Sur les quais (mais sans Brando)

La disposition d’esprit habituelle du Tenancier ne le porte guère à porter crédit à l’angélisme en matière de politique. Aussi, l’accumulation de certaines informations accolées les unes aux autres le pousse parfois à certaines interrogations, ainsi :

- Vers la fin août, on nous annonçait que la Mairie de Paris tapait du poing à l’encontre de quelques bouquinistes des quais de la Seine qui se livraient au commerce de souvenirs au lieu de se consacrer à la vente traditionnelle des livres. Si l’on ne peut qu’approuver le fond de l’annonce on s’étonne de revoir celle-ci, alors que le problème avait déjà été posé par la même voie de presse il y a une dizaine d’années et dans les mêmes termes.
Il n’est pas réputé facile d’accéder à ces boîtes qui sont fort convoitées bien qu’après coup nombre de ses occupants se plaignent du faible chiffre d’affaires qui résulte de son exploitation (rappelons cependant que les charges sont assez minimes par rapport à un confrère qui tient boutique). L’accession à ces boîtes passe par une commission qui est chargée d’avaliser les candidatures. Il semble que celle-ci surveille en permanence le commerce et la nature de la marchandise vendue sur ces dits quais. On s’étonne alors que la commission en question n’ait pas fait son boulot depuis l’annonce il y a une dizaine d’années. Par ailleurs, l’on évoque à l'envi l’existence de cette dite commission et du règlement très strict lié au commerce du livre sur le bord de Seine…
Le règlement est simple et très clair, on peut le consulter ici.
Non que l’on défende ici les marchands de souvenirs made in China. Le Tenancier préfèrerait nettement qu’un touriste fasse connaissance d’un parisien atrabilaire (et éventuellement en adopte un) plutôt que d’acquérir une saloperie en plastique. On s’étonne seulement de cet étrange laxisme et le vibrant rappel de la municipalité aux principes qui régissent la bouquinerie de bord de Seine.


(Photographie : Eugène Atget)

- On s’étonne un peu moins lorsque l’on découvre que la même municipalité, quelques mois auparavant (le 14 avril pour être précis), dévoilait son projet d’aménagement des bords de Seine. Il est assez curieux de constater que les quelques images reproduites ça et là ne représentent que les berges à des endroits où ne résident pas vraiment les bouquinistes. On se pose alors une question : ce projet de rénovation des berges ne touche-t-il que ces zones où les bouquinistes sont absents ou bien s’est-on gardé de les y représenter car l’on sait par avance que l’on va les en exclure ?
A ce moment-là, le roulement de mécanique de la municipalité de Paris prendrait tout son sens, appliquant une stratégie de diabolisation d’une partie de la corporation des bouquinistes, stigmatisant une pratique sommes toute marginale (quelques boîtes ça et là sont remplies de ces saloperies, mais ce n’est pas une pratique générale…)
Verrait-on alors les prémisses d’un grand chamboulement des boîtes, voire une disparition d’une partie de celles-ci ?

Le Tenancier n’est pas au parfum des projets détaillés de la mairie, il se peut qu’il se mette le doigt dans l’œil. Mais il va rester vigilant.

35 commentaires:

  1. Bonjour,
    m'étant posé la question de faire une demande "à la mairie" , j'ai papoté avec quelques bouquinistes, aucun d'eux ne dit la même chose...

    Une bouquiniste fille de bouquiniste affirme que les bouquinistes relèvent du patrimoine, que la Mairie le pense également. Elle a écrit à Madame Cohen-Solal (responsable des commerces) pour se plaindre de quelques collègues qui ne font plus du tout de livres dans les boîtes....entraînant une désaffectation des clients qui se contentent d'aller chiner à Brassens.
    Un autre qui m'a dit être un syndicaliste de la profession m'a assuré que la Mairie leur cherchait des noises...Beaucoup disent qu'il faut vendre aussi du" vieux papier" car les touristes s'intéressent peu aux livres.
    Seuls semblent heureux et paisibles ceux du Quai de la Tournelle.
    Certains travaillent aussi sur le web...
    Pas encore rencontré ceux des alentours de l'Institut.
    Bouquinistes ou pas, chacun pense que les bouquinistes ont eu la belle vie et qu'il est vrai que la Mairie se réveille...auto-entrepreneur, quatre jours d'ouverture...de nouvelles charges.

