La collection 10/18 comprend aujourd’hui cinq séries : « Domaine étranger », « Domaine français », « Grands détectives », « Fait et cause » et « Bibliothèques 10/18 ».
C’est vers la fin des années 1980, me semble-t-il, que chaque volume publié s’est retrouvé estampillé sous l’une ou l’autre de ces séries (il en existait à l’époque une autre, excellente : « Nuits blêmes »). Tel n’était pas le cas au début de cette entreprise éditoriale : les volumes paraissaient sous la seule marque « 10/18 », sans autre indication particulière. Tout au plus pouvait-on constater que les premiers catalogues proposaient un classement thématique qui répartissait les volumes parus entre « Philosophie, essais et grands textes politiques », « Textes religieux », « Histoire et sciences sociales », « Sciences », « Textes classiques », « Romans et textes contemporains », « Documents et témoignages » et « Récits et romans d’action », mais il n’y avait nulle mention de sous-collection sur les couvertures.
La vogue des séries en 10/18 atteint son apogée dans la deuxième moitié des années 1970. En 1978, outre les actes des colloques de Cerisy-la-Salle, les Cahiers Jussieu et les anthologies de la Revue d’esthétique, d’Arguments et de Socialisme ou barbarie, on en comptait pas moins de quatorze, plus ou moins fournies :
— « esthétique », dirigée par Mikel Dufrenne — « l’appel de la vie », dirigée par Francis Lacassin (intégrale de Jack London, mais aussi du Kipling et Constantin-Weyer) — « l’aventure insensée », dirigée par Francis Lacassin (Le Rouge, Conan Doyle, Stevenson) — « bibliothèque asiatique », dirigée par René Viénet — « féminin futur », dirigée par Catherine B. Clément et Hélène Cixous — « fins de siècles », dirigée par Hubert Juin — « s », dirigée par Bernard Lamarche-Vadel (ouvrages de philosophie contemporaine, d’esthétique et de critique littéraire) — « 7 », dirigée par Robert Jaulin (anthropologie, ethnologie) — « rouge », dirigée par Jean-François Godchau et Alain Brossat — « noir et rouge », dirigée par Max Chaleil — « la voix des autres », dirigée par Stanislas Adotevi et Robert Jaulin (textes francophones d’auteurs africains) — « cause commune », dirigée par Jean Duvignaud (revue publiée en 10/18) — « la nation en question », dirigée par Alain Le Guyader et Riwanon Jaffrès — « Jules Verne inattendu », dirigée par Francis Lacassin |
Mais les premières séries, très éphémères, virent le jour dès le milieu des années 60. Ce furent, par ordre chronologique, « L’inédit 10/18 » (romans contemporains plutôt expérimentaux), « Bibliothèque 10/18 » (classiques plus ou moins oubliés), à ne pas confondre avec l’actuelle série « Bibliothèques 10/18 », et « Unesco 10/18 », consacrée au patrimoine artistique mondial. En 1969, seuls subsistaient encore quelques titres de la série « Bibliothèque 10/18 », avant une brève résurgence de celle-ci quelque temps plus tard (cf. infra).
