Au fait, elle est bien gentille, cette définition de « Canard » donnée par l’aimable Boutmy, mais à l’instar de la Grosse Lulu face à la jeune recrue, nous trouvons cela un peu court. En effet, le canard existe depuis que la chose imprimée circule parmi les hommes et ce avant l’imprimerie. Non, il n’y a pas contradiction dans la phrase précédente si l’on considère que l’imprimerie est l’utilisation de caractère mobile et que bien avant on utilisait des planches gravées entièrement pour reproduire les pages. Ces opuscules diffusées par colportages, proposaient nombre de bondieuseries dans les campagnes, des facéties, des contes et ces fameux canard : nouvelles fantaisistes comme la naissance d’enfants à plusieurs têtes ou bien l’annonce de crimes monstrueux. Par extension, cela devint synonyme de nouvelle fausse, de «humbug», pour reprendre le terme anglo-saxon si pittoresquement illustré par Jules Verne. Pendant longtemps, cette littérature de colportage tint tête à la presse dans les campagnes et les milieux populaires touchés par le colportage. Est-ce par un phénomène de contamination que le mot canard quitta le contenu pour un support concurrent ? Il faut gager que la presse de l’époque n’était pas non plus avare de nouvelles scandaleuses ou extraordinaires. On ne s’étonnera donc pas de voir cette transitivité accomplie vers le XIXe siècle, passant ainsi du rédactionnel au contenant.
Le curieux qui désire en savoir plus se reportera avec intérêt à l’ouvrage de Jean-Pierre Seguin : Nouvelles à sensation : Canard du XIXe siècle, chez Armand Colin (Collection kiosque) publié en 1959. Épuisé, je sais, mais à qui pensiez-vous avoir affaire, mmmhhh ?
On excusera le Tenancier de ne pas présenter d’image pour évoquer la chose, ces pièces étant rares et difficile à retrouver dans les catalogues de ventes, par exemple.
On ne s'étonnera pas qu'il soit question de canards pour les hommes de plume de ces époques (et des actuelles).
RépondreSupprimerCela étant, merci pour ces intéressantes précisions, je ne connaissais pas ces imprimés pré-Gutenberg. En revanche, que l'on ait colporté de tout temps des nouvelles des plus fantaisistes ne m'étonne pas. Les "News of the world" de l'époque devaient être croustillants. Il faut dire qu'en la matière, ils pouvaient avoir comme concurrence, en matière d'information fantaisiste, la bible ou le coran, ce qui n'est pas rien...
Otto Naumme