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  2. N.B.
    Certaines boîtes sont illustres, patinée d'amour et d'Histoire, histoires

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  3. Chère Adria,
    Vos informations sont intéressantes. Mais il arrive parfois que ceux qui ont le nez dans le problème ne voient pas le coup arriver ou du moins n'en perçoivent pas immédiatement la motivation. Le procédé qui consiste à laisser pourrir une situation pour mieux lui régler son compte est un des artifices politiques vieux comme le monde mais très bien remis au goût du jour ces derniers temps, et quelque soit le bord politique... Le rapprochement de deux faits comme ceux-là est donc tentant pour quelqu'un qui ferait preuve d'un peu de perversité.
    Rappelons qu'effectivement les bouquinistes ne peuvent tenir boutique en même temps que cette activité. Cependant, il ne leur est pas interdit de travailler sur le ouèbe, ce que certains font volontiers. Rappelons également à ceux qui y trouvent les prix exagérés que l'on s'y rend que comme une matière à flânerie et qu'il n'est pas recommander d'y venir avec une idée fixe (sauf à certains étals pour fachos finis ou les nostalgiques de la chaussette chaude et du rutabagas se refont la cerise entre deux couplets sur la décadence). A cette condition - celle de la flânerie parisienne - on peut encore trouver des choses agréables...
    Mais ceci est un autre sujet, bien sûr.

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  4. L'avantage des boites est que les touristes peuvent y faire l'acquisition d'un souvenir made in China ET rencontrer par la même occasion un Parisien atrabilaire.

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  5. Il est vrai que, chez certains bouquinistes...

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  6. Sur le site de la mairie de Paris - vraisemblablement en construction ! - on peut lire cette phrase : "Le réaménagement des voies sur berges suscitent (sic) interrogations et réactions" (11.06.2010).

    http://www.paris.fr/portail/politiques/Portal.lut?page_id=9766&document_type_id=2&document_id=86025&portlet_id=24314

    L'illustration jointe (avec ces escaliers qui descendent jusqu'au bord de l'eau, oui, jusqu'au bord d'elle...) ne laisse pas d'inquiéter.

    "L'animation" devient obligatoire, même nocturne.

    Les bouquinistes auront-ils encore quelque place devant le déferlement d'utilisateurs de Vélib', rollers, patinettes voire tapinettes ?

    Les automobilistes, eux, seront bloqués dans les nouveaux embouteillages créés par ces lubies "écologistes" : s'il y avait plus de bus (où l'on n'interdise pas les "sacs encombrants"), on ne serait pas obligé d'emprunter sa voiture pour aller faire des courses où se déplacer dans des endroits non desservis par des transports en commun erratiques.

    Il restera à prévoir systématiquement, pour patienter, un bon livre (acheté chez un bouquiniste, tant qu'il en restera) dans la boîte à gants du véhicule.

    L'idéal serait d'interdire toute circulation automobile à Paris, mais Monsieur Ghosn ne serait peut-être pas d'accord et c'est, semble-t-il, un homme d'influence !

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  7. Cher Dominique Hasselman, ce que vous nous rapportez renforce assez nos craintes...

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  8. Je vois qu'on est d'humeur à la galéjade, ce soir.

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  9. "Paris ! Paris outragée ! Paris brisée ! Paris martyrisée ! [...] "

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  10. Argh, quoi.

    Otto Naumme

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  11. La forme d'une ville
    Change plus vite, hélas ! que le coeur d'un mortel.

    Baudelaire, Les Fleurs du `mal, "Le cygne".

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  12. Jacques Roubaud a repris ce ver pour un titre pour un recueil de ses poèmes... Il finit par "le coeur des humains" et non par " d'un mortel mortel". La flemme d'aller vérifier dans mon Baudelaire et dans mon Roubaud pour tirer les choses au clair...

