Voici une retranscription de sa couverture :
Catalogue / d’une très-riche mais peu nombreuse collection / de livres / provenant de la bibliothèque / de feu M.r le Comte J.-N.-A. de Fortsas, / dont la vente se fera à Binche, le 10 août 1840, à onze heures du / matin, en l’étude et par le ministère de M.e Mourlon, Notaire, rue / de l’Église, n.° 9. / [Vignette] / Mons. / Typographie d’Em. Hoyois, Libraire. / —— / Prix : 50 Centimes. |
Ce catalogue, bien que modeste en son apparence, contenait cinquante-deux volumes exceptionnels, patiemment collationnés par un comte excentrique et bibliophile qui avait pour profession de ne garder en sa bibliothèque que des exemplaires uniques. Ainsi, le Comte de Fortsas s’était déjà débarrassé sans remords de plusieurs volumes qui ne s’étaient point avérés si rares et si la quantité de livres de sa bibliothèque paraissait quelque peu étique, leur nature et leur sujet ne manquât pas de provoquer une fièvre épidémique chez les récipiendaires du catalogue. En effet, tel ou tel amateur qui avait conditionné son existence autour d’un sujet voyait surgir un titre qui remettait en cause ou bien révélait une lacune énorme dans ses travaux, par exemple. L’annonce de cette vente fit donc l’effet d’une bombe dont l’onde de choc se répercuta dans quelques points de l’Europe et principalement de la France.
Naturellement, ce catalogue était un canular habilement monté par un certain Rénier Chalon, mystificateur et bibliophile belge. La troupe qui accourut à Binche était donc constituée du gratin de la bibliophilie. On aurait pu y rencontrer Lacroix et Nodier, Brunet, des bibliothécaires, des représentants de sociétés bibliophiles, des libraires (dont l’un d'eux, Techner, subodora la supercherie mais se déplaça quand même, « au cas où… »), etc.
Naturellement, il n’y eut pas de vente et cette mise en scène déclencha des réactions diverses : irritation et aussi, très curieusement une certaine mansuétude qui pouvait même aller jusqu’à l’amusement. On se dira sans doute que cette dernière réaction dût sa source au soulagement des bibliophiles de ne pas avoir raté leurs travaux personnels…
On n’ira pas plus loin dans l’inventaire de cette farce grandiose non sans reporter le lecteur à une publication de 2005 :
Vincent Puente : Histoire de la Bibliothèque du Comte de Fortsas, à Paris, aux Éditions des Cendres.
On regrettera le ton un peu guindé du texte. On aurait aimé un peu plus de truculence. Mais il faut admettre que la mission était difficile au nombre de pages (48 pages, in-12) contenues dans le volume et la quantité d’informations qu’il fallait y insérer. On attend qu’un romancier talentueux s’empare de l’histoire…Le curieux pourra d’ailleurs se procurer le fac-similé du catalogue chez le même éditeur et tout le monde aura profit à consulter les publications de ce même éditeur portant sur la bibliophilie et l’histoire du livre.
Cette ravigotante lecture a donné une idée au Tenancier…
On convie ici les amateurs éclairés à nous fournir la notice d’un livre imaginaire. Tous les sujets sont permis pourvu qu’ils soient drôles, intéressants, surprenants etc. Votre notice devra se présenter comme pour celle d’un catalogue, ne pas dépasser 3500 signes (un signe = à chaque fois que vous tapez sur une touche, espace compris), On admet des reproductions, mais elles doivent souligner ou illustrer véritablement la notice. Les petits futés peuvent composer eux-mêmes les pages de titre ou les couvertures et envoyer l’image au Tenancier. On a le droit de se faire aider par un professionnel, un bibliophile ou toute personne de son choix. En revanche, le Tenancier n’aidera personne, qu’on se le dise. Il se réserve un droit de regard avant publication au cas où il y aurait des incohérences et des corrections à suggérer. On fera cependant preuve de mansuétude pour les amateurs. Il se permettra d’être un peu exigeant tout en ne perdant pas de vue que c’est un jeu. Car, c’en est bel et bien un. Les dix notices acceptées et publiées sur le blog feront l’objet par la suite d’une recension en un petit catalogue imprimé sur vergé, nominatif et réservé uniquement aux rédacteurs de chacune des notices. Il n’y aura qu’une notice par personne et donc qu’un exemplaire pour chacun. Afin que le jeu demeure intéressant pour les néophytes, on priera les libraires de bien vouloir se réserver pour seulement deux notices sur les dix. Merci donc à ceux-ci de bien vouloir en aviser le Tenancier au plus vite. Si le jeu a du succès on n’hésitera certes pas à récidiver, donc ceux qui ont raté la première manche n’auront pas à se désespérer. Le Tenancier tient à signaler que, fabricant ses petits catalogues à la main, il ne saurait en aucun cas en céder plus que le tirage initialement prévu.
Techniquement et en gros, vous devrez donc faire une description physique du livre et établir une notice sur le contenu et l’histoire de l’ouvrage. Évidemment, il va vous falloir être succincts ! Format "word", si possible. Pour ce qui concerne les images, si vous y avez recours, merci de les envoyer avec une définition confortable (300 dpi) pour bénéficier d’une reproduction de bonne qualité…
Maintenant, c’est à vous de jouer…
Je ne vois qu'à l'instant le lancement de ce concours : il y a une date limite ?
