Deuxième partie plutôt béhavioriste sur le brochage à la chinoise, afin d'en défendre toute intention intégriste ou à visée délatoire (on fait ce qu'on peut)

Petite note préalable : Ce billet parle des ouvrages édités pratiquement sur le coin de la table et concerne moins la production industrielle qui a recours à des techniques et des moyens parfois différents. Cela n’ôte pas grand chose à quelques notions évoquées ici et là.
On l’a entraperçu dans le précédent billet, il est nécessaire de disposer les pages d’un livre dans un ordre précis sur une feuille pour qu’on en retrouve la succession logique une fois la dite feuille repliée un certain nombre de fois. Notons que cette disposition change selon la quantité de plis que l’on veut effectuer. L’opération demande de la précision et, pour la mise en page avec les logiciels professionnels (autrement dit, la PAO, avec des logiciels comme InDesign ou Xpress) cette opération n’y figure pas et fait l’objet d’outils annexes souvent destinés aux imprimeurs. On peut tout de même citer un machin comme Creo Preps pour se charger de vous faire la chose les doigts dans le nez, mais c'est cher. Brèfle, si la manipulation est relativement simple, ces logiciels ne sont pas aussi répandus que certains outils bureautiques courants et l’un des seuls logiciels gratuits de PAO (Publication Assistée par Ordinateur) ne semble pas non plus avoir intégré cette fonction (il s’agit de Scribus). Il est donc délicat si l’on a peu de moyens de contourner le problème de l’imposition surtout si cela met en œuvre plusieurs cahiers.
On peut cependant envisager une autre solution qui consiste à imprimer les pages une à une à l’aide d’une bête imprimante de bureau, par exemple. Mais on peut choisir aussi des outils plus professionnels encore, nous ne sommes pas si sectaires, contrairement à ce que l'on pourrait croire (j'entends dans l'oreillette, d'ailleurs, que Le Tenancier, s'en balance un peu). Ainsi, il s’agirait ici d’imprimer chaque feuillet recto verso dans leur suite logique et de les assembler. Ces pages ne peuvent être brochées comme les ouvrages que nous rencontrons tous les jours. Nous en venons alors à considérer que le brochage « à la chinoise » est la meilleure réponse à un éditeur qui ne voudrait pas s’embarrasser d’imposer les pages de ses livres et qui pourrait même se dispenser d’un outil avancé de PAO au profit d’un traitement de texte basique. Le résultat ne serait certes pas magnifique sur le plan de la mise en page, mais tout dépend bien évidemment de ce que cet éditeur veut publier.
Mais revenons à l’ouvrage de Bertrand Redonnet, évoqué lors de nos précédents billets. L’examen des tranches supérieures et inférieures de l’ouvrage indique clairement que ces feuillets ne forment pas un cahier mais une simple succession de pages insérées dans une couverture et cousues longitudinalement. Cette solution est plutôt élégante et donne un aspect un peu exotique à l’ouvrage. Le principal défaut de ce type de livre consiste dans le fait que le dos (ici épais d’un centimètre et demi) empêche le lecteur de le lire confortablement d’une main (ce qui interdit incidemment la publication de curiosa), défaut bénin lorsqu’il s’agit d’un court récit mais qui devient fatiguant pour qui a des habitudes de lecture différentes. On imagine bien que ce procédé de brochage, même si la couture paraît plus compliquée, apparaît comme plus solide qu’une simple succession de fils cousus dans le pli du livre. Cette redondance de coutures est du reste assez inutile pour des papiers épais et est adapté à un autre type de matériaux. Mais nous anticipons notre prochain billet. Gardons à l’esprit que ce brochage-là, n’est pas forcément représentatif d’un brochage « à la chinoise » mais qu’il en est plutôt l’interprétation, sans doute à des fins économiques (du moins, on le subodore).


L'ouvrage de Bertrand Redonnet. On remarque la couture sur le côté et les quatre points de fixation des feuillets. Le procédé n'est pas très discret mais a son charme.


Plus de répartition des pages sur une feuille, bien qu'en réalité on ait pu le faire mais sans se soucier d'un arrangement en fonction d'un pliage éventuel.
Voici, comme on vous l'avait montré précédemment (parce que je ne vais pas dépiauter le livre pour vos beaux yeux, ou alors vous rêvez), la succession des pages. Page 1...


... et son verso, page 2, la page 3 n'est donc plus solidaire des précédentes.


Et zou, le verso, la page 4.


Vue par la tranche de l'agencement de ces feuillets, ce qui indique clairement qu'ils ne constituent pas des cahiers mais bien une succession, comme on vous le montre plus haut...