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  13. Et pourtant ce vers n'est pas solitaire…

    Julien Gracq, aussi, auparavant et à propos de Nantes.

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  14. La forme d'une ville change plus vite, hélas, que le coeur des humains
    cent cinquante poèmes 1991-1998 - Jacques Roubaud (Gallimard 1999)

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  15. ♪♪♫♪♫ Allez, les vers ! ♪♫♫♪♫

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  16. Et c'est George et moi qui nous faisons tancer...
    Tancez, Tenancier, tancez... Nous verrons bien ce que vous ferez lorsque la bise sera venue...

    Otto Naumme

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  17. D'autant que le Tenancier aurait pu mettre sa saillie en musique (houla ! ça nous rajeunit pas, tout ça)…

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  18. Les identités fluctuantes (et même parfois dribblantes) de notre cher George me surprendront toujours.
    Mais là, quand même, ouch...

    Otto Naumme

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  19. Dominique Rocheteau, faites-vous allusion à l'immortelle interprétation - que nous eûmes en 45 T. - de Monty et qui s'intitulait "Allez les Verts ?
    Si vous remettez la main dessus...

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  20. Jacques Monty, absolument, cher Tenancier ! Un 45 T. que pour ma part j'ai toujours (chez moi), et que vous pourrez écouter en cliquant sur le lien présent dans le message de Rocheteau. Mais ce n'était pas pour vous tacler…

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  21. Ah la la... que de souvenirs de radio...

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  22. Hum... Je trouve que, tous les deux, vous avez parfois de curieuses perversions "musicales"...
    Et l'âge (que vous aviez lorsque ces "choses" sont sorties) n'excuse rien. Ah mais !

    Otto Naumme

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  23. La présence de la Bastille sur la photo d'Atget indique l'existence des bouquinistes sur les parapets du port de plaisance actuel de Paris ?!
    M'est avis que l'image est à l'envers.

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  24. Adria, si vous examinez bien le cliché - en cliquant dessus, vous aurez une image agrandie - vous constaterez comme moi que la photo est à l'endroit. Des couvertures sont identifiables et lisibles.
    Donc, il devait y avoir des bouquinistes là-bas aussi.

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  25. pffff, la Bastille me fait perdre la tête...cette bouquiniste est donc boulevard de la Bastille, parmi ses clients, sans doute, les usagers de la gare...
    Une fois de plus merci Le Tenancier !

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  26. Je vais mettre votre dernière phrase comme slogan de ma librairie !
    :-)
    Cela dit, il faudrait vérifier, le sens du génie (si je puis dire), ce qui nous donnerait une indication de la position de cet étal, dont nous ne savons pas, en fait, si celui d'un(e) bouquiniste des bords de Seine... ou autre chose.

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  27. Ah oui,vous avez raison ; ce qui me contrarie toute fois : cela reviendrait à signifier que vous eûtes pu être remercié à mauvais escient.

    ArD

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  28. Jamais !
    Au besoin nous trouverons un argutie et tant pis pour la mauvaise foi.

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  29. mais c'est bien l'orientation du Génie qui m'a guidée vers l'erreur de sens...mais c'est sa direction qui m'incline à considérer que ces boîtes sont donc sur le boulevard de la Bastille.

    ArD, vous êtes impressionnante, vivement l'apparition des bibliographies fictives !

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  30. Aïe, c'est mon effronterie que vous trouves impressionnante ?En passant, euh... c'est juste une notice factice qu'il faut établir, pas une bibliographie, hein ! C'est parce que vous vous seriez lancée dans une bibliographie que la vôtre n'a pas encore apparu ?
    Vous jouez, j'espère ?

    ArD

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  31. Du tout, du tout, c'est votre précision.

    Pour la notice, je me tiens à carreau, impatiente et anxieuse à l'idée de passer à côté des subtilités humoristiques dont les habituels érudits (à l'esprit vif) de l'antre du Tenancier vont, sans nul doute, agrémenter la supercherie.

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  32. Oui, c'est bien la raison pour laquelle il faut tirer avant eux, Messieurs les Anglais !

    ArD

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