Quiz - 10

Hum, quelque chose cloche dans ce texte... de qui, au fait ?

Le pistolet à répétition semi-automatique (ah ! tout de même, clament les puristes), c’est le truc qui n’a pas de barillet. Le chargeur est dans la poignée. (Les armes de poing n’ont pas de crosse. Si vous dérouillez quelqu’un à coup de crosse de pistolet, c’est une faute de français, mais elle est tolérable : le mieux est tout de même de taper avec le canon, parce que « Je l’assommai d’un coup de poignée » fait un peu bizarre). Après qu’on a armé le premier coup, chaque départ éjecte la douille, fait monter une nouvelle cartouche dans la chambre et réarme le chien, il n’y a plus qu’à appuyer de nouveau. Le titre d’Albert Simonin Une balle dans le canon (plus expressif et moins énigmatique qu’« une balle dans la chambre ») évoque un pistolet armé. Le pistolet peut avoir un réducteur de son. Il est susceptible de s’enrayer, notamment si une douille ne s’éjecte pas. On peut adapter un silencieux à un revolver, mais l’effet en sera rigoureusement nul. Je n’ai jamais vu un automatique muni d’un silencieux, mais à ce qu’on me dit l’arme s’enrayerait. On peut faire usage d’un silencieux avec un pistolet d’exercice à un coup ou une carabine, mais leurs détonations resteront passablement bruyantes. Les gens qui ont donné le nom de « silencieux » à ce dispositif faisaient preuve d’un bel optimisme et l’usage ne s’est jamais répandu.
La simplicité et la robustesse du revolver sont des points forts. Le pistolet a pour lui la capacité supérieure de son chargeur (certaines armes récentes tirent dix-sept coups, voire davantage) et sa plus grande vitesse de tir.
Un homme touché par une balle de Colt 45 ou un projectile du même calibre, se retrouve presque toujours les quatre fers en l’air, même s’il n’a pas été atteint en un point vital. Le choc est très violent, pourvu que la balle ait été tirée d’une distance raisonnable.
L’éclair d’une arme à feu de modèle courant ne permet pas de distinguer quoi que ce soit, même si on s’imagine facilement avoir vu des choses.
Dans l’histoire de l’armurerie, on a fait quelques tentatives pour créer un pistolet à répétition entièrement automatique, qui se réarme et refait feu incessamment tant qu’on garde le doigt sur la détente (la queue de détente ! rectifient les puristes dont la voix commence à s’enrouer. Qu’est-ce que ce serait si j’avais parlé de « gâchette » !). le résultat n’a pas été convaincant sur des armes de poing, tout simplement à cause du recul. Tirer une rafale avec un flingue de vingt-cinq centimètres de long vous permettra surtout de blesser mortellement le lustre. On a tâché de rectifier le tir (c’est le mot) en dotant le pistolet entièrement automatique de prolongements dépliables (croisse, poignée). Mais alors on se rapproche bonnement du pistolet-mitrailleur, vulgairement appelé mitraillette, que nous examinerons un autre jour si vraiment le besoin s’en fait sentir.

22 commentaires:

  1. Ça sent le type pointu en polar...

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  2. Vous avez peu de chances de vous tromper en disant cela, cher ami. Mais il y a quelque chose qui cloche dans ce texte, en plus, comme je l'écrivais...

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  3. Michel Lebrun ou Jean-Patrick Manchette.

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  4. Il faudrait que je relise avec plus d'attention, mais j'ai l'impression qu'il y a confusion entre revolver et pistolet au moins une fois dans le texte.

    Pour le nom de l'auteur de ces lignes, je dirai comme ce cher Grégory, le sieur Manchette...

    Otto Naumme

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  5. Jean-Patrick Manchette, "Miettes noires" (§ "Kanonensong"), Polar n°15, mai 1995.
    Dans cette dernière chronique pour la revue Polar (il mourra le mois suivant), Manchette développe un thème qu'il avait esquissé dans une chronique publiée dans le n°132 de Charlie mensuel (janvier 1980), avec déjà le même type de remarques sur les puristes.

    Mais vous êtes un farceur, cher Tenancier : vous avez intercalé des passages ("On peut adapter un silencieux à un revolver […] l’usage ne s’est jamais répandu" et "Un homme touché par une balle de Colt 45 […] avoir vu des choses") qui proviennent d'ailleurs !

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  6. Oui George, bien trouvé et je me doutais que vous trouveriez (Bravo à Gregory et otto, également). Mais justement d'où provient ce texte intercalé ?

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  7. Héla, j'ai beau compulser les Chroniques, je ne parviens pas à retrouver ce passage !
    Je me souviens d'un texte où Manchette dit qu'il est allé, par souci d'exactitude, jusqu'à s'abonner à une revue d'armurerie, et conseille à tous les traducteurs d'en faire autant, mais impossible de remettre la main dessus.
    Le passage intercalé provient peut-être du Journal, mais je ne puis présentement vérifier…

    Ce qui me chiffonne, c'est que le purisme de Manchette aurait dû lui faire écrire "une balle de Colt .45", si j'ai bien compris ses explications…

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  8. George, je n'ai jamais dit que le texte que j'ai utilisé venait de Manchette, c'est d'ailleurs cela qui a un intérêt si l'on considère la personnalité de celui-ci et celle de celui qui a écrit le texte "parasite"...

