J’avais déjà fait allusion à la lecture aux toilettes
ici même. Le cabinet de toilette est sans doute le lieu le mieux approprié à cette activité – entre autre – et certainement plus fréquenté à cette fin que le cabinet de lecture, qui est plus un lieu de macération bourgeoise. Que l’on ne s’attende pas ici et de ma part à de longues considérations scatologiques ni même me livrer une nouvelle fois à la vitupération de cet odieux faux derche de Henry Miller. Le Tenancier, il faut vous le dire,
il faut enfin l'avouer, lit aux cagoinces et cela lui fait bien plaisir. Il vient à peine de finir un volume des chroniques de cinéma de Jean-Louis Bory et aborde avec quelque délectation le butinage d’une
Histoire Littéraire de la France parue il y a trente ans aux Editions Sociales (Le tome IV, de 1789 à 1848). Votre serviteur ne se procure en ce lieu que des ouvrages susceptibles de satisfaire son intérêt et non sa désapprobation. Pour cette dernière disposition, il faut se méfier de certains réflexes et pour lesquels l’industrie papetière a prévu des rouleaux fort doucereux. Accessoirement et sous, euh… cet angle, on plaint – mais point trop – les adeptes de la lecture électronique.
Curieusement – mais la lecture en est fort lointaine, désormais – nous n’avons pas souvenir que le sujet de la lecture fut abordé par l’ouvrage essentiel de Roger-Henri Guerrand :
Les Lieux, Histoire des commodités (La Découverte, 1986), à croire que l’Histoire de mœurs et des mentalités ne recouvre pas forcément celle des pratiques culturelles (mais le Tenancier galège…).
On pourrait s’amuser à lancer un petit jeu, du genre : « Et vous qu’y lisez-vous ? », mais bien plus que l’investigation minutieuse d’une bibliothèque qui n’est point la notre, cette question touche à l’intimité de nos menus plaisirs, à l’heure où l’on rogne par la peur et l’envie les restes de notre liberté.
Au fait - on laisse le lecteur trouver un rapport - le Tenancier a changé de lunettes.
C'est peut-être parce que ce billet fort délectable est classé au chapitre "Sur le coin du bureau" ? Auquel cas, je te conseille, c'est un conseil d'amie, de changer d'opticien et d'aller chez Lapeyre. Ils ont des modèles adaptés avec accessoires !
RépondreSupprimerSigné : une femme à lunettes.
Mais, cher Tenancier, vous savez fort bien que je suis, comme mon pseudonyme le trahit, un pur esprit, et que, n'émettant que de salubres vents, je ne fréquente jamais les lieux d'aisance. A mon corps défendant !
RépondreSupprimerVous avez raison, mon cher SPiRitus, en définitive la littérature ne repose que sur du vent...
RépondreSupprimerBizarre . Il me semblait que cls avait consacré une rubrique à ce sujet sur son site, mais je ne parviens pas à la retrouver. C'était la rubrique "bdc", non pour "bas-de-casse", mais pour "bibliothèque de chiottes"
RépondreSupprimerPour ma part, je ne lis pas dans ces lieux : j'y suis comme le Penseur de Rodin, assez montaigneux, mais loin quand même des bourgeois caricaturés par Bunuel dans Le fantôme de la liberté. C'est surtout que j'ai de gros problèmes de plomberie depuis longtemps, l'eau coule ailleurs que dans la chasse : pas le temps de trop s'y attarder.
Je me souviens que voici longtemps, je m'étais efforcé de me plonger dans Le Capital (Livre I, édition Garnier-Flammarion), moi-même plongé dans mon bain, et que je m'étais vite endormi. Heureusement, un réflexe salutaire m'avait permis de brandir le livre hors de l'eau durant tout ce sommeil, jusqu'à ce que le froid me réveillât.
Ce sont les rouleaux de Sade ou le récent retrouvé de Kerouak (On The Road) qui sembleraient les plus adaptés pour l'occasion.
RépondreSupprimerEcran : jamais essayé.
Georgio, à moins que vous ne commettiez des vents dans votre baignoire (illustrant ainsi la chanson de Carlos), vous faites un peu du hors piste avec votre Capital ! Ceci fera l'objet, d'ailleurs, d'un autre billet un de ces quatre.
RépondreSupprimerDominique, chacun son rouleau ! Ceux de Qumrân sont un peu effrités.
Quant à moi, j'y fais le vide.
