Quand Abraham Merritt s'invite chez Tonton Marcel

L'autre fois, j'étais chez Tonton Marcel, dans la Drôme. On a mangé des tas de choses et c'était bon.

Ce ne devait pas être une spécialité du coin, mais ce n'est pas grave... N'empêche que ça m'a fait penser à quelque chose.

21 commentaires:

  1. J'ajoute que ce billet a une vocation assez confidentielle, tout de même, puisqu'il faut connaître à la fois Tonton Marcel et avoir lu ce roman, lequel est d'ailleurs un bon exemple de littérature fasciste d'avant-guerre.

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  2. J'espère que votre poulpe ne [se] battait pas trop fort, cher Tenancier, mais en tout cas l'on sait depuis longtemps que vous avez bien du Merritt (et je crois que ça vient de chez moi, Les amis du genre "à bite" — ah mais pardon, je m'égare, comme eût dit Euclide…)

    Je précise juste que Marcel n'est pas ce qu'on appelle un intellectuel

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  3. C'est pas Me[r]dique, comme commentaire...

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  4. Mais dis, ça m'aide à quoi ?

    Tiens, ça me rappelle cette merveille qu'est la Salade mythologique

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  5. Bon, allez-y, George, puisque vous brûlez de nous la citer.
    Nous somme tout de même loin du Khalk'ru de Merrit.

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  6. (Parce qu'aussi, ça devient lassant de se barrer tout le temps vers d'autre liens !)

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  7. Moi je veux bien, mais c'est tout de même un peu long alors je trouvais ça plus pratique…
    Enfin, voilà :

    Pénélope éné d'oreste héra sis
    Que je vous archonte ulysse troie.
    Nous phéniciens de déjanire,
    Il n'était pas tartare,
    Encore était titan que cela phénix !
    Je m'étais borée d'homère encelade,
    Et peu s'en phallus que je n'eurotas
    Tant je sentais l'éros
    Se rebellérophon de mon estomac.
    Somme toute, j'étais achéron...

    (Traduction : Prenez la peine de rester assis que je vous raconte une histoire. Nous finissions de déjeuner, il n'était pas tard tard, encore était-il temps que cela finisse ! Je m'étais bourré de homard en salade, et peu s'en fallut que je ne rotasse tant je sentais les rots se rebeller au fond de mon estomac. Somme toute, j'étais assez rond !)

    J'étais vénus à Pâris pour faire la fête.
    Fallait voir comme j'ai thémis !
    J'avais ma casquette à hellespont,
    Un noeud gordien, un colchique,
    Et je tenais mon styx à pomone d'hécate,
    J'avais pluton l'air d'un aristote
    Que d'un pelée !

    (Traduction : J'étais venu à Paris pour faire la fête. Fallait voir comme j'étais mis ! J'avais ma casquette à pont, un noeud gordien, un col chic et je tenais mon stick à pommeau d'agate. J'avais plutôt l'aitr d'un aristo que d'un pelé !)

    J'allais rendre visite amathonte.
    Je frappe à sa cambyse... Pan!... Pan!...
    Atrée ! dit-elle.
    J'atrée ... Egerie, car j'arrivais fort atropos.
    Elle était anchise persée en train d'uranie.
    Elle se leva et gynécée comment elle cypris,
    Mais après un paphos sur dédale numide,
    Alphée le grand Icare et je lui ai Vulcain.
    Il n'est pas aphrodite,
    Il est pollux et apollon
    Et je crois même qu'elle circé poils
    Afin qu'ils narcissent.
    Ce n'est pas vraiment la toison d'or !

    (Traduction : J'allais rendre visite à ma tante. Je frappe à sa cambuse : Pan, pan ... Entrez, dit-elle. J'entrai, ... Et j'ai ri, car j'arrivais fort à propos. Elle était en chaise percée en train d'uriner. Elle se leva et je ne sais comment elle s'y prit, mais après un faux pas sur les dalles humides, elle fait le grand écart et je lui ai vu…)

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  8. … La voyant cybèle, je tombe à ses junon,
    Je commence par des pattes d'arachnée
    Puis j'illysus lycaon
    Hélène énée qu'elle a vénus
    Car j'avais mis ses jupiter.

