Poche scriptum

Les lecteurs de ce blog se souviennent sans doute d'un billet où je montrais mon enthousiasme pour les couvertures de la collection Great Ideas chez Penguin Books. En voici encore quelques volumes ci-dessous. Pour en apercevoir d'autres, conçues par le même designer, on cliquera ici en direction de son site.
Merci de nouveau à Eva Truffaut pour qui tout ce qui est image n'est point étranger.




17 commentaires:

  1. Cloche scriptum : le terme de «designer» me laisse circonspecte pour un si beau travail typographiquement graphique.

    ArD

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  2. C'est vrai... Trouvez-moi donc une autre appellation que je l'adopte...

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  3. À mon avis, nous avons affaire à un illustrateur typique, puisqu'il dessine et compose dans le domaine du livre.

    ArD

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  4. Ce n'est toutefois pas vraiment éloigné de la notion de designer, non ?

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  5. Le designer intègre dans son travail artistique la fonction ET la structure. À moins que Pearson n'élabore des couvertures qui ressemblent à des objets, il est à mon sens un illustrateur de covertures. Le propre de l'illustrateur est de composer dans le livre ou la revue.

    ArD

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  6. Il se définit pourtant lui-même comme un designer, sur son site.

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  7. il est en fait designer , illustrateur et finalement directeur artistique , il ne se cantonne pas à la création et l'habillage de livres , il a également des activités assez éloignées de l'édition et plus industrielles .
    pour penguin il n'est pas systématiquement le créateur illustrateur/typographe de toutes les couvertures mais il en fait un grand nombre et délègue à ses camarades et collègues artistes une partie des commandes

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  8. ArD, le terme "designer" n'a rien de péjoratif. On parle communément de "design graphique" pour des travaux d'arts appliqués, lorsqu'ils sont à deux dimensions ; on emploie aussi plus simplement le terme de "graphisme". On peut dire que Pearson est graphiste, on peut dire qu'il est designer, ou designer graphique (ces appellations, toutes relativement récentes, ne sont pas totalement figées...). Mais dire qu'il est illustrateur tout court me paraît incorrect. L'illustrateur, à mon sens, crée une "image" (qui sera intégrée à un livre, à une couverture, à une affiche), quand le terme "Graphiste" - ou designer graphique - recouvre un ensemble de fonctions : éventuellement créer des images (illustrations, logos...), mais aussi composer une surface (une couverture, une affiche, ou autre), intégrant des éléments et informations plus ou moins essentiels (image, texte, logo, etc). Ici on trouve bien le travail sur "la fonction et la structure" que vous évoquiez.

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  9. Je ne vois rien de péjoratif à Designer, bien sûr, mais dans le cas précis qui nous occupe —les couvertures de livres—, nous conviendrons que la couverture est une composante du façonnage du livre. Pearson n'intervient pas sur sa conception, donc il ne la designe pas.

    Je me méfie beaucoup des mots-valises fourre-tout qui intègrent le concept, la création, la fonction et parfois même le statut (directeur artistique, par ex.). À force d'entériner ces mots-valises, on se conforte dans la non-définition, voire dans la dilution.

    Illustrateur-typographe ou designer-graphique sont à mon sens des tautologies. Un illustrateur intègre forcément les notions de la typographie (sans être forcément typographe). Un designer introduit des applications graphiques dans son travail.

    Mon distingo intervenait initialement sur les termes Designer et Illustrateur. Vous introduisez le terme Graphiste et semblez dire que s'il y a cumul de fonctions, ce cumul aboutit à Designer graphique.

    Je ne ne veux surtout pas réduire le champ de compétences de Pearson et me limite aux couvertures. La frontière est subtile : je penche pour l'Illustration du fait qu'il s'agit du domaine du livre, par le biais d'un résultat image comme vous le mentionnez, et qu'il s'agit donc d'une compétence graphique très particulière. Tout graphiste ne peut se prétendre illustrateur et inversement.

