Plaisir de s'offrir, joie de se revoir (annonce non libidineuse)

Comment Le Tenancier trouve-t-il donc ses livres ? Vous vous en doutez, il les achète. Par le passé, on vous avait déjà conté une visite chez Emmaüs où l'on trouve parfois des bouquins plaisants. On se défiera toutefois de la quête désespérée du "Chopin", du genre : édition originale en tirage de tête avec envoi dans ces lieux. Peine inutile, espoir vite fatigué. Mais pour ce qui concerne quelques titres, de ces chevau-légers du libraire, vendables, on pourrait éventuellement se laisser aller à quelques dépenses. On s'autorisera également à flâner ça et là dans les brocantes et "vide grenier" à voir ce que nous proposent les faux particuliers qui ont établis leur prix en louchant - parfois très mal - sur les prix du net. Peu importe du reste si l'état du livre proposé ne correspond pas du tout à l'arrivée à celui dont on avait vu le prix ailleurs. "Je vous le fait à 10% du prix sur le site machin-chouette.com ! 20 %, 30 % !", c'est la grande valse des prix. Aucun ne correspond. Rien à voir. On passe son chemin, laissant la place à qui veut y croire. On s'aventure parfois dans les rayonnages du confrère, au cas où celui-ci posséderait le tome qui vous manque, ou même à prendre un ou deux livres dont on se dit qu'ils feraient moins moches dans ses propres rayons. Pas de discussion de marchand de tapis à ce moment, mais de cette méfiance feutrée qui fait douter que l'on a bien mis cet ouvrage au prix qui convenait et de cet étrange regret qui saisit le vendeur et du remords qui vous prend tout à coup en sortant de cette librairie-là. Ce que le Tenancier préfère, c'est encore de faire l'achat de livres chez un particulier. "Faire une adresse", comme disent les broc' et notre cher, très cher ami Éric. Certes, il est des rencontres lamentables, de ces montées interminables par l'escalier qui ne vous mène qu'à la petite secousse, sans le lave-mains. Et puis il y a ces rencontres pharamineuses, extatiques : une personne aimable, cultivée et dont la conversation vous fait découvrir qu'en fin de compte vous n'étiez pas le seul à avoir ce genre de lecture, après tout et qu’en fin de compte le métier de libraire peut avoir un intérêt autre que le décourageant enfermement entre quatre murs, à regarder les gens passer dans la rue sans un regard pour votre vitrine. Chacune de ces rencontres est une surprise. Bonne ou mauvaise mais rarement morne. On aimerait être plus riche pour faire souvent ces visites-là.
L’achat de livre n’est plus qu'une seconde nature du libraire, au bout du compte, un habitus dont la dimension de plaisir est souvent déportée, faussée par rapport à l'acquisition d'un ouvrage par une personne dont ce n’est pas la profession. Il faut se l'avouer : le libraire devient parfois blasé.
Tout cela parce que Le Tenancier ne peut pas vivre une chose : la rencontre avec un libraire, vue par son client ordinaire. Parce que Le Tenancier ne peut plus être un client ordinaire. Et cela le chagrine de temps en temps.
C'est la raison pour laquelle on aimerait ici que vous parliez - lecteurs de ce blog - de vos plaisirs lorsque vous entrez dans une librairie, que vous nous parliez de votre libraire, de votre façon de choisir un livre... Le Tenancier vous laisse la place.
Envoyez vos textes et vos illustrations par le lien qui se trouve sur la colonne de droite de ce présent blog.
Quant au Tenancier, il surnagera au milieu des folios déchaînés pour donner de ses nouvelles très bientôt.

12 commentaires:

  1. Le Tenancier est beau quand il est inspiré.

    Mais ce n'est pas une raison pour en profiter.

    Otto Naumme

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  2. Où est le lien dans la colonne de droite ?

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  3. Sur la colonne de droite dans la rubrique "Liens", cliquez sur "Contact". Tout cela se situe au dessus du logo de la librairie...

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  4. Au fait, semblerait que le Tenancier, après les meubles de son chez lui, change également de place les colonnes de son blog. Le Tenancier se sent déménageur dans l'âme, en ce moment ?

    Otto Naumme

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  5. C'est le printemps, mon bon Otto. On se s'ébroue un peu.
    J'espère que vous pondrez un texte dont vous savez si bien nous délecter.

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  6. Je tiens d'abord à féliciter le Tenancier pour le magnifique titre de ce billet.
    "Faire une adresse", c'est certes plus joli que le vulgaire "rentrer une bibliothèque" que j'emploie d'ordinaire, pour faire court. Le pire (quoique fort profitable pour le portefeuille des charognards que sont parfois malgré eux les bouquinistes), c'est de s'occuper d'une succession et de découvrir, à l'examen des ouvrages encore sagement rangés sur les rayonnages, combien érudit, intéressant et honnête homme (ou femme) avait dû être l'ancien possesseur de cette bibliothèque — dont les enfants accrocs aux "nouvelles technologies" n'ont qu'une hâte : vendre la demeure, se débarrasser de toutes ces vieilleries — et combien c'eût pu être un délicieux interlocuteur… Et souvent ce regret s'alimente, une fois les ouvrages acquis (à un prix d'autant plus dérisoire que l'on méprise la progéniture qui s'en défait ainsi), à la lecture des annotations doucement griffonnées à la mine de plomb par celui qui s'est éteint…
    Ah, désolé, je ne suis pas en mesure de contribuer : les livres c'est le plus souvent par centaines que je les achète (très jolie bibliothèque vers Melun, non loin de chez vous, en ce moment).
    Mais vous, cher Tenancier qui vendez par le biais de l'univers virtuel, comment donc faites-vous pour vour retrouver à "faire des adresses" réelles ?

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  7. Hum, regret d'écriture (coquetterie, disait-on, non ?) :
    "… pour le portefeuille des charognards que sont parfois à leur corps défendant les bouquinistes", plutôt.

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  8. Je fais des adresses réelles, mon cher George parce que l'on me contacte. La chose est d'autant plus facile maintenant que j'ai pignon sur rue.

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  9. marie-ange faugerolas23 mars, 2010 09:44

    joliment dit !!!!

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  10. Merci, Maire-Ange. J'aimerais beaucoup que tu nous écrives quelque chose également !

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  11. "Quant au Tenancier, il surnagera au milieu des folios déchaînés pour donner de ses nouvelles très bientôt."
    J'aime bien la tendance du moment, un tenancier très "radeau de la Méduse",debout dans la tempête, un regard sur ses livres, un autre sur l'esthétique de son geste... oh !! hissez haut...

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  12. Et quand on me connait un peu, ce serait plutôt les rades par un soleil plombé, comme dans ces contrées lointaines dites par Brauquier.

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Ah oui, au fait... Le Tenancier ne répondra plus aux commentaires anonymes. Prenez au moins un pseudo.

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