Morose macération

Il est des jours où l’on aurait envie de tirer sur n’importe quel connard dans n’importe quelle jungle mal famée, histoire de changer de l’ordinaire. La première question qu’il faudrait alors se poser franchement serait du genre : le béret me va-t-il bien ? Ensuite, viendrait la question du cran de sûreté du AK-47, et celle de la pointure des grolles qu’on vous a distribuées. Les cieux sont cléments car ils ne nous autorisent que rarement ce genre de songe quelque peu odorant aux entournures. Ce n’est pas le pire de ce que l’on peut imaginer. On pourrait par exemple tenir un blog où les commentateurs viendraient exclusivement du pool des intervenants de chez Assouline (là, purée, je remets la modération !) ou alors on pourrait vivre ce cauchemar rétroactif et que je fis de temps à autre : être enfermé dans une pièce sans porte et devoir converser pendant des heures avec Jean Dutourd, Jean d’Ormesson et Jean Cau. Ecoutez, là, c’est le bouquet ! A ce moment là, ne prenez pas de gants, mettez carrément du Rachmaninov, pendant que vous y êtes ! Achevez moi…
N’empêche, vous vous imaginez ça, vous, endurer ces raseurs pendant un temps infini ? Une heure c’est déjà trop !
Ouais, eh bien, ça a dû sûrement vous arriver, à vous, avec l’émission Apostrophe. Ch’suis sûr, vous étiez devant ! Ouais, ouais, ne me sortez pas l’argument que vous attendiez le Cinéclub, c’était nettement plus tard...
Et moi ?
Quoi, « moi » ?

Ça va pas la tête ?
Parce que je suis libraire, vous vous imaginez que je vais m’amuser a supporter pendant une heure une émission littéraire... « Ben, c’est vot’ métier, nan ? » Ah ben oui, dame, que c’est mon métier. Et vous imaginez que les plombiers seraient intéressés par une émission sur la plomberie, eux ? Alors pourquoi moi ?
Si vous voulez savoir, la seule fois ou j’ai eu plaisir à regarder, c’était lors du passage de Bukowski, pour une fois que j’étais devant. Je devais pressentir…

Écoutez, vous m’énervez, là.
Je vais vous dire, la seule façon de supporter une émission littéraire, c’est de l’écouter. La radio c’est fait pour ça. Et parfois, il y a des émissions fort intéressantes.
Et parfois il n’y en a plus…
En attendant, je suis morose.


P.S. : Reconnaissons que les trois Jean ci-dessus sont tout de même plus buvables que les commentateurs de chez Assouline, ce n'est pas une performance, c'est dire. Autrement, je viens de me rendre compte que je viens à ma manière de répondre à Christophe Borhen...

5 commentaires:

  1. Pour revoir (et pas seulement écouter) Bukowski... et tant d'autres, on trouve maintenant les émissions de Bernard Pivot en DVD :

    http://bibliobs.nouvelobs.com/20100927/21522/quand-la-culture-avait-sa-place-a-la-tele

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  2. L'autre fois, je suis passé chez George et je lui ai raflé tous ses Bukowski pour améliorer mes exemplaires (j'en avais quelques un en poche) ou pour retrouver ce qu'on m'avait piqué. Me manquait un ou deux titres également.

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  3. Tiens, me revient en mémoire que le substantif "macération", certes décliné au pluriel, renvoie (aussi) à des sacrifices et à des souffrances que l'on s'inflige pour faire acte de pénitence.

    Sinon, ô Tenancier, pour revenir au désormais fameux duo/duel Bukowski-Pivot, je me souviens de la parole du Révérend Bernard après qu'Oncle Charles eut quitté le plateau; je cite (de mémoire) : "Veuillez nous excuser pour ce déboire."

    Enfin bref.

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  4. Je trouve l'écrivain Bukowski passablement rasoir (un terme qui l'aurait fait se poiler, probablement) mais le potache animateur (dans le sens où il a "animé" une émission qui fleurait bon sa veillée mortuaire) tout à fait réjouissant.
    Comme quoi on ne peut pas lettre et avoir têté...
    (veuillez m'excuser pour ces approximations, il faut que je me réacclimate au vent, au froid, à la pluie, à l'automne, quoi...)

    Otto Naumme

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