RépondreSupprimerPas de date limite...
RépondreSupprimerLe jeu s'arrête au bout de dix fiches.
(Mais, si cela a du succès, on peut récidiver).
Compliments et merci d'avance pour les lectures!
RépondreSupprimerKontrapas
Excellente idée ! Le seul catalogue que j'ai fait paraître proposait trois livres inexistants (dont l'un signé Botul, bien avant que BHL ne le découvre) mais il n'y avait pas de notice, rien que le descriptif.
RépondreSupprimerMatière à réflexion, mais je crains n'avoir pas trop le temps, hélas.
Hors-concours, je m'étais amusée à un jeu un peu similaire sur mon site (ce n'est pas une vraie notice, mais un faux pour de vrai), je me permets de le mettre en lien avec un clin d'oeil, il suffit de cliquer sur mon nom (normalement) pour y accéder...
RépondreSupprimer:)
Sophie K., c'est assez dans l'esprit. J'espère que vous participerez. A l'objection que ce jeu risque d'être par trop technique, indiquons tout de même que des modèles traînent ici et là dans les véritables catalogues de ventes ainsi que les sites de livres d'occasion et d'ancien...
RépondreSupprimerPar ailleurs, Ouiveur, il est bien dommage que vous vous défiliez de la sorte.
Même pas un petit 10/18 apocryphe, mmmhhh ?
Avec un Weaver et un SPiRitus, la partie risque d'être rude...
RépondreSupprimerArD
Très plaisant exercice, Sophie, et brillamment mené !
RépondreSupprimerCela me rappelle d'ailleurs cette anecdote que vous ne rapportez pas (mais il est vrai qu'il y aurait tant à dire, vu la richesse de ces Mémoires !).
Vers le XIIème siècle, les habitants russes de l'Ütter, réduits à la disette, fomentèrent un stratagème pour attirer les touristes dans leur région si inhospitalière : ils répandirent la rumeur selon laquelle le col, grâce notamment à ses puissants effets d'écho, possédait un charme qui permettait de résoudre l'infortune des maris trompés. Ceux-ci affluèrent en masse, contribuant à un redressement spectaculaire des ressources de la région, et se conformèrent strictement aux recommandations édictées par les indigènes pour retrouver les faveurs de leur épouse : il suffisait, disait-on, de s'époumoner depuis les hauteurs du sommet dominant le col de l'Ütter russe : « ELLE ME TROMPE, ELLE ME TROMPE, LA FALLOPE ! »
Cette pratique a depuis rejoint, dans le col de l'Ütter, us et coutumes (il en était même brièvement fait mention dans une première version du Sceptre d'Ottokar), et tous les maris marris s'y plient scrupuleusement chaque année lors de la fameuse fête des Petites Lèvres : ils s'avancent au bord du gouffre et poussent le cri « tolis » — comme on le nomme aujourd'hui pour faire court.
Certains poètes ont composé des pièces sur cette coutume :
Pelvienne, pelvienne,
L'attente dont on s'éprenne…, etc.
Tenancier, une petite idée m'est venue, qui me maraboute comme un flash. Je vais tenter de la mettre à exécution, si j'en trouve le temps… Mais c'est Ouaiveur, plutôt que Ouiveur.
Allons, allons, ArD, j'espère que vous ne baissez pas les bras !
J'fais ce que je veux, Ouiveur.
RépondreSupprimerEh bien disons que je ne les lève pas très haut, les bras. Il faut que je me penche sur l'art de la notice de catalogue et le Tenancier n'est pas corruptible, malgré ma tentative. Il me catalogue dans les flemmardes (en voilà une idée de notice !).
RépondreSupprimer—
Ouaiveûr : Votre contrepet torride sur deux mots , c'est une contrepet, un anagramme? Un contrepet anagrammique peut-être ?
ArD
Hahahahahaha ! Excellent. George, vous êtes un as.
RépondreSupprimerÔ Tenancier, je tâcherai, ne m'en veuillez pas si je n'y parviens pas, je suis actuellement sous les roues de charrettes réitérées (ce n'est pas douloureux, juste épuisant)... :)
Merci, Sophie (mais vous fûtes l'étincelle), et bon courage (personnellement, cela doit faire un an que je n'ai pas ouvert mon courrier administratif — tiens, je vais m'y mettre) !
RépondreSupprimer@ ArD : un contrepet anagrammatique, en effet, mais déparé par la présence d'un mot inexistant.
Tenancier, vous êtes un ours ! Prenez donc exemple sur ArD…
Ouiveur, je ne travaille pas dans la presse.
RépondreSupprimerCertes, mais à défaut d'être pressier, vous devrez faire le singe à l'issue de votre petit jeu (cf. ).
RépondreSupprimerArD
cf. Les illusions perdues. (Raté mon italisation)
RépondreSupprimerÇa se saurait : un pavé dans la mare, que ça ferait !
RépondreSupprimerPardon : mon précédent commentaire s'adressait au Tenancier, évidemment.
RépondreSupprimerJ'imagine, ArD, que c'est au sens indiqué sur cette page que vous faites allusion (perdue ? que non !)
Décidément, vous êtes véloce George ! (Oui, c'est bien cela.)
RépondreSupprimer—
Quant à l'ours, il ferait un pavé dans l'encadré.
ArD