« De qui est ce paragraphe que je vous joins ? J'ai mis "Il" à la place du prénom du personnage pour ne pas trop guider le lecteur. »
Il se rappelait avoir entendu dire que lorsque, à la guerre, les soldats subissent dans leurs retranchements le feu de l’ennemi et sont réduits à l’inaction, ils s’appliquent à quelque occupation pour supporter plus facilement le danger. Et tous les hommes, à ses yeux, agissaient comme ces soldats ; tous ils essayaient de fuir la vie : qui courait après les honneurs, qui avait recours au jeu, qui à la rédaction des lois, qui aux femmes, qui aux chevaux, qui à la politique, qui à la chasse, qui au vin, qui aux affaires publiques. « Il n’y a rien d’insignifiant, et il n’y a rien d’important. Tout se vaut pourvu seulement que je puisse échapper à ELLE d’une façon ou d’une autre, pourvu que je ne LA VOIE pas, cette terrible vie. » |
Bertrand Redonnet
Trop facile : Blaise Pascal, évidemment !
RépondreSupprimer(ah zut ! ce n'est pas du tout son style…)
Bon, au rebours du "Diagnostic littéraire à l'aveugle" des Papous, je m'aventure sur cinq noms :
RépondreSupprimer— Stendhal
— Sartre
— Drieu
— Montherlant
— Queneau
C'est-y un de ceux-là ?
Eh bien, je n'en sais pas plus que vous George, mais c'est vrai que ça ressemble fort à la rubrique des "Papous", tout ça et ce n'est forcément pas pour me déplaire, quant à moi.
RépondreSupprimerJe trouve que l'allusion à la guerre fais plus référence à la Première qu'à la Seconde. Quant à l'énumération, elle fait état d'une sorte d'épicurisme qui n'est pas vraiment attachée au livre - sans doute parce que le livre, c'est tout de même du boulot, pour l'auteur - et qui marque bien les préoccupations de l'auteur : chasse, vins, femmes, etc.
Je pense forcément à Hemingway et je me demande si ça ne pourrait pas être tiré de L'Adieu aux armes à ceci près que le conflit semble être évoqué comme une chose passée, ce qui n'est pas vraiment le cas du roman que je cite. Un autre roman de lui, diable, lequel ?
Sinon, je penserais bien également à Faulkner, mais ce n'est pas son style.
On peut poser des questions, Bertrand, ou faut trouver sans aide ?
Heu, François Bonbon ? Oui, ça va... je sors...
RépondreSupprimerOh, mais loin de moi l'idée de songer à la Seconde, cher Tenancier !
RépondreSupprimerLisez donc à voix haute ce segment de phrase :
"Tous ils essayaient de fuir la vie : qui courait après les honneurs, qui avait recours au jeu, qui à la rédaction des lois, qui aux femmes, qui aux chevaux, qui à la politique, qui à la chasse, qui au vin, qui aux affaires publiques"
Cela sonne beaucoup plus fin-de-siècle que post-WW II, non ?
(bon, d'accord, je me contredis complètement et sans doute me gouré-je derechef...)
En tous cas, parmi toutes ces courses qui nous réjouissent et nous perdent, je n'ai jamais guigné que les deuxième, quatrième et huitième...
Je ne ressens point trop le style fin-de-siècle pour ma part, et j'aurais tendance à pencher pour un ouvrage étranger dont nous est proposée ici une traduction plutôt récente. Quelque récit d'Europe de l'est ?
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerVenant de Bertrand, ce ne serait pas trop étonnant, cette idée d'un écrivain de l'Est.
RépondreSupprimerGeorge, quand j'évoquais la Seconde je ne songeais nullement à vous répondre (à quoi d'ailleurs ?). En tout cas, je me joins à SPiRitus qui ne ressent pas cela comme un machin finiséculaire (enfin concernant plus exactement le siècle intéressant, le dix-neuvième).
Enfin, à voix haute ou Mezzo Voce, ça ne le fait pas pour moi.
En tout cas, et d'après vous, Messieurs, peut-on songer plutôt à un écrivain post Première Guerre Mondiale ?
RépondreSupprimerJe pencherai effectivement pour un écrivain post première guerre mondiale. Et même post seconde guerre mondiale.
RépondreSupprimerAh bon ?
RépondreSupprimerIl est vrai que nous n'avons guère que des indications stylistiques, car le texte lui-même peut être en décalage avec le contexte de la création.
Alleeeez Bertrand, une petite indication, siouplaît !
Dans le paragraphe cité, rien n'indique que le personnage ait participé à la guerre : il se rappelle simplement de ce qu'il a entendu dire à propos de la réaction des soldats réduits à l'inaction. L'action du récit doit donc être bien postérieure. Par ailleurs, certaines formulations assez désespérées comme "il n'y a rien d'insignifiant, il n'y a rien d'important" ou le "Tout se vaut", m'apparaissent teinter d'un pessimisme absurdo-existentialiste très post-2nde-guerre-mondiale.
