Salut ! Je m’appelle monsieur Barnabé Follope. Pendant
vingt cinq ans, j’ai été libraire à Montparnasse, 10, rue Delambre, juste
derrière le Dôme, la brasserie. À partir des années 1985-1990, je me trouve
victime de la crise du livre. La France ne lit plus. Les familles rêvaient de
bibliothèques, elles rêvent de surfer sur le web. Les femmes aimaient les
romans sentimentaux, elles body-buildisent, stretchent, se font épiler le
« maillot ». Les gosses étaient fans de B.D., ils le sont de jeux électroniques.
Les mecs s’offraient un recueil de textes érotiques, ils s’offrent un pack de
K7 pornos. L’écrit est mort, paix à son âme ! En 94, à cinquante-cinq
balais, je dois mettre la clé sous la porte. Qu’y faire ?... Et que
faire ?... Je pourrais vendre ma boutique et mon arrière-boutique que j’ai
aménagée en salle-de-bain-kitchenette-studio, et me retirer dans mes Pyrénées
natales. Je pêcherais la truite dans les gaves, je regarderais paître les
moutons et je respirerais l’air des cimes. J’estime, pourtant, qu’il est trop
tôt. Et j’estime, surtout, que la nécessité, cette amie nonchalante qui se
manifeste souvent de façon inattendue, va me permettre, à l’âge que j’ai de
réaliser mon rêve : ouvrir une agence de détective privé !
En tant que libraire, j’ai lu pas mal de livres, j’ai avant tout adoré les polars. Combien de fois ai-je rêvé d’être Dashiell Hammett, Nick Carter, Philip Marlowe ! J’ai fini par confondre ceux qui ont réellement vécu et ceux qui ont été inventés. Bogart n’est-il pas un héros de roman ? L’occasion est trop belle. Ma décision est prise. J’ouvrirai l’Agence, je serai mon maître, le seul et l’unique détective du bureau ! Comme ça, pas de discussion… pas de dissensions… pas de coups fourrés entre le boss et ses collaborateurs !... Unité de pensée, unité d’action ! J’ai quelques milliers de francs de côté, en moins de huit jours les changements qui s’imposent sont achevés. Je fais aménager à l’entrée de la boutique, grâce à trois panneaux de contreplaqué, une minuscule antichambre où je mets deux chaises ; dans le boutique elle-même, je fais occulter la vitrine par des stores vénitiens ; et sur la vitrine coté rue, je fais peindre en caractères américains (ça en jette !) l’inscription suivante :
BARNABÉ FOLLOPE
ANCIEN LIBRAIRE DÉTECTIVE PRIVÉ Tél/Fax : 01.43.25.12.50 (Voir infos suppl. sur la porte) |
(Pour George WF Weaver, qui est au téléphone)
Ca aurait pu être bien, comme extrait, si ce n'avait été un poil anachronique... Parce qu'en 90, les "familles qui surfent sur le Web", je voudrais pas dire, mais non, y'en avait pas... Faudrait rajouter une petite dizaine d'années avant que ça commence à décoller, cette affaire (mettons 97-98, de mémoire). Donc, à l'époque, une librairie qui chutait, c'était malheureux, comme aujourd'hui, mais pas à cause d'Internet. Ni même en 94, d'ailleurs.
RépondreSupprimerDu reste, s'il avait fallu attendre Internet pour que le clampin de base ne lise pas, ça se saurait... (et "clampin de base" n'a aucune connotation CSP, si je puis dire). La connerie n'a pas besoin de moyens technologiques (désolé, un peu fatigué, ce soir, ça finit par m'échapper...).
Otto Naumme
Oui, je crois que vous vous trompez de Faloppe, cher Tenancier — mais pardon, j'entends mal dans le cornet…
RépondreSupprimerSuis bien d'accord avec Otto, sur c't'affaire...
RépondreSupprimerLe "Wouèbe" comme support général de lecture capable de vider le tiroir-caisse d'un libraire, c'est même plutôt vers 2004, 2005, encore que sans la prétention arrogante d'aujourd'hui...
Mais il y a autre chose qui m'interpelle plaisamment dans ce p'tit texte, ce sont les femmes qui se font épiler le maillot...
Est-ce à dire que pour être lectrice et clioente de librairie il faut arborer généreuse toison ? C'est curieux et ça me fait bien marrer, moué...
