Souvenir : J'étais tout de même devant la téloche le soir où Bukowski est passé. J'attends toujours qu'il repasse. C'était le meilleur moment. Est-ce à partir de ce soir-là que je me suis mis à ne pas aimer Cavanna ?
Souvenir : A la même époque, Désert, de Le Clézio était la meilleure vente, information authentifiée par cette publication déprimante et anxiogène qu'était Livres-Hebdo. Quelles sont les "meilleures ventes", actuellement ?
Souvenir : A mes débuts, vers 19 ans, j'ai lu tout ce que j'ai pu trouver de William Burroughs parce que j'avais trouvé un exemplaire qui traînait depuis pas mal de temps dans le tourniquet de la librairie. J'ai encore quelques titres :
- Nova express
- Les derniers mots de Dutch Schultz
- Exterminateur !
- Le ticket qui explosa
- La machine molle
Tous en 10/18. Ça fait longtemps que je n'ai pas acheté de livres dans cette collection. Pourquoi donc ? Ce soir, je vais peut être relire La machine molle, pourquoi pas...
Souvenir : Le petit marquis qui présidait aux destinées du pays se flattait de lire du Maupassant et d'avoir écrit un récit, euh... érotique. Un peu plus tard, nous eûmes un Président de la République qui lisait Pieyre de Mandiargues et en possédait quelques éditions sur beau papier. A propos de lui, on parlait de Machiavel. Sous son règne on édifia aussi Disneyland, mais je n'ai point souvenir qu'il eut usé de ses attractions où qu'il y resta plus que la décence l'y autorisa. Cela ne mérite pas une interrogation en retour.
Souvenir : A cette époque aussi, je décidais de délaisser Jules Verne. J'avais lu mon premier en texte intégral à neuf ans. J'y suis revenu. J'ai toujours le livre : Voyage au centre de la Terre. Le dos est creusé, les coins émoussés. Combien de fois l'ai-je lu ?
Souvenir : Il y a dix ans, dans un autre Verne, je retrouvais un petit mot destiné à celle que j'aimais à l'époque. Un mot parvenu à destination, c'est à dire à moi-même, comme un viatique contre les jours froids. Le mot s'est envolé. Le Verne est toujours là. Le souvenir de cet amour lointain également. Plus besoin de ce petit billet plié en quatre entre les pages d'un livre. J'ai encore ce mot au bord des lèvres.
Souvenir : Mon premier Pléiade fut Théâtre, récits et nouvelle, d'Albert Camus.
Souvenir : au début des années 80, une nouveauté pouvait rester six mois en exposition. Désormais... quinze jours, si elle n'est pas renvoyée tout de suite ?
Souvenir : On ne parlait pas de littératures de l'imaginaire ou de paralittérature, on disait : "allez voir sur le tourniquet, là-bas..." Et il y avait déjà Dick, par exemple, qui subit alors le même sort que j'avais réservé à Burroughs.
Souvenir : Une fille de passage a embarqué quelques BD à mon insu, après une nuit passé ensemble. Nuit lamentable. Bien fait. Ne jamais s'intéresser aux filles qui s'intéressent au livres, surtout quand il ne s'agit pas du contenu (pensez-donc, un Druillet assez rare, avec un envoi). Détail sordide, elle avait gardé ses chaussettes.
Souvenir : Je n'avais pas vingt ans. Je rêvais d'avoir ma librairie.
Sourire.
RépondreSupprimerJ'ai vingt ans. Je lis Burroughs et dévore Bukowski. Je n'ai pas la télé, mais il me semble qu'il difficile de trouver un digne successeur d'Apostrophe aujourd'hui de toute façon...
Je ferais dorénavant gaffe aux filles qui s'intéressent aux livres !
J'espère que je pourrais, dans quelques années, écrire un souvenir tel que le dernier qui figure ici.
:-)
Je le pense volontiers, Simon, et cela me fait grand plaisir.
RépondreSupprimerTrès joli billet, avec lequel je me sens entièrement en accord bien que presque aucune opinion n'y soit exprimée et que ces souvenirs ne soient pas les miens.
RépondreSupprimerMais je m'intéresse toujours aux filles qui lisent les (bons) livres pour leur contenu.
Certes, cher George, mais faites attention à celles qui gardent leurs chaussettes, c'est forcément louche...
RépondreSupprimerOtto Naumme