RépondreSupprimer... l'inaction, alors faisant penser à la "drôle de guerre" ?
RépondreSupprimerSartre, alors, comme le suggérait, George ?
Personnellement, je persisterais à miser sur un auteur étranger traduit. Ou pourquoi pas Bertrand lui-même ?
RépondreSupprimerN'oublions pas que le prénom du personnage aurait pu être un indice pour le lecteur.
RépondreSupprimerOn peut donc supposer que c'est un « classique », un de ceux dont on identifie le(s) personnage(s) sans forcément avoir lu le roman.
Quand je dis ça, je ne dis pas grand-chose :)
A moins qu'autofiction, le récit use du prénom de l'auteur pour son personnage principal.
RépondreSupprimerEt pourquoi pas Gombrowicz, dont on a parlé ici même récemment ?
RépondreSupprimerEt pourquoi pas Aragon ? Aurélien, par exemple ?
RépondreSupprimerJ'ai également pensé à Nizan (mais je serais incapable d'expliquer pourquoi).
RépondreSupprimerCe qui figure dans les guillemets, est-ce un propos qu'on prête au personnage ? une citation ?
RépondreSupprimerJe puis garantir qu'il ne s'agit pas de Gombrowicz : ce n'est pas son style, et la teneur du propos ne reflète guère ses préoccupations majeures.
RépondreSupprimerRestent Bruno Schulz et Witkiewicz, à suivre la piste polonaise de l'entre-deux-guerres;
Je pense que Michèle a raison, concernant le prénom : Antoine (Roquentin, mais ça ne marche pas puisque La nausée est écrit à la première personne), Valentin (Brû), Pierrot ou Aurélien, en effet, ça nous aurait tout de suite mis la puce à l'oreille.
Et en ce qui concerne la phrase entre guillemets, il me semble que c'est un propos que le narrateur attribue aux hommes en général, qui pourrait être précédé de "C'est comme si chacun pensait : …, etc."
Sinon, bien d'accord avec la remarque de SPiRitus : rien n'indique que le narrateur ait porté l'uniforme en temps hostiles. En revanche, cette histoire d'inoccupation date le texte puisque je ne vois guère que la drôle de guerre, où les soldats aient ainsi été désœuvrés. Mais il est vrai que le segment "les soldats subissent dans leurs retranchements le feu de l’ennemi" évoque plutôt les tranchées de la Grande Guerre…
Mais surtout, je m'étonne que Bertrand ne réagisse pas !
En tout cas ce n'est pas tellement gai.
RépondreSupprimerEmmanuel Bove ? Même si cela me semble trop sentencieux pour être de sa plume ?
RépondreSupprimerAvec le segment qu'évoque George WF Weaver, je penserais plutôt à la Ligne Maginot de 1940 (ce qu'en révèle le magnifique roman de Jean-Luc Seigle, "En vieillissant les hommes pleurent" (Flammarion 2012).
RépondreSupprimerÇa ne donne toujours aucune indication de l'auteur possible.
Ce qui me fait penser qu'on n'est pas dans du très contemporain, ce sont (outre le style) ces passions-occupations qui sont celles d'un temps où le Temps existe, en même temps qu'on ne semble pas dans une interrogation sur le pourquoi de la littérature (d'où l'absence de l'écriture et de la lecture dans l'énumération, davantage que parce qu'il s'agirait d'un travail pour l'auteur).
Tous et toutes, veuillez m'excuser de n'être pas intervenu plus tôt. J'étais en vadrouille...
RépondreSupprimerVos recherches et supputations sont excellentes mais...
Trois brûlent cependant : Spiritus, oui, un ouvrage traduit et Michèle, oui, un classique, un grand, un très grand classique, et c'est la raison pour laquelle j'ai tu le nom du personnage.Et aussi, belles remarques quant à l'anachronisme léger qu'indique l'énumération...
Et puis, une guerre dans les pays de l'est, oui, Spiritus et cher Tenancier...
Michèle, les guillemets marquent une réflexion intérieure du personnage.
Bon, alors, une guerre, avant la première ( ce qui est étrange en soi) et dans les pays de l'est ?
Une indication de taille : nous sommes en quelle année , là, en ce moment ?
Amitiés à tous.
Là, j'en dis beaucoup..
Guerre et Paix ?
RépondreSupprimerEuh... Guerre et Paix ?
RépondreSupprimer(Copieuse !)
RépondreSupprimerHé oui, Guerre et paix, Tenancier et... Moons !