Ou alors que les femmes qui lisent sur le net ont forcément le pubis rasé ? Alors là, ç'est encore plus curieux et ça me fait encore plus marrer.
Eclairez-nous là-dessus, cher Tenancier. Nous frémissons d'impatience...
Alors, comme ça, valeureux lecteurs, vous êtes aussi sourcilleux que des ayatollahs dès lors que la fiction fait une entorse à la réalité ou au faits ? Parce qu'en plus, il ne fait aucun doute à vos yeux que l'on puisse passer de libraire à détective sur le coup d'une simple lubie... ce que je trouve un peu plus fort de café que l'effarouchement de Bourgeade vis-à-vis du net, ceci étant l'expression assez fantasmatique de la perspective d'un bouleversement. Admettez en la matière que par delà les outrances et les approximations diablement malheureuses (moi aussi, j'ai relevé "l'épilation maillot"), il ne s'est pas trompé de beaucoup, en somme.
RépondreSupprimerC'est drôle, parce que vous posez par la bande la question de ce que doit être une fiction : doit-elle rendre compte, ce qui voudrait dire ici qu'elle doit également rendre des comptes ? Et à qui ? L'Histoire ? Le Sens commun ? La Raison ? A vous-même ?
Le passage ici était simplement l'occasion d'une rêvasserie de votre Tenancier à propos d'une libraire qu'il connaît assez.
Et comme d'habitude, vous m'avez chopé au passage !
N'empêche, je ne vous savais pas si rigoristes avec la réalité consensuelle...
Dois-je m'inquiéter ?
(Sinon, le bouquin n'est pas bon et ne vaut que pour cette entrée en matière.)
On aura rectifié : une librairie et non une libraire (le Tenancier ne fait pas de corporatisme dans ses relations, il préfère les idiotes pas farouches — mais je vous dis pas ce que je vais entendre, après ça...)
RépondreSupprimerRéalité consensuelle. Il en alla d'un tout petit espace que vous n'entriez dans mon champ lexical.. Ouf !
RépondreSupprimerJ'avoue avoir frémi.
Hi, hi ! Hi ! hi !
Qu'il est bête, ce garçon, pffff.
RépondreSupprimerDésolé, mais à propos de genre des noms, "espace" au sens typographique est au féminin.
RépondreSupprimerEt cela me rappelle que Bertrand envisageait récemment ma transformation en membre du beau sexe, donc votre lapsus est bien naturel, cher Tenancier que je remercie au passage pour cet hommage.
Détective… ma foi, pourquoi pas, mais je manque hélas cruellement des capacités d'enquêteur indispensables à l'exercice de cette profession — comme on a amplement pu le constater ici-même lors des Mystères de l'Abeille…
Au fait, où en est-on ?
«Je les préfère idiotes et pas farouches »... On frôle la réalité sensuelle des cons pas farouches. Le rigorisme de votre lectorat n'a d'égal que la finesse d'expression du Tenancier par la bande !
RépondreSupprimer__
Non, George, vous n'en avez pas encore fait le deuil ? c'est que je vais finir par culpabiliser à force, moi !
__
ArD
En plus, ArD, vous savez fort bien que ce n'est pas vrai, ce que j'ai déclaré...
RépondreSupprimerConfiteor...
RépondreSupprimerArD
Ah, mais vous pouvez culpabiliser, ArD !
RépondreSupprimerAutant m'atterreront toujours des ennemis du peuple qui proclament : "Il faut savoir terminer une grève", autant je ne comprendrai jamais qu'on n'aille pas au bout d'une série ludique et qu'on laisse en plan une création collective…
Cher Tenancier, vous voudriez donc une dissertation, genre "quel degré de liberté d'avec la réalité peut-on prendre dans une fiction, z'avez deux heures !"
RépondreSupprimerIl s'est pas trompé de beaucoup, dites-vous ? Bien... Je frémis d'avance (c'est le cas de le dire) de notre prochain rendez-vous...
Pour le reste, nous nous épargnerons toute pensée de mauvais aloi au sujet des rigueurs et de la consensualité. Que je préfère poivrée, pour ma part. (et non, on ne fera pas non plus celle sur la rousse aux petits roberts, non d'un Littré !)
Pour finir, cher Tenancier, faites ce que bon vous semble avec ces chères libraires, nous ne vous jetterons pas Lapierre.
Otto Naumme
Otto, je ne veux rien sinon, en matière de dissertation, deviser sur le confit d'oie à la place du confiteor.