Cette série avait fait l’objet d’un soin particulier : les ouvrages étaient cousus, le papier de bonne qualité (les exemplaires qu’on trouve de nos jours ne présentent presque aucune trace de vieillissement), les couvertures étaient sobres, avec une discrète illustration sur fond blanc. En voici la liste numérique :
— 261-262 : Abbé Prévost : Histoire d’une Grecque moderne. Présentation par Robert Mauzi — 263 : Hölderlin : Remarques sur Œdipe / Remarques sur Antigone. Présentation par Jean Beaufret — 264 : Sainte-Beuve : Mes poisons. Présentation par Henri Guillemin — 265 : Jean Cocteau : Entretiens avec André Fraigneau — 272-273-274 : Senancour : Oberman. Présentation par Georges Borgeaud — 281-282 : Amiel : Journal de l’année 1857. Texte édité et présenté par Georges Poulet — 293-294-295 : Louvet de Couvray : Les Amours du Chevalier de Faublas. Présentation par Michel Crouzet — 308-309 : Joseph Joubert : Pensées. Présentation par Georges Poulet — 321-322-323 : Le Romantisme allemand. Études publiées sous la direction d’Albert Béguin — 331-332 : Madame de Staël : Dix années d’exil. Présentation par Emmanuel d’Astier — 337-338 : Fontenelle : Histoire des oracles. Présentation par Willy de Spens — 348 : Léon Chestov : L’homme pris au piège. Présentation par Boris de Schloezer — 368 : Edmond Dujardin : Les lauriers sont coupés. Introduction par Olivier de Magny. Préface de Valery Larbaud — 373-374 : Novalis : Henri d’Ofterdingen. Présentation par Julien Gracq — 375-376 : Jean-Paul : Vie de Fibel. Traduction et présentation par R. Kopp et Claude Pichois — 391-392 : Lamarck : Physiologie zoologique. Présentation par Jean-Paul Aron — 403-404 : D.-H. Lawrence : Homme d’abord. Essais choisis et présentés par Marcel Marnat. Traduction par Thérèse Aubray (À partir de ce numéro, je ne dispose plus de précisions sur les préfaciers) — 405-406-407 : Stendhal : Romans abandonnés — 414-415-416 : Hölderlin : Hypérion ou l’ermite de Grèce — 419 : Nikos Kazantzaki : Ascèse |
Le catalogue de l’automne 1975 mentionne en outre sept autres titres, non numérotés, qui étaient déjà annoncés comme étant parus en 1973, selon la liste que j’ai trouvée dans le n°760, La contre-révolution bureaucratique. La collection est alors dirigée par Olivier de Magny.*
— Maurice Scève : Œuvres poétiques complètes (2 tomes) — Custine : Aloys. Précédé de : « Un martyr du romantisme : Custine », par Philippe Senart — Balzac, Baudelaire, Barbey d’Aurevilly : Sur le dandysme. Présentation par Roger Kempf — Georg Büchner : Lenz, Le messager hessois, Caton d’Utique, Correspondance. Traduit de l'allemand par Henri-Alexis Baatsch. Préface de Jean-Christophe Bailly — Diderot : Essai sur les règnes de Claude et de Néron (2 tomes). Présenté par Roger Lewinter — Saint Ignace de Loyola : Les exercices spirituels. Préface de Roland Barthes — Louis-Claude de Saint-Martin : L’homme de désir. Édition établie et présentée par Robert Amadou |
Dans le catalogue qui clôt la réédition du n°663 (The favourite game de Leonard Cohen, 1ère éd. dans la collection en 1972) imprimée le 20 mai 1976, un titre supplémentaire complète cette liste, sans numéro lui non plus :
— Gerard-Manley Hopkins : Carnets – Journal - Lettres. Traduits et présentés par Hélène Bokanowski et Louis-René des Forêts** |
Dans le catalogue suivant que je possède, daté du 31 décembre 1977, plus aucun de ces titres n’apparaît et la collection n’est même pas mentionnée.
Note du 11 mars 2011 :
* Merci à Adria Cheno, qui par ses commentaires a permis de préciser des noms de préfaciers ou traducteurs.
** Merci à Francis Ester d’avoir reproduit la couverture de ce volume dans sa propre sélection — Nos 10/18 (14e partie) —, ce qui nous a permis de préciser les responsables de cette édition.
Très beau travail de notre cher ami George.
RépondreSupprimerMais l'on en vient à se poser une question : qui possède une collection intégrale des 10/18 ? Et est-ce raisonnable de penser que quelqu'un l'ait fait, au vu de la disparité des ouvrages la composant ?
Vous avez deux heures avant que je ramasse les copies.
Otto Naumme
@ George Weaver : travail d'entomologiste, bravo.
RépondreSupprimerLes 10 x 18 mériteraient à eux seuls un 10 X 18 de ce genre !