RépondreSupprimer—
George pourrait se remettre dans le rail en s'intéressant de près aux toilettes sèches.
ArD
Est-ce donc un lieu ou vous êtes en quête du satori ? Vous ne seriez alors pas trop éloignée des options philosophiques de Henry Miller - également de ma sœur - et donc de son jugement péremptoire sur les lieux ? Nous voyons ici poindre une nette divergence idéologique...
RépondreSupprimerMais on ne se fâchera pas.
Hé bien tant pis ! J'avais pourtant l'impression, avec mon commentaire, d'être, sinon dans le vent, du moins dans le bain.
RépondreSupprimerArD, je connais très bien les toilettes sèches, et j'apprécie beaucoup, mais leur utilisation en milieu urbain présente pas mal d'embûches — à moins de disposer d'un jardin et d'une scierie à proximité…
Il y a une séquence à ce sujet dans le film de Pierre Carles, Volem rien foutre al païs, vous souvenez-vous ?
Seul problème pour y lire tranquillement : étant donné leur compréhensible éloignement du lieu d'habitation, elles sont rarement équipées d'un éclairage électrique et il faut se rabattre sur des chandelles.
Je signale tout de même que je suis un radoteur, parce que j'avais déjà abordé ce sujet dans le passé.
RépondreSupprimerC'est l'âge, vous croyez ?
Non, c'est le besoin.
RépondreSupprimer—
ArD
oh !!!
RépondreSupprimerAh, la lecture en ces lieux communs...
RépondreSupprimerFréquentes et trop diversifiées pour être citées. Un seul dénominateur : journalistiques ou livresques, il ne s'agit jamais que d'oeuvres courtes ; il n'est pas simple d'y lire "Guerre & Paix" d'une traite (sauf cas extrêmes sur lesquels nous ne nous étendrons pas).
Quant aux toilettes sèches, j'avouerai un "mouais bof" autant lié à une vie de sédentaire plus ou moins urbanisé (et habitué à certaines formes de confort) qu'à des souvenirs de "ch... au fond du jardin" grand-paternelles sur lesquels je préfère (et vous aussi, très certainement) ne pas m'étendre.
Cela étant dit, va falloir que je finisse de poser la bibliothèque qui doit venir équiper les cagoinces, au boulot !
Otto Naumme
Vous me voyez ravi de votre retour parmi nous, cher Otto !
RépondreSupprimerMais je ne suis pas certain qu'en la circonstance, votre orthographe de Guerre et paix soit pertinente…
Dans le côté Très Russe on préfèrera Evguénie Sokolov, tout de même, ne serait-ce que parce c'est un conte et que dans ces lieux, c'est plutôt dans le vent...
RépondreSupprimerPaf, cher Otto, joyeux retour !
RépondreSupprimerLa pertinence des conditions de paix, par ici, n'est pas le repos du guerrier, hein !
—
ArD
Faut se méfier : lorsque l'on est sur le point de faire un traité de paix, on est pas loin de quitter le trône.
RépondreSupprimerBien, je vois que la marmaille s'amuse bien avec des calembours de cour d'école élémentaire...
RépondreSupprimerEtonnant comme il suffit d'un mot pour que tous régressent...
Mieux vaut lire ça que d'être sourd.
Otto Naumme
Aveux d'impuissance, ou accès d'Ottorité ?
RépondreSupprimerQuand je pense avoir été, il n'y a pas si longtemps de cela, réprimandé pour des calembours de faible tenue...
RépondreSupprimerTimes are a-changing, comme disent certains (pénibles je trouve) poètes...
Otto Naumme
Vous avez bien, cher Otto, que la tolérance du Tenancier change plus vite, hélas, que le cœur des
RépondreSupprimerhumains…
Mais il a raison de conseiller la lecture d'Evguéni Sokolov : c'est un récit qui pète le feu !
Cher Otto, le Tenancier, s'il remet parfois en cause vos calembours, n'a rien contre les phébus, toutefois.
RépondreSupprimer—
ArD
Eh oui, cher George, le Tenancier est comme les maisons du même nom, parfois ouvert, parfois fermé... Et je retiens le conseil sur Sokolov, sans jeu de mots oiseux...
RépondreSupprimerPour le reste, chère ArD, pour être homme phébus, il aurait fallu que je me nomme Otto Kar !
Otto Naumme
On dit moltement n'importe quoi, dans ces commentaires...
RépondreSupprimerComme si le Tenancier n'y était pour rien, du reste...
RépondreSupprimerOtto Naumme