RépondreSupprimerQuand je dis qu'il ne s'est pas trompé de beaucoup, c'est sous un certain regard "historique", tant il est vrai que l'on se goure toujours de Scipion lorsque l'on évoque les guerres puniques. Alors, les cassettes vidéo à l'heure du streaming, vous voyez, c'est que dalle, sous ce rapport.
Vous éviter des pensées de mauvais aloi reviendrait à vous empêcher de penser. Ce serai triste, même si cela nous soulagerait du côté de la vermotisation.
Ah ça je ne vous le fais pas dire, le confit d'oie est mauvais à l'oie ...
RépondreSupprimerArD
Pour le foie, il y a le charbon,
RépondreSupprimerpour la foi, il y a le charbonnier.
"tant il est vrai que l'on se goure toujours de Scipion lorsque l'on évoque les guerres puniques",
RépondreSupprimerça, c'est beau, Tenancier, et tellement vrai !
l'Africain ?
Pour George, espace au féminin. J'ignorais.
Et pour Renault, c'est quel genre ?
Re-hi ! hi! hi !
Cher Tenancier, toujours prêt à discuter avec vous de confit d'oie, bien sûr !
RépondreSupprimerAprès, oui, ce n'est pas une si "grave" erreur que cela, mais je considère quand même qu'un poil de rigueur ne nuit pas, en la matière. Quant au charbonnier, c'est si vrai que la foi s'exprime principalement dans la suie... (non, ce n'est pas de la vermotisation !)
Et, voyez, vous-même regrettez les approximations scipionnesques, finalement nous ne sommes pas si éloignés dans nos analyses...
Cher Bertrand, l'espace de Renault, c'est une "bétaillière à cathos", donc au féminin (une).
Otto Naumme
Pour Scipion, z'avez l'embarras du choix, Bertrand.
RépondreSupprimerUne fiction policière où l'auteur traite par dessus la jambe les conditions d'un changement vers l'état de détective peut, à ce moment, prendre des libertés avec ce qu'elle veut. La rigueur n'étant pas forcément la vraisemblance (ou alors faut arrêter de regarder Star Trek !)
Vous conjuguez le verbe "pinailler" à tous les temps, n'est-ce pas, cher Tenancier ?
RépondreSupprimerEt difficile de comparer un passé avéré avec un futur "possible" (hum...), non ?
Otto Naumme
Pourquoi ailler, cher Otto ?
RépondreSupprimerCela ne sied pas mieux qu'au confit d'oie !
Parce que, Otto, vous en faites un peu trop pour un texte qui n'est pas le meilleur de Bourgeade, c'est le moins qu'on puisse dire. Dans ce cas là, mieux vaut passer dessus négligemment et seulement goûter l'intention non de celui qui l'a écrit mais de celui qui l'a transmis.
RépondreSupprimerL'intention, Otto, tout était dans l'intention. Seulement, vous vous êtes arrêté à des considérations sur l'anachronisme alors que, en plus, c'était là l'expression d'un fhantasme préexistant dans certain milieux : la destruction du livre par le net... sauf que, maintenant, cela n'a pas pris la forme qui était crainte à l'époque. Bourgeade visionnaire ou anachronique ? Pas si l'on se souvient de ce qui se discutait alors... Vu que j'étais dans le bain à cette époque, je puis vous dire que de nombreuses conjectures se construisaient alors autour de cela, même si avec un modem 56 k on n'allait pas très loin de toute faàçon. Mais on ne peut pas empêcher quiconque de se projeter, n'est-ce pas ? Et c'est cela qui coince chez vous : seuls les faits comptes dans votre intervention. Or un écrivain parle moins de la réalité que de la formulation de préjugés ou de peurs (etc.) Vous seriez d'ailleurs étonné de voir à quel point votre "passé avéré" prend des coups dans la gueule, dès lors que la fiction s'en empare et cela sans aller jusqu'à l'uchronie. Il suffit de voir la reconstitution cinématographique des années 70 pour en être convaincu. A ce stade, que dire de la Rome de César (ou des guerres puniques, pour faire plaisir à Bertrand)? Bourgeade a pris un prétexte exotique et pas crédible à vos yeux pour transformer son libraire en privé. Or il ne l'était pas tant à ses yeux, il n'était simplement pas encore avéré, c'est tout, mais cette menace était crédible pour qu'il avance un tout petit peu l'horloge. Ce n'était même pas un pari puisqu'on en débattait déjà ! Le problème, mon cher Otto, c'est que nous sommes dans le domaine de la fiction et nous