Charogne

Il est parfois des mauvaises nouvelles qui s’annoncent par une odeur douceâtre et un peu surie, s’installant dans notre incommodité, sachant, quant à nous, confusément, que celle-ci n’est point naturelle bien qu’elle tend à se prolonger, s’insinuer, s’installer, prendre ses aises dans les espaces où nous avons coutume d’évoluer, continuer encore de s’étendre et puis changer encore de registre, quitter la discrétion, devenir lourde et plombante, jusqu’à bloquer notre respiration, provoquer des spasmes et des nausées.
C’est communément à ce moment précis que l’on découvre la charogne.
Parfois, effectivement, cela commence par un rien, ou c’est tellement lointain que vous n’y prêtez pas trop attention. Les autres s’appellent Ko Siu Lan ou Larry Clark, vous respirez normalement, vous rangez les étranges événements qui se déroulent devant vos yeux sous le voile de l’anomie, et de l’indifférence préméditée par d’autres. Et puis arrive un nom plus connu et plus proche, Reiser, et tout à coup vous vous rendez compte que vous ne respirez plus si bien. Et puis encore vous reviennent quelques autres faits, qui concernent des contemporains que vous n’écoutiez pas forcément, sur France Inter. De toute façon, il est trop tard désormais pour le faire… c’est curieux, rétrospectivement vous suffoquez.
Alors, arrive cette très curieuse disparition d’un blog ami, disparition due aux étranges manœuvres d’intimidations, indirectes, d’un élu de la République, lequel n’a guère apprécié que l’on daube son Maître… La petitesse se loge également dans les détails, et dans les fumets. Vous vous dites : « Comme cette affaire est proche ! », survient comme une sorte de crise d’asthme. L’air ne passe plus. Sans doute ce même asthme qui atteignit Cioran, vous savez… le réel. Petites causes, drôles d’effets.
Nous vivons une période bizarre où d‘étranges odeurs flottent dans l’air. Que cela peut-il être ? On n’ose dire encore le mot. Les mots sont là pour désigner les choses. On sent seulement la douceâtre et surie odeur de charogne, confusément. On ne veut ou l’on ne peut la voir. On ne la nommera point encore car elle prend bien garde de se mêler au parfum de roses de la bienséance.
Avec un peu de chance, la prochaine fois, la charogne se trouvera au cœur d’un livre et enfin ce billet trouvera ici sa place…

12 commentaires:

  1. Tout cela est fort bien dit, ma foi.
    Et, effectivement, l'on sent comme une "convergence", pour parler moderne, de faits, parfois minimalistes en eux-mêmes mais qui, mis bout à bout, amènent à une autre vision des choses. Vision quelque peu nauséabonde.
    Mais bon, il paraît qu'il faut rester feutré, ne pas utiliser de termes ou de concepts sans rapport. Nous ne parlerons donc pas de fascisme rampant. Mais nous le penserons très fort...

    Otto Naumme

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  2. Le problème, effectivement, mon cher Otto est que, à force de ridiculiser certaines inquiétudes ou du moins les rendre anodines, on en vient à supporter l'insupportable.

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  3. D'abord les charognes.
    Ensuite les chars rognent.

    Il y eut aussi Charonne en 1962, et Sharon en Israël…

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  4. J'ai oublié la disparition de l'émission de Pascale Casanova, qui va bien dans le tableau...

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  5. Je ne vois plus qu'un seul remède, cher Tenancier : "baudelairiser" la charogne - et peu importe les effluves de Pinard.

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  6. Avant qu'elle ne surisse, la charogne chancit.

    ArD

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  7. Surir, c'est mûrir un peu ?
    Ou c'est moisir un peu ?