    ArD

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  10. Euh... Et si je dis que je trouve simplement ces couv' très chouettes, je me fais pas taper, dites ?

    Otto Naumme

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  11. Bien sûr Otto, vous avez tout à fait raison de le dire !
    J'étais loin de me douter que j'allais provoquer un conversation aussi passionnante. Du point de vue du modeste libraire que je suis, je note que ce type de couverture réussit la performance de se distinguer fortement de l'ordinaire des collections d'ouvrages sur le même sujet. Dès le départ, on a une identité très forte sur une idée assez simple mais qui fait toute la force de son élégance : le jeu avec les lettres et leur agencement graphique, l'intégration d'une illsutrations très évocatrice du contenu mais d'un simplcité qui va jusqu'au symbole (comme pour le Saint Augustin). D'autre fois, c'est l'ornementation (je pense au Ruskin montré dans mon billet précédent) qui donne une indication considérable sur la nature et l'époque de l'originale du texte. On peut - et je vous lis avec plaisir sur le sujet - discuter de la nature du travail de David Pearson et du terme qui conviendrait le mieux à celui-ci. Néanmoins, il est incontestable que Pearson a une compréhension très fine des ouvrages qu'il est chargé d'habiller, avec une capacité de renouvellement qui fait que chaque couverture est une sorte d'événement. Votre serviteur ne maîtrise pas assez l'anglais pour comprendre la subtilité de certains contenus de cette collection. Mais qui n'a pas envie de posséder au moins une de ses couvertures, rien que pour le plaisir des yeux ?
    Pour l'instant, en tout cas, rien ne me convainc de changer le terme. Designer me semble approprié si on considère que ce métier est une sorte de mise en scène d'un objet, en ayant recours à différents éléments. Ici, pour les livres : l'illustration, la typographie, etc.

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  12. A propos de mots-valises, on peut remarquer que la travail graphique de Pearson se situe de toute évidence dans la filiation de la poésie visuelle, qu'on a pu nommer "calligramme", "typoésie", "poésure & peintrie", ...

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  13. Oui, certes, il y a une filiation mais pas tellement dans l'intention, selon mon point de vue, et je crois que cette intention est très importante. En effet, la forme de la poésie visuelle est intriquée dans le projet poétique. Ici, la couverture a valeur de commentaire voire de signe mais ne saurait ni se substituer ni ajouter quoi que ce soit à la teneur du livre sur le plan de sa signification ou de son message. Bien que la couverture soit complètement dépendante du sujet, montrant ainsi que je l'ai dit plus haut la vigilance de son créateur, elle est somme toute autonome parce qu'elle s'insère dans un projet plus vaste, celui du design d'une collection. Néanmoins, le travail d'un typographe, d'un designer, d'un écrivain, d'un poète, etc. peuvent se rencontrer sur un travail ponctuel, comme Massin autour de Ionesco, ou Queneau, par exemple...

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  14. ArD, pour le péjoratif, c'est votre circonspection de départ qui m'a fait croire que...

    Je pense que si valise il y a, c'est justement parce qu'un graphiste a intérêt a avoir de solides connaissances dans les différents domaines qu'il manie (qu'il soit ou non illustrateur - je veux dire spécialiste -, qu'il soit ou non typographe - idem). Un bon graphiste doit en avoir dans sa valise, sinon la catastrophe est possible. Une illustration sublime avec une typo mal choisie, un ensemble salement composé, et paf, ça ne vaut plus un clou. Dans ce cas la non-définition va dans le bon sens : reflet de la richesse du métier.

