De la pagination

S’il n’existe pas de règle précise pour ce qui concerne la description des livres sur internet - et ailleurs - de la part des libraires, il est curieux de constater quelques fois le manque foncier de logique dans certaines notices bibliographiques. De nombreuses fois, il nous a été donné de lire des descriptifs faisant part d’un curieux nombre de pages. Pourra-t-on expliquer un jour par quel miracle on trouve des livres présentant un nombre impair de ces dites pages ? A vrai dire, la raison en est fort simple, la plupart des libraires ne prennent pas la peine de compter les feuillets mais de suivre seulement la pagination indiquée. Tout un chacun peut vérifier au premier livre qui lui tombe sous la main que cette pagination ne va pas jusqu’au bout. Elle s’arrête parfois au sommaire, parfois à l’achever d’imprimé. Il existe donc parfois une disparité prononcée entre le nombre annoncé et le nombre réel de pages dans un livre décrit sur les sites de vente spécialisés. Pour notre part, nous avons résolu de rendre compte du nombre réel de feuillets et par la même du nombre réel de pages. À cela il y a une raison élémentaire. Par le passé, nous nous sommes exprimés ici sur le format des livres et sur la difficulté de rendre compte des dimensions d’un ouvrage à partir d’une feuille imprimée, de son pliage et de son assemblage en plusieurs folios. Une des conditions de cette description tenait dans la connaissance du nombre de pages dont était composé le livre. Or que cette notice donne un nombre impair de pages, néglige les pages non numérotées ou même parfois ne tient pas compte du foliotage spécial des textes de préface (souvent en chiffres romains), par exemple, et c’est toute l’évaluation d’un format qui peut être remise en question. On ne peut qu’inciter le lecteur à revenir sur la question du format déjà évoqué dans ces colonnes pour s’en rendre compte (*).
On rencontre volontiers cette façon de décrire le nombre de page des ouvrages chez les bibliothécaires qui, eux, n’ont guère à se soucier de la description physique d’un livre. (En effet, celui qui connaît le passage des brochures à l’atelier de reliure de la plupart des bibliothèques, a une vision à peu près fidèle du cauchemar d’un bibliophile.) Reconnaissons par ailleurs que ce comptage des pages pour des ouvrages courants peut s’avérer fastidieux et que l’on perd parfois quelques minutes à ces opérations pour des ouvrages d’un revenu modeste. Mais alors qui fera la différence entre une description fidèle au nombre réel de page et la pagination indiquée sur le livre ? Le prix ? Bien avisé celui qui fera la différence entre les libraires et les catégories de prix. Pour notre part, nous avons résolu de décrire le livre physiquement, comme pourrait sans doute le faire un fabricant du livre quelle que soit la qualité de celui-ci. C’est pour cela qu’on trouvera très souvent les livres vendus par la librairie avec un nombre supérieur de pages aux mêmes décrits par les confrères…
C’est ainsi que le Tenancier fait montre de son infini snobisme…

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(*) le sujet, vaste, avait été divisé en trois volets :
- Du format des livres I
- Du format des livres II
- Du format des livres III

11 commentaires:

  1. Ce que j'adore, dans mes notules techniques, c'est que certains font profil bas, comme Otto, dans les commentaires.
    Pour être honnête, j'aurais dû donner des exemples concrets. On reviendra sur le sujet un de ces jours en faisant quelques démonstrations.

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  2. Moi, j'aime bien les notules techniques du Tenancier.

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  3. Otto, il est occupé, il a pas le temps...
    Je viendrai dire des choses intelligentes et subtiles dès que j'ai fini le coup de feu.
    C'est pas à un mec qui a fait l'école hôtelière que je vais expliquer le "coup de feu", nan ?

    Otto Naumme

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  4. Non, mais dites-donc, Otto ! S'il fallait parler seulement quand on a des choses intelligentes et subtiles à dire, l'humanité serait passée à la mutité depuis... oh la la, je fais même plus les comptes !
    Et ce blog est pacifiste, alors vous allez me rengainer vos coups de feu, hein ? A moins de tire dans les coins. Ah, mais.

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  5. Oui je sais, il y a un re qui a sauté.

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  6. De tirer. Et maintenant, on va dire que j'ai l"esprit mal tourné. J'assume.

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  7. Il me semble, cher Tenancier, que les bibliophiles de jadis avaient fort élégamment résolu ce problème, en distinguant dans leur descriptif les pages réellement foliotées de celles qui ne l'étaient pas — mais qu'ils comptabilisaient néanmoins entre parenthèses. Par ex. :
    VII pp., (1) p., 312 pp.
    Ou bien :
    (8) ff., 349 pp., (1) p.
    sachant naturellement que le feuillet (f.) représente deux pages (2 pp.)

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  8. Oui da, Georges ! Mais le fait est que le catalogage contemporain a surtout affaire à un public lambda. Et j'ai déjà vu - dans la correspondance du site de vente livre-rare-book - une personne s'étonner du décompte de pages impaires dans un livre. Quelques libraires font encore le type de notice que vous décrivez. Je reconnais que ma façon de faire est bâtarde mais elle du moins conciliable avec la réalité : je ne suis pas un bibliothécaire, foutredieu !

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  9. J'ai pour ma part beaucoup d'estime pour J. Marc Dechaud, libraire à Crissay-sur-Manse (37), qui continue à décrire ainsi la pagination des (beaux) ouvrages qu'il propose et à publier des catalogues imprimés. Le seul à qui il me soit jamais arrivé d'acheter un livre par correspondance, d'ailleurs.

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