    Alors, je tityre mon dardannus
    Qui satyre d'une bellone sans qu'on léda.
    Dès qu'elle le voit elle s'écrie :
    "Qu'il érèbe ! Phédon !"
    On se met thalie, je l'euterpe à bras-le-corps
    Et d'un seul coup, je la chloé.
    Je pousse, il faut cassandre ou calchas.
    Télémaque ! L'atrée, oreste, n'était pas thésée
    Bien que tout le monde hymette.
    Médée qu'elle laocoon
    Voilà castor et qu'elle en radamanthe !

    Elle crie : "Odyssée bon !.... Iliade quoi mourir !"
    Ca prométhée !... J'en tircis !... C'est baucis !
    Mais je ne puis alexis
    Car cela n'arrange pallas antée.
    Que cérès si j'avais proserpine !
    Ménélas je n'en neptune !
    Alors, on nessus pas ? demandai-je.
    Quand céphée, elle soupire :
    "Qu'est-ce que ça minerve !... Fais moi donc minos."
    "Hébé, que je fais, ç'atlas pas"
    "Au contraire ... surtout ssi tu me caresse aussi les thétis."
    Après, elle saturne vivement
    Et je l'hercule par troie fois sans qu'il m'en priape.

    Au plus fort de l'ixion, voilà qu'elle fait un pégase ;
    Elle vesta si vous aimez mieux.
    Ce doux zéphyr, bien qu'éphémère,
    N'était pas parfumé osiris !
    Cela sentait pluton le chloris dryade d'amon eaque,
    Elle amphion. Elle en fit zeus. Elle amphitrite !
    Faudrait bien ganymède un python
    Dans la ligne mais diane d'éphèse
    Pour forcer l'uranus à cythère !
    Mais tout a une fin :
    Je retire mon eupolis car je crains que son péluse.
    Elle supplie : "Oreste encore ... Est-ce que je thessalie ?"
    "Bah ! que je lydie, ce n'est qu'un peu de mède !"

    Hécate jour après mon nestor ...
    Je me mets à psyché des lames de rasoir.
    Hellas ! Que m'avait-elle danaé là !
    Que phaéton en pareil cas ?
    On centaure lapithe de harpie,
    On se fait des ajax io, mais ce n'est pas des sisyphe
    Cela ne sert presque ariane.
    Et je daphné chaque jour plus malade.
    Après simoïs ou un andromède au mercure
    Le mal avait empyrée
    Fallait-il qu'on me la cupidon ?
    Agamemnon ! J'aimerais mieux qu'on me la pinde
    L'armire épire que le mal !
    Passant, silène te démange,
    Némésis itaque de corynthe calchas
    Ou callipyge la éole !

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  9. C'est pas si long, vous savez, George. Et comme vous avez coutume de nous mettre au moins trois liens par commentaire, on a moins de chance de perdre le fil de la conversation...

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  10. Loin du Khalk'ru, certes, mais un cerf, ça brame (mes rites, désolé : à bras amers, rites)…

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  11. Pour conserver le fil, suffit de faire clic-droit, ça ouvre le lien dans un nouvel onglet ("d'amers rites", ajouterait Alain Resnais — qui là, beau, rit…)

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  12. Je sais, mais c'est tout de même emmerdatif quand on peut faire autrement.
    (Et dans cette traduction, je dirai-même : Oh, Khalk'ru t'as !)

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  13. Très joli (je comprends maintenant grâce à vous le sens caché du titre de ce film de Duras, Oh Calcutta ! : merci !), et ça ouvre l'imagination !
    Mais rititr' toi donc d'mon Khalk'ru !, par exemple…

    Dans cette salade (dont je précise qu'on doit la restitution à… Alain Peyrefitte !), on remarquera ce vers magnifique de simplicité :

    "Odyssée bon !… Iliade quoi mourir !"

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  14. Gaspe !
    J'ai confondu Duras (Son nom de Venise dans Calcutta désert avec Kenneth Tynan ! Désolé.

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  15. Du coup, je me creusais la tête, dites-donc !

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  16. Vous vous creusiez la tête, tandis que de mon côté j'oubliais de fermer mes parenthèses…

    Bon, sinon, vous la connaissiez, cette salade épicée ?

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  17. Seulement pour en avoir entendu des bouts, mon cher George. Vous avez bien fait de nous la mettre.