    Côté vocabulaire, pour moi graphiste ou designer graphique c'est grosso modo pareil, bonnet blanc et blanc du bon, du beau, Dubonnet. Mais il me semble que depuis quelques années l'appellation designer graphique a le vent en poupe.
    Les affichistes de la première moitié du XXe, on les appelaient illustrateurs, je crois, ou même affichistes. Les journalistes pouvaient se nommer publicistes. Il n'y a pas si longtemps, des imprimeurs éditaient (on y revient, d'ailleurs). Les modes changent, les outils aussi, et c'est naturellement que les fonctions se re-combinent : Dans le temps, les typographes maniaient le plomb, et ce n'était pas forcément eux qui dessinaient les logos - les imprimeries ne disposant généralement pas d'une variété suffisante de casses (c'est cher, le plomb) pour autoriser la fantaisie qui donne l'originalité indispensable au logo réussi. D'ailleurs, les logos étaient "plus illustration que typo" (c'est l'inverse aujourd'hui).
    Par contre un typographe pouvait, j'imagine, assurer côté maquette. Les peintres en lettre existaient. Le logo pouvait être une affaire de dessinateur, comme l'affiche. Etc.
    Mais revenons à nos moutons. Pour la couverture des livres, avant (avant l'Offset, et surtout avant la PAO), on ne pouvait pas tout se permettre, en tout cas pas à faible coût, texte et image n'étant pas nécessairement issus de la même matrice (En gros on s'autorisait soit un ensemble titre et image libre, alors dessiné puis imprimé, par exemple en litho. Soit une couverture avec typo au plomb - et donc lettrage d'apparence assez passe-partout -, et pourquoi pas une illustration insérée, un bois gravé par exemple). A cette séparation des taches correspondait une séparation des métiers.
    A présent, depuis l'arrivée en masse de la PAO, le mic-mac se répartit autrement. On génère la couverture sur ordinateur, avec totale liberté de formes, couleurs, typo, inserts, répartition des éléments. Changer la police d'un texte prends 3 secondes, les approches se règlent les doigts dans le nez, un caractère peut être déformé, adapté, et si on doit veiller à la finesse de l'ensemble, on est libéré d'une part laborieuse de la fonction de typographe, et de certaines contraintes. On peut se consacrer à l'aspect créatif de la chose (si certains n'avaient pas attendus les nouveaux outils pour s'y adonner, cette approche est devenue plus courante). La typographie n'est plus que rarement une profession (sauf dans le cas de la création de polices, qui est parfois une spécialité à part entière), elle est une part de la profession de graphiste. Les caractères sont eux-mêmes formes, symboles, avec un potentiel d'évocation, et ces aspects sont aujourd'hui utilisés plus fortement grâce à l'aisance apportée par les outils, et à la variété des caractères disponibles. Si on voit maintenant rarement de "purs" typographes, on croise par contre des graphistes/designer, maquettistes, qui sont excellents dans ce domaine.

    Mais pardon, je m'étale.

    Par contre illustrateur-typographe, ça ne va pas toujours de soi. Certains illustrateurs sont uniquement dessinateurs, fournissant une image à la commande, sans forcément savoir de quelle façon elle s'insérera dans un ensemble...

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  15. On regrette cependant que nombre de graphistes ne connaissent pas assez les règles typographiques. On trouve encore ça et là des choses surprenantes.

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  16. Merci CBP pour cette argumentation fournie et modulée qui pose bien le problème de terminologie, en partie liée à la fusion des métiers elle-même liée à l'évolution des outils. (La session des Rencontres de Lurs, en 1994, aurait répertorié une quarantaine d'appellations.)

    La chose est si peu simple que même un illustrateur, comme vous l'écrivez, peut être un simple dessinateur.Ce qui le caractérise comme illustrateur réside donc dans son domaine d'application ?


    Finalement, Pearson produit des couvertures qui «font sens» et fait bien son boulot ;-)

    ArD

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  17. Etant moi-même illustratrice (auteur d'images, donc), je n'ai pas reçu de formation de graphiste ou de maquettiste, et j'ai souvent du le préciser. Je m'y suis mise depuis que les ordinateurs le permettent de façon prodigieusement plus facile, mais il reste la maîtrise des logiciels, pas toujours évidente, et l'apprentissage sur le tas, puisque une bonne idée ne fait pas toujours une bonne maquette, alchimie subtile entre les polices, l'image ou les images, et l'espace.
    Ces couvertures de livres sont très réussies, effectivement.

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