La pénéplaine, comme une étymologie ?


Cette notule doit son existence à la prévenance d’ArD qui, sur mon lieu de vacances, a laissé traîner cet exemplaire de Géographiques. On sait ici depuis belle lurette que je me suis interdit de jouer les critiques littéraires. La chose serait encore plus difficile ici en raison de la vive sympathie — à distance — que je porte à l’auteur. Il faut toutefois reconnaître que, hors des justifications et de la raison, il y a un réel plaisir de parler de ce livre. Si ce texte emprunte les contours d’une discussion animé autour d’une bouteille de vin de Hongrie sur la Géographie, on vérifie assez vite que l’enjeu est également dans la perception de notre univers immédiat, l’imago mundi dont il fait un de ses chapitres, mais aussi par le langage et notre conception philosophique du paysage, démonstration discrète d’une érudition et d’une documentation assez prolongée sur son sujet — on pense par exemple à l’ouvrage d’Anne Cauquelin (l’invention du paysage — Gallimard) récemment réédité et, hasard amusant, qu’il m’a été donné d’apercevoir dans une librairie au même moment que je lisais l’ouvrage de Bertrand Redonnet.
Ceci est une notule, comme annoncé plus haut, il ne faut donc point en faire trop : Géographiques place son auteur dans cette vaste famille recomposée autour du paysage, de la langue et des lentes forces obscures qui traversent notre perception du monde. On songe évidemment à Gracq, à Verne, à Couté, à Jean de Meung et également — curieusement, même — à un écrivain comme Genevoix dont la prose peut être un peu vieillie est si attentive aux plus imperceptibles glissements de la nature (Mais le Redonnet n’est point chasseur, lui). Il est encore singulier que ce rassemblement familial ait un ancrage géographique si présent dans la même contrée, ou peu s'en faut..
Ce court essai a laissé une saveur particulière, celle d’un mot retrouvé, mais qui symbolise assez bien les résurgences littéraires de l’auteur : la pénéplaine, massif érodé dont la présence a presque une nature ontologique, voire étymologique, ce qui n'étonnera pas ceux qui connaissent ses passions.
Le seul regret que nous puissions avoir réside dans la persistance de curieuses coquilles tout au long du texte, ce qui m’a paru très étrange de la part d’un éditeur comme Le Temps Qu’il Fait…

2 commentaires:

  1. Merci, Tenancier. Ce qui me fait vraiment plaisir, c'est que vous ayez pensé à deux figures aussi différentes que peuvent sembler être Couté et Genevoix.
    Car ils sont bien, quelque part, chacun à leur façon, dans ce texte.

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  2. Belle chronique Tenancier.

    Je suis surprise que vous ayez repéré des coquilles. Je n'en ai pas souvenir, or elles me mettent toujours, trouvées dans un livre qui compte, dans une rage terrible :)

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