pouvant subir les foudres de la justice ou bien même du besoin de l'auteur de rattacher son ouvrage à un pays. En l'occurence, ici, l'Antipaméla est une réponse française à Richardson, auteur de Paméla, roman qui eut un grand succès à l'époque, des deux côtés de la Manche. L'ouvrage serait dû à Claude Villaret (1715-1766).
    Les vergeures sont verticales. Précisons que le cartonnage de l'ouvrage est nettement postérieur, le bradel étant d'usage au XIXe siècle. Le sens des vergeures et, par conséquent des pontuseaux a effectivement son importance. Mais on peut se débrouiller sans.

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  21. Précisions fort intéressantes, merci.
    Pontuseaux horizontaux : in 12 ou in 16 alors.

    À défaut de nous livrer l'emplacement de la signature suivante, vous nous éclairerez un jour sur la méthode pour "se débrouiller sans" ?

    Un mouton à lunettes.

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  22. Pour l'Antipaméla, je suis dérouté par l'agencement des cahiers. Laissons-le où il est pour l'instant...
    C'est tout bête, mais beaucoup d'ouvrages ne présntent pas un papier avec ces sortes de filigranes, comme on en trouve sur les papiers vergés. A ce moment-là, on compte le nombre de feuillet par cahier, comme indiqué dans le billet... Je trouve que vous vous arrêtez trop sur ce détail, qui vous paralyse plus qu'autre chose... En effet, comment feriez-vous avec un bouffant d'édition. J'ai beau me crever les yeux, nib de pontuseaux !

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  23. Tenancier, mon propos sur le lien entre pontuseaux perpendiculaires et in-8 était un peu ironique, à l'instar du vôtre sur la perpendicularité des pontuseaux par rapport au vergeures. Y a-t-il des cas où les pontuseaux ne seraient pas perpendiculaires aux vergeures ?
    --
    Troquons Martel contre Fertel en tête, ça vaudra mieux.

    Puisqu'Antipamela vous déroute, je vous reroute sur Algérie et réitère ma proposition comme réponse définitive : un in-12, confortée par la signature en page 25, elle-même indépendante de l'imposition et du fait qu'il s'agit ou non d'un papier vergé.

    Pour le nombre de cahiers, j'obtiens onze et pas mal de feuillets épars.

    Pour les dimensions du papier, je vois que l'ouvrage est rogné.

    ArD

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  24. Ah mais il n'est pas question d'abandonner Antipaméla à ses secrets !
    C'est fort aimable d'indiquer de compter le nombre de feuillets par cahiers : comme avec un bouffant, la prise en main de l'objet cachottier est essentielle.

    Notre ours a bricolé il y a deux siècles et demi entre 18 formats de papiers, 12 façons d'imposer, 6 manières de plier ou d'encarter, notre Tenancier ne consent à nous donner qu'un seul emplacement de signature et quelques mesures en centimètres, et c'est nous, qui devrions avoir les réponses !

    Je passe aux questions mais j'avertis que je n'ai pas la réponse.
    ArD : Qui a rogné Algérie ?


    Un mouton à lunettes.

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  25. En plus, je vais devoir fournir les réponses ???

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  26. Parce que vous pensiez vous en tirer comme ça, en nous cachant tous ces feuillets ?
    Ah, c'est bien méritoire d'être lecteur par les temps qui courent...

    Un mouton à lunettes.

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  27. Moi, je m'imaginais que j'allais faire un blog et rouler en corvette, peu de temps après.
    Je désillusionne.

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  28. Tiens donc, le Tenancier en viendrait à nous faire croire qu'il aime les Corvette. Remarquez, chers amis, que pour un breton comme notre Tenancier, vouloir devenir capitaine de corvette n'est rien que naturel.

    Otto Naumme

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  29. Ce n'est pas parce que l'on est d'origine bretonne que l'on a forcément un rapport avec la mer. J'ai des noms. Mais il faut dire également que j'ai des noms dans l'autre sens, y compris dans le passé d'Otto. Mais je n'ai plus les photos ! J'ai dû les lui rendre.

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  30. Vous di-graissez Tenancier...

    ArD

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  31. Bonjour,

    Débarquant à l'instant de chez Christophe Bohren, je ne puis hélas, présentement, prendre le temps de lire attentivement vos contributions dont l'allure générale (pour conserver un vocabulaire maritime) me semble hautement estimable, mais j'y reviendrai.
    Moi-même bouquiniste depuis une douzaine d'années (à Paris, M° Charonne), j'ai depuis longtemps résolu cette question du format des livres, mais il en reste en revanche une sur laquelle je bute sans cesse : celle du descriptif des reliures, et notamment des différents types de cuir. Chagrin, veau, maroquin, souvent je ne sais comment distinguer. Connaîtriez-vous un site susceptible de renseigner les bibliophiles sur ce point ?
    Désolé de me présenter ainsi en requérant, et merci de toutes façons.

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  32. Sinon, j'ai d'ores et déjà noté votre proximité avec l'ami Laucou (impossible de faire des liens en commentaire, ici ??), qui demeure non loin de chez moi malgré son récent déménagement à mi-temps, et me permets de signaler qu'il reste peut-être encore quelques exemplaires chez Mona Lisait des Mémoires de Lacenaire que vous vantez en colonne de gauche, rééditées depuis chez Corti.

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  33. Pour les différents cuirs, nous y viendrons un jour...
    En revanche, je déconseille fortement l'édition des mémoires de Lacenaire aux éditions Souffles qui sont très lacunaires (je possède aussi cette édition), si c'est de celle-ci dont vous parlez.
    Pour les liens avec notre cls chéri, il y en a ci-contre... on se verra sans doute un de ces jours à la Trolle ?

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  34. À la Trôle ? Au printemps prochain, alors.
    Désolé, mon coup d'œil était tellement rapide, hier, que j'ai confondu les deux éditions du Lacenaire, et cru que vous présentiez celle qui fut soldée, publiée chez Albin Michel, me semble-t-il (je ne l'ai pas sous les yeux). Celle de Corti est à l'évidence bien meilleure.

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