@ Otto Naume : vous me faites penser au film de Bertrand Blier "Préparez vos mouchoirs" (1978), rediffusé à la télé il y a deux mois environ, avec Gérard Depardieu et Patrick Dewaere : ce dernier possède chez lui l'intégrale de la collection du "Livre de poche" et est capable, au simple énoncé d'un numéro, de donner le titre et l'auteur de l'ouvrage correspondant !
Il y aurait un billet à rédiger sur le sujet, Dominique puisque l'un des personnages de Tchao Pantin possédait l'intégrale des Que-sais-je ? de son côté. Je l'ai du reste évoqué dans un billet récent. Pour ma part, je n'ai que des petites séries complètes et elles sont fort spécialisées. Corollaire de la question de M. Otto, qui possède des collections complètes ? Je ramasse aussi les copies, mais pour le blog (avé des images, c'est plus joli) !
RépondreSupprimerC'est fort aimable à vous, Tenancier, de faire à ce billet l'honneur d'une nouvelle édition alors que je n'ai précisé que de menus compléments qui doivent d'ailleurs presque tout à Adria.
RépondreSupprimerUn détail : "Kempf" est passé inopinément à la ligne, dans Sur le dandysme.
Dominique et Otto : merci pour les compliments. Il faudrait maintenant poursuivre de même pour les autres séries.
J'ai d'ailleurs reçu en privé un mèle de quelqu'un qui cherche depuis longtemps à reconstituer l'intégralité des titres de la série "bibliothèque médiévale", dirigée par Paul Zumthor — série qui n'est pas mentionnée dans la liste ci-dessus parce qu'elle n'a été créée qu'après, au début des années 80.
Concernant les collections complètes, je n'en ai personnellement aucune mais en revanche j'ai rencontré bien des gens qui cherchent à compléter les leurs. Très souvent (mais de moins en moins) des collections policières (Série noire, Le masque, Un mystère, etc.) ou de science-fiction (Anticipation période "fusées", Le rayon fantastique, Chute libre…) mais aussi Le livre de poche (avec une limitation, tout de même : les 1000 premiers, généralement), les livres-club des années 50 ou les cartonnages Bonnet, et tout récemment quelqu'un à qui il ne manque que 18 ouvrages de la collection Soleil (Gallimard) sur les 347 publiés…
Ah, et concernant l'intégrale des 10/18, cher Otto, vous oubliez la conclusion de mon premier billet sur le sujet. Il est au moins une personne qui la possède — si du moins elle vit toujours — : l'ancienne secrétaire de Bourgois.
RépondreSupprimerCorrigé, George.
RépondreSupprimerDanke schön ! "Kempf" aurait fait fureur, si par mégarde il avait été précédé de "Mein"…
RépondreSupprimerHum.
Je préfère Mein Camphre, sans doute parce que j'ai fait de la radio.
RépondreSupprimerCher George, effectivement, j'avais oublié cette anecdote, pourtant fort savoureuse.
RépondreSupprimerEt j'agrée (de gymnastique, pour sûr), ce sont souvent les collections "spécialisées" qui attirent le fan fondu (pléonasme ?) en quête d'intégrale.
Chers Dominique et Tenancier, cela m'avait également échappé, ces personnages possédant des collections complètes dans ces films (que j'ai vus il y a fort longtemps). Peut-être est-ce du à un scénariste envieux rêvant d'une telle collection ? On sait où les perversions peuvent aller se cacher...
Otto Naumme
C'est du belle ouvrage tout ça ; et comme je suis très influençable, je suis surement un des rares a posséder une centaine de titres 10/18 au Québec ... cela reste a confirmer... question de flatter ma vanité. Mise a part Bravo ! Et comme suggestion, les éditions Plasma étaient tout aussi aristocrate dans sa sélection, sur l'Alamblog on y trouve une bibliographie, sans couverture par contre, si cela vous dit de...
RépondreSupprimerK.L.V., vous verrez sur le côté droit de ce blog un lien permanent vers l'Alamblog.
RépondreSupprimerNous attendons votre sélection de 10/18, donc, sachant qu'il vous faudra attendre un peu avant de la voir dans nos colonnes. Un clic sur le tag "10/18" vous montrera le chemin accompli par les lecteurs de Feuilles d'automne...