Cette diversification n’existe pas dans les sites dont nous allons parler.
Les spécialistes : Commençons par le mastodonte de la profession qui est abebooks.com. Ce site d’origine canadienne a été racheté par Amazon mais a gardé une complète autonomie vis-à-vis de sa maison mère, semble-t-il, du moins pour son fonctionnement avec les libraires. Le succès d’origine fut, parait-il, redevable à un algorithme dont l’application dans une base de données de livres était particulièrement efficace. Pourquoi pas ? Il faut dire que ce site est efficace pour ce qui concerne la vente des livres. Peu de libraires se montrent satisfaits de ce site, mais vous en trouverez encore moins pour se décider à le quitter. La chose s’explique par le fait que les conditions sont assez onéreuses : le libraire doit s’acquitter d’une somme indexée sur le nombre d’ouvrages mis en ligne (prélevée sur ce qui a été vendu), d’un pourcentage sur chaque vente et de frais de transaction. La tentation est très grande chez beaucoup de libraires de compenser cette somme par une augmentation du prix du livre. D’autres - et j’en fais partie - après maintes tentations, préfèrent garder le même prix qu’ailleurs et tabler sur une rotation rapide de leur fonds proposé. Il faut avouer que les livres se vendent très bien par le biais de ce site : son exposition dans les moteurs de recherche, sa visibilité dans le monde entier concourent à des ventes accrues. Ainsi, il m’est arrivé d’expédier des ouvrages à Macao et je ne désespère pas un jour de le faire pour Oulan-Bator. Nous sommes de nombreux libraires à dépendre de ce site pour une grande partie de notre chiffre d’affaires. Je ne surprendrai personne en déclarant que cette présence hégémonique est assez pernicieuse car, exclu pour une raison ou pour une autre de ce site, le libraire risque de se trouver dans quelques difficultés pécuniaires. Que faire, alors ? Pas grand-chose sinon que vous dire ici qu’il existe également d’autres sites.
Certes, je ne travaille pas avec les sites du monde entier et il y a certains où je n’aurai rien à y faire, comme ceux consacrés à la haute bibliophilie. Je me permettrai tout de même de les citer dans mon futur et final chapitre (c’est pas encore tout de suite). Déjà, je vous ai cité trois sites en évoquant en même temps d’autres avec lesquels j’aurais pu aussi travailler. Ces trois-là présentent quelques défauts regrettables mais demeurent malgré tout indispensable pour nous car ils apportent un chiffre d’affaires qui a remplacé celui procuré par la clientèle de plus en plus rare en boutique ou pour ceux qui n’ont justement pas de magasin, sinon que virtuel.
Qu’on finisse ici et provisoirement ce bout de chapitre et réservons-nous pour les sites agréés par le Tenancier et que l’on aimerait bien vous voir visiter plus souvent au prochain numéro.
Affaire à suivre…
Cher Tenancier,
RépondreSupprimercertains bouquinistes m'ont dit apprécier le site, dont vous parlez aujourd'hui, pour sa possibilité de mise en contact directe acheteur- libraire...qu'en dites-vous ?
Il y a certes une sélection de livres impressionnante mais les tarifs pratiqués me paraissent eux aussi hors du commun. Quand je regarde les prix sur Abebooks de plusieurs acquisitions récentes que j'ai faites, ça me fait... un peu des frissons dans le dos ! Prix courants deux à quatre fois plus élevés pour des livres que j'ai pourtant achetés en excellent état... En tout cas, cette chronique sur la croûte du tenancier est tout à fait intéressante... J'attends la suite avec impatience...
RépondreSupprimerOui, La Feuille, certains prix sont très élevés et j'en parlais du reste cet après midi avec un ami et confrère à propos d'un libraire qui pratique des prix délirants. Comme je l'ai indiqué, quelques uns ont fait le choix d'augmenter le prix de leurs livres pour compenser les frais prélevés par ces sites. D'autres ont conservé une pratique de prix que j'ai croisé il y a dix ans à l'époque de la conversion de prix du franc à l'euro et qui consistait a uniquement changer le symbole monétaire et non la valeur. En résumé cela donnait : 1 franc = 1 euro. D'autres - les mêmes, souvent - restent dans l'illusion que l'on peut vendre n'importe quoi à n'importe quel prix sur le net, ce qui était vrai également il y a 10 ans. Tout cela ne fait pas vraiment sérieux, parfois, et il faut tenter de faire la part des choses avec les libraires qui tentent de maintenir un politique de prix à peu près correcte.