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  9. Heu... une réplique de l'Inspecteur Harry ?

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  10. Oh non ! Cela vient de quelqu'un de nettement plus "libéral" !

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  11. Charlton Heston, alors ?

    De toutes façons, si ce passage n'est pas du Manchette, je n'ai guère de possibilité de trouver.
    À moins qu'il ne s'agisse de Westlake, mais cela ne semble pas être le cas…

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  12. Charlton Heston à cause du NRA ?
    Judicieux. Mais ce n'est pas lui.
    Non, non : pensez à un écrivain qui a révolutionné le genre et que Manchette forcément appréciait.
    Allez, je vous mets sur la piste, le même Manchette dans ses chroniques raconte une anecdote sur cet auteur en compagnie d'Hemingway...

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  13. Dash.

    Je me souviens de cet épisode que relate Manchette après avoir lu la bio de Lilian Hellmann, où Hemingway défie Hammett de plier une cuiller dans la saignée de son coude, ce à quoi Dash, au bout d'un moment, lui conseille d'aller jouer avec des gamins…

    Et ledit passage me dit bien quelque chose, mais je ne sais plus dans quelle œuvre.

    En tout cas "libéral" n'est pas le terme qui convient, au sens américain, du moins : Hammett était communiste, ne s'en cachait pas, et il en a pas mal bavé aux temps du maccarthysme. Combien de mois de prison, déjà ?

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  14. En tout cas, bel exercice que ce farcissage, Tenancier (je vous qualifiais tout à l'heure de "farceur", il faut farcir ce terme des lettres "iss" pour obtenir "farcisseur" !) : le texte de Hammett s'insère parfaitement dans celui de Manchette.
    Et bel hommage croisé à ces deux grands écrivains…
    Merci !

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  15. Bien sûr, "libéral" ne s'applique pas au contexte d'Hammett, mais je ne voulais tout de même pas rendre ça trop facile. De toute façon, à ce sujet, je me fais une raison et je pense que j'aurai beau poser des énigmes, toutes seront résolues avec une facilité dérisoire !
    Le texte de Hammett inséré dans la chronique de Manchette que vous aviez repérée se trouve reproduit dans la biographie de Diane Johnson : Dashiell Hammett : une vie. C'est une suite de vingt-deux paragraphes numérotés publiée en deux partie dans en 1930. J'ai été tout de suite frappé à sa lecture par sa ressemblance avec la chronique de Manchette et il était bien évidemment tentant de mêler les deux.
    Je me doutais que vous alliez trouver, George.

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  16. Tiens, curieux, une référence a sauté (vengeance de Hammett ou de Manchette ?)
    Lire donc :"C'est une suite de vingt-deux paragraphes numérotés publiée en deux partie dans "Saturday Review of Literature" en 1930

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  17. Merci pour la référence.
    En voici une autre : l'anecdote à propos de Hemingway est relatée dans Charlie mensuel n°109 (février 1978).

    Je ne connaissais donc pas le passage inséré puisque, honte sur moi, je n'ai toujours pas lu la bio de Diane Johnson. J'ai dû moi aussi confondre avec Manchette…

    … dont j'ai relu du coup tous les passages des Chroniques relatifs aux armes. Celui où Manchette conseille la lecture de la revue Cibles se trouve tout simplement à la fin de sa dernière chronique, celle dont vous avez extrait le passage reproduit dans ce billet.
    Et il en est une particulièrement savoureuse, intitulée "Traduc-tueur ?", publiée dans Polar n°11 (décembre 1993), avec une prolongation au début de la suivante.

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  18. En tout cas, je ne sais pas si c'est volontaire, mais le texte de Manchette constitue tout de même un beau tribute to Hammett, n'est-ce pas ?

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  19. Enfin, il me semble que la deuxième partie de cette énigme-ci n'aurait pas été résolue avec "une facilité dérisoire", comme vous dites, si vous n'aviez pas fourni l'indice à propos de Hemingway…

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  20. Oui, bel hommage, mais c'est bien naturel de sa part. Manchette était imbibé de Hammett : c'est grâce à lui qu'il s'est appliqué à bannir de ses textes toute considération psychologique (le fameux "style comportemental") et Hammett n'est pas pour rien dans les réflexions de Manchette sur le roman noir comme grande littérature analytique (et critique) de la société du XXème siècle.
    Il lui a consacré un hommage formel dans le quotidien Le Matin en 1980 ("Toast à Dash") mais ses chroniques fourmillent depuis le début d'analyses de l'œuvre de Hammett (notamment du fameux début de La moisson rouge, où quelques lignes suffisent pour faire comprendre toute la corruption de la ville).

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  21. Tiens, je m'aperçois à l'instant que le nom même de Manchette forme un quasi-anagramme d'hommage à son illustre prédécesseur, en latin : Hamett : nec !

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  22. Gaspe !
    … une quasi-anagramme, pardon.

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