S’il est parfois énervant de trouver fleurs séchées et annotations dans certains livres, d’autres petites choses, récoltées dans le fonds de la même bibliothèque finissent par donner une idée du propriétaire de ces livres. Ainsi, bouts de correspondance, photos, souvenirs divers donnent parfois un aperçu rapide de l’existence d’une personne. Dernièrement, l’exploration d’un exemplaire courant des Feurs du mal de Baudelaire me révéla quelques réflexions et annotations sur une page de garde et, dans le replis d’une couverture à rabats, une carte postale non voyagée de la cathédrale de Reims ainsi que la photographie (en studio, à Nice) en pied d’un jeune homme en officier de marine (en fort bel état). Au pied des notes de la page de garde, une image du tracé d’une navigation laisse à penser au cours de quel périple furent rédigées ces notes, dans les années 30. Plus tard, en collationnant un autre ouvrage – Vers, de Verlaine je découvris le cliché d’un petit bateau de pêche avec, en fond lointain, un paquebot à quai… un autre ouvrage – un Cocteau - encore me livra l’image d’une façade de restaurant et un cliché représentant vraisemblablement une vue de Hyères. On sentait là le rejeton d’une bonne famille embrassant la carrière des armes, amateur de poésie (tous les livres truffés en faisaient partie), proche de la mer et plutôt de la Méditerranée. Ce fut alors que je découvris dix-huit cartes postales adressées au même dans un recueil in-16 des Œuvres choisies de Lamartine ! Bouffre, c’était là un véritable portefeuilles, ou plutôt porte-carte, qui me révéla une autre facette du récipiendaire. Ainsi, le garçon reçut également l’enseignement des maristes dans une ville du Sud de la France… Le livre était vraisemblablement le viatique de ce môme enfermé durablement chez les curés. Toutes les cartes lui étaient adressées là, sauf une... Tout ceci aurait été bien grave et bien compassé si nous n’avions in extremis découvert la dix-huitième carte dans notre recollement. Et celle-ci nous récompense grandement de notre curiosité. A cette époque, les collégiens collectionnaient de bien belles images…
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On aimerait bien savoir où était adressée la dix-huitième... pour échapper à la censure des maristes ? Une ville près de la Seyne-sur-Mer ?
RépondreSupprimerArD
Elle n'était pas adressée nommément au récipiendaire... sans doute un échange subreptice de carte contre friandise ou autre dans la cour de Sainte-Marie, on imagine... On regretterait que cette carte fût un ajout tardif...
RépondreSupprimeret que disent les timbres ?
RépondreSupprimerEn clin d'oeil à notre ami George, qui n'arrive plus à commenter ici par la faute d'un ordinateur capricieux, je dirai bien que, à cet esprit vagabond négligeant ses multiples tâches consignées en son cahier, ces timbres lui disaient : "file à tes listes".
SupprimerPour le reste, Marlène, Lamartine, les voyages, Sainte-Marie, voilà une petite histoire certes sans trop de surprise mais toujours émouvante.
En revanche, je déteste toujours autant cette expression de "bonne famille"...
Otto Naumme
Belle découverte et joli récit !
RépondreSupprimerUne seule Marlène valait bien tous les "Je vous salue Marie" que le jeune collégien a dû s'enfiler.