Il va de soi qu'il est difficile de destiner ces ouvrages à la reliure. Toutefois des ais recouverts toile ou d'autre matières peuvent être envisagés. On en cause la prochaine fois.

p.s. : Vous fatiguez pas, je sais bien que "délatoire" n'est pas au dictionnaire

8 commentaires:

  1. En matière de « Petit Livre rouge », il ne faut pas confondre PAO avec MAO...

    RépondreSupprimer
  2. La véritable reliure à la chinoise ou reliure à ficelle ne consiste pas dans la pauvre technique que vous décrivez ici (impression recto-verso des feuillets puis brochage du mille-feuilles par trous et fil) mais consiste en l'impression toujours du même côté de la feuille de telle sorte que la page 1 et 2 (et ainsi de suite) ne sont pas imprimées recto-verso mais sont imprimées sur une seule face pliée du côté gouttière et massicotée du côté dos (donc du côté de la reliure par le fil). Et cela donne des livres élégants dans leurs emboîtages en bois avec le titre gravé (comme l'édition originale des "Stèles" de Victor Segalen en 1912 à Pékin) ou plus communément en tissu bleu avec une pièce de titre blanche sur le premier plat.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. André, ceci est le deuxième billet, y'en aura trois. Ça s'voit que vous connaissez pas les habitudes de la maison, vous.
      Si vous croyez que c'est facile, hein...
      Un peu de patience, quoâ.

      Supprimer
  3. Si vous saviez Monsieuye. Ma digne compagne a insisté pour repeindre notre cabinet d'aisance en rouge et depuis je n'ai de cesse d'ajouter des éléments de décor à la gloire du Grand Timonier. Ainsi, ai-je une affichette à image double qui montre Mao Zedong lorsque l'on regarde sous un certain angle et sous un autre un leader locale qui se place, on pense, sous son invocation. c'est beau, c'est kitsch. L'objet fut rapporté de Chine et offert à bibi par Otto, de même que deux affiches, répliques des années 50, qui - les images sont éloquentes à défaut des idéogrammes - vantent ici la réforme agraire à l'aide d'une tractoriste à couettes et là la Révolution Internationale avec, sous la stature protectrice d'un garde rouge, un Vietnamien, un Cubain et sûrement un Angolais armés jusqu'aux dents. Bien sûr, le Président veille sur les cimes et dans un halo de bon aloi. Point de chiotard sans livres, vous pensez bien, et pour rester dans le ton on a fait appel à nos maigres ressources. Que trois livres pour le moment, mais la ferveur pourvoira à nos lacunes provisoires. Citons-les :
    — Lénine : La maladie infantile du communisme dans l'édition de Pékin en 69, comme quoi nous savons choisir nos cuvées
    L'Escarpement de l'Aigle volant toujours dans la même édition de Pékin en 75 cette fois-ci, où nous kiffons le sourcil sévère de quelque garde rouge en un passage de ce joli ouvrage illustré
    et parce que nous nous gobergeons de lecture dans un lieu qui, à l'évidence, sent à plein nez sa petite bourgeoisie révisionniste (pouah pouah et pouah !) :
    Le petit Livre Rouge himself, mais dans l'édition Jean de Bonnot relié croûte de cuir avé des vignettes fort élégantes, ma foi puisque je m'en suis servi pour illustrer ce blogue, alors. On en a fusillé pour moins que ça : Jean de Bonnot + Mao + des cagoinces privatifs, pensez un peu !
    C'est pas pour cafter (décidément, cela devient une habitude chez moi...) mais le Lénine et le P'tit Livre proviennent de chez notre ami George WF Weaver, si si.
    Cela dit, 3 livres c'est trop (si on se place dans l'optique révo-cul) ou ce n'est pas assez (dans la perspective Chine pop), il va falloir faire quelque chose. Donc, si un éventuel lecteur a de l'imagerie surannée et des lectures malsaines de ce genre et veut s'en débarrasser, qu'il me siffle.
    Merci.
    (J'ajoute que je ne suis pas marxiste pour un rond, m'en tenant à la Première Internationale... ceci pour ceux-là qui vont encore brenner sur mes parterres en prenant tout au premier degré, alors que je ne comprend que le troisième lors des interrogatoires).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah voilà, je comprends mieux ce pictogramme que vous dessinez sous les chiffres avec lesquels vous numérotez les pages : ce sont donc les lieux d'aisance...

      ArD

      Supprimer
  4. By Jove, j'ai omis un quatrième opus !
    — Romain Slocombe Yeun Ok l'infirmière héroïque (Futuropolis,1984), de la vigueur ! de l'enthousiasme et des jolis pansements !
    Mais je m'explique l'oubli, c'est un épisode de la guerre de Corée, alors ça compte pour du beuure

    RépondreSupprimer
  5. [...]" empêche le lecteur de le lire confortablement d’une main"
    ça tombe bien : il n'y a pas de passages concupiscents dans "Le Diable et le berger."
    Enfin, pas trop... Ou à peine suggérés... Du moins pas d'une teneur telle qu'il faille sur-le-champ concrétiser un fantasme:)))

    RépondreSupprimer

Les propos et opinions demeurent la propriété des personnes ayant rédigé les commentaires ainsi que les billets. Le Tenancier de ce blog ne saurait les réutiliser sans la permission de ces dites personnes. Les commentaires sont modérés a posteriori, cela signifie que le Tenancier se réserve la possibilité de supprimer des propos qui seraient hors des sujets de ce blog, ou ayant un contenu contraire à l'éthique ou à la "netiquette". Enfin, le Tenancier, après toutes ces raisons, ne peut que se montrer solidaire des propos qu'il a publiés. C'est bien fait pour lui.
Ah oui, au fait... Le Tenancier ne répondra plus aux commentaires anonymes. Prenez au moins un pseudo.

Donc, pensez à signer vos commentaires, merci !

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.