nous devons de suspendre les critères qui nous font aborder ce que nous savons de la réalité ou de ce qui s'est passé réellement. Dans ce polar, le net a gagné plus tôt et on devient privé en claquant des doigts. Si l'on accepte la convention, pourquoi pas, c'est un problème qui n'a pas à voir avec la réalité ni l'Histoire, mais avec la cohérence interne du récit. Bourgeade nous prévient d'entré que ce sera une expérience fantasmatique à base de téléphone rose... vous l'acceptez, ou pas. Mais faire des corrélations avec ce qui a pu réellement se passer est assez vain à mes yeux. Il n'a jamais existé de villes secrètes détenues par la pègre, que je sache, pourtant Hammett en a fait une novelette appréciée des amateurs (Cauchemar-ville, je crois). Ce qui vous ennuie peut être, c'est ce rapport avec la réalité qu'entretient le roman noir alors que vous savez fort bien que le travestissement y a également cours. En revanche, oui, je suis d'accord, c'est fort maladroit, comme texte. Mais encore une fois, c'était l'intention du passeur de texte et non le texte lui-même qu'il fallait considérer. Et je persiste à me dire que c'est un amusant télescopage lorsque l'on considère le lien vers le billet de George et aussi la situation de sa librairie...
George, votre jeu de mot est nul, je suis consterné et je souffre. Mais on souffre volontiers pour ceux que l'on veut comme ami.
Oula ! Cher Tenancier, vous vous emballez, là !
RépondreSupprimerJe n'ai jamais dit que le texte de Bourgeade n'était pas crédible, je ne le remets pas en cause dans son intégralité. Je dis juste qu'il comporte UN anachronisme. Et dit même que ce n'est pas bien important.
Après, vous le savez, j'ai plus tendance à être dans le factuel que dans l'interprétation, question de déformation professionnelle sans doute.
Quant au rapport entre roman noir et réalité, non, il ne me pose aucun souci, mais c'est le plus souvent l'histoire qui y est fictionnelle, pas l'environnement.
Et je suis bien désolé de vous avoir blessé en tant que passeur de texte, ce n'était évidemment pas la mienne, d'intention. D'autant que j'avais évidemment saisi la vôtre, j'avais bien compris le rapport avec ce cher George.
Bref, on ne va pas y passer la nuit, tout cela a déjà trop dérivé, je pense, par rapport au sujet initial de ce billet.
Une chose me frappe, dans ce que vous venez de dire : le monde de la librairie voyait venir l'émergence d'Internet à cette époque. Mais, tout comme dans la presse, j'ai l'impression qu'il ne s'y est pas passé grand-chose, que personne ou presque ne s'est intéressé à anticiper sur les évolutions que cela engendrerait. Je me trompe peut-être, je ne connais pas bien le monde de la librairie. En revanche, celui de la presse, oui. Et même celui d'une presse qui parlait à tout bout de champ d'Internet mais qui n'a rien fait (ou mal pour les rares tentatives) pour s'y adapter.
Et je sais également que si beaucoup de journaux sont morts, ce n'est pas tant de la faute d'Internet que de celle de ce qu'ils proposaient. Autrement dit, ils sont morts parce qu'ils n'étaient pas bons, plus adaptés à ce qu'attendaient les lecteurs (et qu'on ne fasse pas d'amalgame, ce que je viens de décrire n'a rien à voir avec une quelconque malhonnêteté ou autre truc du genre - on peut faire un mauvais journal avec conscience et déontologie, même si c'est mieux avec un ordinateur et un imprimeur...).
Ce qui rejoint sans doute quelque part l'une des problématiques de la librairie (et que vous aviez si bien décrite dans votre "pourquoi je ne retournerai pas...").
Pour finir, j'avoue que le lien vers le billet de ce cher George m'avait complètement échappé.
Je vais voir de ce pas...
Otto Naumme
Cher Otto, ce que vous décrivez est exactement cela !
RépondreSupprimerÇa y est, cher Otto, vous avez le quitus du tenancier (enfin). Et d'ailleurs, il suffit de s'interroger, en vous lisant, à quoi on corrèle ce qu'attendent les lecteurs : à ce que les autres proposent, à ce qu'on pourrait leur proposer, voire à ce qu'on ne leur propose pas... Et dire que tout ceci n'est pas le sujet du billet, pffff....
