Avec quoi le Tenancier gagne sa croûte ?
(2e partie)

Je vous avais laissés, dans le précédent billet sur le même sujet, après avoir évoqué les sites de bazars et de petites annonces. Ceux-là étaient généralistes et pour un peux vous pourriez y vendre ce qui vous passe par la tête (dans le cadre stricte de la législation, trouvez une un autre moyen pour votre petite sœur…)
Ici, nous allons évoquer un autre type de site et qui se rapproche sensiblement de l’activité d’un libraire sur internet même si l’on peut émettre quelques réserves sur leur pertinence et leur savoir faire, malgré la réputation de leur enseigne.

Les sites généralistes :

Si je donne cette appellation de « généraliste », également, à ces gros robinets c’est afin de les distinguer des sites qui se sont spécialisés dans la vente de livres d’occasions, d’anciens et de bibliophilie. L’activité principale de ces sites est la vente de livres neufs et de produits « culturels », certains ont une activité de vente en magasin, d’autres pas et ce n’est pas par ce distinguo que nous allons en parler, bien que la visite de certains rayons – comme celui de philosophie – chez un fameux « agitateur » culturel ressemble plutôt aux produit d’un shaker de barman.
Amazon : Encore une fois, le sujet de la pertinence d’un libraire de neuf sur internet n’est pas le sujet. Il ne se pose que lorsque celui-ci se mêle de proposer de la marchandise d’occasion en liant la découverte de ces ouvrages à la recherche d’un livre neuf. On reste dubitatif sur ces recherches qui nous font aboutir à une pléthore de livres proposés alors que ces ouvrages sont parfaitement disponibles chez l’éditeur. Est-il sain de mélanger les genres ? N’étant pas éditeur, je me garderai de répondre. Certains confrères ont décidé d’exposer leurs ouvrages par ce biais et sous couvert d’un pseudonyme obligatoire, chose que nous avons déjà rencontré avec Priceminister. La différence réside dans le fait que les frais prélevés par Amazon poussent les professionnels à compenser cela en augmentant un peu les prix. Par ce mécanisme, ce sont les particuliers qui sont favorisés, les professionnels servant de produit d’appel, ambition avouée de nombreux sites qui se sont mis à proposer des livre dits « anciens » en plus des livres disponibles. Il s’agit ici d’occuper toute la gamme du livre : sur fichier électronique, en liseuse (il convient de faire une différence avec la précédente proposition), le neuf et « l’ancien ». On notera que la prise en charge de la vente des livres d’occasions ou ancien n’est pas du ressort de cette plateforme et qu’elle est de la responsabilité du libraire, ou du particulier. A ce titre, il appert que les frais revendiqués par ce site sont exorbitants, puisque la mise en ligne de ce qu’ils appellent « nos produits » est faite de manière automatique et que l’expédition est également à notre charge. Les frais revendiqués consistent donc en des marges confortables pour ce site (et pour ceux qui ont des pratiques analogues). Il est plutôt sain de tirer bénéfice d’une activité, c’est comme ça que l’on dure, mais autant que cette rémunération corresponde à un réel travail. On reste un peu sceptique là-dessus. En somme l’idée est de fédérer des acheteurs potentiels non sur le vendeur réel mais bien sur ces fournisseurs d’accès en livre (les problèmes étant reportés sur le vendeur réel tandis que la notoriété demeure intacte pour le site). Doit-on pour autant vouer ce site aux Gémonies ? Il s’inscrit directement dans le libéralisme appliqué au net. Rien de bien bouleversant si on a conscience de cela.
La FNAC : ce qui est très amusant, avec eux, ce sont les diverses tentatives dans le même sens qu’Amazon par le passé mais en passant par la collaboration de sites plus ou moins spécialisés. Je n’ai pas fait le compte, mais je puis compter au moins Chapitre.com et Priceminister parmi les sites qui ont successivement proposé des livres d’occasion lorsque vous atterrissiez sur une page de la FNAC, à la recherche d’un livre. Évidemment, la chose ne pouvait durer, vu les prix des ouvrages proposés (quand on est trop nombreux à se sucrer sur un « produit », on est bien obliger d’aller chercher dans la poche de l’acheteur, au bout du compte). Il semble que le site ait pris le même pli qu’Amazon en faisant appel directement aux professionnels et aux particuliers. Mes mails étant restés sans réponse auprès des commerciaux chargés de cela, je ne puis donc vous dire si les libraires peuvent vendre leurs fonds autrement qu’en utilisant l’ISBN ou l’EAN 13 (barbarismes désignant la codification des ouvrages à partir des années 80), ce qui exclurait ipso facto les livres d’occasion un peu plus vieux ou le livre ancien. Il importe peu, au demeurant, ceci étant une activité visant à couvrir une large gamme du livre, dans une stratégie analogue à Amazon, et comportant des frais identiques (avec des nuances dont la subtilité leur évitera une accusation d’entente, naturellement).
Je n’ai cité que ces deux sites. Il se peut qu’il en existe d’autres. Je ne pense pas que mon analyse diffèrerait…

On s’en doutait – peut être à ma manière d’en parler – que je ne souscris pas du tout à ces sites, ne serait-ce que parce que la majorité de mon fonds ne correspond pas aux exigences et que, bonne pâte, je suis néanmoins un peu difficile sur la qualité des prestations proposées par les sites avec lesquels je travaille. Aucune prestation notable, aucune visibilité, des frais élevés, des contraintes imposées mais peu de gratification de la part de ces entreprises… le choix est vite fait…
Pour l’instant, je n’ai indiqué qu’un seul site avec lequel je travaille actuellement. Les choses vont changer avec les prochains billets.

3 commentaires:

  1. Il me paraît tout à fait logique de pouvoir gagner sa croûte lorsqu'on s'avoue "bonne pâte"…

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  2. Ça vaut mieux que de passer pour une nouille.

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  3. Et tout cela explique que libraire en chambre soit un travail où l'on s'se lève régulièrement, un travail rassis, en quelque sorte.

    Otto Naumme

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