    Otto Naumme

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  8. Otto, j'aimerais bien que de temps en temps vous arrêtiez de vermotiser. Je vous le dis gentiment, mais j'ai quelques échos ici et là où l'on m'indique que cela lasse un peu. Envoyez-nous donc plutôt la chose que vous nous promettez depuis quelques temps, sur le Mystérieux Expéditeur. Je vous indique du reste que vos jeux de mots mis bout à bout feraient, en nombre de signes, un billet d'une longueur fort appréciable, comme quoi vous perdez votre temps et vos talents qui, je le sais, sont multiples...
    Allez, mon bon Otto, un effort de votre part serait appréciable et serait apprécié de tous ceux qui on l'heur de vous lire dans ce blog et autre que des calembours.
    Notez bien : je ne refrène en aucune façon vos ardeurs en matières de jeux de mots et d'approximations malheureuse. Je vous confie que j'en suis adepte et que l'on ne peut tout le temps se prendre au sérieux. Du reste, nous ne sommes pas chez Assouline, merde ! Cependant, j'apprécierais que vous concentriez un peu tout cela car, malgré nous, nous avons quelques modestes prétentions à la qualité, de temps à autre. C'est comme ça.
    Et pour cette question de qualité, vous le valez bien, mon cher Otto.

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  9. Cher Tenancier, je suis navré d'avoir nui à la qualité de votre blog par mes quelques mots "d'esprit", je ne pensais pas que ces (peut-être trop fréquentes) saillies pouvaient en aucune manière influer de quelque façon que ce soit sur le niveau de l'ensemble. Je pensais, naïvement, que c'étaient surtout vos articles qui contribuaient à la tenue de ce site, les commentaires des uns et des autres n'étant là, finalement, que pour montrer l'intérêt qu'ils portent à vos écrits, remarques et idées, voire indignations comme c'est le cas dans cet article. Le sel et le poivre d'un bon mets, en quelque sorte.

    Et je m'en veux encore plus de lire que mes petites calembredaines semblent devoir entraîner l'ouverture d'un bureau des plaintes à l'arrière-boutique de votre échoppe virtuelle. Je vous remercie du reste de m'en avoir prévenu, je ne sais par quel autre biais j'aurais pu en être informé autrement.

    Maintenant, certes, mes interventions ne présentent pas toujours un fond particulièrement développé (encore que, vous le savez, elles ont parfois une raison d'être...). Mais, comme vous le savez aussi, je ne dispose pas (et ne voyez là aucun maniérisme, c'est une simple vérité) de la profonde culture de nombre des intervenants sur votre blog (il ne s'agit pas que d'un vernis, pour sûr !), sans même parler de la vôtre (et non, ce n'est pas de la pommade). J'ai donc parfois du mal à m'insérer dans certaines conversations, tout simplement car je ne sais de quoi il est question (la dernière en date évoquait Baudelaire et un fâcheux nommé Pinard - vous remarquerez que je m'abstiens...). Parfois, lorsque je m'époumonne à vouloir suivre ces sommets livresques, je lâche un petit pet de l'esprit (copyright Totor - mais l'on s'étonnera de ces dérives anatomiques) comme une sorte de bouffée d'air frais à ma propre intention - et un divertissement pour ceux qui, je le supposais (et pas toujours à raison, semble-t-il), pourraient apprécier ces quelques tournures. Je n'imaginais pas que cela pourrait avoir d'autres conséquences que quelques ombres de sourire.
    Mais je m'en voudrais d'entacher un quelconque blog de mes carambaresques blagues. J'essayerai donc à l'avenir de me concentrer sur la qualité. Au risque de me faire plus rare...

    Quant au Mystérieux Expéditeur, cela va être fait. Dès que j'aurai achevé les petites occupations qui me permettent de modestement gagner ma croûte...

    Otto Naumme

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  10. Mon cher Otto. La citation que vous attribuez à Totor est des Desproges qui en cette occasion fut plutôt un esprit fâcheux, car la citation s'arrêtait court.
    Celle de Hugo est :
    "Le calembour est la fiente de l'esprit qui vole".
    Ce qui change tout, et c'est plutôt celle-ci qu'on vous accolerait. Mais avouez de temps en temps que ce déluge finit par devenir, euh... asphyxiant.
    On attend vos billets, mon cher, on éprouve toujours du plaisir à les lire. On regrette seulement qu'ils ne soient pas très fréquents.

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  11. "L'élu de la République" qui serait à l'origine de cette amicale pression sur le gestionnaire du blog en cause, on aimerait vraiment connaître son nom.

    Ce serait tout à fait démocratique.

    S'il appartient à l'UMP, il doit forcément avoir le courage de ses opinions et ne désire sûrement pas se dissimuler derrière un bouclier... éditorial.

    Alors ?

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  12. Calisse que cela ne roblochonne point en de tel circoncis anaux.

    -Man gema raie.

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