RépondreSupprimerBon, et puis, la fois prochaine, tracez direct chez George quand on vous le dit, hein ! Faut filer droit par les temps qui courent, ici... Et en plus, chez George, on en prend plein les ouïes pour deux bonnes heures.
ArD
Et, entre nous, avec la couche que vient de passer Otto chez George, la durée d'écoute va s'allonger d'autant (et aussi le délai d'affichage sur nos écrans !)
RépondreSupprimerAu fait, ArD, c'est "Tenancier", avec une cap'.
Oui, chère ArD, la formulation "ce qu'attendent les lecteurs" n'est pas des plus heureuses, personne ne sait ce qu'ils peuvent bien attendre. En outre, les plus grands succès commerciaux (tous secteurs confondus) ont souvent été ceux de produits ou services complètement inédits, que le public aurait bien été en peine d'attendre...
RépondreSupprimerUne meilleure formulation aurait consisté à dire qu'on pouvait analyser ce dont le public ne voulait plus - ça, on peut arriver à le déterminer. Après, de manière générale, j'ai tendance à penser qu'il ne faut pas se préoccuper de ce que pourraient éventuellement vouloir les gens, il faut d'abord et avant tout proposer un produit (ou service) qui vous plaise à vous même, en faisant en sorte qu'il plaise également à un nombre suffisant de personnes. Et là, il n'y a pas forcément de recette miracle...
Quant à vous, cher Tenancier, ravi de voir que nous nous comprenons ;-)
Et oui, fallait pas m'attirer sur ce genre de terrain, vous connaissez mon goût pour l'improbable (et l'inaudible, diraient certains...).
Otto Naumme
Bien, bien, tenancier, sauf que je maintiens que dans le cas de figure de mon commentaire, «tenancier» ne prend pas de cap. C'est un titre, pas un nom propre, donc on met une cap quand on s'adresse à al personne. Regardez, cher tenancier, remplacez donc par « président », vous ne mettriez pas plus de cap que de beurre...
RépondreSupprimerArD
Et vous croyez que ça m'impressionne ?
RépondreSupprimerDésolé de vous avoir fait souffrir, Tenancier : toutes mes excuses les plus plates.
RépondreSupprimerOtto, je crois comprendre que vous avez fait un détour par "Bide et Musique" pour dénicher tous ces morceaux…
Concernant la presse et la disparition de certains journaux, je viens d'avoir une intéressante discussion avec Jean-Luc Porquet, chroniqueur salarié au Canard et bénévole à Article XI.
Il m'a expliqué que Prestalys et les autres messageries ont récemment modifié de manière drastique le taux de taxation des invendus. Le Canard, qui tire à des centaines de milliers d'exemplaires, n'en a que 20% (le minimum, à ce qu'il semble), mais Article XI, qui tire à 10.000, a 80% de retours. Jusqu'à présent, la vente de 2000 ex. leur rapportait 2000 € mais dorénavant seulement 200 €, ce qui interdit à brève échéance la poursuite du journal. Plus le pourcentage d'invendus est important, plus ils sont taxés.
Avec ce système, tous les "petits" journaux vont rapidement passer à la trappe.
Cher George, non non, ce n'est pas un détour par Bide & Musique qui vous a valu cette petite liste, tout simplement un farfouillage dans mes archives.
RépondreSupprimerIl y a des choses, à mon goût, très bien dans ce que je vous ai sélectionné, d'autres moins supportables aussi, c'est vrai (même pour mes goûts pervers).
Mais c'est vrai que j'aime de nombreuses musiques quelque peu improbables...
Pour les "bouillons" (c'est le nom "technique" des retours de journaux), j'avais entendu parler de cette hausse de la taxation des invendus. Mais j'avoue être surpris par les chiffres. Quel est le prix de vente de "Article XI" ?
J'avoue que je ne vois pas bien comment ils peuvent ne serait-ce que tirer 10 000 ex. d'un journal (même sur mauvais papier) et le router pour moins de 2 000 € par numéro. (ce qui n'est pas une critique, juste un étonnement...)
Et 80 % de bouillon, c'est énorme, un journal "classique", c'est dans les 40-50 %, quand tout va bien.
Otto Naumme
Article XI coûte trois euros maintenant et est très pénible à trouver.