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  18. Bien profondément, je suis votre obligé, comme chacun sait…

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  19. Fasciste, Merritt ? Ah. Faudra que je relise la chose, j'avais pas souvenir que ça l'était. Je crois que j'ai encore le bouquin quelque part.
    Il faudra que vous me parliez de ce Tonton Marcel, cher Tenancier, je n'en connaissais pas l'existence. Et la Drôme m'intéresse toujours, vous le savez.

    Otto Naumme

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  20. Fasciste, Merritt ? En fait la réponse doit se faire à côté : Les habitants du mirage est un roman qui emprunte à la typologie fasciste dans son scénario. Le personnage principal est, au départ, un individu présentant toutes les caractéristiques de l'arien fantasmé par les nazis : grand, blond et doté d'une certaine perfection psychologique. Au cours d'un contact avec une "peuplade arienne d'Asie centrale", il a la révélation d'être la réincarnation d'un homme providentiel, ce même homme providentiel que l'on va retrouver quelques années plus tard à descendre dans une vallée, sauver un peuple de ses mauvais guides. Une fois sa mission accomplie, avec maintes péripéties, notre archétype fasciste va remonter dans la montagne et reprendre une vie d'ascète. On sait assez ce que vaut l'investiture mystico-politique dans la vulgate nazie... Alors oui, je dirais même que ce roman n'est pas fasciste, mais qu'il est franchement nazi. En tout cas, sa structure et sa nature ne trompent pas un instant. Il a été publié en 1932 aux États Unis et je ne pense pas que cela ait choqué plus que cela à sa parution, sans doute parce que ce pays comportait des sympathisants et aussi une mentalité apte à ne pas se choquer de cela. Pourtant, maintenant, cela devrait et ce n'est toujours pas le cas. J'ai Lu continue de le proposer dans ses collections (du moins l'a-t-elle fait récemment et même, ne pas embarrassé de le publier, de toute façon), je ne vois aucun "fan" faire une analyse politique (et franchement, rien de moins tendancieux que de constater que ce livre est nazi, à moins d'en avoir honte ce qui n'est plus à la mode), mais demander à un "fan" de tirer quelque chose de sa lecture, aussi...
    Je me rappelle avoir invité dans le temps des fans de Lovecraft qui n'avaient rien à dire sur le racisme de celui-ci. Pour eux c'était un grandécrivain, un point c'est tout. Même position que les céliniens qui évoquent des dérapages de leur idole alors que le racisme ordurier est constitutif de sa nature. Comme par hasard, ces idolâtres sont aussi les premiers a vanter tel autre écrivain "non-conformiste" (traduisez par : "fachos finis"), comme le débagoule Fabrice Lucchini à longueur d'antenne complaisante à propos de certains contemporains, comme Philippe Muray, par exemple.
    Pour revenir à Merritt, est-il fasciste lui-même ? A vrai dire, je n'ai relu que ce texte-là et je ne connais pas sa biographie. Je doute cependant que ce roman ait eu des vocation parodiques et que c'est un reflet assez intéressant de la mentalité de la classe moyenne américaine dans les années 30. Cela explique l'ambivalence d'une frange de l'intelligentsia américaine au début de la seconde guerre mondiale. A ce point de vue, cela demeure un document intéressant. Pour le reste, on sait que l'idéologie fasciste côtoie assez souvent la Fantasy, surtout à ses débuts. On était loin des idées d'un Michael Moorcock.

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  21. Il faudra vraiment que je relise ce livre... Mais il faudra que vous me le prêtiez, cher Tenancier, je viens de vérifier, je ne l'ai plus. J'ai d'autres Merritt, mais pas celui-là. Mais qu'un écrivain US des années 30 ait été facho, voire nazi, ne m'étonne pas plus que ça, il y avait effectivement comme une "communauté de pensée" (pas chez tout le monde, bien sûr !).
    Pour ce qui concerne HPL, je vous prêterai, si vous le souhaitez, un livre de sa correspondance qui montre bien que le monsieur n'était pas raciste. Pas que je tienne spécialement à le défendre sur un tel sujet, entendons-nous bien (s'il avait été raciste, eh bien je le qualifierai ainsi), juste qu'en fait, ses idées sur le sujet étaient un poil plus complexes que "les XXX sont inférieurs". Mais nous en reparlerons, si vous le souhaitez.
    Quant aux autres que vous citez, Céline et consors, là, oui, la question ne se pose pas...

    Otto Naumme

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