"Les Lettres à Pierre Termier sur lesquelles je tombe, dans une édition de 1927, reliée (au toucher soyeux, la tranche de cuir est admirablement patinée, grâces en soient rendues au temps et à un nommé J.B, sans doute le relieur, qui a collé un petit papier à ses initiales sur une des premières pages), parue chez Stock et numérotée (n°128), sur papier Alfa vergé Outhenin-Chalandre [...]"Hélas hélas, cher amateur, les tranches en cuir n'existent pas, à moins que les feuilles du livre dont vous parlez soient de la même matière ! (1)
Allez, on ne vous en veut pas. L'erreur est commune, elle se rencontre très fréquemment chez les libraires de neuf. Du reste, ils ont contaminé tout le monde avec cette notion erronée. J'en sais quelque chose, j'ai été libraire de neuf.
Ce que l'on appelle communément la tranche est en réalité le dos. C'est ce que vous voyez d'un livre lorsque celui-ci est rangé dans la bibliothèque. La tranche n'est pas unique, il y en a trois. C'est la partie visible du papier... Lors du brochage de l'ouvrage, celui-ci a encore des marges inégales. L'oeuvre du massicot est encore nécessaire pour que les bords des feuilles soient complètement égalisés, tranchés en quelque sorte. D'où le nom.
Ces bords de page peuvent être décorés de différentes façons : dorés (d'où l'appellation "tranche dorée" qui, convenez-en, serait assez tape à l'oeil si cela avait concerné les dos !) jaspés (motif de papier à la cuve, on baigne la tranche dans un bain spécial, on y reviendra un jour...) simplement teintés (de rouge, souvent, pour les livres anciens) etc.
Le dos, quant à lui à parfaitement le droit d'être patiné, comme l'indique la citation. Mais un coup de cire serait le bienvenu, mmmhhh ? Il peut avoir des nerfs apparents, des pièces de titre, etc.
Nous reviendrons progressivement sur les divers éléments qui constituent un livre. En attendant, une image vaut mieux que bien des explications. J'avais pensé aux pages de "Lui" avec Danièle Gilbert nue (2), mais ce n'était pas très explicatif. Même pour le cuir.
Alors...
Vous l'avez échappé belle !
(1) - Un tel livre existe aux éditions Fornax cliquez sur le lien et cherchez la référence 219...
(2) - Numéro de février 1988 - Toujours sérieux lorsqu'il faut donner des références...
Ah, oui, honte sur moi, cette histoire de tranche a bon dos, en plus maintenant, impossible de corriger, ça m'apprendra à plaisanter avec Bloy.
RépondreSupprimerBon, j'ai bien noté et je vais suivre scrupuleusement votre dissection du livre, ça m'intéresse.
Aïe ! J'avais pris soin de dissimuler votre identité, Henri ! C'est pas d'jeux. Mais il vous sera beaucoup pardonné.
RépondreSupprimerComme je l'indiquais plus haut, cette erreur est assez commune et souvent répétée dans la librairie de neuf, ce qui laisse rêveur sur le degré de formation des gens qui y travaillent. Ce n'est en tout cas pas un reproche à ceux-là, l'ignorance n'étant pas un vice. Il est d'ailleurs des vices plus enjoués que l'exercice de l'ignorance. Il en est d'ailleurs quelques uns cités sur votre blog, cher Henri.
(Le blog d'Henri est en lien, là-haut)
Je crois bien être un des premiers bénéficiaires des doctes cours de jtm..me souviens avoir fait l'acquisition d'un beau volume bien tranché, couleur ..poils de chameau...Vos leçons sont encore nécessaires: une note, un mot nouveau.
RépondreSupprimerA votre service, Phil. Heureusement que je suis parfois aidé par plus savant que moi. Mais n'hésitez pas à me poser des questions. C'est aussi très amusant de chercher.
RépondreSupprimerDu moment qu'on peut se payer une tranche de rire...
RépondreSupprimerAu fait, ne dit-on pas surtout "doré sur tranche" ? (auquel cas il est vrai que "doré sur dos" irriterait bien des oreilles mélomanes...)
Otto Naumme
Voui, cher Otto, on dit également... ce qui ne dit pas grand chose puisque nous ne savons pas laquelle est dorée. Les trois ?
RépondreSupprimerAh bon.
Vous êtes un rupin, alors ?
Trêve de plaisanteries, nous reviendrons, comme je l'ai indiqué, sur les façons de décorer les planches. Par là même nous essaierons de ne pas être emmerdatifs. J'ai souvent l'impression que les sites qui parlent de cela sentent un peu le rance.
Comme je vous l'ai déjà dit, cher JT, ne m'appelez plus jamais "rance" ! ;-)
RépondreSupprimerOtto Naumme