RépondreSupprimerArD
Oui, le prix a augmenté mais la pagination aussi, et ils sont passés à la quadri.
RépondreSupprimerLa liste des points de vente est disponible sur leur site, ici.
Merci pour le "terme "bouillon", cher Otto, il m'échappait hier.
Le journal leur coûte plus que 2000 € mais il faut compter aussi les abonnements (autour de 500, je crois) et le fait que beaucoup y vont aussi de leur poche.
J'ai mentionné "Bide et musique" à cause de l'expression que vous avez employée, "l'improbable et l'inaudible", qui ressemble fort à leur devise.
Encore merci, en tout cas, même si je n'ai pas encore eu le temps de tout écouter !
Je me demande s'il ne faut pas voir un lien de causalité entre le prix élevé des bouillons et le fait que certains magazines, en dehors des abonnements, vendent au numéro sur le net sans frais de port.
RépondreSupprimerArD
Je ne vois pas pourquoi, puisque les exemplaires ainsi vendus sont détenus, non par les messageries mais par l'éditeur.
RépondreSupprimerEt celui-ci est de toutes façons gagnant, même en offrant le port, par rapport aux pourcentages prélevés par le distributeur et le libraire lors de la vente en kiosque.
Oui, c'est ce que je signifiais en évoquant ce lien de conséquence plutôt que de causalité. J'ai dû mal m'exprimer.
RépondreSupprimerArD
Chère ArD, le prix élevé des bouillons s'explique en fait par deux raisons liées :
RépondreSupprimer- gérer le retour des bouillons (qui repartent chez l'éditeur ou vont au pilon, c'est selon ; la plupart du temps, c'est d'abord retour chez l'éditeur puis pilon au bout de x temps - voire tel pourcentage back to the éditeur, tel pourcentage au pilon) coûte cher, personnel, transport, gestion (combien d'exemplaires, etc.)
- deuxio, certains "titres" de presse "jouent" sur l'effet de présence en kiosque : regardez par exemple la presse "scientifique". En dehors des journaux connus depuis belle lurette et fonctionnant "normalement" (genre Science & Vie, Science et avenir... Il y en a d'autres), vous trouverez toute une brochette de "magazines" d'un contenu d'une vacuité absolue, plus ou moins repompé sur Wikipédia, et décliné sur cinq ou six titres différents mais tous proposés par le même éditeur. Ces éditeurs ne font pas d'argent sur la vente de ces trucs (on va dire que c'est accessoire, car ils vendent généralement peu de leurs torchons, qui de toutes manières ne sont pas destinés à durer plus de deux-trois numéros), mais par d'autres moyens, qui se basent sur le principe de mettre le plus de "papier" possible en kiosque. A la base, les messageries ont tenté de juguler ce phénomène (quand ces éditeurs prenaient plutôt pour principe de lancer un seul titre à n exemplaires en espérant en vendre 1/10e) justement par l'augmentation du coût du bouillon. Ce qui fonctionne toujours plus ou moins avec ces titres déclinés à l'infini. Mais cela n'empêche évidemment pas ces margoulins de continuer leur petit manège...
Ensuite, il y a aussi le problème lié au fait que le principe de base des messsageries (un côté "égalitaire", où la plus petite "feuille" est traitée sur un pied d'égalité avec le magazine se vendant le mieux) atteint ses limites, voire les a déjà dépassé depuis belle lurette (sans compter qu'il n'est plus appliqué "à la lettre" depuis bien longtemps...).
Cher George : oui, je pense que au vu de la distribution (et d'autres facteurs, sans jeu de mot), Article XI ne doit pas pouvoir fonctionner sans la bonne volonté de ses réalisateurs. C'est tout à leur honneur - même si certainement dur à assumer, économiquement parlant...
Quant à "l'improbable et inaudible", c'est surtout le résumé de nombre de réflexions entendues à l'écoute de certaines petites choses que je peux écouter, avec plaisir en ce qui me concerne. Demandez à ce cher Tenancier (par voie électronique, quand on lui en parle de visu, il se met à baver, ce qui en plus de n'être très réjouissant à voir, comporte des inconvénients, il en met partout...).
Otto Naumme
PS : la vente en ligne peut aussi avoir ses inconvénients - il faudrait vérifier que les exemplaires expédiés par le biais d'une telle vente bénéficient des mêmes tarifs de routage que les abonnements, je n'en suis pas sûr...