Quoique.
On sait bien du reste que ces choses peuvent être dissociées allègrement. On laissera au lecteur le soin de récapituler lui-même les circonstances où il a pu vérifier la chose. Il est assez curieux par ailleurs que ce goût du livre pour lui-même ne fut point autant partagé par ma sœur. Libraire elle fut et grande lectrice elle reste encore, mais force est de constater que les livres qui ont suivi son existence quelque peu tourmentée se sont parfois retrouvés aussi chiffonnés que quelques amoureux que nous avons pu lui connaître. Précisons que cet état se vérifiait pour l’un et l’autre après lecture attentive, si je puis dire. Dans un autre sens, on peut affirmer que ces plaisirs ne furent point méprisés alors que l’on sait toutes sortes de lectures épuisantes.
Tout Tenancier que nous sommes, nous ne pouvons nous résoudre à l’approximation de l’état de nos spécimens de bibliothèque. Il en est qui cornent et d’autres qui marquent leur pages. Serait-il paradoxal que marquant nos pages, nous en soyons chiffonnés ?
Est une loi réflexive ou transitive ?
Si ma sœur n’aimait pas forcément les livres pour leur matérialité qu’en était-il de ces pauvres humains, objets de ses lectures ?
Nous voici à conclure provisoirement qu’une liaison avec un typographe n’eût posé guère de problème dans le sens où nous aurions su à quel corps elle se vouait.
Il faudrait de toute façon poser la question aux anciens amoureux de ma sœur…
Oui, c'eût été nettement mieux que votre sœur se liât corps et âme à un typographe : au moins, se vouer à un sein eût-il enfin pris un sens...
RépondreSupprimerArD
D'autant qu'elle aime les caractères.
RépondreSupprimerBravo, c'est beau comme une reliure !
RépondreSupprimer"Nous voici à conclure provisoirement qu’une liaison avec un typographe n’eût posé guère de problème dans le sens où nous aurions su à quel corps elle se vouait."
RépondreSupprimerQuand je pense que Le Tenancier se fait parfois tout grognon quand nous autres, ses commentateurs savants - voyez la clarté solaire d'ArD ! - , nous épuisons dans des jeux de mots subtils... Enfin bref.
Ceci posé, je le confesse volontiers : Le Tenancier est grand.
Ah, cher Christophe, que j'agrée à votre commentaire. Et je garde effectivement avec une précieuse attention cette dernière phrase du Tenancier, que nous pourrons lui ressortir à l'occasion...
RépondreSupprimerOtto Naumme
— Ma sœur, ma sœur… Ne vois-tu rien venir ?
RépondreSupprimer— Moi, tout ce que je vois venir, ce n'est pas un casseur, mais un kiné (pas forcément celui qu'il semble).
En réalité, ce n'était pas un typographe, mais un artiste peintre dont elle ne savait à quelle dessein se Vouet.
RépondreSupprimerHum... Il semble que, l'âge faisant sans doute son effet, le Tenancier se relâche tel un visage où le Botox ne tiendrait pas. Du moins, c'est ce que pourrait laisser penser sa dernière phrase, qui fleure bon l'approximation...
RépondreSupprimerOtto Naumme
Il s'appelait Simon.
RépondreSupprimerArD
ArD, je rends hommage à votre finesse et à votre culture, pas comme les deux zigotos à côté du radiateur, là-bas, surtout un en particulier qui, de plus, ne tient même pas ses promesses.
RépondreSupprimer"Que de la Gu...!" aurait dit mon adjudant-chef, si j'avais fait mon service militaire.
Pourquoi n'a-t-on jamais fabriqué des livres (papier) avec des bouts ronds en haut à gauche et à droite et en bas à gauche et à droite ?
RépondreSupprimerC'est une idée farfelue (et une réalisation sûrement inutile) mais peut-être quelqu'un, en cornant des pages, y a-t-il pensé un jour ?
Cela éviterait le piquant digital de certaines lectures.
Mais Le Tenancier le sait sans doute...
Dominique, parlez-vous de livres avec des coins arrondis ?
RépondreSupprimerDe tels livres existent, Dominique : il m'en est passé entre les mains. Un manuel d'électricien, je crois, entre autres. Et c'est aussi le cas des agendas de poche (de marque Exacompta, par ex.)
RépondreSupprimerJe pense que leur rareté tient à la difficulté (donc au coût supplémentaire) d'un massicotage arrondissant.
Quo vadis, Georgium ?
RépondreSupprimerÀ jeun, da ! (et à la Clairefontaine, évidemment…)
RépondreSupprimerDominique ne se sert que des agendas Moleskine lesquels on aussi des coins arrondis (avec un emporte-pièce, ça ne coûte pas trop cher, George)et le petit élastique, là.
RépondreSupprimerC'est le seul agenda admissible pour un homme de cette qualité, voyons.
Tenancier, les nouveaux modèles ont des fermetures aimantées.
RépondreSupprimerLe rognage en arrondi... ça appartient à l'esthétique japonisante ça, non ?
ArD
Pas guatémaltèque, chère Ard ?
RépondreSupprimerAh bon...
Je galèje. Je n'en sais strictement rien.
@ Le Tenancier : oui, je parlais livres et non agendas (les Moleskine sont pratiques et j'ai un petit carnet, avec élastique et dos cartonné - comme celui des reporters dans les films américains - qui me permet de noter le nom des rues où j'ai pris telle ou telle photo).
RépondreSupprimerJe me suis douté que cette absence de bouts ronds, comme les chapeaux bretons qui se font rares, était due à des problèmes de fabrication.
Mais l'idée m'est venue sans que je fasse sur-le-champ le rapport avec la douceur aux mains et aux yeux des Moleskine.
Ce nom m'a toujours fait imaginer qu'il s'agissait d'un peintre russe, époque Rodtchenko.
Je le savais, Dominique ! Chacun son snobisme et je gage qu'il vous va bien : discret avec quelques connotations littéraires...
RépondreSupprimerOn trouve des livres avec des coins arrondis, des manuels, comme le vous disait George mais également des livres pour enfants, des bibles, etc. Ce n'est pas vraiment exceptionnel. J'insiste, tout de même, ce n'est pas vraiment compliqué de fait des bout ronds, si je puis dire. Il faut simplement un machine et l'emporte-pièce qu'il faut. Si cela vous passionne tant que cela, je vais me renseigner...