RépondreSupprimerUn classique, c'est le moins qu'on puisse dire et que je suis en train de relire pour la troisième fois en trente ans. Oui, c'est un peu de la folie, mais j'avais envie de relire ce livre ici,à l'est. J'y découvre des choses que je comprends mieux...
Le prénom escamoté est celui de Pierre et le paragraphe se situe après ses désillusions sur la franc-maçonnerie, après son mariage catastrophique, alors qu'il éprouve une sorte de dégoût vis à vis de sa vie d'aristocrate, inutile, superficielle, baignant dans la luxure.
Vers la fin du premier tome.
J'ai relevé ce paragraphe parce que, à mon sens, on peut mettre dans l'énumération tout ce qu'on veut, en l'adaptant à uen époque et à un milieu.
C'est presque un passage situationniste.
Tolstoi situ, qui l'eût cru ?
Guère épais, ce petit roman : on aurait pu y songer plus tôt…
RépondreSupprimerMais je ne lis rien de situ dans le passage que vous évoquez, cher Bertrand : le thème du divertissement n'entre guère dans la critique construite par Debord et ses petits camarades…
En revanche, comme le faisait remarquer SPiRitus, il y a une tonalité pré-existentialiste assez stupéfiante pour un ouvrage du XIXème (d'autant que les existentialistes fréquentaient plutôt le VIème…)
Oulala, comme on se trompe ! Tolstoï, dites donc ! Et de qui est la traduction ?
RépondreSupprimer« C'est d'la tôle, c'Toy Story ! », entendait-on naguère dans les studios Pixar.
RépondreSupprimerGeorge, c'est lamentable, vous devriez avoir honte ! Même Otto en ose pas des comme ça !
RépondreSupprimerSPiRitus, oui, ça rejoint les diverses discussions sur la traduction que nous avons eues céans.
Mais vous n'ignorez point que je suis un bon vivant, cher Tenancier : dès qu'il se peut, je suis l'âme en table !
RépondreSupprimerEt au fait, vous remarquerez que c'était moi qu'étais le plus proche d'avoir bon (pas François), avec Stendhal…
RépondreSupprimerDites-donc, Tenancier, hop au piquet ! Et merci à Bertrand.... Sans l'évocation de la date....
RépondreSupprimerOui, il est vrai qu'on n'a pas toujours le choix dans la date, hélas !
RépondreSupprimerVous vous dissipez George. Il ne me semble pas que la contrepéterie ait été au programme de l'année ! Au piquet aussi !
SupprimerLa maitresse
En l'honneur de Bertrand, je propose un toast, oye !
RépondreSupprimerJe relis votre introduction, cher Tenancier, qui commence par cette phrase : « Tout le monde se pique au jeu. »
RépondreSupprimerPermettez une opinion divergente, car je n'ai jamais vu d'héroïnomanes pratiquer ouvertement leur vice dans les casinos.
Oh, qui paie ?
RépondreSupprimerM'dame, c'est pas juste !
Vous m'aviez naguère décerné le premier prix d'archéologie pour avoir empli de fouilles les caisses !
[Bon sang, mais que fiche donc Otto ? Tout ça, c'est pour son éducation…]
En plus, mon père est gay.
N'agacez pas la maîtresse, c'est bientôt la rentrée !
SupprimerN'amassez pas la traîtresse, c'est bientôt l'haranguée ?
RépondreSupprimer[On n'est pas loin du Brassens cher à Bertrand, mais pourtant je crois pas avoir bon — et puis quand le hareng sort, c'est plutôt pour atterrir chez Charles Cros…]
On ne s'esclaffe pas souvent sur internet, mais là... Quelle bande de joyeux drilles s'égaie en votre salon, cher Tenancier ! Et ça fait du bien, ma foi !
RépondreSupprimerCher George, prince de la contrepèterie, je pensais au joyeux Vaneigem plus qu'à l'austère Debord (paix à son âme) en mettant dans l'énumération, par exemple, consommation,cinéma,etc...
Je note qu'effectivement avec Sytendhal, vous étiez le plus près..
Spiritus, La traduction est de Boris de Schloezer, avec un magifique préface sur l'art de traduire , justement. je vous la conseille. On y apprend notamment que "Guerre et paix" est écrit dans une langue absolument dénué de style, avec de nombreuses entorses au Russe. De même que "Les frères Karamazov" de qui on sait.
Alors, qu'est-ce qu'un grand livre ? Je vous le demande bien ...
Il faudrait fouiller plus avant pour vraiment savoir...Mais, hélas, on sait comme est inabordable pour nos bourses le coût des fouilles. ( ça, c'est pour George)
Et pardon pour les nombreuses entorses à la langue commises dans mon com...
RépondreSupprimerJ'me prendrais t-y pour Tolstoi ?