RépondreSupprimerIl faut parfois se dire qu'un livre acheté en libraire à côté de chez soi est parfois plus intéressant puisque ne s'ajoutent pas les frais de port et la visibilité est immédiate. Il faut savoir aussi que le net est le lieu d'élection de l'achat par impulsion. Si vous le voulez, on pourra aborder cela un de ces jours...
A Adria, pardon, je n'avais pas vu votre question -cela fuse de partout !.
RépondreSupprimerCette mise en relation entre clients et libraires est justement le propre des sites dont je vous parlerai dans le prochain billet sur le sujet. Abebooks n'est donc pas exceptionnel en cela.
"Il faut savoir aussi que le net est le lieu d'élection de l'achat par impulsion. Si vous le voulez, on pourra aborder cela un de ces jours... "
RépondreSupprimerOui ce thème m'intéresse. La démarche d'achat n'est pas la même. Sur Internet le choix est énorme donc ce que je veux je l'achète immédiatement... et parfois trop cher. Comme me le faisait remarquer un ami libraire d'occasion que je rencontre tous les mois du printemps et de l'été dans un sympathique "jardin des livres" à Morestel, il suffit de chercher pour ne pas trouver... Je lui ai fourni une liste indicative de mes recherches et il me trouve beaucoup de choses qui ne sont pas sur cette liste et qui me passionnent tout autant. La relation n'est pas la même que celle qui s'instaure par écran interposé. Lui sait que je suis un passionné raisonnable (parce que j'ai de nombreuses passions et des moyens limités pour les assouvir) et me propose (avec une grande habileté) une sélection qui est à la fois dans ma louche de désirs et ma fourchette de moyens... Le pire c'est que je trouve toujours chaussette à mon pied et que je repars toujours de son stand un peu plus pauvre mais ravi.
Ce type de commerce a encore de nombreux jours devant lui, car l'immensité du catalogue ne suffit pas au bonheur du "client". Les hypermarchés commencent sans doute à s'en apercevoir : les commerces dits "de proximité" réapparaissent, les réseaux acheteurs/producteurs se développent, les marchés de quartier sont au mieux de leur forme...
Une petite dernière mesquine pour conclure : sur abebooks il y a un libraire qui propose une édition ancienne de "Dieu et l'état" de Michel Bakounine, pour la modeste somme de 10 000 euros. Les frais de port en sus, 6,60 € me paraissent un peu exagérés. Si je l'achetais, je négocierais un petit rabais sur le port.
Quand au Père Bakou il doit frémir dans sa tombe à l'idée d'être bientôt coté aussi cher qu'un tableau de maître (modeste).
Bonne continuation !
"Il faut savoir aussi que le net est le lieu d'élection de l'achat par impulsion. Si vous le voulez, on pourra aborder cela un de ces jours... "
RépondreSupprimerOui ce thème m'intéresse. La démarche d'achat n'est pas la même. Sur Internet le choix est énorme donc ce que je veux je l'achète immédiatement... et parfois trop cher. Comme me le faisait remarquer un ami libraire d'occasion que je rencontre tous les mois du printemps et de l'été dans un sympathique "jardin des livres" à Morestel, il suffit de chercher pour ne pas trouver... Je lui ai fourni une liste indicative de mes recherches et il me trouve beaucoup de choses qui ne sont pas sur cette liste et qui me passionnent tout autant. La relation n'est pas la même que celle qui s'instaure par écran interposé. Lui sait que je suis un passionné raisonnable (parce que j'ai de nombreuses passions et des moyens limités pour les assouvir) et me propose (avec une grande habileté) une sélection qui est à la fois dans ma louche de désirs et ma fourchette de moyens... Le pire c'est que je trouve toujours chaussette à mon pied et que je repars toujours de son stand un peu plus pauvre mais ravi.
Ce type de commerce a encore de nombreux jours devant lui, car l'immensité du catalogue ne suffit pas au bonheur du "client". Les hypermarchés commencent sans doute à s'en apercevoir : les commerces dits "de proximité" réapparaissent, les réseaux acheteurs/producteurs se développent, les marchés de quartier sont au mieux de leur forme...
Une petite dernière mesquine pour conclure : sur abebooks il y a un libraire qui propose une édition ancienne de "Dieu et l'état" de Michel Bakounine, pour la modeste somme de 10 000 euros. Les frais de port en sus, 6,60 € me paraissent un peu exagérés. Si je l'achetais, je négocierais un petit rabais sur le port.
Quand au Père Bakou il doit frémir dans sa tombe à l'idée d'être bientôt coté aussi cher qu'un tableau de maître (modeste).
Bonne continuation !