Parfois le Tenancier a le choix. Au lieu d’acheter toute une bibliothèque, il lui arrive de se pourvoir en quelques livres intéressants pécuniairement et intellectuellement. Parfois, également, certains livres intelligents font l’objet d’une impasse de sa part. On songe plus particulièrement aux livres intelligents sur des sujets triviaux. Le phénomène remonte peut être au jour où un grande partie de la littérature populaire fut traité de paralittérature, littérature d’expression graphique, littérature conjecturale ou autres élégants caches sexe pour parler des petits bouquins où quelques puceaux s’excitent encore aux exploits de Malko Linge et où les Triomphes de la psychanalyse de Daco sont remplacés par les affres d’Éric Sweetcent. En soi, rien de malsain. La littérature populaire est indispensable et nul Tenancier de votre connaissance ne se mettrait dans l’idée d’y redire. Il apprécie même et en vend parfois, rendez-vous compte ! Ce qu’il évite par contre soigneusement, c’est tout l’appareil critique contemporain qui s’érige autour de cela. Si le point de vue universitaire est certes intéressant dès lors qu’il met en jeu la matière de l’écriture, la thématique voir l‘inconscient des auteurs, une dérive avérée est apparue au sein dudit appareil critique. Ainsi et désormais toute page, musique, image, animée ou non, qui a l’ambition de nous divertir serait l’épiphénomène d’une stratégie philosophique visant à l’épiphanie, peut être, ou à la révélation d’une prophétie, d’une conspiration, d’un complot, etc. Si l’on a rencontré par le passé des titres au contenu réjouissant — nous avons des côtés masos — tels que Le Fœtus astral ou La Chambre à Bulles, on finit par se lasser quand le systématisme idéologique s’empare de la moindre crotte télévisuelle pour annoncer la venue d’un prophète caché ou l’on ne sait qu’elle faribole mystique ou bien que le corpus entier de l’œuvre d’un musicien de… pop, rock, euh, bref soit le fruit d’un projet global qui euh… (je crois qu'il y est question de Kant). Certes, il n’est pas interdit de parler intelligemment de sujets qui paraissent triviaux, comme je le disais plus haut. Cependant, votre Tenancier n’a que faire de cette prose encombrée et encombrante car la niche des jeunes bourgeois décalés urbains qui bée devant cela n’achète pas de livres d’occasion mais parcourent les résumés sur leurs tablettes numériques.
C’est bien le moins de notre part, on leur donne raison.
Du reste, cette littérature critique fait furieusement penser à cette occupation bourgeoise pré et post-révolutionnaires qu’était la consultation de la Sybille des Salons. L’hermétisme des mystagogues a toujours fait recette.
Quant à ce saupoudrage mystique, le Tenancier en baille. Il n’y a que la foi du charbonnier qui compte pour lui. Et, entre nous, il est mal barré puisque chacun sait que les carbonari étaient des conspirateurs…
Ah, nous aurons donc un Tenancier carbonara... J'en rêvais.
RépondreSupprimerPour le reste, je ne peux qu'agréer votre propos, étant tout aussi sidéré de voir des ribambelles de "penseurs" se secouer l'appareil critique (c'est trivial, je sais...) sur des fadaises dont seuls les livres religieux arrivent à concurrencer l'abyssale absurdité.
Mais, dans l'ensemble, vous confirmez une devise Shadok qui montre une nouvelle fois la pertinence de leur pensée : "mieux vaut mobiliser son intelligence sur des conneries que sa connerie sur des choses intelligentes".
Et toc.
Otto Naumme
Et toc.
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